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Elaboration du questionnaire
L’élaboration du questionnaire est indispensable afin de recueillir les informations auprès des riziculteurs. Le questionnaire a été élaboré par rapport aux objectifs de l’étude. Ainsi, les variables considérées concernent : (i) les caractéristiques des exploitations au niveau des facteurs de production incluant leurs terres (mode de faire valoir : propriétaire ou locataire) , le capital (outils et matériels agricoles utilisés…) et le travail (nombre d’actif, taille du ménage, entraide ou emploi des salariés…) ; (ii) les caractéristiques sociales des ménages tels que le sexe du chef de ménage, son âge, son niveau d’étude, sa provenance…et (iii) les caractéristiques économiques des riziculteurs à savoir les activités principales et secondaires, le niveau de revenu, l’appartenance ou non à une institution ( association paysanne, microfinance…).
Echantillonnage
Des enquêtes auprès de 92 exploitations ont été effectuées durant le mois de septembre 2014 au niveau de trois Communes différentes : la Commune d’Amparafaravola, d’Ambohimandroso, et la Commune d’Andrebakely nord. Le choix des échantillons au sein des Communes a été fait par méthode de sondage aléatoire simple en choisissant au hasard les individus à enquêter. Le nombre des exploitations enquêtées est de 92 qui est supérieur au degré de liberté 30 pour qu’une analyse statistique soit valable.
Phase de collecte et traitement des données
La collecte des données se fait en deux phases : d’abord (i) une phase d’entretien avec les personnes responsables de la mécanisation agricole au niveau du Ministère de l’Agriculture pour l’obtention des informations concrètes liées aux politiques antérieures et actuelles sur la mécanisation agricole. Ensuite, (ii) vient une phase d’enquête formelle auprès des exploitations dans le District d’Amparafaravola avec le questionnaire préétabli présenté en Annexe III. Le traitement des données se fait également en deux étapes : la première étape comprend la saisie et l’apurement des données sur le Tableur Microsoft Excel. Elle consiste à faire des recoupements sur les données pour éviter les redondances ; à retirer les données jugées inutiles et à compléter les données manquantes afin d’obtenir une base de données fiable pour une analyse objective. La deuxième étape concerne la phase de traitement des données par rapport au logiciel et outils adoptés pour les recherches.
Exploitation rizicole moyenne
La classe 2 regroupe 16,3 % des exploitations. Elle est caractérisée par une surface de rizière moyenne de 1 à 4 ha et le nombre d’actif varie de 1 à 4 personnes. 73,3 % des exploitations possèdent des matériels agricoles motorisés, 13,3 % utilisent encore la traction animale et 13,4 % ne possèdent pas de matériels agricoles. Toutefois, 40 % des exploitations font du mode de faire valoir directe, les 33,4 % associent le mode de faire valoir directe avec soit du fermage soit du métayage. 13,3 % des exploitations font du métayage et les 13,3 % restant font du fermage. Le revenu des exploitations est compris entre Ar 3 930 000 à Ar 7 421 000. Les 86,7 % des exploitations de cette classe sont membres d‘une institution financière et seulement 13,3 % sont membres d’une organisation paysanne.
Grande exploitation rizicole
La classe 3 se démarque par une grande surface de rizière de 7 à 15 ha pour les 8,7 % des exploitations. Le nombre d’actif varie 2 à 6 personnes. Toutes les exploitations possèdent des matériels agricoles motorisés et elles pratiquent le mode de faire valoir directe de leurs rizières mais à cela s’ajoute du fermage pour les 37,5 % des exploitations. Le revenu des exploitations est compris entre Ar 8 948 600 à Ar 16 028 000. Aucune exploitation de cette classe n’est membre d’une organisation paysanne ou une association agricole et seulement la moitié des exploitations est membre d’une institution financière.
Déterminants de la non utilisation des matériels agricoles motorisés
L’estimation par la méthode Probit a donné le modèle qui traduit la non utilisation de matériels agricoles motorisés.
Probit non ut matagr = 12.771- 0.907ln_rev – 0.0640access – 0.2848surf -0.627mbrmicrofin + 0.582boeuf2trè + 0012age + 0.00002agecarré + 0.1971nivdetud- 0.300prov + 0.027modfRvaloir – 0.042nbactif + 0.3148actvt2ndr.
L’équation évoque que le revenu, l’accessibilité, la surface, l’adhésion dans une institution financière, l’utilisation des bœufs de trait, le mode de faire valoir des terrains, la pratique d’une activité secondaire, le nombre d’actif dans l’exploitation, l’âge et le niveau d’étude ainsi que la provenance du chef du ménage ont toutes une probabilité d’apporter une explication à la non utilisation de matériels agricoles motorisés au niveau des exploitations.
Typologie dominée par des exploitations non motorisées
La typologie met en évidence que les exploitations présentent une grande différence suivant les critères : possession de matériels agricoles, superficie des rizières et le revenu. Ce résultat confirme alors la première hypothèse selon laquelle les exploitations sont de catégories très diverses (PENOT et al., 2009).
La typologie démontre une faible utilisation des matériels agricoles motorisés car 48 exploitations rizicoles sur les 92 enquêtées soit 52,1 %, n’en possèdent pas. 27,1 % de ces 92 utilisent encore la traction animale et les 25 % ne possèdent ni matériel agricole ni bœuf de trait.
En ce qui concerne ces 25 %, il est difficile pour ces exploitations rizicoles de passer à la motorisation rizicole car : d’une part, elles ont des revenus faibles donc ils n’ont pas de moyen financier pour faire un investissement. La première préoccupation d’une exploitation comme dans tous les ménages étant de subvenir au besoin de la famille au cours de l’année. Cependant, la plupart des exploitations n’arrive même pas encore à l’autosuffisance alimentaire. Elles doivent recourir à l’achat de riz pendant la période de soudure pendant laquelle le prix de riz est très élevé. Comme la majorité n’a pas d’activité secondaire génératrice de revenu, alors, le recours au travail de journée est obligatoire pour les chefs de ménage pour permettre à leur famille de survivre. Ainsi, l’augmentation du revenu des exploitations de ce type doit être primordiale si l’incitation de ce groupe dans la motorisation est l’objectif.
D’autre part, comme les superficies de ces exploitations ne sont pas assez grandes, la motorisation de l’activité rizicole ne fait pas partie de leur priorité. Les exploitations de ce genre ne s’intéressent pas à l’intensification ou à l’extension de leurs exploitations sauf dans le cas où elles disposent encore de terre arable à mettre en valeur mais faute de moyens matériels, cela est impossible. Concernant les 27,1 % qui utilisent encore la traction animale pour les travaux agricoles, si leurs superficies sont grandes, peut être qu’elles vont investir dans la motorisation. De plus, la mécanisation avec tracteurs ou motoculteurs ne remplace pas automatiquement et entièrement l’utilisation des bœufs, ils sont complémentaires4. Les tracteurs et les motoculteurs sont utilisés pour les grands travaux agricoles et les bœufs sont utilisés pour réaliser les travaux inaccessibles par les machines. Dans le cas où les surfaces des exploitations sont petites, ils ne vont pas envisager la motorisation de leurs exploitations.
Par ailleurs, dans les deux cas, les exploitations veulent toujours garder les bœufs pour satisfaire leurs besoins en engrais vu la cherté et l’indisponibilité des engrais dans la région.
Toutefois, elles veulent toujours s’offrir des motoculteurs si leurs moyens financiers le leur permettent même s’elles ont de faible surface car il y aura toujours possibilité que d’autres exploitations cherchent à louer ou à métayer leurs rizières.
Utilisation des matériels agricoles motorisés influencée par le revenu des exploitations
Les résultats du test de signification confirment la validité du modèle économétrique établi, qui décrit le revenu et l’activité secondaire comme les déterminants de l’utilisation des matériels agricoles motorisés.
L’adhésion dans une institution de microfinance
En ce qui concerne l’adhésion dans une institution de microfinance, l’augmentation d’une unité de cette dernière entraine une diminution de 0,62 % de la non utilisation de matériels agricoles motorisés. Comme le revenu est l’un des déterminants de la motorisation rizicole, l’adhésion d’une exploitation à une IFM lui permet de faire le choix de la motorisation ou non. Si les exploitations décident d’entrer dans la motorisation agricole, elles peuvent acheter directement les matériels car elles ont des moyens financiers disponibles. Dans le cas contraire, elles ne sont pas obligées d’investir dans la motorisation, peut être qu’elles préfèrent acheter des rizières et louer des motoculteurs pour les travaux agricoles avant d’en acheter une fois que leur surface devient considérable. Cet état d’esprit à été observé chez certaines exploitations, l’augmentation des surfaces des rizières assure une amélioration du revenu. De plus, en cas de besoin financier, ils peuvent louer ou faire métayer leur rizières pendant un certain temps et une fois le problème résolu, l’exploitation par le propriétaire reprendra. Ainsi, une sensibilisation sur l’amélioration du rendement du riz par l’utilisation des matériels agricoles utilisés est nécessaire pour inciter les exploitations de ce groupe à la motorisation rizicole.
L’utilisation des bœufs de trait
Pour l’utilisation de bœuf de trait, l’augmentation d’une unité de bœuf de trait entraine une augmentation de la probabilité de 0,58 % de la non utilisation de matériels agricoles motorisés. La possession de bœuf est toujours appréciée par les exploitations dans cette région. D’une part, les bœufs sont utilisés pour les travaux agricoles comme la préparation du sol et ils sont utilisés également dans le transport des productions surtout dans les zones éloignées ou les carburants et les pièces détachées des motoculteurs et tracteurs sont indisponibles.
D’autre part, il est indispensable pour les engrais utilisés pour les fumures de fond. Actuellement, avec le prix des engrais qui est très élevé et la mise en valeur encore moindre des engrais comme le compost, le recours à des engrais organiques comme les bouses de bœufs augmentent chez les producteurs. Le prix varie de Ar 10 000 à Ar 15 000 par remorque selon la saison. La vente de l’engrais est devenue une source de revenu pour les exploitations qui utilisent encore la traction animale. De plus, les bœufs n’occasionnent pas des dépenses pour les entretiens et les carburants comme les machines. Les risques de l’élevage bovin pour les exploitations concernent surtout les vols des bœufs. Alors l’augmentation du nombre de bœuf de trait dans une exploitation pourrait inciter une exploitation à rejeter la motorisation agricole surtout si leur surfaces sont petites.
Analyse sur les Politiques agricoles et les besoins des exploitations sur la mécanisation agricole
84, 3 % des exploitations ont une vision divergente aux politiques élaborées par l’Etat pour la promotion de la motorisation rizicole. Nombreuses sont les raisons qui expliquent cette divergence :
Mauvaise qualité des machines agricoles sur le marché local
Les distributeurs des motoculteurs sont encore peu nombreux dans la région Alaotra Mangoro. « Les machines mises en vente sur les marchés locaux sont de mauvaises qualités » réclament certaines exploitations. Comme la motorisation est un grand investissement pour une exploitation à cause de son prix élevé, la comparaison des prix et de la qualité des matériels semble évidente pour les exploitations. Cependant, la politique pour la promotion de la motorisation rizicole dans la région concerne la subvention à 40 % du prix des motoculteurs avec les distributeurs locaux. Face à leur constat, les exploitations ne veulent pas acheter des matériels malgré les subventions de l’Etat. Certains d’entre elles préfèrent même acheter des matériels dans la capitale malgré les dépenses occasionnées par l’éloignement du District par rapport à la ville chez d’autre distributeur que d’acheter des motoculteurs subventionnées vendus dans la région. Les paysans manifestent des attitudes critiques vis-à-vis des projets de l’Etat (RAMANANARIVO et al., 2014).
Faible revenu des exploitations causé par la baisse de prix du riz sur le marché local
La motorisation est un grand investissement pour les exploitations rizicoles. Les exploitations doivent avoir un revenu élevé si elles veulent investir dans la motorisation. Pourtant, elles déplorent toujours la baisse du prix de riz sur le marché alors que c’est un facteur important pour l’augmentation de leur revenu. Malgré la mise en place des institutions qui œuvrent pour le développement du riz comme l’Observatoire du riz (ODR) et la Plateforme de Concertation et de Pilotage de la filière Riz (PCP-Riz), le prix du riz reste insatisfaisant pour les exploitations vu l’augmentation du prix des intrants agricoles et les produits de première nécessité au foyer. La rentabilité de la riziculture est parfois mise en question surtout lorsque la récolte est faible. Face à cette situation, les exploitations éprouvent une démotivation dans l’intensification de la riziculture. Les producteurs n’ont pas les moyens d’acheter un motoculteur ou un tracteur dans leur situation même si le prix de ces matériels est subventionné par l’Etat. De plus, à cause du changement climatique, qui, parfois modifie même le calendrier cultural, l’entrée dans la motorisation rizicole reste improbable pour les exploitations rizicoles.
Méfiance des exploitations par rapport aux IMFs
L’adhésion des exploitations dans les IMFs est encore minime dans le District d’Amparafaravola. La plupart des exploitations ne dispose pas d’informations précises concernant la procédure des IMFs et leurs attributions. Les fonds empruntés chez les IMFs sont en général mal utilisés par les producteurs. Ils ne concernent pas souvent le développement de la riziculture mais à d’autres fins qui sont parfois jugés superficielles comme l’achat des meubles, le famadihana… En cas de mauvaise récolte, la plupart des exploitations sont souvent face à l’endettement surtout pour ceux dont l’activité principale est la riziculture. Les producteurs considèrent alors que c’est l’emprunt qui à conduit les victimes à l’endettement à cause d’un taux d’intérêt élevé. Ainsi, les producteurs sont devenus réticents face aux IMF donc, ils n’auront pas les moyens financiers de se payer des matériels agricoles motorisés.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. CONCEPT ET ETAT DE L’ART
I.1. Définition et concept
I.2. Historique de la mécanisation agricole à Madagascar
I.2.1. Pendant la royauté
I.2.2. Pendant la période coloniale
I.2.3. Depuis l’indépendance
I.3. La mécanisation agricole dans le monde
II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériels
II.1.1. Justification du choix du thème
II.1.2. Justification du choix des zones
II.2. Méthodes
II.2.1. Démarches de vérification communes aux hypothèses
II.2.1.1. Phase exploratoire
II.2.1.2. Elaboration du questionnaire
II.2.1.3. Echantillonnage
II.2.1.4. Phase de collecte et traitement des données
II.2.2. Méthodes spécifiques à la démonstration de chaque hypothèse
II.2.2.1. Méthode relative a la vérification de l’hypothèse 1 : » Les exploitations sont de catégories très diverses »
II.2.2.2. Méthode relative à la vérification de l’hypothèse 2 : » La non utilisation des machines agricoles est influencée par le revenu des exploitations »
II.2.2.3. Démarche spécifique de la vérification de l’hypothèse 3: « les politiques agricoles et les besoins des exploitations sur la mécanisation agricole sont divergentes »
II.2.3. LIMITES DE L’ETUDE
II.2.4. CHRONOGRAMME
III. RESULTATS
III.1. Typologie des exploitations très diverses
III.1.1. Résultats du classement obtenu par nuées dynamiques
III.1.2. Résultats de la classification par l’AFD
III.1.2.1. Résultats du reclassement par l’AFD
III.1.2.2. Répartition des exploitations sur les axes factoriels
III.1.3. Caractéristiques des différentes classes des riziculteurs.
III.2. Déterminants de la non utilisation des matériels agricoles motorisés
III.2.1. Estimation des paramètres du modèle
III.2.1.1. Estimation des paramètres βi du modèle
III.2.1.2. Test de signification des βi
III.2.2. Test de signification du modèle
III.3. Politiques agricoles et besoins des exploitations sur la mécanisation agricole totalement divergents.
IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV.1. Discussions
IV.1.1. Typologie dominée par des exploitations non motorisées
IV.1.2. Utilisation des matériels agricoles motorisés influencée par le revenu des exploitations
IV.1.2.1. Le revenu
IV.1.2.2. L’activité secondaire
IV.1.3. Analyse sur les Politiques agricoles et les besoins des exploitations sur la mécanisation agricole
IV.1.3.1. Mauvaise qualité des machines agricoles sur le marché local
IV.1.3.2. Faible revenu des exploitations causé par la baisse de prix du riz sur le marché local
IV.1.3.3. Méfiance des exploitations par rapport aux IMFs
IV.1.3.4. Prix élevé des matériels et des intrants agricoles
IV.1.3.5. Mise en oeuvre de la politique de motorisation agricole inadéquate
IV.2. Recommandations
IV.2.1. Mise en place d’un centre de test et de certification des matériels agricoles
IV.2.2. Recadrage de l’importance des IMFs chez les ruraux
IV.2.3. Relance de la politique de détaxation sur les matériels et les intrants
IV.2.4. Encourager les distributeurs à augmenter leur nombre de point de vente surtout en milieu rural
IV.2.5. Amélioration du système d’Information et de vulgarisation dans la région
IV.2.6. Restaurer la sécurité dans le District et améliorer la sécurisation foncière
CONCLUSION
Références bibliographiques
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