L’infection génitale chez la femme est l’ensemble des manifestations cliniques et biologiques résultant de la pénétration dans le vagin d’agents pathogènes microscopiques et vivants : bactéries, parasites, virus et champignons. L’appareil génital féminin est composé de deux secteurs microbiologiques. Le premier secteur comporte la vulve, le vagin, et l’exocol. Il est largement colonisé par les flores commensales. Inversement, le second secteur, composé de l’endocol, la cavité utérine, la cavité tubaire et le pelvi-péritoine, est stérile. Ces deux secteurs sont séparés par le col de l’utérus qui peut être considéré comme un véritable « verrou » microbiologique très efficace contre l’ascension des bactéries cervico-vaginales (Quentin, 2006). À l’état normal, le vagin bénéficie d’une flore commensale riche dominée par les lactobacilles. Les infections génitales résultent soit d’une contamination exogène, sexuellement transmises le plus souvent, mais éventuellement iatrogènes, au détour d’un geste endovaginal ou endo-cervicale, soit de la prolifération anormale d’un ou plusieurs microorganismes aux dépens des autres commensaux (Judlin, 2002). Le diagnostic des infections génitales basses et hautes de la femme est difficile à cause des étiologies non infectieuses (hormonale, caustique, allergique. . .) capables de causer des écoulements vaginaux, mais également à cause de la difficulté de distinguer une infection et une simple colonisation lorsque l’agent isolé appartient à la flore commensale normale du vagin (Khalidi, 2019).
Anatomie de l’appareil génital féminin
L’appareil génital féminin est l’appareil de la reproduction chez la femme. Il produit les gamètes et soutient l’embryon en voie de développement (Abdallah, 2009). Il se compose :
● de deux glandes, les ovaires, qui produisent les ovules
● de deux trompes utérines qui conduisent les ovules jusque dans l’utérus
● de l’utérus, dans lequel se développe l’œuf fécondé
● du vagin et de la vulve qui constituent les organes de la copulation .
Ce tractus présente des variations morphologiques, cycliques, hormonaux dépendantes de la puberté à la ménopause. Les infections de la vulve, du vagin et du col sont appelées : infection du tractus génital inferieur. Les infections de l’utérus, des trompes de Fallope et des ovaires sont appelées : infection du tractus génital supérieur (Alain et al., 2007).
Le vagin
Le vagin est un conduit musculaire et membraneux. Il est particulièrement élastique (en profondeur et en largeur) grâce à sa muqueuse en accordéon. La muqueuse vaginale est composée de cellules épithéliales hormonaux-dépendantes. La longueur du vagin est de 7 à 8 cm, au repos. Il est aplatit, les parois sont appliquées l’une contre l’autre (Tchélouguou, 2012).
L’utérus
L’utérus est un organe musculeux creux en forme de poire inversée qui se situe dans la région hypogastrique. Chez une femme adulte nullipare, sa taille moyenne est de 7,5 cm de long pour 5 cm de large, et 2,5 cm d’épaisseur, il est plus gros après une grossesse, et s’atrophie après la ménopause. Il est situé entre la vessie et le rectum dans un plan antéro-postérieur et entre le plancher pelvien qui le soutient et l’intestin, le caecum, le colon sigmoïde, dans un plan vertical (Devaud, 2008).
Flore vaginale normale
La flore bactérienne dominante est composée d’une diversité de lactobacilles qui appartient essentiellement aux espèces Lactobacillus crispatus, Lactobacillus gasseri, Lactobacillus jensenii, et Lactobacillus iners (Fig. 2). La concentration usuelle des lactobacilles en l’absence de pathologie est située entre 10⁵ et 10⁸ bactéries par gramme de sécrétion vaginale, soit entre 1 et 1000 bactéries par champ microscopique sur un frottis des sécrétions vaginales grossièrement étalé sur une lame et par la coloration de Gram (Quentin, 2006).
La flore aéro-anaérobie équilibrée s’oppose à l’adhérence et à la colonisation des germes pathogènes dans le vagin. Il y a différentes types de flore :
● Type I : flore normale, à prédominance de lactobacilles
● Type II : flore intermédiaire, avec des lactobacilles peu abondants et associes à d’autres morphotypes bactériens peu différenciés en petites quantités.
● Type III : persistance des bacilles de Döderlein mais de nombreux autres germes dont une Cocci Gram+ et Gram- prédominants.
● Type IV : flore évocatrice d’une vaginose bactérienne. Les lactobacilles ont disparu, au profit d’une flore anaérobie abondante et polymorphe (Abbara, 2020) .
Flore vaginale pathologique
Elle se caractérise par la diversité des espèces qui prolifèrent dans la cavité vaginale en particulier au cours de la vaginose (Fig. 3). Prolifération bactérienne dans le vagin impliquant le plus souvent Gardnerella vaginalis, les bactéries anaérobies (surtout Prevotella spp. Peptostreptococcus, Mobiluncus), Streptococcus viridans, Mycoplasma hominis, et Atopobium vaginae. La concentration bactérienne atteint 10⁹ à 10¹² bactéries/g de sécrétion (10 à 1000 fois la concentration normale). Cette forte croissance polybactérienne s’accompagne généralement d’une disparition des lactobacilles réels ou relatifs. D’autres bactéries se multiplient abondamment dans la flore vaginale de la vaginose en particulier les Streptocoques du groupe «viridans» (Streptococcus acidominimus, Streptococcus intermedius et Streptococcus morbillorum). Au cours de certaines infections génitales transmissibles, la flore vaginale peut être fortement modifiée. L’infection à Trichomonas vaginalis se traduit essentiellement par une disparition quasi totale des lactobacilles et son remplacement par une flore très souvent monomorphe composée d’un entérocoque, ou d’une entérobactérie ou de S. agalactiae. Au cours des endocervicites à Chlamydia ou à gonocoque et des infections à HIV, la flore vaginale est fréquemment de type vaginose bactérienne (Quentin, 2006).
EPIDEMIOLOGIE
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime plus de 340 millions de nouveaux cas d’infections génitales dans le monde chaque année. Dans les pays développés, ces infections et leurs complications figurent parmi les cinq premiers motifs de consultation chez les adultes (OMS, 2007). Sur le plan de l’évolution ou d’un traitement tardif, deux dangers menacent l’adulte ayant présenté une infection génitale : la stérilité tubaire, les algies pelviennes chroniques. A cela s’ajoutent des grossesses extrautérines et des fausses couches à répétition. L’infection est une cause fréquente de détresse et d’inconfort chez les femmes. On estime qu’environ 75 % des femmes auront au moins une infection vaginale au cours de leur vie et que 40 à 45 % des femmes auront plus d’un épisode (Tchélouguou, 2012). Plus d’un million de nouveaux cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) surviennent chaque jour parmi les 15-49 ans. Ceci représente plus de 376 millions de nouveaux cas par an pour quatre infections : Chlamydiose, Gonorrhée, Trichomonas et Syphilis (OMS, 2019). La fréquence de la vaginose bactérienne est très importante en Afrique noire où elle affecterait 20-50% des femmes. Gardnerella vaginalis est isolée avec une plus grande fréquence (83-98%) et en quantité nettement supérieure dans la flore de la vaginose bactérienne que dans la flore normale. Au Sénégal, Une enquête nationale réalisée chez 639 femmes enceintes et 605 travailleuses du sexe dans les 11 régions a montré que 39% présentent une vaginose bactérienne (Gaye-Diallo, 2006). Une étude faite au Centre Hospitalier Universitaire de Fann a donné une prévalence de candidose vulvo-vaginale égale à 32,6% (Sylla, 2018). L’infection génitale à Chlamydia trachomatis est la plus fréquente des IST. Souvent asymptomatique, elle touche une population jeune dans près de 20% cas. Trichomonas vaginalis est la plus fréquente des IST d’origine parasitaire, il est rencontré chez 40-50% des leucorrhées. Les candidoses vaginales sont les plus fréquentes des mycoses humaines. Elles sont retrouvées chez 6% des femmes en période d’activité ovarienne et chez 25-40% de toutes les patientes présentant une vaginite (Keita, 2009). Au Mali, le gonocoque était responsable de 70% des vaginites chez 256 prostituées examinées (Kanoute, 2019).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. GENERALITES
I.1. Définition
I.2. Anatomie de l’appareil génital féminin
1.2.1 . Le vagin
1.2.2 . L’utérus
I .3. Flore vaginale normale
I.4. Flore vaginale pathologique
II. EPIDEMIOLOGIE
III. FACTEURS DE RISQUE
IV. TYPES D’INFECTIONS GENITALES
IV.1. Infections génitales basses
IV.1.1. Vaginose bactérienne
IV.1.2. Vaginites
IV.1.2.1. Candidose
IV.1.2.2. Trichomonose
IV.1.2.3. Vaginites bactériennes
IV.1.3. Chlamydiose
IV.1.4. La gonococcie
IV.1.5. Infection à mycoplasme
IV.2. Infections génitales hautes
V. MOYENS DE DEFENSE
VI. DIAGNOSTIC
VI.1. Interrogatoire
VI.2. Prélèvement vaginal
VI.3. Examen macroscopique
VI.4. Examen microscopique
VI.5. Culture et identification
VII. TRAITEMENT
VIII. PROPHYLAXIE
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II.1. Cadre d’étude
II.2. Population d’étude
II.2.1. Critères d’inclusion
II.2.2. Critères de non inclusion
II.3. Type et période d’étude
II.4. Matériels de laboratoire utilisés
II. 5. Méthodes utilisées
II.5.1. Conditions avant prélèvement
II.5.2. Procédure du prélèvement
II.5.3. Examen macroscopique
II.5.4. Culture
II.5.5. Examen microscopique
II.5.6. Lecture et Identification
II.6 Analyses statistiques
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III. 1. RESULTATS
III. 1.1. Prévalence générale de l’infection
III.1.2. Répartition des patientes par rapport à l’âge
III.1.3. Répartition des patientes en fonction des moins de 40 ans et des plus de 40 ans
III.1.4. Répartition des patientes par rapport au statut matrimonial
III.1. 5. Répartition des patientes par rapport au type de flore
III.1.6. Prévalence de l’infection chez les moins de 40 ans et chez les plus de 40 ans
III.1.7. Prévalence de l’infection en fonction du statut matrimonial
III.1.8. Prévalence de l’infection en fonction du type de flore
III.1.9. Distribution des différents germes trouvés
III.1.10. Répartition des prévalences des germes chez les moins de 40 ans et plus de 40 ans
III.1.11. Répartition de la prévalence des germes en fonction du statut matrimonial
III.1.12. Répartition des germes en fonction du type de flore
III.2. DISCUSSION
Références Bibliographiques
ANNEXES