L’insuffisance veineuse est une pathologie très fréquente au comptoir en effet, elle est surreprésentée chez les personnes de plus de 60 ans. Elle augmente de plus en plus car l’excès de poids est un facteur de risque et il y a de plus en plus de personnes obèses dans les pays développés. Cette maladie évolue en plusieurs stades cliniques commençant par la sensation de jambes lourdes, des varices, un œdème, des troubles trophiques jusqu’à l’ulcère veineux ouvert dans les cas les plus graves. Si elle n’est pas prise en charge, elle peut être à l’origine de complications. On distingue la thrombose veineuse superficielle (TVS) et la thrombose veineuse profonde (TVP). La TVS est une para-phlébite et la TVP est la phlébite du membre inferieur. Cette dernière peut provoquer une embolie pulmonaire (EP) qui peut être fatale. Il existe des traitements prophylactiques pour limiter l’évolution de cette maladie. Il est conseillé d’éviter les facteurs de risque et les facteurs aggravants l’insuffisance veineuse chronique. Il s’agit par exemple des sources de chaleur, de la position debout ou assise prolongée ou encore du surpoids. Une bonne hygiène de vie est importante à adopter pour maintenir un état circulatoire satisfaisant n’évoluant pas vers des complications aux conséquences lourdes. Le pharmacien a un rôle primordial, puisqu’il est placé en première ligne quand il s’agit de prévenir ou lutter contre une telle pathologie. Ses conseils hygiéno-diététiques et l’ensemble des mesures d’accompagnement qu’il peut proposer à sa patientèle sont d’une réelle importance. Il représente souvent la personne ressource pour choisir le type de compression le plus adapté, en définissant la taille par la prise de mesures et conseiller les patients sur les différentes matières et textures et sur le choix des médicaments veinotoniques ou compléments alimentaires. Ainsi nous considérons qu’il est nécessaire de maitriser l’ensemble des protocoles permettant d’assurer une meilleure prise en charge du patient, dont les thérapies non conventionnelles (la phytothérapie, l’aromathérapie et l’homéopathie) qui sont de plus en plus présentes et demandées par la patientèle des officines.
Dans un premier temps, nous étudierons l’anatomie du système veineux, la physiopathologie, les facteurs de risque ainsi que l’évolution de la maladie veineuse chronique. Puis dans un second temps, nous présentons les différentes thérapeutiques peuvent être proposées en officine pour soulager les manifestations fonctionnelles de l’insuffisance veineuse chronique non grave. Enfin, nous terminons par les thérapies interventionnelles disponibles et leurs caractéristiques.
ANATOMIE CIRCULATOIRE DES MEMBRES INFERIEURS
La connaissance de l’anatomie et de l’anatomopathologie des veines est devenue indispensable pour améliorer la prise en charge de la pathologie veineuse des membres inférieurs (Figure 1). Il est également nécessaire de saisir les particularités du système cardiaque afin de mieux comprendre la maladie veineuse. Nous allons tout d’abord parler de la circulation sanguine, structure veineuse, structure valvulaire, réseau veineux, de la physiologie veineuse et de l’hémodynamique veineuse, c’està dire comment fonctionne ce réseau veineux.
LA CIRCULATION SANGUINE
Le cœur est une pompe qui permet d’assurer la circulation du sang dans l’organisme. Il comprend deux parties (Figure 2) : le cœur droit et le cœur gauche.
– Le cœur gauche assure la circulation « systémique », encore appelée « grande circulation » alimentant tous les organes périphériques.
– Le cœur droit assure quant à lui « la petite circulation ou circulation pulmonaire » qui a pour but de renouveler les gaz du sang au niveau des alvéoles pulmonaires.
LES VEINES ET LEURS VALVULES
La paroi veineuse est composée de trois tuniques concentriques (Figure 3), elle est comme celle des artères. De la superficie à la profondeur, on retrouve :
L’adventice : tunique externe qui enserre dans un tissu conjonctif lâche des vasa vasorum, vaisseaux nourriciers de la veine, des lymphatiques et les terminaisons nerveuses sympathiques.
La media : tunique moyenne est constituée de fibres musculaires lisses ainsi que d’une trame élastique et conjonctive. La media veineuse contient moins de tissu musculaire et élastique que son homologue artériel. Sa structure est variable : la proportion de fibres musculaires lisses de la media des veines profondes diminue au fur et à mesure que le diamètre veineux augmente. Par exemple, les troncs saphènes ont une couche musculaire plus développée que les collatérales qui leur sont rattachées.
L’intima : tunique interne qui comprend l’endothélium vasculaire et une couche sousendothéliale formée de conjonctif, de mucoglycoprotéines et de cellules d’origine indéterminée .
Valvules :
Une valve se compose de deux valvules ou cuspides (Figure 4). Chacune de ces valvules s’insère sur la paroi veineuse formant un anneau valvulaire et se termine par un bord libre. Chaque valvule a deux faces, l’une « pariétale » concave regardant la paroi verticale et l’autre « axiale » convexe regardant la lumière de la veine. Chaque valvule délimite donc avec la paroi veineuse un sinus. Macroscopiquement, les valvules ont un aspect translucide et fragile. La paroi de la valvule est constituée par deux couches intimales séparées par un tissu composé de fibres musculaires lisses, de fibres de collagène et de tissu élastique. Sur le plan fonctionnel, les valves sont responsables de l’orientation du flux sanguin du bas vers le haut et de la superficie vers la profondeur. En effet, lors de la diastole musculaire, les valves accolent leurs deux cuspides ce qui empêche le sang veineux d’obéir aux lois de la gravité. Le rôle de l’appareil valvulaire est fondamental dans l’hémodynamique veineuse.
RESEAU VEINEUX PROFOND
Il représente 90% du retour veineux total et suit le cheminement des artères. Il est constitué de deux veines par tronc artériel, portent en général le nom de l’artère qu’elles accompagnent.(6) On peut citer quelques exemples : les veines plantaires latérales et médiales se jettent dans les veines profondes tibiales postérieures (Figure 6), les veines dorsales du pied se jettent dans les veines profondes tibiales, les veines dorsales du pied se jettent dans les veines profondes tibiales antérieures, les veines tibiales vont confluer constituant la veine poplitée qui devient la veine fémorale en passant sous l’arcade du grand adducteur.
Ce système profond peut être le siège d’une « phlébite » ou thrombose ou de malformations, mais il n’y a pas à proprement parler de varices sur ce système.
RESEAU VEINEUX SUPERFICIEL
Ce réseau est principalement constitué de deux grands axes veineux (Figure 7) : le territoire de la grande veine saphène (ou saphène interne) et le territoire de la petite veine saphène (ou saphène externe).
La grande veine saphène ou veine saphène interne, elle monte le long de la face médiale de la jambe, du genou puis la cuisse elle est la plus longue de l’organisme.
La petite veine saphène également appelée veine saphène externe, elle prend son origine au niveau de la face externe du pied et remonte jusqu’au tiers moyen de la jambe au genou, elle se jette dans la veine poplitée.
Ces deux veines reçoivent tout le long de leur trajet des branches collatérales, dont les abouchements peuvent être à hauteurs variables.
Ces 2 réseaux vont être sujets à l’insuffisance veineuse mais les symptômes (signes cliniques visibles) vont concerner le réseau veineux superficiel . Cela veut dire que s’il y a un symptôme clinique visible type varice, ça ne veut pas forcément dire qu’il y a atteinte du réseau veineux profond Et inversement . Il y a donc une symptomatologie différente en fonction du réseau veineux qui est touché.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. ANATOMIE CIRCULATOIRE DES MEMBRES INFERIEURS
1. LA CIRCULATION SANGUINE
2. LES VEINES ET LEURS VALVULES
3. LE RESEAU VEINEUX DES MEMBRES INFERIEURS
4. LA PHYSIOLOGIE DU RETOUR VEINEUX
II. INSUFFISANCE CHRONIQUE DES MEMBRES INFERIEURS
1. LES DEFINITIONS
2. L’EPIDEMIOLOGIE
3. LES PRINCIPAUX MECANISMES
4. LES FACTEURS DE RISQUE
5. LA CLASSIFICATION
6. LA SYMPTOMATOLOGIE
7. LES COMPLICATIONS
A. COMPLICATIONS AIGUES
B. COMPLICATIONS CHRONIQUES
8. LE DIAGNOSTIC
III. LA PRISE EN CHARGE DE L’INSUFFISANCE VEINEUSE A L’OFFICINE
1. LES REGLES HYGIENO-DIETETIQUES
2. LA CONTENTION-LA COMPRESSION
A. GENERALITES
B. MECANISME D’ACTION
C. INDICATIONS / CONTRE-INDICATIONS
D. BAS/COLLANTS/ CHAUSSETTES DE COMPRESSION
3. APPROCHE MEDICAMENTEUSE
4. LA THERAPIE NON CONVENTIONNELLE
A. LA PHYTOTHERAPIE
B. L’AROMATHERAPIE
C. L’HOMEOPATHIE
IV. LA PRISE EN CHARGE INTERVENTIONELLE
A. LA SCLEROTHERAPIE
B. LA CHIRURGIE
V. THERMALISME
VI. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES