La flore de Madagascar est une des plus riches et des plus originales du monde. Plus de 12 000 espèces de plantes vasculaires supérieures malgaches sont reconnues avec un endémisme spécifique compris entre 82 et 90 % (Schatz, 2001 ; Gautier et Goodman, 2003; GSPM, 2011a). Cette diversité floristique est répartie dans 289 familles dont la famille des Fabaceae à laquelle appartient le genre Dalbergia regroupant les bois de rose et les palissandres. Les bois de rose malgaches sont connus sous les noms d’Andramena et les palissandres de Manary. Ces derniers sont classés parmi les bois de 2ème catégorie selon la classification des bois de Madagascar (Arrêté interministériel 16030/2006, Arrêté interministériel 10885/2007 du 03 juillet 2007 et le Décret 2010- 141 du 24 Mars 2010). Les espèces de Dalbergia sont actuellement les plus recherchées et les plus prisées par les consommateurs, aussi bien pour leurs caractéristiques technologiques sans équivoque que pour leurs possibilités d’utilisation diverses.
Les espèces de Dalbergia sont exploitées et valorisées pour leur bois dur, dense utilisé en menuiserie fine et pour leur aspect ornemental. La croissance de la demande sur le marché fait que les bois précieux de Madagascar deviennent des espèces de plus en plus menacées d’extinction. De ce fait, les forêts naturelles de Madagascar font l’objet d’une exploitation abusive et sélective qui consiste à prélever uniquement ces essences à fortes valeurs commerciales (Wilmé et al., 2009). Ces bois ont connu une surexploitation illégale depuis 2000 (Stasse, 2002) et surtout en 2009 (Barrett et al., 2010), vu leur coût très élevé aussi bien sur le marché national qu’international (Autorité scientifique CITES Flore et DBEV, 2010). En outre, les résultats des inventaires quantitatifs des bois précieux dans différentes formations végétales existantes à Madagascar ont récemment révélé des biovolumes et des surfaces terrières très faibles (Autorité scientifique CITES Flore et DBEV, 2010; DBEV et Association Reniala., 2010 ; GSPM, 2011b). Ceci indique que la majorité des individus sur pied ne sont plus exploitables.
Des textes législatifs (arrêtés, décrets, loi forestière) ont été publiés par les gouvernements malgaches successifs pour la conservation et la gestion rationnelle du patrimoine forestier comprenant les ressources naturelles en bois de rose et en bois d’ébène. A ce jour, les balises réglementaires au niveau national n’ont pas permis d’endiguer l’exploitation illicite de ces ressources de manière efficace. Des centaines de conteneurs de bois précieux sont encore exportées sans autorisation (Patel, 2007; Wilmé et al., 2009). Face à ces différents problèmes et suite à la décision 15.97 de la 15ème Conférence des Parties de la CITES à Qatar, le Gouvernement de Madagascar a manifesté la volonté d’utiliser la Convention CITES pour mieux préserver ses richesses naturelles. En effet, en 2011, les 5 espèces de Dalbergia appelées bois de rose ont été inscrites dans l’Annexe III de la CITES. L’Annexe III permet d’obtenir le soutien des pays ou des organisations tiers sur le plan international pour le suivi du commerce de ces espèces en dehors du pays et la mise en place de mesures nationales. En 2013, lors de la 16ème Conférence des Parties, cette décision a été suivie par l’intégration de toutes les espèces du genre Dalbergia dans l’Annexe II de la CITES. L’inscription dans l’Annexe II a pour but d’assurer que toute exportation soit accompagnée d’un permis CITES d’une part, qui atteste que les spécimens ont été collectés conformément aux lois en vigueur et par des méthodes non préjudiciables à la survie des espèces et d’autre part, que les espèces de palissandre bénéficieraient aussi des avantages y afférents.
Milieu abiotique
Localisation géographique
L’étude a été effectuée dans la Région Alaotra Mangoro, ex-Province de Toamasina, District d’Ambatondrazaka, Commune rurale de Didy. Cette commune se situe entre 48° et 49° de longitude Est et 17°30 à 18°30’ de latitude Sud, à 50km au Sud-Est d’Ambatondrazaka. Le nom du site d’étude est FENOMANANA II; il est localisé dans la forêt classée d’Ambohilero faisant partie du Corridor Ankeniheny-Zahamena (CAZ). FENOMANANA II est parmi les 15 sites dont les ressources naturelles sont gérées par les communautés de base ou Vondron’ Olona Ifotony (VOI) .
Relief et topographie
La commune de Didy est située à une altitude moyenne de 1250m. La topographie est constituée par une dépression marécageuse (6288ha) allongée de direction Nord-Sud entourée par des collines à versants abrupts (pentes de plus de 50%) et un bassin versant de 9000ha.
Géologie et sol
La région est formée par le socle cristallin de Vohibory (Bourgeat, 1972), datant du Précambrien, avec des gneiss à migmatite et des migmatites granitoïdes. Les sols y sont de type ferralitique jaune et rouge sur roches acides caractéristiques des régions chaudes et humides. Ils sont rajeunis sur les versants et hydromorphes dans les bas-fonds à proximité des cours d’eau.
Hydrographie
A Didy, le réseau hydrographique est très dense. Les rivières telles que : Ranomena, Sahamahatra, Sahananto, Sahamamoy, Sahanavy, Sahatelo et Sahabevany sillonnent la forêt et irriguent la commune avant de se jeter dans le grand fleuve d’Ivondro. Les rivières de Sahamahatra et de Sahananto longent la région de Bemainty à l’Est et se jettent dans le fleuve d’Ivondro ; la rivière de Sahatelo au Nord-Ouest alimente le barrage de Bevava. La rivière de Vahandrozana arrose la vallée de Marianina.
Climat
La région de Didy appartient au type de climat tropical humide, mais le climat est différent de l’ensemble du Lac Alaotra à cause des grands massifs qui l’entourent (Ampasandralomy, Tsiazomborona) (ANGAP, 2000). Les données climatiques récentes et les plus représentatives possibles ont été recueillies auprès du Service de la Direction Générale de la Météorologie (DGM) d’Ampandrianomby Antananarivo.
a) Précipitation
La précipitation moyenne annuelle est de 1800 à 2000mm. La pluie tombe toute l’année mais la période de Décembre jusqu’à Mars est la plus arrosée et Juin est le mois le plus sec (Annexe 1).
b) Température
La température moyenne annuelle est de 20,6°C. Les mois de Novembre à Mai sont les plus chauds avec un maximum de 27,4°C et les mois de Juin à Octobre sont les plus frais avec un minimum de 9,3°C (Annexe 2).
c) Diagramme ombrothermique
Le diagramme ombrothermique permet de déterminer le nombre de mois pluvieux et de mois écosecs.
d) Vent
La région est influencée par deux vents :
– L’Alizé du Sud-Est, dominant, est chargé d’humidité et permet à la région d’avoir une humidité relative très élevée toute l’année, supérieure à 86%.
– La Mousson du Nord-Ouest souffle aussi pendant toute l’année.
Milieu biotique
Flore et végétation
Notre zone d’étude fait partie de la flore du vent selon Perrier de la Bathie (1921). La végétation climacique appartient au type de forêt dense humide sempervirente de moyenne altitude de la série à Weinmannia et Tambourissa (Humbert, 1955). La forêt de Didy est inclue dans la zone écofloristique orientale de moyenne altitude de 800 à 1800m (Faramalala et Rajeriarison, 1999). La zone d’étude est classée parmi les forêts humides selon Moat et Smith (2007) dans l’atlas de la végétation de Madagascar. Quatre types de formations végétales peuvent être rencontrés, dans la région de Didy:
– à l’Est, la forêt ombrophile primaire qui constitue la forêt classée d’Ambohilero ;
– à l’Ouest, sur les versants, les forêts galeries et quelques lambeaux de forêts dégradées ;
– au centre, la plaine marécageuse dominée par des CYPERACEAE ;
– et le reste formé par des savanes et des savoka.
La région de Didy présente une richesse floristique élevée avec environ 48 familles. Des taxons endémiques sont aussi rencontrés comme les fougères arborescentes (Cyathea) et les épiphytes (orchidées). Les espèces ligneuses sont les plus abondantes telles que Cryptocarya sp., Dombeya sp., Erythroxylon sp., Eugenia sp., Grewia sp., Symphonia sp. et Tambourissa sp.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : MILIEU D’ETUDE
I-Milieu abiotique
I-1 Localisation géographique
I-2 Relief et topographie
I-3 Géologie et sol
I-4 Hydrographie
I-5- Climat
II-Milieu biotique
II-1 Flore et végétation
II-2 Faune
II-3 Population et ses activités
DEUXIEME PARTIE: MATERIELS ET METHODES
I-Matériels biologiques étudiés
I-1-Classification systématique du genre Dalbergia
I-2- Description générale du genre Dalbergia
I-3- Choix des espèces cibles
I-4- Collecte d’échantillons
I-4-1 Etudes anatomiques de jeunes tiges, de pétioles, de folioles et du bois
I-4-2-Etudes dendrochronologiques
II-Méthodes d’étude
II-1- Identification et description de l’espèce
II-2 Etudes anatomiques de jeunes tiges, de pétioles et de folioles
II-2-1 Confection des coupes transversales de jeunes tiges, de pétioles et de folioles
II-2-2 Confection des coupes paradermales de folioles
II-2-3 Clarification de folioles
II-2-4 Observations
II-3- Anatomie du bois et dendrochronologie
II-3-1 Principes
II-3-2- Confection des coupes du bois, de la zone cambiale et de la partie blessée
II-3-3- Macération du bois
II-3-4- Observations et mesures
II-3-5- Analyses des données
TROISIEME PARTIE: RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I-Description botanique des espèces cibles
I-1 Dalbergia baronii Baker
I-2 Dalbergia monticola Bosser et R. Rabev
II-Anatomie de l’appareil végétatif
II-1 Anatomie des jeunes tiges
II-2 Anatomie des pétioles
II-3 Anatomie des folioles
II-3-1 Anatomie de la nervure principale des folioles
II-3-2 Anatomie du limbe des folioles
II-3-3 Stomates
II-3-4 Nervation des folioles
II-4 Anatomie du bois
II-4-1Caractères anatomiques communs entre Dalbergia baronii et D. monticola
II-4-2Caractères anatomiques distinctifs entre Dalbergia baronii et D. monticola
III-Dynamique de la croissance en épaisseur
III-1 Croissance après suivi de l’activité cambiale (Micro-échantillonnage)
III-1-1 Définitions et variations saisonnières de l’activité cambiale
III-1-2 Structure et activité de la zone cambiale en fonction de la précipitation
III-1-3 Structure et activité de la zone cambiale en fonction de la température
III-1-4 Structure et activité de la zone cambiale en fonction de la feuillaison
III-2 Croissance après piqûre cambiale (marquage cambial)
III-2-1 Investigations macroscopique et microscopique
III-2-2 Anatomie du bois avant et après marquage
III-2-3 Taux d’accroissement annuel
III-2-4 Age d’exploitabilité
QUATRIEME PARTIE: DISCUSSIONS
I-Sur les méthodes
II-Sur les résultats
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUES
ANNEXES