Anatomie et physiologie de l’organe olfactif

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Anatomie et physiologie de l’organe olfactif

Anatomie de l’olfaction

La cavité nasale est séparée sur la ligne médiane par le septum nasal. Les parois latérales sont délimitées par des structures osseuses, recouvertes de membranes muqueuses, les cornets qui filtrent, humidifient et réchauffent l’air inspiré (McFarland et al., 2016).

L’épithélium olfactif

La muqueuse olfactive permettant la réception olfactive, est située dans la région dorsale postérieure des fosses nasales.
L’épithélium olfactif humain adulte serait constitué de 5 millions à 6 millions de neurones olfactifs sur une surface allant de 2 à 5cm2 (Allali, 2010 ; Hallay-Dufour, 2019 ; Hamerlińska et al., 2019 ; Lledo & Vincent, 1999).
On retrouve dans la muqueuse olfactive et la sous-muqueuse, des cellules glandulaires qui sécrètent un mucus, tapissant l’épithélium olfactif dans lequel les dendrites des neurones olfactifs baignent (Allali, 2010).
Il englobe les récepteurs olfactifs et a un rôle primordial de protection des structures sensorielles, de maintien d’un environnement fluide, de transfert des molécules odorantes de l’air à l’environnement aqueux des cils du neuroépithélium et d’élimination des molécules odorantes (Guillemaud et al., 2017) par le nettoyage de la surface muqueuse, après l’interaction entre les molécules et leurs récepteurs (Lledo & Vincent, 1999).
Le corps cellulaire du neurone olfactif est situé dans le 1er tiers de la muqueuse, l’axone amyélinique communique avec le bulbe olfactif et la partie externe, ciliée, aboutit dans l’épithélium olfactif (Allali, 2010).
Le neuroépithélium contient des cellules bipolaires qui constituent les neurones olfactifs primaires, des cellules de soutien et des cellules basales, aussi appelées cellules souches (Hamerlińska et al., 2019). Une fois stimulés, les influx se dirigent vers le bulbe olfactif dans la région cérébrale préfrontale (Allali, 2010 ; Hallay-Dufour, 2019).

Le bulbe olfactif

Le bulbe olfactif est une structure corticale paire et le premier relais du système olfactif.
Il traite l’information provenant de l’épithélium olfactif.
Cette structure ovoïde est placée au-dessus de la lame criblée de l’ethmoïde, sous la face orbitaire du lobe frontal (Lledo & Vincent, 1999 ; Serratrice & Serratrice., 2013) et mesure 6 à 16 mm de longueur (Brand, 2001).

Physiologie de l’olfaction

L’olfaction est la fonction sensorielle permettant la perception des substances odorantes.
Elle s’organise en plusieurs étapes.

La transmission par aéroportage

Les molécules odorantes en suspension dans l’air sont acheminées dans les cavités nasales, vers le neuroépithélium, grâce au débit d’air aérien, induit par deux mécanismes :
– Via une pénétration par flux antérograde (voie directe, orthonasale, la plus conventionnelle) grâce à l’inspiration pulmonaire.
C’est le geste habituel et naturel pour sentir une odeur, qui peut être amplifié de manière active et intentionnel (Hallay-Dufour, 2019). Lors de ce mode de perception olfactive, l’air inspiré est d’abord réchauffé, puis une partie ne pénètre pas dans les voies respiratoires mais siège dans la zone olfactive, en créant des courants tourbillonnaires (Hamerlińska et al., 2019). Ensuite, les molécules olfactives se rendent aux récepteurs de l’épithélium olfactif, situé au plafond de la cavité nasale (Allali, 2010). Sont nommées « odeurs », les sensations recueillies par cette voie.
– Par flux rétrograde (voie indirecte, rétronasale), processus par lequel les molécules odorantes sont produites dans la cavité buccale lors de la mastication et la déglutition des aliments (Allali, 2010 ; Hallay-Dufour, 2019 ; Ward et al., 2010 ; Ward et al., 2012). Les molécules odorantes sont propulsées pour remonter en s’acheminant par l’espace oropharyngé postérieur afin d’atteindre le nasopharynx jusqu’à l’épithélium olfactif (Allali, 2010 ; Santos et al. 2016). Sont nommés « arômes », les perceptions ressenties par cette voie. Cette dernière permet aussi d’apprécier et percevoir les caractéristiques aromatiques de l’odeur et la saveur combinées, appelées « flaveurs » (Allali, 2010). C’est l’ensemble des sensations olfactives, gustatives et tactiles ressenties en bouche. Elle peut par exemple être effectuée de manière intentionnelle lors de la dégustation du vin ou d’un mets (Hallay-Dufour, 2019).

Les événements périrécepteurs

Afin d’atteindre les neurones olfactifs primaires, les molécules odorantes doivent traverser la fine couche de mucus nasal recouvrant le neuroépithélium (Bonfils et al., 2004). Ce mucus capte les molécules olfactives et les molécules hydrophobes du parfum qui se dissolvent, ce qui augmente leur concentration (Hamerlińska et al., 2019), avant de les acheminer vers les récepteurs olfactifs situés sur les cils de la muqueuse olfactive et permettre leur liaison grâce à l’intervention de protéines (Bonfils et al., 2004).
Cette intervention se réalise via les cellules exocrines de soutien, qui contiennent outre les mucopolysaccharides, des lipides et des protéines de phosphate (Hamerlińska et al., 2019).

La transduction

Les molécules vont ensuite se lier aux récepteurs des cils des neurones olfactifs primaires, qui vont traduire le message chimique en message électrique (Bonfils et al., 2004).

L’intégration centrale

Cette dernière étape, participant au traitement cognitif et émotionnel de l’information reçue, est réalisée dans le bulbe olfactif et se poursuit dans les aires corticales olfactives (Bonfils et al., 2004). L’étape bulbaire aide à la reconnaissance des odeurs par le cerveau. Selon Brand (2001), chaque odeur vient stimuler une zone spécifique du bulbe qui constitue une cartographie des odeurs. Enfin, les informations olfactives sont transmises au cortex olfactif primaire afin d’y être interprétées, intégrées dans le processus olfactif mnésique et émotionnel.

Liens entre l’olfaction et la gustation

Physiologie de la gustation

Lorsqu’un aliment est en bouche, les substances chimiques qui s’en dégagent se déposent sur les papilles linguales par le biais de la salive. Lorsqu’elles atteignent les papilles foliées, les molécules rejoignent les récepteurs du goût. Cela provoque une dépolarisation, permettant la transduction du signal grâce à la libération d’un neurotransmetteur.
L’information sensorielle est ensuite transmise au cortex gustatif primaire par l’intermédiaire de trois nerfs crâniens (Guillemaud et al., 2017) :
– La corde du tympan du nerf facial (VII bis) pour les bourgeons des papilles fongiformes des 2/3 antérieurs de la langue (langue mobile).
– Le nerf glossopharyngien (IX) pour les bourgeons du goût des papilles caliciformes, au niveau du tiers postérieur de la langue (base de langue).
– Le nerf laryngé supérieur, branche du nerf vague (X) pour les bourgeons du goût, dispersés au niveau du pharynx et au larynx.

Le rôle de l’olfaction dans la perception du goût

Bien qu’empruntant des voies nerveuses distinctes, l’odorat et le goût sont étroitement liés. D’après d’Allali (2010), 80% de la perception gustative provient de l’olfaction (voie rétrograde), à 10% par la voie orthonasale et à 10% seulement des papilles gustatives.
Si le système gustatif est indispensable à la perception du goût des aliments (soit la saveur, exprimée par les perceptions sucrées, salées, acides et amer), le système olfactif contribue à leur perception chimique par voie rétro-nasale (arôme) et les terminaisons nerveuses trigéminales innervant les dents et la muqueuse orale jouent un rôle dans la perception orale somatosensorielle (composés chimiques, consistance, texture et température) du bol alimentaire transitant dans la cavité buccale. (Braud & Boucher, 2019, p. 1)

Autres facteurs influençant les perceptions olfactive et gustative

Concernant les sens olfactifs et gustatifs, on sait que de nombreux facteurs interindividuels influencent leur perception :
– L’âge a une influence directe sur la reconnaissance de certains arômes gustatifs (Braud & Boucher, 2019 ; Santos et al., 2014) ainsi que la perception olfactive en raison d’une diminution de la régénération des récepteurs olfactifs, accélérée par le vieillissement (presbynosmie) (Damm et al., 2014 ; Manesse et al., 2021 ; Oleszkiewicz et al., 2019).
– Le sexe n’aurait pas d’influence significative sur les aspects olfactifs et gustatifs (Santos et al., 2014) mais certaines études proposent néanmoins que les hommes ont une performance olfactive moindre, en raison de différences hormonales et génétiques (Caldas et al., 2012 ; Manesse et al., 2021).
– La sensibilité subjective interindividuelle dépendrait du génome et de l’expérience personnelle de chaque individu car le type de récepteurs varie d’une personne à l’autre (Hallay-Dufour, 2019 ; Hsieh Wen & Landis, 2018).
– L’état d’appétit actuel du consommateur module l’expression du goût pour les saveurs alimentaires. Le goût pour les saveurs sucrées serait le reflet des besoins énergétiques momentanés. Lors de la faim, les saveurs sucrées sont fortement appréciées, mais ce goût diminue une fois rassasié (Braud & Boucher, 2019 ; Yeomans, 2006).
– La consommation de tabac et d’alcool sont des facteurs de risques identifiés de troubles de la perception gustative (Braud & Boucher, 2019).
– L’édentation, les antécédents de traumatisme, l’hygiène buccale ou le taux salivaire faible sont également responsables de doléances gustatives (Braud & Boucher, 2019).
– Les traitements oncologiques (radiothérapeutique et chimiothérapeutique) sont pourvoyeurs de dysgueusie (Guillemaud et al., 2017).

La LT parmi les cancers pharyngo-laryngés

Prévalence et incidence des cancers pharyngo-laryngés

Les tumeurs malignes du larynx représentent quelque 15% des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) en France (Halimi et al., 2018).
D’après Defossez et al. (2019), on estimait à 3 160, le nombre de nouveaux cas de cancers du larynx en France métropolitaine, en 2018. L’âge médian du diagnostic est de 64 ans pour l’homme et 62 ans pour la femme.
En comparaison aux autres pays européens, le cancer du larynx est, en France, davantage fréquent chez la femme, alors qu’il est proche de la moyenne européenne chez l’homme (87% chez l’homme). L’incidence de ces cancers diminue de façon notable chez les hommes depuis presque 20 ans (Defossez et al., 2019 ; Lapôtre-Ledoux et al., 2019) et de façon plus marquée au cours des dernières années, contrairement aux femmes, où la tendance est à l’augmentation avec 42 % de nouveaux cas féminins supplémentaires (Defossez et al., 2019).
Concernant la mortalité, pour l’année 2018, on estimait à 950 le nombre de décès d’un cancer du larynx, dont 86 % survenus chez l’homme, bien qu’on observe une réduction considérable du risque de décès à la suite de ce cancer, depuis une décennie.
La survie nette à 5 ans pour les cas diagnostiqués entre 2005 et 2010 est de 57 % pour les hommes et 60 % pour les femmes (Lapôtre-Ledoux et al., 2019).

Causes des cancers laryngo-pharyngés

A l’instar des autres cancers des VADS, notamment les cancers de la bouche et du pharynx, les facteurs de risques majeurs sont la consommation d’alcool et de tabac (Lapôtre-Ledoux et al., 2019), avec une majoration multiplicative sur le risque de développement d’une tumeur lorsque l’exposition est conjointe (Defossez et al., 2019).
On retrouve parmi les statistiques des patients atteints d’un cancer laryngé, jusqu’à 94% de fumeurs (Slouka et al., 2018). Le tabagisme et l’alcoolisme sont désignés comme les principaux facteurs étiologiques de l’apparition de ce type de cancer (Caldas et al., 2012).
D’autres facteurs prédisposants, moins importants, tels que la mauvaise hygiène de la cavité buccale, des habitudes alimentaires inadaptées ou la malnutrition et le reflux gastro-œsophagien chronique sont également mis en évidence (Slouka et al., 2018).
Aussi, d’après les estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018 (Defossez et al., 2019), certaines expositions professionnelles à l’amiante, vapeurs d’acide sulfurique et d’autres acides forts inorganiques ou la poussière de ciment, entre autres, augmentent le risque de développer un cancer laryngé.

La laryngectomie totale

La laryngectomie totale est une intervention mutilante qui tend fortement à reculer ces dernières années (Halimi, et al., 2018). C’est une technique chirurgicale courante avec un pronostic de survie raisonnable, estimé supérieur à 60% à 5 ans de l’intervention (Haxel et al., 2011). La pharyngolaryngectomie (PL) ou la laryngectomie totale (LT) constituent la thérapeutique ultime des cancers pharyngolaryngés avancés (Roger et al., 2014).

Indications

Halimi et al. (2018) font un état des lieux des indications retenues pour une LT sous réserve de l’opérabilité du patient et de la tumeur :
– Tumeurs T4 avec lyse cartilagineuse et parfois des extensions extralaryngées transcartilagineuses
– Extensions sous-glottiques franches (plus de 1 cm, en cas de tumeur très bourgeonnante, avec une chimiothérapie d’induction si possible et une réévaluation).
– Échecs de préservation d’organe
– Récidive de tumeurs laryngées dans un contexte postradique
– Laryngectomies totales fonctionnelles, envisagées dans plusieurs contextes et parfois non-oncologiques.

Intervention chirurgicale

La LT se réalise sous anesthésie générale et dure généralement entre 5 et 8 heures.
La LT standard consiste en une résection en bloc du larynx (de la région sus-hyoïdienne à la région sous-cricoïdienne), séparant de manière définitive les systèmes digestif et respiratoire.
Elle débute par un évidemment ganglionnaire cervical (ou curage ganglionnaire) du tissu cellulo-ganglionnaire de l’axe jugulo-carotidien puis les muscles sous-hyoïdiens et constricteurs du pharynx sont sectionnés.
Le plan inter-trachéo-œsophagien est latéralement disséqué. L’exérèse laryngée est poursuivie par une suture trachéale en avant, à la peau. Pour permettre la respiration du patient, une trachéostomie est pratiquée. Ensuite, le chirurgien procède à une fermeture soigneuse du pharyngostome et un lambeau musculaire de couverture (muscle grand pectoral) est apposé entre le pharynx et la peau (Giovanni & Robert, 2010 ; Halimi et al., 2018).
Dans certains cas, une partie du pharynx est également ôtée si la tumeur l’a aussi atteint. Une pharyngolaryngectomie totale (PLT) avec une étendue à l’hypopharynx ou à la base de langue voire une pharyngolaryngectomie totale circulaire (PLTC), ou une laryngectomie carrée peuvent être réalisées (Giovanni & Robert, 2010).

Complications éventuelles post-opératoires

Les complications les plus fréquentes sont locorégionales de type infection, hématome du site opératoire, nécrose du lambeau, complications de trachéostome, pharyngostome, lymphorrhée ou rupture vasculaire. Les pharyngostomes sont la complication principale, retrouvée dans 10 à 20% des cas et dont les facteurs favorisants sont la dénutrition, le reflux gastroœsophagien et la radiothérapie préopératoire. Par ailleurs, les patients ayant une indication de laryngectomie sont souvent dénutris en amont de la chirurgie (30 à 50 % des cas) (Halimi et al., 2018). Une malnutrition chronique lors de la consultation préopératoire, due à l’alcool, au tabagisme, une dysphagie, une odynophagie ou une mauvaise alimentation est associée à un mauvais pronostic (Nicolini et al., 2013). Une action de renutrition préopératoire peut prévenir les éventuelles complications ultérieures. Une étude de 2014, concernant des patients français hospitalisés, souffrant d’un cancer des VADS, a objectivé une prévalence de dénutrition de 48,9 % (Guillemaud et al., 2017), pouvant engager le pronostic vital du patient.

Conséquences anatomiques et physiologiques de la laryngectomie totale sur la qualité de vie

La laryngectomie totale implique des conséquences physiques, fonctionnelles, sociales et psychologiques qui affectent négativement la qualité de vie des patients.
La respiration après une LT s’effectue par le trachéostome. La toux, la production de mucus, l’assèchement, l’écoulement nasal, les éternuements fréquents, l’irritation et les croûtes sont responsables d’altérations de la vie des patients laryngectomisés (Karaoglu et al., 2017 ; Mumovic & Hocevar-Boltezar, 2014 ; Roger et al., 2014). La respiration est souvent plus compliquée en conséquence d’encombrements trachéobronchiques fréquents.
Les échangeurs de chaleur et d’humidité (ECH) restaurent les fonctions respiratoires et améliorent la voix et le sommeil (Haxel, et al. 2011 ; Leemans et al. 2020 ; Roger et al., 2014).
La déglutition, le goût et l’alimentation peuvent être perturbés en raison d’une extraction dentaire pré-radiothérapie, d’une hyposialie, d’une hyposialorrhée ou d’une odynophagie consécutives à la radiothérapie. De surcroît, la consommation tabagique entraîne une modification de l’activité musculaire des muscles masticateurs et un vieillissement fonctionnel précoce des structures faciales (Santos et al., 2014). La dysphagie apparaît fréquente après la LT (64.3%) et compromet la qualité de vie (modification des habitudes alimentaires, diminution du plaisir, socialisation, isolement, allongement de la durée des repas). Ses causes principales sont la sténose du néopharynx et la récidive tumorale. Une dysphagie post-opératoire serait un facteur prédictif négatif de l’acquisition de la voix œsophagienne (VO) (Pernambuco et al., 2012 ; Roger et al., 2014). De plus, on connaît la détérioration de l’olfaction, consécutive, entres autres, aux modifications anatomo-physiologiques liées à la laryngectomie totale. Cette altération sera plus explicitement décrite dans une partie suivante.
L’audition peut s’altérer précocement et précipitamment en cas de traitement chimiothérapeutique ototoxique (Roger et al., 2014).
La voix est indéniablement altérée dans le cadre de la LT, en raison de l’exérèse laryngée. Cette perte de voix originelle constitue l’un des éléments majeurs de l’altération de la qualité de vie, entraînant un sentiment de frustration et un risque d’isolement de toutes relations sociales (Leemans et al., 2020). Elle est considérée à 40% comme étant le plus grand trouble pour les patients laryngectomisés. La rééducation vocale constitue un des premiers axes de prise en charge (Ishikawa et al., 2018 ; Roger et al., 2014 ; Slouka et al., 2018).
La vie professionnelle se trouve souvent diminuée voire suspendue (Roger et al., 2014). Le trachéostome est une doléance majeure chez 25% des laryngectomisés, concernant les soins quotidiens de nettoyage, mais est aussi source de dégoût et peut engendrer une gêne, qui diminue avec le temps (Roger et al., 2014 ; Slouka et al., 2018). Le masquage de ce dernier serait d’ailleurs réalisé par 53% des patients (Slouka et al., 2018).
Les efforts à glotte fermée entraînent une perturbation chez 1/3 des patients.
En effet, la perte de la fermeture glottique voire l’atteinte du nerf spinal durant le curage cervical entraînent une diminution de la capacité à maintenir la pression thoracique lors de ports de charges ou d’efforts de défécation (Roger et al., 2014).
La sexualité serait réduite pour un quart des laryngectomisés, lors des 6 premiers mois après la LT, tandis que la vie maritale serait modifiée avec survenue de divorces ou de relations conjugales plus conflictuelles, estimées à 46%, d’après Roger et al. (2014). On retrouve aussi de nombreuses souffrances chez les conjoints aidants (Babin & Grandazzi, 2010).
Concernant la thymie, on observe un retentissement psychique sur le patient, avec le développement d’une anxiété importante liée à la maladie (mort, mutilation, souffrance, crainte d’une récidive) (Babin & Grandazzi, 2010 ; Roger et al., 2014).
Toutefois, l’étude de Leemans et al. (2020) montre que l’âge, le temps écoulé depuis l’intervention, voire le sexe (masculin) ont une influence positive sur la qualité de vie avec une diminution progressive des plaintes.

L’altération de l’olfaction chez les patients laryngectomisés

Modifications de l’odorat induites par le cancer laryngé

Changements liés à la dépendance tabagique

Comme développé précédemment, on sait que le tabac est l’un des facteurs de risque majeurs des cancers ORL (Caldas et al., 2012 ; Lapôtre-Ledoux et al., 2019) et qu’on retrouve jusqu’à 94% de fumeurs dans les patients atteints de cancer laryngé (Slouka et al., 2018).
La littérature montre que le tabagisme est un facteur de modification significative des capacités de détection et de perception olfactive à la fois pour les fumeurs actifs, mais aussi passifs (Santos et al., 2014).
Chez les sujets fumeurs, l’effet délétère apparait proportionnel à la consommation tabagique (en paquet-année) (Bonfils, 2009).
L’étude de Katotomichelakis et al. (2007) montre que chez des fumeurs consommant en moyenne 15 cigarettes par jour sur 10 ans, les seuils olfactifs sont moins bons de 14% par rapport au groupe témoin, la discrimination de 5.7% et l’identification des odeurs de 4.6%.
Ce trouble s’expliquerait par une modification structurelle et fonctionnelle du neuroépithélium, causée par une mort cellulaire par apoptose des cellules olfactives, un rétrécissement progressif de la surface du neuroépithélium, une métaplasie et une diminution de la régénération des stéréocils des neurones olfactifs primaires (Bonfils, 2009 ; Santos et al., 2014).
La réversibilité du trouble olfactif, grâce à l’arrêt du tabac et la durée d’abstinence, est contestée dans la littérature (Bonfils, 2009).

Changements olfactifs liés aux modifications anatomo-physiologiques de la laryngectomie totale

Modifications anatomo-physiologiques de l’olfaction

Figure 4 : La respiration avant / après l’opération (Lary l’ortho, 2015)
Après la LT, le flux d’air lors de l’inspiration est réorienté à travers le trachéostome. Le flux d’air habituel orthonasal est donc perturbé et les molécules olfactives n’atteignent plus l’épithélium olfactif par l’inhalation nasale.
La déconnexion complète des voies aérodigestives entraîne donc une perturbation de l’olfaction et de ce fait, une détérioration de l’acuité olfactive chez les patients LT.
Le manque de stimulations olfactives engendre progressivement des changements neurodégénératifs de l’épithélium olfactif (apoptose, diminution du nombre de cellules, atrophie de la muqueuse olfactive) ainsi qu’une inflammation de l’épithélium olfactif (Hamerlińska, 2019) qui peuvent contribuer à davantage réduire la perception olfactive due à une insuffisance neurosensorielle (Santos et al., 2016 ; Ward et al., 2010 ; Ward et al., 2012).

Qualification des troubles de l’odorat

On analyse les troubles de l’olfaction selon 2 catégories : les dysosmies quantitatives et les dysosmies qualitatives (cacosmie, parosmie, fantosmie) (Bonfils et al., 2010).
Concernant les compétences olfactives des patients LT, elles sont caractérisées par des troubles dysosmiques d’ordre quantitatifs et classées généralement en 3 sous-catégories :
– L’anosmie est caractérisée par une perte complète de la sensibilité olfactive marquée par un score pathologique.
– L’hyposmie est une perte partielle de la sensibilité olfactive, qui affecte la détection, l’intensité et la reconnaissance perçue de façon arbitraire dans le panel d’odorants.
– La normosmie est une reconnaissance des odeurs ordinaires.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THÉORIQUE
I. Rappels de l’anatomie et de la physiologie du larynx
1. Anatomie du larynx
1.1 Structure du larynx
1.2 Composants musculaires
1.3 Innervation et vascularisation
2. Physiologie du larynx
2.1 Protection des voies aériennes
2.2 Ventilation
2.3 Phonation
2.4 Efforts à glotte fermée
II. Anatomie et physiologie de l’organe olfactif
1. Anatomie de l’olfaction
1.1 L’épithélium olfactif
1.2 Le bulbe olfactif
2. Physiologie de l’olfaction
2.1 La transmission par aéroportage
2.2 Les événements périrécepteurs
2.3 La transduction
2.4 L’intégration centrale
3. Liens entre l’olfaction et la gustation
3.1 Physiologie de la gustation
3.2 Le rôle de l’olfaction dans la perception du goût
3.3 Autres facteurs influençant les perceptions olfactive et gustative
III. La LT parmi les cancers pharyngo-laryngés
1. Prévalence et incidence des cancers pharyngo-laryngés
2. Causes des cancers laryngo-pharyngés
3. La laryngectomie totale
3.1 Indications
3.2 Intervention chirurgicale
3.3 Complications éventuelles post-opératoires
3.4 Conséquences anatomiques et physiologiques de la laryngectomie totale sur la qualité de vie
IV. L’altération de l’olfaction chez les patients laryngectomisés
1. Modifications de l’odorat induites par le cancer laryngé
1.1 Changements liés à la dépendance tabagique
1.2 Changements olfactifs liés aux modifications anatomo-physiologiques de la laryngectomie totale
1.2.1 Modifications anatomo-physiologiques de l’olfaction
1.2.2 Qualification des troubles de l’odorat
1.2.3 Prévalence des troubles olfactifs post-laryngectomie totale
1.3 Impact des traitements oncologiques sur la compétence olfactive
1.3.1 La radiothérapie
1.3.2 La chimiothérapie
2. Conséquence du trouble de l’odorat sur la qualité de vie
IV. L’évaluation du trouble de l’odorat
1. Examen clinique et radiologique
2. Échelles d’évaluation
3. Évaluation de la capacité olfactive fonctionnelle
4. Inventaire des tests existants
V. La réhabilitation olfactive de la laryngectomie totale
PARTIE PRATIQUE
I. Hypothèses de l’étude
1. Introduction et l’intérêt de l’étude
2. Problématique
II. Méthodologie
1. Population
1.1 Critères d’inclusion et d’exclusion
1.2 Recrutement
2. Méthode
2.1 Consultation pré-inclusion
2.2 Bilan olfactif
2.2.1 L’interrogatoire
2.2.2 Le Sniffin’ Sticks test
2.2.3 Les conditions de passation
2.2.4 Le questionnaire d’auto-évaluation de l’olfaction
2.2.5 L’examen clinique
2.3 Séances d’entraînement olfactif
2.3.1 Modalités des séances d’entraînement
2.3.2 Méthode utilisée
2.3.3 Choix des odorants
2.3.4 Déroulement des séances
2.4 Récapitulatif des temps du programme
III. Présentation et analyse des résultats
1. Présentation des patients et du travail réalisé
1.1 Description des patients
1.2 Comparaison des patients aux données épidémiologiques
1.3 Déroulé temporel des stimulations proposées
2. Les données des patients aux bilans pré et post-intervention chirurgicale
2.1 Comparaison de l’évaluation quantitative pré et post-intervention
2.2 Comparaison de l’évaluation qualitative pré et post-intervention chirurgicale
3. Les données des patients au bilan pré et post-réhabilitation
3.1 Comparaison de l’évaluation quantitative pré et post-intervention
3.2 Comparaison de l’évaluation qualitative pré et post-intervention chirurgicale
4. Analyse par comparaison de l’évolution de l’olfaction
4.1 Comparaison de l’évolution de l’olfaction durant l’hospitalisation
4.2 Comparaison de l’évolution du ressenti olfactif durant l’hospitalisation
4.3 Analyse de la satisfaction du patient liée à la réhabilitation
5. Analyse par comparaison aux données de la littérature
6. Analyse des compétences olfactives à distance de la stimulation
IV. Discussion
1. Rappel et confrontation des résultats aux hypothèses
2. Biais et limites de la méthode proposée
2.1 Biais de recrutement des participants
2.2 Limite liée au contexte sanitaire
2.3 Biais lié à l’effet test-retest du bilan semi-quantitatif
2.4 Limite liée à la création d’un protocole
2.5 Limites liées aux odeurs
2.6 Limites liées au questionnaire d’auto-évaluation
2.7 Absence de mesure des effets à long terme
2.8 Limite liée à l’absence d’examen préopératoire de l’hyposmie
2.9 Limite liée à l’absence d’utilisation d’un manomètre
3. Discussion de la faisabilité de la stimulation des compétences olfactives en post-opératoire
3.1 Respect du programme
3.2 Amélioration objective des compétences olfactives en dépit de contraintes
3.2.1 Le port de matériel médical
3.2.2 Les conditions et complications chirurgicales
3.2.3 Le niveau olfactif antérieur
3.2.4 Les antécédents médicaux
3.2.5 L’organisation et la temporalité de la réhabilitation
3.3 Amélioration subjective des ressentis
3.3.1 L’attribution d’une importance olfactive et la proximité de l’intervention
3.3.2 Le questionnaire subjectif de l’olfaction
3.3.3 La satisfaction des patients
4. Discussion de l’intérêt de la stimulation des compétences olfactives en post-opératoire
4.1 Intérêt d’une stimulation précoce
4.1.1 La disponibilité et la préparation à la réalimentation
4.1.2 La radiothérapie future
4.1.3 Limitation de la plainte ultérieure
4.1.4 Limite du port de la prothèse phonatoire sur l’olfaction
4.2 Confrontation de la stimulation précoce à la stimulation tardive
4.3 Intérêt pour réinvestir la méthode dans le quotidien
4.3.1 Rendre le patient acteur de sa prise en charge
4.3.2 Nécessité de bénéficier d’un suivi rapproché
4.3.3 Nécessité d’un bilan à distance
5. Perspectives orthophoniques
6. Perspectives de recherches futures
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES ANNEXES

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