La localité de Manerinerina est caractérisée par la présence d’une concession agricole plus de 250 ha avec plus de 200 ha rizières irriguées. Elle se situe dans la Commune Rurale Andaingo, dans la Région Alaotra Mangoro, connue comme étant un « grenier à riz » occupant une place prépondérante dans l’économie nationale grâce à la riziculture qui est la principale activité agricole de la région. Les paysans de la région, dans le but d’élargir la superficie des terres cultivables afin d’augmenter le rendement agricoles pratiquent les feux de brousse. Ce qui favorise la déforestation croissante des zones environnantes et entraine de forte érosion qui s’accentue davantage dans l’espace et dans le temps. Dans le cas de Manerinerina, l’érosion engendrent la dégradation des sols cultivables voire une défertilisation par l’apport des sables dans les bas-fonds. La conséquence néfaste est la baisse continue de la productivité qui se traduit par un complexe de détérioration de la protection végétative et les pertes en éléments fertilisants.
Face à cette situation, le présent travail intitulé sur les « ANALYSES DES SOLS EN VUE DE LA GESTION DURABLE DES TERRES A MANERINERINA (REGION ALAOTRA MANGORO) » met en exergue la méconnaissance de la population locale sur les liens entre la biodiversité et la géodiversité comme étant le problème majeur qui tend à la dégradation des terres.
Contexte géologique
➤ Pédologie de la zone :
Les sols de la région, plus particulièrement sur les bas-fonds sont généralement riches, humifères et profonds. Ils conviennent particulièrement aux rizicultures. Les sols sont d’origine alluviales, représentatives des sols dénommés « baiboho » bordant la cuvette du Lac Alaotra. D’après M. Roche(1993) ancien pédologue de la station agronomique d’Ambohitsilaozana et d’après l’analyse effectuée par Velly, chimiste dans le même centre, en 1957, les pentes et les plateaux présentent des argiles latéritiques plus ou moins carencées en potasse de pH neutre (5,7 à 6,3), et les terrasses des alluvions jaunes anciennes d’origine lacustre. Les sols de bas de pente sont formés de colluvions rouges, colluvions beige micacés, colluvions jaunes sableux, et colluvions jaunes limoneux, de pH allant de 5,1 à 6,4; les vallées et les berges de rivières montrent des sols alluvionnaires fluviatiles d’origine latéritique, de pH variant de 5,1 à 7,5.
➤ Nature du sol :
L’érodibilité du sol varie suivant ses propriétés physico-chimiques telles que la composition granulométrique (proportion des sables, limons et argiles), la stabilité structurale, la porosité, la structure du sol en surface, la teneur en matière organique et la capacité de rétention d’eau du sol (Hudson et al.1993). Pourtant, du fait du phénomène d’érosion surtout sur les pentes, des sols hydromorphes se développent dans les rizières. Des sols ferralitiques jaunes et rouges sont observés dans les parties amont. Les rizières du bas-fond sont ensablées et devenues pauvres en éléments fertilisants .
Situation socio-économique
Comme dans toutes les communautés rurales, l’économie est basée sur l’agriculture dont la riziculture est la principale activité agricole de la région. L’activité commerciale, l’élevage, l’artisanat, la pêche ne sont que des annexes.
Démographie :
La Région d’Alaotra Mangoro s’étend sur une surface de 27394 km², sa population est d’environ 1000000habitants soit une densité de population de 36habitants/ km², la majorité de la popualtion humaine de la Région d’Alaotra appartient à l’ethnie « Sihanaka ».
Infrastructure sanitaire :
La région Alaotra Mangoro dispose 34 CSBI, 78 CSBII et 77 maternités publiques (Andriatsitohaina, 2015). Plus de la moitié des communes dans la Région Alaotra Mangoro sont distantes de 1km pour y accéder à un centre de santé. Certain village dans la commune Andaingo se trouve à plus de 1km mais à moins de 5km des formations sanitaire les plus proches.
Notion d’érosion
Définition :
L’érosion vient du mot latin « ERODERE » qui signifie « ronger ». L’érosion deux sens : au sens strict, elle est définie comme enlèvement, arrachement et ablation tandis qu’au sens large elle regroupe l’enlèvement, le transport (ruissellement) et le dépôt (accumulation).D’après Veyret 1998, l’érosion est un phénomène naturel qui façonne la surface de la terre depuis son origine Le relief dont le modelé s’explique principalement par l’érosion s’appelle « relief d’érosion » Elle agit à différents rythmes et peut, sur plusieurs dizaines de millions d’années, raboter des montagnes, creuser des vallées, faire reculer des falaises selon Roose, 1998.
Types d’érosion
L’érosion peut se présenter sous différentes formes, telles que l’érosion mécanique sèche due à des instruments aratoires, l’érosion éolienne sous l’effet du vent, l’érosion fluviatile, l’érosion glaciaire et l’érosion hydrique qui est la plus répandue à Madagascar (Collectif SOL-SCV, 2008). Initier par les altérations chimiques et physiques, le processus d’érosion se développe par le ruissellement. Les gouttes de pluies qui creusent le sol et enlèvent des particules ou d’importantes quantités de bonne terre. Nombreuses formes d’érosion par ruissellement apparaissent dans la région d’Alaotra Mangoro qui sont : l’érosion en nappe, l’érosion en rigole et l’érosion en lavaka.
L’érosion en nappe est causée par le contact des gouttes de pluie avec le sol qui enlèvent une mince couche du sol. C’est la forme la plus remarquée dans les zones agricoles dans la localité de Manerinerina Lorsqu’une quantité suffisante d’eau de ruissellement s’accumule pour former des petits canaux jusqu’à 15cm de profondeur à la surface du sol il s’agit de l’érosion en rigole.
Le lavaka est un mot malgache qui signifie trou ou ravin, s’agissant de grandes excavations visibles à flanc de colline, c’est l’origine de la disparition de l’horizon rouge imperméable sous-jacent. Le lavaka est créé par la circulation de l’eau de pluie dans les zones dénudées et qui s’incrustent plus en plus profond dans le sol .
Etat de lieu sur la gestion durable des terres (GDT)
Définition de la Gestion durable des terres
C’est une politique de développement qui tend à harmoniser à long terme la coexistence de l’Homme avec la nature. (FAO, 2011). Selon la première évaluation, mondiale exhaustive de la dégradation et de la restauration des sols, publiée par l’IPBES, les sols sont dorénavant dans un état critique, engendrant de graves conséquences pour la biodiversité, le changement climatique et la stabilité de nos sociétés. Chaque année, 12 millions d’hectares de sol sont perdus dans le monde et ne peuvent plus remplir leur rôle écologique essentiel pour la biodiversité, le climat et l’humanité. En effet, les sols sont les milieux clés pour cultiver, pour abriter la biodiversité et pour stocker le carbone atmosphérique. En outre, ils fournissent, notamment sous couvert forestier, plusieurs services écosystématiques comme la purification de l’eau, la fourniture d’énergie et d’autres contributions essentielles aux populations. Aujourd’hui, moins d’un quart de la surface de la Terre échappe encore aux impacts substantiels de l’activité humaine, d’ici 2050, les experts de l’IPBES estiment que ce chiffre sera tombé à moins de 10%.
Politique de développement durable
Dans le cadre de la gestion durable des terres, le sol est considéré comme un système. A ce titre, une mise en valeur de ce système par la gestion de la partie amont et aval est fondamentale. L’adoption des techniques GDT est primordiale pour lutter contre la dégradation des terres afin d’en remédier les menaces qui pèsent la sécurité alimentaire.
L’équation universelle de la perte en terre :
En 1960, Wischmeier a calculé des régressions multiples entre l’érosion des sols et les différents paramètres du sol sur des parcelles d’expérience par la formule de perte en terre A=2,24×R×K×LS×C×P, sous la pluie naturelle et sous la pluie simulée. Après simplification, il s’avère que l’érosion dépend essentiellement du taux de matières organiques du sol, de la texture du sol et enfin de la structure de l’horizon de surface et de sa perméabilité.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : GENERALITES
I.1. SITOLOGIE
I.2. Notion d’érosion
I.3. Etat de lieu sur la gestion durable des terres (GDT)
I.4. L’équation universelle de la perte en terre
PARTIE II : MATERIELS ET METHODES
II.1 MATERIELS
II.2 METHODES
PARTIE III : RESULTATS, INTERPRETATIONS
III.1.1 Carte d’occupation des sols dans la localité de Manerinerina
III.1.2 Impacts de l’érosion dans la zone d’étude par diagnostic de la situation
III.1.3 Analyse granulométrique
III.1.4 Résultats de l’analyses physiques et chimiques
III.1.5 Application de l’équation de WISCHMEIER pour l’estimation de perte en terre dans le périmètre de Manerinerina
PARTIE IV : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV.1 DISCUSSIONS
IV.2 RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES
TABLE DES MATIERES
RESUME
ABSTRACT