Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
La „vérité‟, et la nouvelle place de l‟aveu
Pour les avocats, le concept de vérité est investi de façon très particulière. Pour certains, « La vérité c’est la preuve », pour d‟autres il faut participer à éclairer cette vérité en racontant une histoire, celle du client, et amener sa version des faits avec le plus de cohérence, de logique et d‟émotion.
« On n’est pas des magiciens », disent-ils. La vérité n‟est pas dans le dossier, il ne suffit pas de trouver et d‟interpréter les éléments à charge et à décharge avec la bonne stratégie : gagner n‟est justice que si on a su le faire. Pour d‟autres encore, découvrir la vérité n‟est pas le travail de l‟avocat et ne devrait pas influencer sa capacité à défendre son client : « on n’est pas là pour la vérité, on est là pour défendre. »
Le fait que l‟avocat puisse assister aux gardes à vue va avoir un impact indiscutable sur la défense et la justice en général : selon les professionnels, il y aura beaucoup moins d‟aveux, qu‟ils soient fondés sur la vérité du mis en cause ou sur un aveu forcé par l‟impact psychologique de la garde à vue. Encore faut-il, comme le précise un des avocats, que le client fasse exercer son droit à être représenté, et dépasse pour cela bien souvent, les propos des policiers qui l‟interrogent et lui disent que « quand on est innocent on a pas besoin d’avocat. ». Ce même avocat se dit « consterné par ces manipulations stratégiques dans le but de faire avouer plus vite en impressionnant le client et en lui mentant sur ses droits en fin de compte. ». Pour appuyer ses propos un des avocats cite Démosthène : « La question n’est pas de savoir combien vous coûte votre défense mais combien il vous en coûtera de ne pas vous être défendu. »
Les dynamiques subjectives de la plaidoirie, les postures de l‟avocat : courtisan, comédien, conteur ou combattant ?
La plaidoirie apparaît souvent comme un jeu. La première définition du mot « jeu » à considérer ici est : « ensemble des mouvements des choses ou des êtres produisant un effet. » (Littré, 2016) Car même si beaucoup évoquent le « jeu » dans ses dimensions ludiques, stratégiques ou bien théâtrales, tous s‟y réfèrent à un moment de façon plus générale « c’est le jeu, il y a des règles, des codes, des lois, on perd ou on gagne…» Le lexique du jeu apparaît très souvent dans les entretiens, notamment par comparaison, « c’est un peu une partie d’échecs », « il faut savoir bluffer », « on peut perdre, on peut gagner, c’est le jeu. », « c’est la roulette russe », c‟est dans sa dimension créative et symbolique qu‟il est le plus présent.
L‟avocat décrit son activité autant comme un jeu de pouvoir, un combat (face à soi et aux autres), une épreuve, que comme une pièce de théâtre dans laquelle chacun a un rôle et se doit de l‟investir, de « jouer le jeu ». De monsieur Jourdain à Robert Badinter en passant par Socrate et Aristote, les références ne manquent pas pour illustrer les représentations de ces joutes, dans ce qui est souvent qualifié d‟ « arène » judiciaire.
La dimension de jeu à travers l‟expression d‟une certaine théâtralité est aussi mentionnée dans les définitions de la plaidoirie. Cette dimension là, bien que contestée par certains avocats, est décrite comme très présente par le plus grand nombre : le tribunal, l‟arène judiciaire, la hiérarchie établie, les positions spatiales de chacun, les robes et leurs différentes couleurs, le jeu judiciaire, les joutes verbales, les attendus de l‟auditoire, tout cela contribue au rituel, à la dimension sacrée de la cour d‟assises, cette « cathédrale » comme elle est souvent appelée. Bien sûr le lexique est aussi éloquent, on perd ou on gagne un procès, on y bluffe pour certains, on y joue un drame ou une tragédie pour d‟autres. Les différentes postures adoptées par les avocats évoquent le jeu théâtral, plus ou moins consciemment, mais que l‟avocat se positionne en conteur, en combattant, ou en courtisan…il n‟est pas moins dans une situation « extra »-ordinaire. Extra-ordinaire au sens où il est dans un discours monologal qui vise à convaincre un auditoire, sans être sûr que sa prestation va réussir, et où la disposition de cet auditoire est fondamentale. Nous pourrions aisément appliquer cette description au comédien qui comme l‟avocat, pratique « l’art de la sincérité », comme le dit Me Leclerc, grand ténor depuis plus de 50 ans.
La séduction a une place centrale dans le métier. Tout d‟abord, comme cela a été précisé plus haut, il faut donner au juge l‟envie de vous écouter. Cela engage des aspects verbaux et non verbaux. En effet, le niveau de langage qu‟il faut respecter par exemple semble fondamental pour beaucoup d‟avocats, respecter son rôle et les enjeux pour le client, autant que la justice et ses autres représentants.
Ensuite, vient le juste positionnement en fonction des interlocuteurs lors du procès, la bonne attitude par exemple lorsque l‟on attend que son affaire soit jugée, il apparaît important de bien se conduire, de ne pas sembler désintéressé ou déconcentré, car certains yeux peuvent déjà être sur vous, et « un comportement déplacé ou bruyant peut ensuite jouer en la défaveur du client quand c’est notre tour, parce qu’on se sera fait remarquer. Il faut que notre comportement plaise. » Il faut donc donner aux magistrats et aux autres acteurs présents l‟envie d‟écouter, et donc réussir à séduire l‟auditoire quel qu‟il soit. Pour un des plus jeunes représentants de la profession, la plaidoirie aux assises c‟est : « Un espace de jeu avec une liberté absolue : on peut parler autant de temps que l’on veut, on peut mentir, on pourrait s’allonger deux heures parterre si on voulait, personne ne peut rien vous dire ni vous arrêter pendant votre plaidoirie aux assises. C’est une chance incroyable pour la défense. Une chance que l’on ne doit pas gâcher par son attitude.» Cela dépend aussi du contexte dans lequel on plaide, pour aller aux prud‟hommes la nécessité de jouer est fondamentale, là où dans des affaires familiales le client n‟arrive pas à mettre de distance facilement entre les enjeux et lui-même, et cela induit une pression humaine supplémentaire pour l‟avocat, voire une identification parfois difficile à gérer.
L‟influence implicite décrite par Markova (2006) ou « influence sociale enracinée dans la mémoire collective… » apparait ici dans l‟héritage traditionnel du métier : le serment, les attendus des jurés, les joutes et pics avec la partie adverse, les effets de manche, la longue plaidoirie…
En même temps qu‟il faut séduire, « il faut mettre l’autre partie KO », adaptation et réactivité sont les maîtres-mots. Il y a une forme d‟engagement physique, beaucoup expriment que c‟est une épreuve. La plaidoirie peut être refaite sur le trajet en revenant de l‟audience, juste après l‟audience, et « on la rejoue, on la revit, jusqu’à ce qu’elle soit parfaite, on en rêve même la nuit. ». Un peu comme un comédien qui récite son texte et l‟investit totalement après chaque représentation et en attendant la suivante pour être encore meilleur et plaire davantage à l‟audience, en ayant le plus d‟impact possible. Il faut que son histoire emporte la conviction. « Tout est permis pour cela », le niveau de langage, les regards portés d‟une certaine façon vers ceux qui n‟écoutent pas ou semblent déjà convaincus de la culpabilité de son client, et qu‟il faut « ramener à sa cause ». La voix, sa mélodie, ses intonations, sa hauteur, sa force sont autant d‟éléments très importants. Et bien sûr le jeu autour des silences.
Une forme de complicité peut parfois prendre place dans le tribunal entre « porteurs de la robe ». Aussi, des mots convenus, un bon mot, des allusions, une certaine façon de charmer les jurés aux assises ou de reprendre le président…Toutes ces micro-interactions jouent une place essentielle dans la prestation de l‟avocat.
Une volonté de faire accéder l‟autre au moins à un certain degré d‟intercompréhension, est une motivation récurrente des avocats : il ne s‟agit pas seulement de gagner, mais déjà de générer une réflexion, ébranler des certitudes, et bien sûr induire le doute et une forme d‟identification qui permettra au juge de se dire : « à sa place je l’aurais fait aussi. » Il paraît par ailleurs plus évident de pouvoir influencer un jury populaire de cour d‟assises, que des magistrats. « C’est une tragédie qui se joue mais avec parfois de vrais aspects comiques. »
Certains commencent par une pointe d‟humour, de préférence face à un juge homme : « Une plaidoirie c’est comme la robe d’une jolie femme, elle doit être suffisamment longue pour couvrir le sujet, mais suffisamment courte pour être intéressante. Aussi je serai bref ! »
Deux écoles apparaissent dans la description de l‟attitude attendue, celle de l‟humilité face à celle du grand spectacle. En effet, certains se décrivent comme des danseurs effectuant un numéro de claquettes, l‟important étant de « faire le show », des comparaisons avec des joueurs lors d‟un match ou de chanteur lors d‟un concert qui doivent livrer la meilleure performance possible sont aussi nommées. Tandis que d‟autres, aux assises par exemple, parlent d‟une défense sacralisée, « on arrive avec un point d’avance, et on essaye d’en avoir deux au moment de la plaidoirie. Alors qu’en correctionnelle, on a trois points de retard de toute façon. ». Tout compte donc à chaque instant pour gagner ne serait-ce qu‟un demi-point. Une avocate habituée des prud‟hommes disait que lorsqu‟elle représente un employeur, il faut être particulièrement humble car on arrive plutôt avec des points de retard étant donné les préjugés négatifs actuels à l‟encontre de ces derniers. On est potentiellement observé tout le temps, donc l‟attitude doit être irréprochable, le but est qu‟un juré puisse se dire « ben en fait les avocats c’est peut-être pas tous des cons. » C‟est un jeu de rôle où chacun doit assumer de jouer le sien, « tout le monde comprend que c’est un rapport de force et que c’est un jeu, donc nous les avocats on doit jouer notre rôle de poil à gratter. ». S‟adresser à son client au bon moment, discrètement, sans perturber l‟audience, tout comme le fait de ne pas s‟acharner sur l‟accusé s‟il se comporte bien quand on est en partie civile, « c’est le job du procureur ça ! ».
Les lexiques de l‟acteur, du comédien et de la mise en scène sont très présents lors des entretiens. « Decorum », « arène », « opéra », « la diva », sont mentionnés.
Une certaine importance est même donnée à l‟apparence physique et au mimétisme attendu avec les grands ténors. Il est clairement constaté par les femmes pénalistes que les hommes pénalistes ont plus d‟atouts, sauf pour celles qui, riches de leur expérience après trente ans de barreau, se sentent l‟envergure et la tenue suffisante pour courtiser les assises. « En effet, la voix forte et grave est un avantage indéniable pour s’imposer. Il faut ressembler à un ténor », la corpulence physique et le style un peu rustre sont donc apparemment autant d‟atouts.
Il semble essentiel que chacun ait en tête cette notion de jeu de rôle, sinon il devient difficile de mettre une distance. « Si on ne prend pas conscience de cette notion de jeu c’est là qu’on va très mal jouer. ». Une avocate a d‟ailleurs précisé qu‟elle trouvait terrible, quand à la fin d‟un procès qu‟elle venait de gagner, son confrère ne lui serrait pas la main par exemple, car pour elle cela signifiait qu‟il n‟avait mis aucune distance entre le jeu judiciaire et lui-même.
Même par rapport au client, il faut le préparer au fait que rien n‟est jamais certain, et redéfinir gagner avec lui, cela peut aller d‟obtenir ce que l‟on demande en totalité, à limiter les dégâts. L‟influence dialogique est aussi très présente, nous faisons ici références à la notion de polyphonie travaillée par Markova, Bakhtine et Grossen sur laquelle nous reviendrons par la suite : « d‟un point de vue dialogique, un locuteur n‟est pas forcément l‟auteur de son discours : il se peut qu‟un autre parle par sa bouche » (Markova, 2010). Cette dialogicité est très active, et investie par les avocats qui tiennent par exemple compte de ce que chaque acteur du rituel judiciaire attend d‟eux, pour y adhérer ou prendre le contrepied.
Tous s‟accordent cependant à dire qu‟ils sont « là pour raconter une histoire » et que son histoire doit séduire plus que celle de la partie adverse : « Nous sommes des conteurs. » dit l‟un d‟eux. « Je suis la voix de mon client, sa voix ! Quelle que soit notre spécialisation on est là pour raconter une histoire et que cette histoire fasse balancer le pendule de notre côté. »
Il faut donner au magistrat l‟envie de lire et d‟écouter les arguments, les pièces du dossier en faveur de notre client. Un peu à la façon d‟un conte en effet, une plaidoirie sert à raconter une histoire, on veut faire réfléchir, faire douter, bousculer les préjugés, et séduire, emporter celui qui lit ou écoute, le juge et le juré, dans son histoire. « Cette histoire doit gagner ! En équité, humanité, logique. » Il faut réunir les conditions formelles d‟une écoute attentive, puis : « Trouver la parole qui sera une défense. » Certains avocats évoquent aussi leur implication personnelle dans ce processus de conviction : « Quand on parle soi en parlant d’un autre alors les jurés entendent qu’on parle d’eux. »
L‟utilisation du conte, du récit pour courtiser le juré, rappelle la notion d‟exotopie décrite par Bakhtine (1978), ce processus qui consiste à contenir totalement un personnage tout en se trouvant en dehors de lui.
Il peut apparaître un transfert de langage, avec la parole du client, celle de l‟avocat, la parole de la justice, du droit, des experts… « voilà ce que veut vous dire mon client quand il dit que… », jusqu‟à l‟observation parfois d‟une forme de confusion ou de contagion émotionnelle avec par exemple des lapsus : l‟emploi de « nous », « on », au lieu de « je », ou « mon client ».
Il faut aussi parler le langage de la justice et « trouver la parole qui sera une défense. » « On fait corps avec le client. L’avocat et son client ne font qu’un à un moment donné, celui de la plaidoirie. On porte sa voix, on est son corps, on le représente totalement.». Le but est de pouvoir faire comprendre qu‟à la place de l‟accusé on aurait tous aussi commis le délit ou le crime. Le représenter de façon absolue. Il y a comme dans toute bonne histoire un fil conducteur, une dramaturgie, des personnages, et « la fin de l’histoire doit nous faire gagner. ». Selon le dossier et le positionnement de la culpabilité de son client, l‟avocat doit alors plaider le doute, l‟innocence ou l‟humanité.
De la rhétorique à l‟éloquence, on peut faire appel aux procédures les plus variées pour emporter la conviction. La prosodie, la musique de la voix sont très importantes aussi, tout comme le fait d‟utiliser les silences, de les rendre attentifs, ou de distraire l‟attention quand cela est utile. L‟un des avocats compare son utilisation des silences à celui de la diva qui termine de chanter à l‟opéra, et qui génère un temps de sidération du public entre la fin de sa prestation et le début des applaudissements. On joue sur tous ces éléments pour rendre l‟auditoire investi, curieux, compréhensif, et finalement convaincu dans le meilleur des cas.
Il semble par exemple important de ne pas trop se répéter, quand certains « martèlent sur un ou deux points forts et ne parlent que de ça, ce n’est pas une bonne stratégie », il ne faut apparemment pas éviter de parler des points faibles, il vaut mieux assumer ces points faibles, cela permet de faire lien avec le juge et de paraître crédible, de valider l‟importance des faits et de ne pas sembler la nier, « et alors ces points faibles il faut les démonter et ensuite on peut mettre en valeur les points forts et être entendu ». Il faut jouer sur le caractère dramatique. Il s‟agit en cour d‟assises et pour tous les avocats plaidants de convaincre. L‟intime conviction, le fait que le doute profite toujours à l‟accusé est toujours mis en avant.
La majorité des professionnels précisent que lorsqu‟on porte la voix de quelqu‟un c‟est parce qu‟il y a des résonances chez soi, sinon, on invoque le serment et la clause de conscience et on ne prend pas le dossier. Mais « quand on porte la voix de son client, et que cela fait écho avec sa propre sensibilité, alors ces deux voix vont dans le même sens et cela peut donner quelque chose de très beau. ». L‟un d‟eux précise : « Je ne peux défendre que ce que je comprends. Je peux défendre un homicide parce que je comprends que dans certains contextes on puisse tuer.». Il ajoutera sur la plaidoirie en particulier : « Quand elle ne peut être évitée, la plaidoirie constitue l’aboutissement de ma quête professionnelle. C’est un mélange d’excitation, de mise en péril, d’articulation de ses propres valeurs autour d’une cause qui n’est pas la vôtre, de conviction, de séduction et d’adaptation, qui peut toucher à la grâce. ». Pour certains c‟est un véritable exercice de style, on joue de sa sensibilité, de ses références littéraires pour symboliser, extraire les magistrats de leur réalité, et les séduire. De monsieur Jourdain, Don Quichotte ou Jean Valjean, en passant par Oscar Wilde, Aristote, Badinter ou encore Platon, un éventail fascinant de personnages réels ou imaginaires peut être mis en avant apportant du symbolisme et une touche d‟irréel dans ces faits parfois trop bruts. Et il faut s‟adapter à chaque interlocuteur présent, « donner un peu de biscuit à chacun ». Évoquer la rencontre avec l‟accusé, ou le client d‟une façon générale, aide les jurés à démarrer l‟histoire, et à ré humaniser le mis en cause. Alors, on raconte son histoire ou celle du client ? On parle d‟un autre en parlant de soi ? Ou on parle de soi en parlant d‟un autre ? Faut-il être dans une démarche passionnée, ou fusionnelle ? Quels risques cela comporte-t-il d‟être dans la fusion avec le client, d‟être son client quand on porte sa voix, plus que dans la passion du métier et de la défense ?
Chez les plaidants, du rhétoricien au conteur, en passant par le comédien, le courtisan et le stratège de guerre, quelle que soit sa spécialisation, qu‟il soit en partie civile ou en défense, du côté des victimes ou des accusés, l‟avocat donne vie à sa plaidoirie dans un seul et unique but : défendre. Le tribunal serait alors comme un espace de transition, un champ de bataille pour certains, une scène de théâtre pour d‟autres, où l‟on se permet d‟être un autre, son client pour certains ou une dimension d‟un soi plus absolu pour d‟autres, qui ne s‟extériorise parfois que lors des plaidoiries.
Vers la plaidoirie de Maître Henri Leclerc pour Véronique Courjault
Le choix d‟une plaidoirie comme objet d‟analyse
Comme nous l‟avons dit en introduction générale, la plaidoirie est le cœur du métier et celle des pénalistes aux assises est la plus représentative de ce métier.
Le fait que Me Leclerc se soit trouvé parmi les avocats avec qui nous avons pu approfondir notre travail nous permet de développer ce thème, présent dans les entretiens comme un thème de métier. Nous avons pu, dans ce contexte, envisager l‟analyse singulière d‟une plaidoirie qui a fait date dans la profession.
Me Leclerc a mentionné plusieurs fois, lors du premier entretien réalisé avec lui, un dossier qu‟il avait défendu en 2008, l‟affaire Courjault, connue aussi sous le nom de « l‟affaire des bébés congelés ». En parallèle de l‟élaboration du compte-rendu et de la mise au travail des protocoles, nous avons poursuivi notre intérêt sur ce procès, et avons vérifié les possibilités de pouvoir le travailler. Nous entendons par là le fait de trouver un script disponible (il est interdit d‟enregistrer les plaidoiries, nous ne pouvions donc pas avoir accès à une vidéo ou à un enregistrement audio), et nous assurer que Me Leclerc serait intéressé pour entrer dans le détail de son activité par une analyse réflexive sur le texte de la plaidoirie. Cela se révéla fructueux. En effet, un journaliste, pour la publication d‟un ouvrage sur Les plaidoiries qui ont fait l’histoire, avait sténodactylographié celle de Me Leclerc pour Véronique Courjault, et lorsque nous l‟avons recontacté, il accepta un temps d‟analyse en confrontation sur le texte de cette plaidoirie. Nous avons ainsi pu approcher cette activité « au plus près », avec lui.
L‟activité ne peut pas être regardée uniquement dans son aspect réalisé, mais doit aussi l‟être dans toute l‟épaisseur du réel, qui comprend notamment des arbitrages réalisés par le professionnel (Kostulski, 2011). Une des façons d‟accéder à cette épaisseur est de proposer aux professionnels de prendre pour objet d‟élaboration leur activité propre dans le cadre d‟une confrontation à des traces de leur activité.
La méthode de l‟auto-confrontation le demande. Nicole Boubée (2011) décrit l‟autoconfrontation comme « un type d‟entretien de recherche. La notion de confrontation est centrale pour en saisir la spécificité. Elle consiste à présenter aux personnes observées les traces les plus nombreuses possibles de leur comportement et à leur demander de les commenter. La méthode comporte donc deux étapes, enregistrements de l‟activité puis confrontation lors d‟entretiens ultérieurs. Son origine et les théories sous-jacentes qui l‟expliquent signalent son appartenance au domaine de la psychologie » (2011, p.3). Les deux variantes de la méthode y sont développées en clinique de l‟activité, sous les termes d‟autoconfrontation simple (une personne confrontée à son activité) ou croisée (pairs de même niveau d‟expertise confrontés à une ou plusieurs activités).
Étant donné que la plaidoirie n‟avait pas été enregistrée, nous n‟avons pas eu la possibilité d‟utiliser des traces directes et nous avons imaginé une méthode proche de l‟auto-confrontation qui utiliserait les traces écrites disponibles.
Lors de l‟analyse réalisée avec Me Leclerc, nous lui avons ainsi proposé de se confronter à la retranscription (disponible en annexe) de sa plaidoirie. Son retour réflexif sur les traces de son activité nous a permis de mettre en évidence des pans nouveaux de l‟activité, invisibles à l‟observation, et non identifiables dans un entretien plus général.
Rappel de l‟affaire Courjault
Les faits de l’affaire dite des ‘bébés congelés’, 2006-2009
Le 23 juillet 2006, Jean-Louis Courjault, seul à Séoul pendant que sa femme et ses enfants (Jules et Nicolas qui ont 9 et 11 ans en 2006) passent leurs vacances en France, découvre deux cadavres de bébés dans le congélateur familial et prévient la police. Quelques jours plus tard, alors qu’il a rejoint sa femme et ses fils en France, les tests ADN réalisés par les autorités sud-coréennes authentifient les nouveau-nés comme étant les enfants du couple Courjault.
Le 22 août 2006, Jean-Louis et Véronique Courjault tiennent une conférence de presse avec leur avocat, à ce moment là Me Morin, au cours de laquelle ils contestent les résultats des tests ADN et dénoncent un « lynchage médiatique », avec un possible lien avec les activités professionnelles de Jean-Louis Courjault, travaillant pour une entreprise américaine soumise à des rivalités commerciales.
Après que l’enquête ait été transmise aux autorités françaises et que de nouveaux tests ADN aient été réalisés, Véronique Courjault avoue le 12 octobre 2006 avoir tué et congelé les deux bébés nés à Séoul en 2002 et 2003, ainsi qu’un premier enfant en 1999 alors que le couple habitait en France à Villeneuve-la-Comtesse. Elle est alors placée en détention provisoire, et risque la perpétuité pour les trois homicides volontaires.
Précisons que Me Morin deviendra à partir de ce moment là, l‟avocat de Jean-Louis Courjault qui se constituera partie civile pour soutenir son épouse, tandis que Me Leclerc deviendra celui de l‟accusée.
En mars 2008, alors qu’il était mis en examen pour complicité d’assassinat, un non-lieu est prononcé pour Jean-Louis Courjault qui a toujours assuré ne pas avoir eu connaissance des grossesses de sa femme.
Le 18 juin 2009, Véronique Courjault est condamnée par la Cour d’assises d’Indre-et-Loire à huit ans de prison pour les trois infanticides. Le procureur avait demandé 10 ans.
Le 17 mai 2010, soit un an seulement après le procès, la justice accorde la mise en liberté conditionnelle assortie d’une interdiction de communiquer avec la presse.
Véronique Courjault aura donc fait trois et demi de prison au total.
Les Unes qui ont constitué le ‘tribunal médiatique’ de l’affaire
Cette affaire eut un énorme retentissement médiatique. Les « Unes » parues entre le moment où les faits sont apparus pour la première fois dans la presse, le 8 août 2006, et le jour du verdict à la cour d‟assises de Tours, 18 juin 2009, donnent une idée de l‟intensité des débats au sein d‟une forme de « tribunal médiatique » comme l‟avait qualifié Paul Bensussan en 2012.
Le 8 août 2006, les premiers journaux parlant de cette affaire titrent : « Infanticides en Corée, une mère recherchée » pour Libération, et « La Corée du sud soupçonne deux français d‟infanticide » pour Le Figaro. Dans le premier cas, la « mère » est positionnée, en tant qu‟auteur des faits, dans le second c‟est le couple.
Le 11 août 2006, Libération titre : « Bébés congelés à Séoul : une manipulation ? L‟avocat du couple français soupçonné par la Corée du Sud d‟infanticide évoque une mise en scène. » et Le Figaro : « Le couple de français soupçonné d‟infanticide en Corée du Sud crie au complot. » Ici, c‟est le doute qui apparaît avec la notion de « manipulation » et de « complot » et toujours par rapport au « couple ». Le doute sera maintenu par Le Monde du 19 août 2006 avec le titre : « Affaire des bébés congelés : l‟avocat des suspects dénonce de multiples bizarreries. »
Le 10 octobre 2006, le couple est mis en garde à vue, Le Monde titre : « Les époux Courjault mis en garde-à-vue dans l‟affaire des „bébés congelés‟ » et le Figaro : « Bébés congelés : l‟ADN accable les époux Courjault. »
Le 11 octobre, Libération titre : « Les parents des bébés congelés de Séoul trahis par leur ADN. ». On observe une mise en exergue du rôle de parent, et le mot « congelés » qui accentue la nature inhumaine du crime.
Le Monde, le 12 octobre 2006 met l‟accent sur le couple avec la une : « Les Courjault seraient les parents des bébés congelés. » et Le Figaro sur la femme « Véronique Courjault avoue avoir tué seule ses bébés. » tandis que Libération la cite et humanise les „bébés congelés‟ en les qualifiant d‟‟enfants‟ avec « Véronique Courjault : „je ne voulais pas de ces enfants‟ ».
Le Monde le 13 octobre titre « Affaire des bébés congelés Mme Courjault est passée aux aveux. », Le Figaro « Véronique Courjault avoue trois infanticides », et Libération plus tranchant, « Elle a menti à tout le monde. »
Le 10 juin 200 , lorsque le procès débute et pendant les jours d‟audiences, Le Figaro titre « Les premiers mots de Véronique Courjault à son procès.», Libération « Véronique Courjault, fille du silence » et Le Monde : « Les proches de Mme Courjault font bloc pour lui éviter la réclusion à perpétuité. ».
Le 11 juin, Le Figaro titre « Les nouveaux aveux de Véronique Courjault » et Libération « A la barre, Véronique Courjault se perd dans son déni ».
Le 12 juin, Libération titre : « Véronique Courjault „Je l‟ai su, je ne l‟ai plus su‟ ».
Le 13 juin, Le Monde « Au procès de son épouse, Véronique, Jean-Louis Courjault, en mission, bat sa coulpe », et Le Figaro « Procès Courjault questions sur trois grossesses sans témoin ».
Le 1 juin, Libération précise « Il n’y a pas de préméditation » tandis que Le Figaro « Véronique Courjault marque des points » et Le Monde « La défense de Véronique
Courjault malmenée par les experts-psychiatres ».
Le 17 juin, Le Monde « La question du déni de grossesse de Mme Courjault divise les experts » et Le Figaro « Procès Courjault la confusion règne parmi les experts. » tandis que Libération dira « Véronique Courjault voit s’éloigner la piste de l’homicide involontaire ».
Le 18 juin Le Figaro mentionne Me Leclerc après sa plaidoirie : « L’accusée a du mal à laisser parler son cœur, alors son avocat lui prête le sien, qui bat depuis si longtemps au rythme des assises. » et Le Monde : « Véronique Courjault condamnée à 8 ans de prison. »
Cette plaidoirie, pour sa qualité oratoire et argumentative, sera retenue dans l‟ouvrage de Matthieu Aron en 2013, Ces plaidoiries qui ont fait l’histoire. Hervé Témime (2012) dira dans son autobiographie où il parle des avocats de son temps, que Me Leclerc est pour lui « le meilleur d‟entre nous ». Nau (2009) confirmera que lors de ce dossier il a plaidé « à merveille ».
Le procès3
Rappelons le déroulement d‟un procès d‟assises donné dans la première partie. Un procès d‟assises se déroule comme un procès en correctionnelle, mais avec une place plus importante donnée à l‟étude de la personnalité de l‟accusé. Le cheminement est précis. Tout d‟abord le jury est formé, ici il sera composé de 7 hommes et de 2 femmes. Puis le président présente le crime qui va être jugé en lisant l‟acte d‟accusation. Sont ensuite entendus les enquêteurs, les experts, les témoins, la victime et enfin l‟accusé. Viennent, enfin, la plaidoirie de la partie civile, les réquisitions du procureur, et la plaidoirie de la défense. Le président lit alors aux jurés le texte de loi leur indiquant sur quel principe ils doivent juger, celui de l‟intime conviction, et les jurés, le président et ses assesseurs se retirent pour délibérer, avant de rendre leur verdict à la suite d‟un vote à bulletin secret.
Le 9 juin 2009, la famille est appelée à la barre et évoque les anniversaires que l‟on ne fêtait pas, les grossesses de la mère de l‟accusée dont on ne parlait pas et l‟arrivée des petits frères et sœurs que l‟on apprenait avec leur naissance, ainsi que les 3 enfants morts-nés de la grand-mère maternelle. Le frère vient à la barre : « Véronique lisait beaucoup, elle était tout le temps isolée pour lire, elle n‟est presque sur aucune photo de famille. Elle a été éjectée de la chambre parentale quand Lydia, dont personne n‟avait annoncé l‟arrivée est née. » Sa sœur précisera : «Véronique n‟a pas choisi, elle a subi sa vie. » Tandis que sa mère interrogée sur la couleur des yeux de sa fille se trompera de réponse. Elle mentionnera aussi Jocelyne, une demi-sœur cachée de Véronique. Le 10 juin 2009, ce sont les faits qui seront abordés avec le témoignage des enquêteurs. Gérard Béjeau, commandant de police, est interrogé sur le moment des aveux, et dira que l‟accusée l‟a interpellé par sa froideur, qu‟elle lui aurait dit : « L‟enfant a pleuré, je l‟ai étranglé, je l‟ai mis dans un sac et dans le congélateur. »
Son mari témoigne au sujet de la découverte des corps à Séoul, et explique qu‟il a trouvé les bébés dans les 4è et 5è tiroirs du congélateur dans un sac blanc, dans une serviette, et qu‟il a vu, quand il a ouvert la serviette contenue dans le sac, une petite main pleine de givre, il dira ne pas avoir fait de rapprochement avec sa femme car elle ne pouvait plus avoir de bébé depuis 2 ans. Quand un des policiers lui a demandé comment il avait pu passer à côté des grossesses de sa femme en apprenant que les tests ADN révélaient qu‟ils étaient bien les parents, il évoque la réalité physique présentée par le policier, et sa réalité quotidienne dans laquelle il lui semblait impossible de pouvoir passer à côté des grossesses de sa femme. Lorsqu‟on lui demande ce qu‟il a ressenti lors de la confrontation avec sa femme lors de ses aveux, il dit : « J‟ai eu de la colère mais pas de haine, je l‟aime. » Elle lui expliquera, lorsqu‟elle sera interrogée à son tour par le président sur cette confrontation avec son mari : « c‟était hors de ma portée de te le dire » à cause entre autre de l‟emballement médiatique, mais qu‟elle a pu en parler à une femme policier. Son mari l‟aurait alors prise dans ses bras se disant qu‟elle devait avoir vécu un enfer pour en arriver là.
Le président demande à l‟accusée pourquoi elle n‟a pas jeté les bébés quand elle les a déplacés lors d‟un déménagement, elle répond : « je pouvais pas les mettre à la poubelle. »
L‟experte légiste Dr Lecomte décrit les bébés 461 et 462, numéros d‟identification donnés aux bébés congelés, comme présentant un traumatisme facial avec fracture, mais pas d‟étranglement. Le président lui demande ce qui caractérise la vie au niveau légal, elle répond que c‟est le cri du bébé, et l‟air qui entre dans les poumons.
Le 11 juin 2009, sont interrogés les témoins dont la belle-mère qui n‟avait pas vu que sa belle-fille était enceinte en vacances à la piscine alors qu‟elle était à 6 mois de grossesse.
Le 12 juin 2009, l‟accusée déclarera que les bébés étaient pour elle « une partie de moi-même, j‟ai jamais eu le sentiment de tuer des bébés. » Une de ses amies de Séoul témoignera son amitié à l‟accusée : « c‟était une demie femme heureuse, elle avait déjà réussi
à sauver son mari et ses enfants, mais il faut un espace pour être mère, à sa place j‟aurais fait comme elle. »
Le 15 juin 2009, ce sont les experts psychiatres et psychologues qui témoignent. Mme Lamiraud, psychologue clinicienne parle de dénégation, différente de la dissimulation. « Elle sait qu‟elle est enceinte, mais la dénégation lui permet de faire comme si tout était comme avant, il n‟y a pas de perversité ni de jouissance, mais une toute puissance. Comme la petite fille qui gère sa culpabilité, elle garde les bébés, et veille sur eux quand elle les déplace dans la glacière lors du déménagement. Mais on ne peut pas préméditer quelque chose qu‟on ne sait pas. Tout ça c‟est lié à son histoire de vie. » Ensuite, le Dr Dubec, psychiatre dira : « il y a prise de conscience de la grossesse, quand on l‟annonce, s‟il n‟y a pas d‟annonce, qu‟elle reste bloquée, le corps ne se développe pas. Elle a le silence en héritage. Pour elle, quand elle accouche, elle perd des déchets, mais pas des bébés. ».
Le Pr Nisand, gynécologue obstétricien précisera : « quand on accouche seule dans sa baignoire accroupie, sans avoir admis sa grossesse, on se met en dehors de l‟espèce humaine. Quand on a un fibrome de 3 kgs (poids d‟un bébé à terme) ça ne se voit pas. Il ne suffit pas d‟être enceinte pour attendre un enfant.»
Enfin, l‟accusée, interrogée par le président, explique : « j‟allais ouvrir le congélateur pour être sûre qu‟ils étaient vraiment là. Je n‟ai jamais eu de plaisir avec mon corps. » Après le deuxième accouchement, elle subit une infection grave qui lui fait frôler la mort, et voit alors l‟amour de son mari et de ses enfants.
Le 16 juin 2009, les témoignages des experts continuent. Le Dr Bensussan, psychiatre, parlera du déni, de la dissimulation, du clivage, du fait qu‟elle préparait les repas à quelques centimètres des bébés. Il avancera une altération de conscience moyenne, pas de préméditation, sauf par intermittence, mais il précisera « qu‟elle n‟a pas voulu ce qui est arrivé. » Il relatera un rêve récurrent de l‟accusée, qui lorsqu‟elle était petite fille, rêvait qu‟elle se faisait plâtrer le sexe. Claude Halmos témoignera aussi lors de cette journée.
Le 17 juin 2009 est le jour du dernier interrogatoire. Le président demande à l‟accusée si elle a eu des sentiments ambivalents pour Jules et Nicolas, elle répond que non, jamais, qu‟elle les a toujours aimés et leur parlait quand elle était enceinte de chacun d‟eux. « On se parle en premier à soi pour comprendre et accepter qu‟on est enceinte, et après on peut parler aux autres. J‟ai compris que c‟était des bébés quand j‟ai vu l‟émission sur le déni de grossesse, une femme avait mis son bébé à la poubelle, et là j‟ai compris que si je ne les avais pas tués, ils auraient pu grandir. »
Son mari va aussi témoigner : « j‟aurais pu partir, tout le monde aurait compris, mais ça n‟aurait pas été le reflet des sentiments que j‟avais pour Véronique. Il n‟y avait pas d‟intention dans ses actes, c‟est une détresse qui n‟a pas su s‟exprimer. » Il termine en disant qu‟une démarche de reconnaissance de ces bébés a été faite avec Véronique, car 461 et 462 (numéros d‟identification donnés aux bébés congelés) ce ne sont pas des prénoms et qu‟elle a « un potentiel de maternité qui doit se libérer.»
Me Nathalie Sényk demande à l‟accusée quelle est la réalité, et l‟accusée répond : « je sais que j‟ai tué mes enfants. ».
Arrive alors le moment du réquisitoire du procureur dont nous avons un extrait : « La presse veut en faire un cas d‟école du déni de grossesse. Non, elle les a tué froidement, trois fois. Elle ne voulait pas être comme sa mère. Il y a eu dissimulation, pas de déni de grossesse, elle les a gardés ! Si elle les avait réellement considéré comme des déchets, elle les aurait mis à la poubelle. Nous ne devons pas le tolérer. Mais elle a des circonstances atténuantes liées à la structure de sa personnalité, alors ne la diabolisez pas, mais de grâce n‟en faites pas une icône. Je vous demande de la condamner à 10 ans d‟emprisonnement. »
|
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 – L’OBJET DE LA RECHERCHE ET LE CHEMINEMENT DE L’INTERVENTION
CHAPITRE 1. L‟OBJET DE LA RECHERCHE : LA PLAIDOIRIE DE L‟AVOCAT AUX ASSISES
1. La plaidoirie dans son histoire
1.1 – Émergence de la parole de la défense
1.2 – La pratique de la plaidoirie
1.3 – „La parole est…à l‟avocat de la défense‟…?
2. Petite histoire de la cour d‟assises : origine et organisation
3. Emporter la conviction
3.1 – La construction argumentative de la plaidoirie
3.2 – Rhétorique et triade aristotélicienne : ethos, pathos, logos
3.3 – Rhétorique et valeurs
CHAPITRE 2. TENTATIVE D‟INTERVENTION AUPRES D‟UN COLLECTIF D‟AVOCATS, ET DEFINITION DE L‟OBJET DE RECHERCHE
1. Premier objectif d‟intervention et adaptation méthodologique
1.1 – Première tentative de mise en place d‟un collectif d‟analyse du métier
1.2 – Les entretiens comme moyen de comprendre et d‟agir
1.3 – Un instrument dialogique : le compte-rendu d‟entretiens
1.4 – Dernière tentative de travail sur le métier : adaptation de l‟instruction au sosie, sur le thème de la plaidoirie
2. Analyse clinique des conflictualités de l‟activité
2.1 – Le serment du métier : l‟humanité résiste à l‟obsolescence évoquée
2.2 – Se défendre de défendre ?
2.3 – La „vérité‟, et la nouvelle place de l‟aveu
2.4 – Les dynamiques subjectives de la plaidoirie, les postures de l‟avocat : courtisan, comédien, conteur ou combattant ?
3. Vers la plaidoirie de Maître Henri Leclerc pour Véronique Courjault
3.1 – Le choix d‟une plaidoirie comme objet d‟analyse
3.2 – Rappel de l‟affaire Courjault
3.2.1 – Les faits de l’affaire dite des ‘bébés congelés’, 2006-2009
3.2.2 – Les Unes qui ont constitué le ‘tribunal médiatique’ de l’affaire
3.2.3 – Le procès
4. Matériaux de la thèse
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
PARTIE 2 – L’ART DE PLAIDER : UNE TECHNIQUE SOCIALE DU SENTIMENT ?
CHAPITRE 1. PSYCHOLOGIE DE L‟ART ET FORMES DE REALISATIONS LANGAGIERES
1. La psychologie de l‟art, dialogue entre Vygotski et Huyghe
2. Quand la forme donnée au récit convoque l‟art, l‟exemple du Souffle Léger
3. Faire un monde de notre rapport au réel
4. « Pourquoi nous racontons nous des histoires ? »
5. Bakhtine et l‟esthétique verbale
CHAPITRE 2. LA PLAIDOIRIE COMME ACTIVITE SYMBOLIQUE : DE L‟OPINION PUBLIQUE A L‟INTIME CONVICTION, OU LA TENTATIVE DE MISE EN MOUVEMENT DE L‟AFFECTIVITE DU JURE PAR L‟ACTIVITE DE L‟AVOCAT
1. L‟activité symbolique
1.1 – De l‟activité à l‟activité symbolique
1.2 – Dimensions sociales et affectives de la pensée
2. La polémique, un dialogisme créateur
2.1 – La dialogie polémique de Bakhtine
2.2 – Polémique et tensions créatrices : le « triangle magique » de Markova
CONCLUSION DE LA PARTIE THEORIQUE ET PROBLEMATIQUE DE LA THESE
PARTIE 3 – ANALYSER LES DIMENSIONS DIALOGIQUES ET ARGUMENTATIVES DE LA PLAIDOIRIE
CHAPITRE 1. RENDRE COMPTE DU RAPPORT DES FORMES LANGAGIERES A LEURS FONCTIONS PSYCHOLOGIQUES
1. Rappel de la conflictualité de départ, cette polémique à résoudre
2. La persuasion par le Witcraft
3. Les voix du tiers dans le discours
4. Vers une sémiotisation des émotions
CHAPITRE 2. LA METHODE D‟ANALYSE
1. Rappel de la problématique et hypothèses
1.1 – Notre problématique
1.2 – Nos hypothèses
2. Opérationnalisation des hypothèses et hiérarchisation des mouvements et unités d‟analyse
2.1 – Les unités d‟analyse
2.2 – Tableau récapitulatif de la méthodologie d‟analyse
2.3 – Description du tableau d‟analyse de la plaidoirie complète
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
PARTIE 4 – ANALYSE DE LA PLAIDOIRIE DE ME LECLERC POUR VERONIQUE COURJAULT
CHAPITRE 1. FIL NARRATIF DE LA PLAIDOIRIE
CHAPITRE 2. ANALYSE DES 20 SEQUENCES DE LA PLAIDOIRIE
CONCLUSION DES ANALYSES
1. Le mouvement dialogique et argumentatif de la plaidoirie : la création d‟un espace
de délibération
2. La plaidoirie, un art du délibéré ?
PARTIE 5 – CONCLUSION DISCUSSION : LA PLAIDOIRIE DE LA DEFENSE AUX ASSISES, UNE TECHNIQUE SOCIALE DU SENTIMENT
1. Pertinence des fondements théoriques et de la méthodologie de recherche
2. L‟art du délibéré comme technique sociale du sentiment
3. Un éloge de la crise en psychologie : la conflictualité comme source du développement
4. Perspectives en psychologie de l‟art
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet