Prémunir la société contre d’éventuelles pénuries alimentaires reste un objectif essentiel des gouvernements dans les pays les plus pauvres comme Madagascar. La question se pose alors de savoir si la nation doit et peut satisfaire par elle-même la totalité de ses besoins vivriers. De la réponse à cette question dépend d’une large part le choix entre la promotion de productions vivrières destinées au marché intérieur ou une spécialisation agroexportatrice nécessitant des produits concurrentiels et à haute valeur ajoutée. Mais est-ce qu’il faut satisfaire la demande extérieure sans pour autant satisfaire la demande locale ?
Madagascar dispose d’une économie nationale basée sur le secteur primaire au sein duquel la paysannerie parcellaire domine. Pourtant, la situation actuelle montre une défaillance du secteur Agriculture à subvenir aux besoins nationaux en terme de produits agricoles tant pour la consommation directe des ménages que pour les unités de transformation. Par ailleurs, on assiste à une concentration de la pauvreté en milieu rural où l’Agriculture constitue la principale activité des ménages et où 85% de la population malgache vivent.
Discussions au niveau de la méthodologie
Efficacité de l’approche par la logique paysanne
La connaissance de la logique paysanne permet de comprendre le comportement des paysans, d’apprendre leur rationalité et ainsi d’envisager à quelles conditions ils pourraient évoluer et éventuellement modifier leur comportement.
Certes, des erreurs peuvent provenir de :
– la non prise en compte de la complexité des systèmes de production mis en oeuvre au niveau des exploitations agricoles,
– la méconnaissance des objectifs socio-économiques poursuivis par les agriculteurs lorsqu’ils choisissent et mettent en oeuvre leurs systèmes de production,
– la non considération de l’évolution des pratiques paysannes.
Ces erreurs reflètent l’existence de lacunes dans la compréhension des réalités agraires .Or, la question est de savoir concrètement ce que font les agriculteurs et de connaître les raisons pour lesquelles ils sont conduits à pratiquer leurs systèmes de production actuels (DUFUMIER, 1997) .
De ce fait, il faut étudier les systèmes de production agricole dans un double perspective :
– du point de vue de leur cohérence interne, étant donné les moyens de production disponibles, et les objectifs poursuivis par l’agriculteur ;
– du point de vue de leur rationalité économique, étant donné les conditions sociales de production dans lesquelles ils s’insèrent.
Echelle de l’enquête formelle
Compte tenu de certains incidents de route, de la durée mise pour le déplacement et du temps dépensé par les formalités administratives, le quota de 5 enquêtes par personne par jour n’a pas pu être satisfait. Avec les conditions dans lesquelles l’enquête a été menée, une moyenne de 2 enquêtes par personne par jour a pu être atteinte. De même, le ratio de 4 communes par district n’est pas respecté à cause de la contrainte temps et de l’éloignement par rapport à l’axe prévu des communes plus représentatives. En effet, par souci d’obtention d’informations fiables, l’instruction des personnes ressources locales a été bien suivi et les communes proches des pôles urbains pouvant fausser l’étude ont été évitées. Ainsi 3 districts sur 7 et 9 communes sur 94 sont touchés par l’enquête dans la région de SOFIA ; et 2 districts sur 5 et 6 communes sur 53 sont concernées pour le cas de DIANA. Au total, 460 exploitations ont pu être étudiées soit 0.17% de population totale des deux régions. Ces informations précitées permettront ainsi d’éclaircir sur la teneur et la portée de l’enquête formelle effectuée de laquelle sont obtenues les données de base de la recherche.
Contexte de l’enquête formelle
Il est très important de discerner le contexte dans laquelle chaque enquête a été effectuée. Les impressions laissées par les enquêtes et les projets précédents, les espoirs ou les craintes par rapport à l’action avenir, la façon dont l’enquêté perçoit les attentes de l’enquêteur, tout cela influe sur les réponses qui vont être données : insistance sur l’ignorance, le manque de ressources, la pauvreté, si l’on espère une aide ou au contraire sur la solidarité, le consensus, l’absence de différenciation.
Dans le cadre de l’enquête réalisé, 20% des enquêtés ont évoqué des besoins en matériels, 12% des besoins en financement en répondant à la question de problèmes entravant le développement de l’agriculture, la majorité, dont 55% ont affirmé avoir des problèmes d’ordre technique et social tels que la dégradation des sols, l’ensablement des rizières, les cataclysme naturelles, le vol, les maladies, les ravageurs, la mauvaise qualité des semences, la manque de main d’œuvre, la non maîtrise d’eau, les aléas du marché, la difficulté d’écoulement des produits, le changement climatique, le manque d’information. Cela permet ainsi de mesurer le taux de biais pouvant être engendré par l’orientation des réponses vers l’intérêt personnel de l’enquêté.
Discussions relatives aux résultats
Variation du taux d’adoption en fonction du district
Le taux d’adoption de chaque spéculation change d’un district à un autre. Cette variation du niveau d’adoption est due en premier lieu à l’inégalité de l’avantage comparatif que chaque spéculation génère au sein des districts. Puis en second lieu, des pratiques sociales à l’instar :
– du rattachement aux cultures vivrières tel que l’aliment de base qui est le riz, les aliments de soudure comme le maïs et manioc ainsi que les compléments d’aliments comme le haricot ;
– de la considération du marque de richesse et de prestige social par la possession de bovin ;
– l’habitude alimentaire de manger du poulet lors des fêtes et en cas de maladie.
Ainsi les quatre premières spéculations qui prévalent dans les régions de SOFIA et de DIANA à l’issu de l’enquête sont la riziculture irriguée, la culture de maïs, l’élevage de zébu et l’élevage de poulet gasy. En troisième lieu, le taux d’adoption des spéculations est aussi lié à la favorabilité du milieu physique.
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Table des matières
INTRODUCTION
I.METHODOLOGIE
1.1. Définition de la zone d’étude
1.1. Approches adoptées
1.2. Démarche mise en oeuvre
1.3. Etudes exploratoires
1.4. Exploitation des données statistiques disponibles
1.5. Enquête formelle
1.6. Traitement et analyse des données
II-RESULTATS
2.1. Mise en évidence de la polyculture dans les districts
2.2. Les spéculations constituant des domaines d’intérêt pour les districts
2.3. Importance de l’arachide dans les districts
2.3. Types d’exploitations rattachées à l’arachide
2.4. Vitesse d’évolution et potentialité de production des exploitations
2.5. Viabilité des exploitations
2.6. Rentabilité de la transformation
2.7. Viabilité des exploitations intégrant la prolongation de la chaîne des valeurs
III-DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1. Discussions méthodologique
3.2. Discussions relatives aux résultats
3.3. Recommandations
CONCLUSION