ANATOMIE DE L’OREILLE DU CHAT
Les divisions du pharynx
Le pharynx est le carrefour entre les voies respiratoire et digestive. Chez le chat, il se prolonge jusqu’à la troisième vertèbre cervicale. Il est composé de trois compartiments (Figure 1) :
• Le nasopharynx : compartiment le plus dorsal, uniquement traversé par de l’air et limité, rostralement par les choanes et caudalement par l’extrémité du voile du palais (palais mou) (Figure1). •
L’oropharynx : compartiment ventral, qui débute dans la bouche, à l’arrière de la langue, et se termine au niveau de l’extrémité du voile du palais. Il se situe ventralement au nasopharynx (Figure1).
• Le laryngopharynx : compartiment le plus caudal et le plus petit, s’étend de l’extrémité caudale du voile du palais (palais mou) au larynx (Figure1).
Le voile du palais (palais mou) est une formation musculo-membraneuse qui prolonge le palais dur, il sépare l’oropharynx du nasopharynx. Il est mobile et est repoussé par la langue dans le nasopharynx, lors de la déglutition (Figure 1). Le nasopharynx est limité dans sa partie rostrale, ventralement par le palais dur, dorsalement par le vomer (plateau criblé) et latéralement par les os palatins. Dans sa partie caudale, il est limité ventralement par le palais mou et dorsalement par la base du crâne et les muscles associés. Sur les parois latérales de la partie moyenne du nasopharynx se trouvent les ouvertures des trompes auditives (anciennement Trompe d’Eustache). Elles se situent caudalement au bord caudal de l’os ptérygoïdien et elles sont portées par la protubérance tubulaire, relief de cartilage tubulaire présent sous la muqueuse.
Le volume du nasopharynx est variable. Lors de la déglutition, la partie caudale du nasopharynx se ferme du fait de la pression exercée par les mouvements de la langue. Le nasopharynx est recouvert d’un épithélium de type respiratoire. Il s’agit d’un épithélium pavimenteux pluristratifié avec des glandes pharyngiennes muqueuses [24,84,86]. Sous cet épithélium, se trouve un abondant tissu lymphoïde formant le grand cercle lymphatique pharyngé de Waldeyer. Il se compose principalement de l’amygdale pharyngée située à la jonction de la paroi postérieure et du toit du nasopharynx [1,84,86].
Le conduit auditif externe (CAE)
Le CAE est en continuation avec l’auricule, il est bordé par un cartilage annulaire et il est délimité par l’os temporal. Son extrémité médiale est formée par le tympan, au niveau du méat acoustique externe. Il se divise en deux parties formant un angle de 90° (Figure 3). Latéralement, le segment vertical du CAE est soutenu par le cartilage de l’auricule (Figure 3). Il est recouvert d’un épithélium pavimenteux contenant de nombreuses glandes cérumineuses et sébacées. Plus médialement, le segment horizontal est soutenu par le cartilage annulaire et est recouvert d’un tégument mince sans poils (Figure 3). Les glandes et les poils sont plus rares en région profonde, proche du tympan. Les glandes sébacées sont présentes en région distale alors que les glandes cérumineuses se répartissent préférentiellement en région proximale du CAE [47]. Les deux anneaux cartilagineux sont reliés entre eux par un ligament, tout comme le cartilage annulaire et le méat acoustique externe [47].
Le rameau auriculopalpébral du nerf facial (nerf crânien VII) et le rameau auriculaire (nerf auriculotemporal) du nerf trijumeau (nerf crânien V) entourent la partie horizontale du CAE et remontent le long de la base de l’oreille (Figure 4).
Le tympan
L’oreille moyenne est limitée latéralement par le tympan. Il sépare le segment horizontal du CAE de la bulle tympanique. Il se présente comme une mince membrane s’affinant vers le centre, translucide, gris pâle, ovale, concave en vue extérieure et tirée sur sa face médiale par le » manche » (manubrium) du marteau. Il se divise en deux parties. Dorsalement et médialement, la pars flaccida, de petite taille, lâche et vascularisée, s’étend au-dessus de la partie dorsale du manubrium du marteau [6,71,76,79]. Ventralement, la pars tensa est de plus grande taille, fine, rosée, brillante et résistante (Figure 6). Sur sa partie médiale, est intégrée la plus grande partie du manubrium du marteau (Figure 6). L’examen otoscopique permet de visualiser la pars flaccida et 1/4 de la pars tensa.
La bulle tympanique est une cavité osseuse recouverte partiellement d’une muqueuse semblable à la muqueuse nasopharyngée. Elle est formée en partie d’un épithélium prismatique cilié et d’autre part d’un épithélium squameux. La capsule osseuse est épaisse, latéralement et rostralement ; elle est plus fine ventralement, caudalement et médialement. La caisse du tympan du chat est constituée de deux chambres séparées par un fin septum incomplet, ligne reliant le milieu de la paroi rostrale au milieu de la paroi latérale (Figure 8). Cette structure est visualisable sur les images radiographiques en projection oblique, bouche ouverte. Le septum présente une fissure caudomédiale de forme triangulaire. La fenêtre ronde se situe latéralement à ce foramen et en compose la paroi médiale. Ventromédialement se trouve un compartiment de grande taille, c’est le fundus de la bulle tympanique (caisse du tympan). Elle est reliée à l’oreille interne via la fenêtre ovale. Dorsolatéralement, se trouve un compartiment plus petit dit oreille moyenne « vraie ». Ses parois sont formées en grande partie par le tympan (paroi latérale) et elle contient les osselets (le marteau posé sur le tympan, l’enclume, et l’étrier posé sur la fenêtre ronde), et les muscles et ligaments associés.
Ce compartiment est divisé arbitrairement : dorsalement, en épitympan et, ventralement, en mésotympan. Les osselets, s’appuyant sur la partie médiale du tympan, et le muscle stapédien occupent l’épitympan et la partie latérale du mésotympan. La corde du tympan, nerf issu du nerf intermédiaire (nerf crânien VII bis), court rostromédialement aux osselets [79]. Plus médialement, le muscle tenseur du tympan repose dans une fosse creusée dans la paroi dorsale. Le muscle tenseur du voile du palais prend naissance dans la même région. L’ouverture de la trompe auditive occupe la partie dorsomédiale et rostrale de ce compartiment. En cas de polype de l’oreille moyenne, l’ensemble des formations présentées ci-contre est susceptible d’être endommagé lors de l’éxérèse de celui-ci [59]. Les troubles auditifs et la surdité qui en résultent restent asymptomatiques si la chirurgie est unilatérale. Ceci est dû à une compensation de ce handicap par l’oreille saine [59].
Nerfs présents dans l’oreille moyenne
Plusieurs formations nerveuses traversent l’oreille moyenne. Le nerf facial (nerf crânien VII), la corde du tympan (nerf crânien VII bis), les fibres parasympathiques préganglionnaires du nerf glossopharyngien (nerf crânien IX) et le plus important, les fibres sympathiques post-ganglionnaires du ganglion cervical crânial, innervant l’oeil (fibres occulosympathiques).
Le nerf facial quitte le cerveau en association avec le nerf vestibulo-cochléaire (nerf crânien VIII). Il passe dans le canal facial de la partie pétreuse de l’os temporal, puis il entre dans la cavité de l’oreille moyenne mais, pendant son trajet dans la bulle tympanique, il repose sur le bord du compartiment interne, protégé par de l’os. Ce nerf est donc rarement endommagé dans les chirurgies de l’oreille moyenne chez le chat. La paralysie faciale est donc une complication rare. Les fibres sympathiques post-ganglionnaires quittent le ganglion cervical crânial caudomédialement à la bulle tympanique, elles sont situées le long à l’artère carotide interne jusqu’à leur passage par la fissure tympano-occipitale après laquelle elles cheminent entre la bulle tympanique et la partie pétreuse de l’os temporal. À cet endroit, elles s’associent aux fibres pré-ganglionnaires parasympathiques du nerf glossopharyngien (nerf crânien IX), pour former le nerf paroto-tympaniqual. Les fibres entrent dans la bulle tympanique par l’extrémité caudale de la caisse du tympan, puis elles se ramifient pour former le plexus tympanique qui court à la surface de la caisse du tympan, protégé uniquement par la muqueuse (Figure 7). Une interruption des fibres à ce niveau fait partie des complications fréquentes des chirurgies de l’oreille moyenne (1/3 des complications post-opératoires). Elle entraîne un syndrome de Claude-Bernard-Horner du côté atteint [1, 27,59,60,71].
Les fibres du plexus passent dans le compartiment dorsal via la fissure de communication. À ce niveau, le septum forme une lèvre osseuse qui protège les fibres nerveuses. Les axones sympathiques sortent de l’oreille moyenne au niveau de l’apex de la partie pétreuse de l’os temporal, médialement à l’ouverture de la trompe auditive (Figure 7).
|
Table des matières
INTRODUCTION
RAPPELS ANATOMIQUES
I. ANATOMIE DU NASOPHARYNX
A. Les divisions du pharynx
B. Innervation et musculature associées
1. Innervation
2. Musculature
C. Inspection du nasopharynx
II. ANATOMIE DE L’OREILLE DU CHAT
A. L’oreille externe
1. L’auricule
2. Le conduit auditif externe (CAE)
B. L’oreille moyenne
1. Structure de l’oreille moyenne
2. Nerfs présents dans l’oreille moyenne
C. Inspection de l’oreille
PRESENTATION DU POLYPE NASOPHARYNGE
I. ÉTIOLOGIE ET EPIDEMIOLOGIE
A. Origine
B. Étiologie
C. Épidémiologie
II. SIGNES CLINIQUES
A. Polype du nasopharynx
B. Polype de l’oreille
1. Oreille moyenne
2. Conduit auditif externe
3. Examen otoscopique
DIAGNOSTIC
I. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
A. Polype nasopharyngé
1. Affections chroniques
2. Affections aiguës
B. Polype auriculaire
1. Otite moyenne
2. Otite externe
II. EXAMENS COMPLEMENTAIRES
A. Radiographie
1. Le nasopharynx
2. Les bulles tympaniques
B. Tomodensitométrie et imagerie par résonance magnétique
1. Tomodensitométrie
2. L’imagerie par résonance magnétique
C. Chirurgie
1. Avantages et inconvénients
2. Technique
3. Résultats
D. Histopathologie
1. Aspect macroscopique
2. Aspect microscopique
E. Endoscopie
1. Vidéo-otoscopie
2. Pharyngoscopie
TRAITEMENT ET PRONOSTIC
I. TRAITEMENTS
A. Anesthésie
1. Examen pré-anesthésique de l’animal
2. Prémédication
3. Induction
4. Entretien
B. Procédures chirurgicales
1. Trépanation ventrale de la bulle tympanique
2. Traction/avulsion
3. Chirurgie du CAE
4. Myringotomie
C. Traitement post-opératoire
1. Les antibiotiques
2. Les anti-inflammatoires et analgésiques
II. PRONOSTIC
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet