Anatomie du bas appareil urinaire
Vessie
La vessie est un organe musculo-membraneux, intermรฉdiaire aux uretรจres et ร l’urรจtre, et dans lequel l’urine, sรฉcrรฉtรฉe de faรงon continue par les reins, s’accumule et sรฉjourne dans l’intervalle des mictions [15].La vessie, ร l’รฉtat de vacuitรฉ, est pelvienne. Elle est situรฉe en arriรจre de la symphyse pubienne et du pubis [15].La vessie comprend deux parties : le corps qui communique avec les deux uretรจres par les orifices urรฉtรฉraux et une base constituรฉe du trigone et du col[16]. Ces deux rรฉgions sont diffรฉrentes sur le plan neuropharmacologique.
Lโorifice vรฉsical de la base est constituรฉ par lโurรจtre avec son sphincter striรฉ (rhabdosphincter). Sur le plan structurel [15], elle comprend
– Une tunique externe : qui comprend une tunique adventice et une sรฉreuse
– Une tunique moyenne ou dรฉtrusorurinae : elle est constituรฉe de myocytes lisses formant dans leur ensemble un muscle plexiforme et de tissu conjonctif reprรฉsentant 57 % de sa structure. Elle contient des ganglions intramuraux autonomes.
– Une tunique interne : elle prรฉsente des plis de vacuitรฉ qui s’effacent par la distension. Elle est constituรฉe d’un รฉpithรฉlium, l’urothรฉlium, reposant sur une lamina propria. L’urothรฉlium est un รฉpithรฉlium polymorphe.
Urรจtre
L’urรจtre est un conduit musculo-membraneux affectรฉ ร l’excrรฉtion des urines. Il est aussi, chez lโhomme, la voie d’expulsion du sperme [15]. Il sโรฉtend du mรฉat interne de la vessie au mรฉat externe.
Urรจtre masculin
Chez lโhomme, quatre segments sont identifiรฉes.
– Le premier est le segment prรฉprostatique ou col vรฉsical, sโรฉtend de la vessie ร la portion proximale de lโurรจtre [17]. Ce muscle lisse est fortement innervรฉ par les nerfs sympathiques qui assurent la fermeture du sphincter durant lโรฉjaculation. Si le rรดle du col est bien รฉtabli dans la fonction gรฉnitale, son rรดle dans le maintien de la continence urinaire nโest pas bien รฉtabli.
– Lโurรจtre prostatique sโรฉtend le long de la glande et se termine ร son apex.
– Lโurรจtre membraneux naรฎt en arriรจre de l’apex prostatique et dรฉcrit une lรฉgรจre courbure antรฉrieure avant de pรฉnรฉtrer la face supรฉrieure du bulbe du pรฉnis [15].
– Lโurรจtre spongieux suit l’axe du corps spongieux et prรฉsente une courbure concave en arriรจre, dont le sommet, prรฉpubien, siรจge entre la racine et le corps du pรฉnis [15]. La figure 2 montre les diffรฉrents segments de lโurรจtre masculin .
Urรจtre fรฉminin
Conduit exclusivement urinaire qui se situe entre la symphyse pubienne et le vagin [15].Chez la femme, lโinnervation sympathique du col vรฉsical est moindre et son rรดle dans la continence est incertain [18]. Le muscle striรฉ prรฉsent dans la paroi urรฉtrale de lโhomme et de la femme constitue le sphincter striรฉ (rhabdo-sphincter). Il est en contact avec les muscles pรฉri-urรฉtรฉraux de la musculature du plancher pelvien.
Le plancher pelvien :
Cโest une structure en forme de bol composรฉ dโos, de muscles et du tissu conjonctif [19].
PHYSIOLOGIE
Miction
La miction se dรฉfinit comme lโaction dโuriner. La miction normale est complรจte, volontaire et indolore, exclusivement diurne, dure moins d’une minute, permet l’รฉlimination d’environ 350 ml, d’urine, espacรฉe de 3-4 heures de la miction prรฉcรฉdente. La miction normale nรฉcessite la coordination parfaite entre la contraction du dรฉtrusor et le relรขchement des sphincters (lisse et striรฉ), nรฉcessite la permรฉabilitรฉ des voies urinaires sous-jacentes (prostate, urรจtre, mรฉat) [20]. La vessie humaine mature fonctionne sous le contrรดle du systรจme nerveux somatique et autonome [21]. Chez le nourrisson la vessie est entiรจrement ย soumise au contrรดle du systรจme nerveux autonome [22]. Le contrรดle mรฉcanique du muscle dรฉtrusor et des sphincters se produit par lโactivitรฉ des rรฉseaux autonomes et somatiques de la moelle qui communiquent rรฉciproquement avec les centres supra-spinaux. Il existe deux circuits distincts du contrรดle de la vessie : les voies qui contrรดlent le stockage existant dans la moelle, et les voies supra-spinales maintenant la continence pour respecter le rรดle social de la miction. La miction est courte, quelques dizaines de secondes, se traduit par la contraction du dรฉtrusor (muscle lisse) et la relaxation de l’urรจtre (muscle lisse et striรฉ), avec un rรดle dรฉterminant du centre bulbo-protubรฉrantiel [22]. La vidange vรฉsicale est assurรฉe par lโacรฉtylcholine qui entraine la contraction du dรฉtrusor et le relรขchement du sphincter urรฉtral par le biais des nerfs parasympathiques (nerfs splanchniques pelviens), issus des racines S2-4. Les rรฉcepteurs muscariniques M2 sont prรฉdominants dans la vessie mais les rรฉcepteurs M1 (1/3 des M2) modulent la rรฉponse contractile. Les rรฉcepteurs M2 inhibent lโactivitรฉ adrรฉnergique [23]. La miction est soumise ร un contrรดle supra-spinal. Le centre mictionnel pontique (PMC) reprรฉsente le centre le plus important pour lโinitiation de la miction [24]. Ce centre, activรฉ par la substance grise pรฉriaqueducale (PAG), qui reรงoit les informations affรฉrentes sur le remplissage de la vessie et joue un rรดle important dans le passage du mode stockage en mode miction [25].Le rรดle du locus coeruleus dans le contrรดle de la vessie a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ [26].Il est activรฉ avec le PMC par la stimulation de la PAG pendant la miction [27, 28]. En effet, le tegmentum pontique comprend une rรฉgion dorsomรฉdiale appelรฉe rรฉgion M dont la stimulation dรฉtermine une miction complรจte et coordonnรฉe et une rรฉgion plus latรฉrale ou centre L, impliquรฉ dans la continence et le contrรดle tonique du sphincter [23]. La miction n’a lieu qu’en situation de sรฉcuritรฉ รฉvaluรฉe par les structures corticales limbiques. Quand la situation est jugรฉe favorable, le cortex prรฉfrontal envoie un signal de dรฉpart ร l’aire prรฉoptique de l’hypothalamus, d’oรน il est relayรฉ jusqu’au PMC (centre mictionnel pontique). Le PAG initialise alors la miction. Dans toutes les autres situations, la rรฉgion L est active et produit une contraction tonique du plancher pelvien, incluant le sphincter urรฉtral externe.
Continenceย
Pendant la phase de continence qui correspond ร la pรฉriode de remplissage vรฉsical, le sphincter urรฉtral externe doit rester contractรฉ et le dรฉtrusor relรขchรฉ pour faciliter la collection de lโurine (mode ยซ stockage ยป). Lorsque la vessie se remplie il y a passage en mode ยซ miction ยป. La continence est assurรฉe par lโadrรฉnaline des centres dorsolombaires par le biais du relรขchement du dรฉtrusor et la contraction du sphincter urรฉtral, en agissant sur les rรฉcepteurs ฮฒadrรฉnergiques. Les neurones sympathiques permettent de maintenir la relaxation vรฉsicale et constituent le nerf iliohypogastrique, issus des racines T10-L2 [23].
Les nerfs somatiques cholinergiques naissant du noyau dโOnuf (prรฉsent au niveau S2-4) constituant le nerf pudental, jouent le rรดle de contraction volontaire du sphincter externe de lโurรจtre. Le noyau dโOnuf reรงoit les informations venant de la rรฉgion pontine L ou centre pontique de la continence et est important pour maintenir la continence lorsque les conditions ne sont pas rรฉunies pour la miction [29]. La continence est sous le contrรดle des rรฉgions cortico-sous-corticales. Certaines zones cรฉrรฉbrales augmentent leur activation avec le remplissage. Ainsi, les techniques dโIRM fonctionnelle ont permis de montrer lโactivation des rรฉgions suivantes lors de la phase de stockage, le cortex frontal, le cortex cingulaire antรฉrieur, Insula, gyrus parahippocampique et le cervelet ainsi que les activations dans le thalamus et dans le tronc cรฉrรฉbral [30]. En relation avec la miction, lโactivation bilatรฉrale du cortex cingulaire et du cortex frontal interne, rรฉgions pariรฉto-occipitales, insula, gyrus parahippocampique et le pont [31].
SIGNES DES NEURO-VESSIESย
On regroupe sous le terme de vessie neurogรจne ou neurovessie, lโensemble des dysfonctions vรฉsico-sphinctรฉriennes que lโon peut associer ร une pathologie neurologique acquise ou congรฉnitale [32].
Symptรดmes de la continence urinaire
Les symptรดmes de lโincontinence [33] sont :
– Lโincontinence urinaire (symptรดme) : perte involontaire dโurine ;
– Lโincontinence (urinaire) ร lโeffort : perte involontaire dโurine ร lโeffort ou lors dโune activitรฉ physique, lors de la toux ou dโรฉternuements ou lors du changement de position du corps (incontinence posturale) [34] ou lors du coรฏt (incontinence percoรฏtale);
– Lโincontinence (urinaire) par urgenturie (anciennementยซ impรฉriositรฉs ยป) : perte involontaire dโurine associรฉe ร une urgenturie;
– Lโรฉnurรฉsie : perte involontaire dโurine survenant pendant le sommeil [34] ;
– Lโincontinence (urinaire) mixte : perte involontaire dโurine associรฉe ร une urgenturie avec รฉgalement perte involontaire dโurine lors dโun effort physique, dโรฉternuements ou de toux ;
– Lโincontinence (urinaire) permanente : perte involontaire dโurine permanente [34, 35] ;
– Lโincontinence (urinaire) insensible : (nouveau) incontinence urinaire dont le patient nโa pas conscience du mode de survenue ;
– Les symptรดmes liรฉs au besoin mictionnel sont :
– La pollakiurie diurne : mictions jugรฉes plus frรฉquentes que la normale par rapport au vรฉcu antรฉrieur pendant la journรฉe [36];
– La nycturie (pollakiurie nocturne) : besoin dโuriner rรฉveillant le patient une ou plusieurs fois [34]. Chaque miction doit รชtre prรฉcรฉdรฉe et immรฉdiatement suivie dโune pรฉriode de sommeil ;
– Lโurgenturie (urgence mictionnelle) : besoin soudain et impรฉrieux dโuriner, difficile ร diffรฉrer [37];
– Le syndrome clinique dโhyperactivitรฉ vรฉsicale (HAV) : urgences mictionnelles, sโaccompagnant habituellement de pollakiurie et de nycturie, avec ou sans incontinence urinaire par urgenturie, en lโabsence dโinfection urinaire ou dโune autre pathologie avรฉrรฉe.
– Lโรฉmoussement du besoin dโuriner : besoin dโuriner survenant tardivement par rapport au vรฉcu antรฉrieur, et ce en dรฉpit de la perception du remplissage progressif de la vessie
– Il est classiquement considรฉrรฉ que la limite supรฉrieure de la normale est de sept mictions diurnes, bien que ce nombre puisse รชtre plus รฉlevรฉ dans certaines populations [37].Il est courant dโuriner pendant la nuit lorsque le sommeil est perturbรฉ pour dโautres raisons, par exemple une insomnie, un allaitement. Cela ne constitue pas une nycturie [38].
– la disparition du besoin dโuriner : absence de la sensation de remplissage vรฉsical et du besoin dโuriner [34].
Symptรดmes de la phase mictionnelle et postmictionnelle
Les symptรดmes mictionnels sont [33] : Dysurie : difficultรฉ ร initier la miction, faiblesse du jet, jet hachรฉ, miction par poussรฉe, jet en arrosoir, sensation de vidange vรฉsicale incomplรจte et/ou miction par ajustement postural.
– La difficultรฉ ร initier la miction : retard ร lโinitiation de la miction ;
– La faiblesse du jet : perception dโune diminution de la force du jet urinaire par rapport au vรฉcu antรฉrieur ou en comparaison avec dโautres personnes ;
– Le jet hachรฉ (miction en plusieurs temps) : miction interrompue ร une ou plusieurs reprises ;
– La miction par poussรฉe : nรฉcessitรฉ dโeffectuer un effort intense (poussรฉe abdominale, manลuvre de Valsalva ou pression manuelle sus-pubienne) pour initier, maintenir ou amรฉliorer le jet urinaire ;
– Le jet en arrosoir : jet urinaire projetรฉ en fines gouttelettes ou se fragmentant en plusieurs jets plutรดt quโun seul jet continu ;
– La sensation de vidange (vรฉsicale) incomplรจte : impression que la vessie ne sโest pas complรจtement vidรฉe aprรจs la miction ;
– La fuite postmictionnelle (ou gouttes retardataires) : perte involontaire dโurine survenant peu de temps aprรจs une miction ;
– La miction par ajustement postural : (nouveau) nรฉcessitรฉ de devoir adopter une position particuliรจre pour pouvoir uriner spontanรฉment ou amรฉliorer la vidange vรฉsicale, par exemple en se penchant vers lโavant ou vers lโarriรจre sur le siรจge des toilettes ou en urinant en position semi-assise ;
– La miction douloureuse : sensation de brรปlure ou autre gรชne pendant la miction. Lโinconfort ressenti peut รชtre propre au bas appareil urinaire ou externe (rรฉgion vulvaire) ;
Rรฉtention urinaire (complรจte) : Encore appelรฉe rรฉtention aigue dโurine, elle constitue une urgence urologique qui se caractรฉrise par une impossibilitรฉ douloureuse dโuriner en dรฉpit de tentatives persistantes [39]. Dโautres signes en rapport avec les complications peuvent รชtre retrouvรฉs.
Sur le plan paraclinique, lโexploration dโune neurovessie fait appel au bilan urodynamique (permettant une รฉtude de lโรฉquilibre vรฉsico-sphinctรฉrien), qui nโest pas systรฉmatique et est demandรฉ en cas dโรฉchec du traitement de premiรจre intention. La biologie (urรฉe et crรฉatinรฉmie) et lโimagerie de lโappareil urinaire (รฉchographie rรฉno-vรฉsicale), permettent de dรฉpister les complications [40].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. Anatomie du bas appareil urinaire
1. Vessie
2. Urรจtre
2.1. Urรจtre masculin
2.2. Urรจtre fรฉminin
3. Le plancher pelvien
II.PHYSIOLOGIE
1. Miction
2. Continence
III.SIGNES DES NEURO-VESSIES
1. Symptรดmes de la continence urinaire
2. Symptรดmes de la phase mictionnelle et postmictionnelle
IV. Sondage intermittent
1. Dรฉfinition
2. Indications : vessies neurologiques
3. Contre-indications
4. Technique de sondage
4.1. Matรฉriels : types de sondes
4.2. Technique proprement dite
5. Avantages
6. Complications de lโautosondage
7. Surveillance
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
Objectif gรฉnรฉral
Objectifs spรฉcifiques
PATIENTS ET METHODES
Cadre dโรฉtude
Type dโรฉtude
Pรฉriode dโรฉtude
Population dโรฉtude
Mรฉthodes
Technique et outils de collecte
Dรฉfinitions opรฉrationnelles
Considรฉrations รฉthiques
RESULTATS
1. Caractรฉristiques socio-dรฉmographiques
1.1. Age
1.2. Sexe
1.3. Profession
1.4. Statut matrimonial
1.5. Niveau scolaire
2. Etiologies
3. Troubles urinaires
3.1. Durรฉe dโรฉvolution des troubles
3.2. Types de troubles urinaires
3.3. Complications des rรฉtentions urinaires
4. Qualitรฉ de vie des patients vivant avec les troubles urinaires
5. Traitement
5.1. Non mรฉdicamenteux des troubles urinaires
5.2. Mรฉdicamenteux
6. Compliance au traitement
6.1. Connaissance de lโautosondage vรฉsical intermittent
6.2. Degrรฉ dโacceptation de lโautosondage
6.3. Facteurs associรฉs ร la mauvaise compliance
6.3.1. Facteurs socio-dรฉmographiques
6.3.2. Facteurs liรฉs aux troubles urinaires
6.3.3. Facteurs psychosociologiques
6.3.4. Facteurs physiques
6.3.5. Facteurs liรฉs ร la qualitรฉ de vie
6.3.6. Facteurs liรฉs au traitement
DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES