ANALYSES DES INTERDEPENDANCES ENTRE LES ACTEURS DE LA CONCEPTION

ANALYSES DES INTERDEPENDANCES ENTRE LES ACTEURS DE LA CONCEPTION

Les régimes de confiance

L’analyse des interactions dans le cadre de la coopération entre différentes parties prenantes dans les processus de conception d’équipements agricoles et agroalimentaires exige de considérer la confiance non pas comme une donnée mais plutôt comme le résultat d’une coconstruction par les acteurs dans les différentes relations interpersonnelles et intersubjectives qu’ils entretiennent les uns avec les autres.Une approche interactionniste nous permet de mettre à jour quatre régimes pertinents de confiance dont les dynamiques pourraient expliquer les différents jeux d’acteurs et les
différents régimes d’engagement dans un collectif de travail coopératif. Ces régimes sont repérés par deux grands axes à savoir la confiance et la méfiance, deux modes relationnels que d’aucuns opposent facilement mais qui, à notre avis, ne devraient pas l’être forcément. Ils sont tous deux susceptibles de générer des types spécifiques de comportements dans les interactions.
– La confiance : Les catégories initiales de la sociologie ont surclassé et survalorisé les logiques instrumentales de la confiance notamment entre le rationnel individualiste et  socialement déterminé (les néo classiques, Durkheim, Weber, Sartre, Crozier et Friedberg, d’Iribarne…) d’un coté et de l’autre l’homme solidaire jurant la main sur le cœur obéissance à des normes sociales nobles (Mauss, Godbout, Caillé, Gaulejac…). Autrement dit, il existerait d’un côté un Homo economicus mû par un instinct stratégique, qui ne fait confiance à personne, obsédé qu’il est, de contrôler des catégories dangereuses pour sauvegarder ses intérêts et d’un autre côté un Homo donator altruiste, très confiant et coopératif, dénué de tout instinct calculatoire. Ces catégories sociologiques suggèrent aussi une troisième voie, une position médiane qui tente de faire le pont entre ces deux paradigmes, celle qui relève de la théorie des jeux, plus ou moins reprise par des auteurs comme Axelrod, Boudon, Olson, Callon, Reynaud, Alter… Cette troisième voie cherche à développer des théories de la coopération pour comprendre et gérer les comportements égoïstes des acteurs sociaux. Sans entrer dans les débats suscités par ces catégories, nous suggérons qu’il importe de ne pas claquemurer l’analyse de la confiance dans ces catégories ou paradigmes et qu’il est possible d’explorer une autre démarche, à savoir l’analyse des réseaux sociaux, qui nous permet de suivre et comprendre comment différents acteurs vont donner à la confiance une place plus ou moins importante dans leurs interrelations, leurs interactions quotidiennes et dans leurs interdépendances. Les catégories héritées ont conduit beaucoup d’analystes de la confiance à affirmer qu’elle suppose la coopération – qu’elle soit conflictuelle ou consentante, intéressée ou désintéressée. Il faudrait donc développer des pratiques susceptibles de créer un environnement favorable à la production de la confiance (Mangematin, 2003) et de la coopération (Axelrod, 1992).
La confiance donne une valeur positive de l’interlocuteur et le prédispose à coopérer. De fait, un lien fort est établi entre confiance et coopération, au besoin pourrait-on confondre les deux phénomènes. Sans nier ni remettre en cause la pertinence et l’intérêt de ce postulat, notre propos est plutôt de suggérer qu’il existe des processus d’interaction dans lesquels ces catégories postulées ne permettent pas toujours de comprendre et de rendre compte avec précision de la dynamique à l’œuvre ; ils constituent en cela des contre-exemples. Aussi pensons-nous qu’une autre analyse est possible. Les difficultés à approcher le phénomène de la confiance tiennent au fait que le concept lui même est problématique. En effet, nous postulons que la confiance n’implique pas forcément des comportements coopératifs fussent-ils même conflictuels. Par ailleurs, on peut postuler qu’on n’a pas besoin de confiance pour collaborer. On peut en outre considérer que la méfiance n’est pas l’opposé de la confiance mais qu’il existe une forme de non confiance différente de la méfiance mais tout aussi digne d’intérêt et qui entre en ligne de compte dans les rapports sociaux de collaboration. Cette non confiance est pour ainsi dire issue de la contingence des comportements dans le « collectif » des acteurs ; elle n’est pas a priori repérée par les grilles d’analyse existantes.
– La méfiance : dans la littérature sur la confiance, l’évocation de la méfiance mobilise d’autres concepts connexes pour lui donner plus de consistance ; ce sont notamment les concepts de risque, d’incertitude et de précaution. Les notions d’incertitude et de risque recouvrent des réalités très différentes (Callon et al. 2001). Le concept de risque désigne un danger bien identifié, associé à l’occurrence d’un événement ou d’une série d’événements parfaitement descriptibles, dont on ne sait pas s’ils se produiront mais dont on sait qu’ils sont susceptibles de se produire. En rapport avec la question de la méfiance, le risque renvoie notamment à la possibilité qu’un partenaire ne réalise pas ce à quoi il s’est engagé. L’incertitude, quant à elle, est relative à un état, à une situation diffuse d’indétermination laquelle peut susciter une certaine méfiance non rationalisable par un calcul de risque. La notion de méfiance est aussi associé à celle de précaution elle signifie une attitude mesurée et prudente qui détermine le niveau d’engagement dans une interaction avec autrui. Elle permet de mettre en place des procédures d’anticipation, d’évaluation, puis même de gestion des abus et des dérives pouvant surgir d’une prise de décision dans des situations de risque et d’incertitude ; mais elle permet aussi de se prémunir des comportements opportunistes ou peu scrupuleux.
Notre position est aussi de montrer que la méfiance, telle qu’elle a pu être discutée dans la littérature, est en quelque sorte univoque qui lui donne une valeur négative (Servet, 1994). Ainsi oppose-t-on d’emblée confiance et méfiance. De fait, on lie souvent la méfiance à la prudence qui conduit à tester l’autre dans une interaction immédiate quand on n’a pas connaissance de son réseau ; cependant, il est parfois très coûteux de tester la coopération d’autrui et certains acteurs peuvent ne pas vouloir prendre ce risque. La méfiance n’est pas forcément l’absence de confiance mais il peut exister des situations de non méfiance sans qu’intervienne non plus la confiance. La méfiance implique la précaution ; mais dans un autre registre, la méfiance est assujettie à la connaissance qu’on a du protagoniste en face. L’enjeu ici tient donc au degré de connaissance qu’on a de l’interlocuteur ; la non méfiance s’installe quand il y a absence de connaissance de l’interlocuteur.

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SOMMAIRE 

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE DE RECHERCHE PROBLEMATIQUE DE LA THESE
APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
L’ORIGINE DU SUJET
CHAMP DE L’ETUDE
Présentation de la zone d’étude
La population d’enquête
APPROCHE METHODOLOGIQUE GENERALE
Une approche à la fois structuraliste, holiste et constructiviste
L’élaboration d’un échantillon d’objets techniques
Le terrain comme premier test de confiance
Production des données
L’entretien
L’observation
Les données bibliographiques
La méthode de traitement et d’analyse des données
DEUXIEME PARTIE : CADRE ANALYTIQUE DE LA COLLABORATION, DE LA CONFIANCE ET DE LA RECONNAISSANCE DANS LES PROCESSUS DE CONCEPTION
CHAPITRE I : LES ACTEURS DE LA CONCEPTION AU BURKINA FASO 
0- DEFINITIONS ET CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES SUR LA COLLABORATION EN CONCEPTION
Coopération
Collaboration
Conception
Invention et innovation
1- INTRODUCTION
2- DESCRIPTION SOMMAIRE DU SECTEUR ARTISANAL AUX BURKINA FASO
2.1- Bref panorama du monde artisanal au Burkina Faso
2.2- La formation professionnelle
2.2-1 La formation professionnelle non formelle
2.2-2 La formation professionnelle formelle académique
2.3- Deux exemples de trajectoires de concepteurs au Burkina Faso
2.3-1 La trajectoire professionnelle du directeur de l’Atelier de Production artisanale de Matériel Agricole et Hydraulique (APAMAH)
2.3-2 La trajectoire professionnelle du directeur de la Société Ouest Africaine de Fonderie (SOAF)
2.3-3 Les leçons tirées d’une comparaison élémentaire des trajectoires professionnelles de deux concepteurs burkinabés
3- BREF HISTORIQUE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE NATIONALE EN RELATION AVEC LE MONDE DES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES.  Le Forum National de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique (FRSIT).
L’Agence Nationale de Valorisation des Résultats de la Recherche (ANVAR).
Autres acteurs .
4- ENJEUX ET RESSOURCES DES DIFFERENTES PARTIES PRENANTES
4.1- La recherche scientifique nationale
4.1-1 Les enjeux
4.1-2 Les ressources disponibles de la recherche scientifique
4.2- Les entreprises dédiées à la conception
4.2-1 Les enjeux
Les forgerons
Les artisans métalliers
Les fabricants industriels
4.2-2 Les ressources des entreprises privées de conception pour la collaboration
4.2-3 Une nouvelle donne – Multinationale et marchés BOP
4.3- Les ONG
4.3-1 Les enjeux
Les ONG d’appui et les projets de développement
Les ONG de conception
4.3-2 Les ressources des ONG pour la collaboration
5- ANALYSES DES INTERDEPENDANCES ENTRE LES ACTEURS DE LA CONCEPTION
5.1- Analyse des interdépendances à partir des enjeux
5.2- Analyse des interdépendances à partir des ressources
La mise en cohérence des ressources humaines entre chercheurs et entrepreneurs :
La pluridisciplinarité
La proximité du terrain
6- CONCLUSION
CHAPITRE II : ANTHROPOLOGIE ECONOMIQUE DE L’ARTEFACT TECHNIQUE DE CO CONCEPTION
1- INTRODUCTION
2- MARCHANDISATION DES RAPPORTS DE COLLABORATION ENTRE CONCEPTEURS
2.1- De l’intéressement des acteurs dans les processus de conception
2.1-1 La motivation morale et symbolique comme facteurs d’incitation des acteurs pour la conception
2.1-2 La motivation financière, facteur essentiel dans la coopération en conception ?
2.2- De l’intéressement financier à la marchandisation des rapports de collaboration : un glissement problématique
2.2-1 L’explication émise par les acteurs en terme de marchandisation des rapports de collaboration
Un héritage colonial
Le coût de la vie
La taille des entreprises
2.2-2 D’une analyse à l’autre : l’approche métier et l’analyse des dynamiques internes
Le métier
Dynamique de recomposition des liens entre acteurs
3- GESTION DE L’ARTEFACT DE CO-CONCEPTION
3.1- Gestion économique de l’artefact de co-conception
3.1-1 Bref rappel sur l’OAPI
3.1-2 Bref rappel sur l’ARIPO
3.2- Gestion symbolique de l’artefact de co-conception
3.2-1 Rapport à l’artefact de co-conception issu de la collaboration d’acteurs locaux
3.2-2 L’artefact de co-conception intégrant des organismes internationaux notamment européens
4- CONCLUSION
CHAPITRE III : LA CONFIANCE DANS LE PROCESSUS DE CONCEPTION AU BURKINA FASO 
0- DEFINITIONS ET CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES SUR LA CONFIANCE
1- INTRODUCTION
2- DES ORIGINES DE LA MEFIANCE EN CONCEPTION
2.1- Les transformations de la société
2.2- Méfiance côté chercheurs
2.3- L’évolution du système de la recherche
2.4- Discussion de l’explication de la méfiance en conception
3- LES REGIMES DE CONFIANCE
3.1- La confiance par connaissance directe
3.2- La confiance par réputation ou par légitimité attribuée
3.3- La confiance par intérêts partagés ou convergents
3.4- La défiance ou le déficit de confiance en conception
a) Si je vais en banque pour demander un prêt pour financer mon projet de conception, les banquiers vont le détourner pour leurs proches :
b) Si je collabore avec quelqu’un, il va copier mes idées ou mes innovations :
c) Si je veux intéresser les commerçants à mes technologies ou à mes idées ils refusent, ils n’aiment pas les risques, ils ne me prêteront jamais de l’argent
d) Si je veux travailler avec les chercheurs des instituts, ils voudront voler mes idées
e) Si je travaille avec le privé, le problème de la paternité et de la reproduction des innovations se pose
3.5- Analyse
4- DES LEVIERS POUR ETABLIR LA CONFIANCE POUR COLLABORER
4.1- le rôle d’un tiers garant
4.2- Le cadre institutionnel comme levier
4.3- La contractualisation comme autre levier
4.4- La mobilisation d’expériences réussies de coopération antérieures comme mécanisme d’établissement de la confiance pour collaborer en conception
5- CONCLUSION
CHAPITRE IV: LA SOCIOLOGIE DU VOLEUR D’IDEES : ENTRE FANTASME ET REALITE
1- INTRODUCTION
2- CONTROVERSES SUR LA CIRCULATION DES IDEES ET DES CONNAISSANCES
3- LE VOL D’IDEES : ACCUSATIONS ET REALITES
3.1- La réalité du vol d’idées et de la piraterie dans le milieu de la conception
Des objets différents de vols : témoignages
3.2- Les accusations de vol d’idées et de piraterie de technologie comme fantasmes
3.3- Les fondements des accusations de vol d’idées et de piraterie de technologie
4- VOLER N’EST PAS VOLER : LA COPIE ADAPTATION COMME MODELE D’INNOVATION DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT .
5- CONCLUSION
CHAPITRE V : LA RECONNAISSANCE DES ACTEURS DANS LES PROCESSUS DE CONCEPTION D’ARTEFACTS TECHNIQUES AU BURKINA FASO
0- DE LA RELATION ENTRE COLLABORATION, CONFIANCE ET RECONNAISSANCE
1- INTRODUCTION
2- THEORIES DE LA RECONNAISSANCE DANS LE MONDE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
3- THEORIES DE LA RECONNAISSANCE DANS LE DEBAT EN PHILOSOPHIE POLITIQUE
4- LA RECONNAISSANCE COMME OBJET DE DEBATS SOCIOLOGIQUES
5- LA RECONNAISSANCE EN CONCEPTION AU BURKINA FASO
5-1 La reconnaissance par les pairs
5-2 La reconnaissance institutionnelle
5-3 La reconnaissance par les usagers
6- CONCLUSION
TROISIEME PARTIE : ETUDES DE CAS ET MOBILISATION INSTITUTIONNELLE
CHAPITRE VI : LA COLLABORATION, LA CONFIANCE ET LA RECONNAISSANCE VUES A TRAVERS
DEUX ETUDES DE CAS 
1. INTRODUCTION
2. QUELQUES ELEMENTS CONTEXTUELS
3. LA POLITIQUE NATIONALE EN MATIERE D’IRRIGATION
4. GENESE D’UNE TECHNOLOGIE : LA CONCEPTION D’UNE POMPE A PEDALES VELO
4.1 Bref historique du projet de conception de la PPV : un concepteur passionné
4.2 Chronologie du projet
4.3 Analyse
4.3-1 Convergence d’intérêts et collaboration pour concevoir
4.3-2 Le principe du médiateur et de l’utilisateur pilote comme base de confiance pour
collaborer en conception
4.3-3 Le besoin de reconnaissance comme autre déclencheur d’une innovation
5. HISTOIRE BREVE DE LA CONCEPTION D’UNE CENTRIFUGEUSE A KARITE
5.1 Quelques rappels sur le karité
5.2 Le choix technologique : l’observation des utilisateurs comme source d’inspiration d’une impulsion technologique
5.3 De l’orientation technologique à la conception de prototypes
5.4 Changement d’échelle et résistance à l’inclusion dans le réseau du projet de conception
5.5 Le prototype 1 de la centrifugeuse comme lieu de cristallisation de tous les espoirs 232
5.6 La machine à l’épreuve des utilisatrices
6. CONFRONTATION DE DEUX PROCESSUS DE CONCEPTION
7. CONCLUSION
CHAPITRE VII : LA MOBILISATION DES INSTITUTIONS DANS LA COLLABORATION POUR CONCEVOIR 
1- INTRODUCTION
2- LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL DES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES AU BURKINA FASO
2-1 Aperçu institutionnel global
2-2 La naissance de la chambre des métiers, une chance pour les concepteurs ?
3- LA MOBILISATION DES INSTITUTIONS DANS LA COLLABORATION POUR CONCEVOIR
4- LA MOBILISATION DES INSTITUTIONS POUR ETABLIR DE LA CONFIANCE
5- LES INSTITUTIONS ET LA RECONNAISSANCE DES ACTEURS DE LA CONCEPTION.
6- CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
SITES INTERNET CONSULTES 

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