Analyse sur le système de microfinance

La présente recherche tente de comprendre « la place de la microfinance en milieu rural». Son fil rouge est de connaître les interactions entre les institutions de microfinance et les sociétés rurales malgaches. Elle se donne pour ambition d’appréhender à la fois les points positifs et les limites du système de microfinance, notamment dans le cadre de la politique de relance économique et de la révolution verte de Madagascar. Afin de bien cerner le problème, nous allons traiter le cas particulier de l’OTIV Alasora. Notons d’emblée que l’OTIV (Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola) est une institution de microfinance mutualiste et épargne. Un intérêt particulier sera accordé aux aspects économiques (les revenus, les capitaux productifs, les rendements et les épargnes) de la vie de ses membres. Puis, nous essayerons d’étudier les impacts psychosociologiques de sa présence sur ses membres ainsi que sur le reste de la population d’Alasora. L’étude s’intéressera donc à la fois aux aspects économiques et aux aspects psychosociologiques. Par ailleurs, nous tiendrons à comprendre les raisons de la réticence, voire l’aversion, d’une frange très importante de la société à l’égard des institutions d’épargne et de microfinance, en l’occurrence l’OTIV. Compte tenu de la place de l’échange monétaire dans la civilisation d’aujourd’hui, il nous a paru plus que nécessaire de réfléchir sur l’aspect économique de la vie des sociétés. En effet, le développement de toute société passe aujourd’hui quasi inéluctablement par l’amélioration de l’économie. La microfinance, sous réserve de certaines conditions, s’avère être un assez bon système pour promouvoir le progrès économique. En effet, la rationalisation de la gestion de l’épargne peut entraîner une amélioration effective des conditions économiques des ménages ; en outre l’élévation des capitaux productifs à travers la microfinance peut rehausser leur productivité. Environ 80% de la population malgache sont aujourd’hui des ruraux. Des changements profonds devraient, cependant, s’opérer à leur niveau, étant donné cette prédominance, afin de surmonter la pauvreté économique en général. C’est dans cette optique que les initiatives gouvernementales malgaches (avant la crise de 2009) concernant le monde rural semble s’orienter vers la transformation de la mentalité de subsistance en une logique capitaliste soucieuse de productivité.

Généralités autour de l’OTIV et de la Commune Rurale d’Alasora

L’histoire de la microfinance peut être divisée en trois époques distinctes : avant 1990, de 1990 à 1995 et 1996 à nos jours. L’origine du système de microfinance à Madagascar remonte donc à environ une vingtaine d’années. L’émergence des institutions de microfinance résulte des lacunes du système bancaire en général à Madagascar au début des années 1990. Un bond considérable s’est ensuite effectué dans les contextes du programme de réajustement structurel. Cet essor est également relatif à des contextes géopolitiques, notamment la tenue de la Conférence des Nations Unies sur l’Inclusion Financière en Afrique (Dakar 05-06 juin 2006) Comme la plupart des institutions de microfinance à Madagascar, l’institution OTIV est apparue dans les contextes historiques précédemment cités. Elle est née en 1994 dans la région de Toamasina, puis elle a connu certain développement avant d’arriver à son stade actuel. Elle est aujourd’hui devenue un réseau de microfinance d’envergure nationale. A ce propos, soulignons que l’OTIV Alasora fait partie du réseau de la région d’Analamanga, plus précisément du sous-réseau fanambinana. Elle a été inaugurée le 11 juillet 2003. Etant donné que cette étude concerne particulièrement l’OTIV Alasora, il paraît incontournable de décrire exhaustivement la commune d’Alasora dans laquelle elle évolue. Force est ainsi de préciser que cette commune est essentiellement rurale, du moins jusqu’ici. En effet, 65% de la population sont des paysans. Elle fait partie du district d’Antananarivo Avaradrano dans la Région d’Analamanga, Province Autonome d’Antananarivo. Elle est située au Sud-Est de la capitale à environ une dizaine de kilomètres. Elle se trouve à 2 km de la route nationale N° 58 B reliant le centre ville à Ambohimanambola. La superficie de la Commune rurale d’Alasora est environ de 44 km 2 . Elle est composée par vingt (20) Fokontany, et chaque Fokontany se subdivise en hameaux. En 2005, elle comptait 31.550 habitants avec une densité moyenne de 717,04 hab/ km 2 . Le taux de croissance annuelle est de 0,62 %. La population active représente 55,74 % de la population totale.

Histoire de la microfinance à Madagascar

L’origine de la microfinance à Madagascar remonte à près d’une vingtaine d’années. Son histoire peut être divisée en trois périodes distinctes : avant 1990, de 1990 à 1995 et 1996 à nos jours. Les véritables Institutions de microfinance émergent à Madagascar à partir des années 1990 suite à de nombreuses défaillances du système bancaire en milieu rural.

Avant 1990
Aucune institution de microfinance n’existait encore à Madagascar avant les années 1990. La BTM (Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra) , Banque Nationale depuis 1976 et reprise par la Bank Of Africa (BOA) dans le cadre de sa privatisation, était la seule qui intervenait dans le secteur de la microfinance. Mais ses activités de microfinance étaient limitées à l’octroi de crédits aux paysans et n’atteignent qu’une frange très limitée de la population rurale. L’intervention de cette banque en faveur du secteur de la microfinance s’est toutefois maintenue après sa récente privatisation.

1990-1995
L’émergence des Institutions de microfinance a d’abord été favorisée par la mise en œuvre du « Programme de Réajustement Structurel ». Ce programme entraînait de nombreuses réformes, entre autres la privatisation des banques publiques. Mais cette émergence résulte surtout de la conjugaison des interventions de trois entités à savoir :
– Les Bailleurs de Fonds (Banque Mondiale, Union Européenne, Agence Française de Développement, Coopération Allemande, Inter-coopération Suisse…),
– Le Gouvernement de l’époque à travers de sa politique en faveur de la Microfinance, avec, bien entendu, le concours de la Banque Mondiale :
– le Projet d’Exécution PATFR/ADMMEC jusqu’en 1997
– le Projet Microfinance (PMF) pour une phase de deux ans 1998-1999
– l’AGEPMF : gestion du Programme Microfinance planifié sur quinze ans dont le démarrage officiel a débuté en juin 1999
– Les Agences d’Implantation et de Développement ou Opérateurs Techniques Spécialisés qui ont assuré l’encadrement technique des institutions de microfinance. Il s’agit entre autres de DID, FERT, IRAM, CIDR.

Au cours de cette période, de nombreuses institutions de microfinance, mutualistes et non mutualistes, se sont créées à Madagascar. Les institutions de microfinance Mutualistes qui se sont créées au cours de cette période sont les suivantes :
– AECA/CIDR en 1990 dans la région de Marovoay,
– CECAM/FERT en 1993 dans la région du Vakinakaratra,
– OTIV/DID en 1994 dans la région de Toamasina et du Lac Alaotra
– ADéFI en 1995 à Antsirabe
– TIAVO/WOCCU en 1995 à Fianarantsoa (WOCCU étant l’opérateur, de nationalité canadienne, qui a lancé l’implantation initiale du réseau TIAVO. Il a été ensuite relayé par l’IRAM à partir de l’année 1999).

Le CECAM/FERT et l’OTIV/DID constituent aujourd’hui les deux plus grands réseaux dans cette catégorie tant en terme de volume d’activités qu’au niveau de la couverture géographique. Et conjointement aux institutions de microfinance mutualistes, des Institutions de Microfinance non mutualistes telles que SIPEM, VOLA MAHASOA/CIDR, APEM/PAIQ, EAM, Caisse d’Epargne de Madagascar (CEM), CEFOR, HAINGONALA, MAHA VOTSE, MICROCRED, ont été également mises en place.

Depuis 1996

A partir de 1996, les institutions de microfinance (OTIV/DID, CECAM/FERT, TIAVO/IRAM, AECA/CIDR, EAM…) ont connu une extension géographique assez remarquable et une consolidation de leurs réseaux préexistants. Concernant l’OTIV, elle a connu à partir de 1996 une extension de ses activités avec l’ouverture de nouvelles caisses dans les zones périurbaines d’Antananarivo, dont Alasora, et du Nord Est de Madagascar, notamment dans la région de SAVA. Depuis 2000, elle s’implante dans la zone urbaine d’Antananarivo. A titre d’information, de nouvelles Institutions de Microfinance ont vu le jour à Madagascar en 2007, à savoir : Accès Banque, Microcred et PAMF (Première Agence de Microfinance).

Le cadre juridique relatif à l’activité et au contrôle des Institutions de Microfinance
Il s’agit de la loi N°2005-016 du septembre 2005 dont le décret d’application N°2007-012 fixant les formes juridiques des IMF et les modalités de leur immatriculation au Registre du Commerce des Sociétés et le décret d’application N°2007-013 portant fixation du capital minimum des établissements de crédit et de la valeur nominale des titres de participation. Ces deux décrets n’attendent plus que leur publication dans le journal Officiel de la République de Madagascar.

L’environnement de la Microfinance à Madagascar
La politique du gouvernement malgache de l’époque pour le secteur de la microfinance concernait à la fois sa promotion et sa régulation, il avait à ce propos mis de l’avant :
– des politiques de réforme du secteur financier (politique monétaire et fiscale),
– la modernisation de la législation bancaire,
– la privatisation des banques d’Etat.

Le gouvernement de l’époque s’engageait à promouvoir et à développer le secteur de la microfinance. Il élaborait un cade réglementaire (loi 95-030) pour assurer le développement des initiatives en microfinance (loi 2005-016 du septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance). Le Ministère des Finances et du Budget assurait la coordination du développement de la microfinance avec les intervenants, par le biais de la Coordination Nationale de la Microfinance (CNMF). Il assurait également la responsabilisation et la surveillance du secteur auprès de la Commission de Supervision Bancaire et Financière (CSBF). Par ailleurs, il s’occupait du suivi et de l’application des règles, des normes prudentielles, des autorisations et des agréments. C’est dans cette optique que le gouvernement a approuvé en juin 2004 le Document de Stratégie Nationale de Microfinance élaboré en avril 2004 suite à un processus participatif de tous les acteurs et intervenants du secteur. Un Atelier s’est tenu en octobre 2007 suite à l’évaluation à mi-parcours de la Stratégie Nationale de Microfinance (SNMF) et dont l’objet était d’aligner le contenu de la SNMF aux objectifs et directives du Madagascar Action Plan (MAP).

En collaboration avec les différents acteurs et intervenants, le Gouvernement malgache de l’époque a engagé une réflexion sur :
– L’appui à la professionnalisation des Institutions de Microfinance,
– La régulation de leur développement sur tout le territoire,
– La définition d’un cadre sécurisant et favorisant l’accès au refinancement.

La Conférence des Nations Unies sur l’Inclusion Financière en Afrique 

La conférence de Dakar était un évènement historique mondial favorable à l’essor du secteur de la microfinance en Afrique et à Madagascar. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Fonds d’Equipement des Nations Unies ont organisé les 5 et 6 juin 2006, à l’Hôtel «Le Méridien Président » de Dakar (Sénégal), une conférence de haut niveau sur l’inclusion financière en Afrique. La conférence de Dakar a porté sur les défis et les obstacles liés à la construction de secteurs financiers accessibles à tous en Afrique. Elle a contribué au renforcement des décideurs politiques et des autres acteurs concernés dans leurs efforts visant une meilleure situation économique à assurer aux populations pauvres ou à faibles revenus ainsi qu’aux micros et petites entreprises en Afrique. Leurs efforts visaient particulièrement à promouvoir l’accès durable à une large gamme de produits et services financiers. Par ailleurs, elle a capitalisé les leçons tirées des récentes expériences accumulées dans l’élaboration des stratégies nationales de microfinance en Afrique. Elle s’est servie également du cadre et des recommandations du document récemment publié, intitulé « construire des secteurs financiers inclusifs pour le développement ». Enfin, la conférence a permis d’assurer le suivi de plusieurs initiatives et conclusions issues de l’Année Internationale du Microcrédit décrétée par les Nations Unies.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Généralités autour de la microfinance et de la Commune rurale d’Alasora
1- histoire de la microfinance à Madagascar
2- Généralités autour de l’OTIV Alasora
3- Histoire d’Alasora
4- Monographie d’Alasora
Partie 2 : La place de l’OTIV au niveau de la société rurale d’Alasora
1- Les revenus des ménages
2- L’épargne des ménages
3- Le financement
Partie 3 : Analyse sur le système de microfinance
1- Le cercle vicieux de la pauvreté
2- Les incidences socioéconomiques de l’OTIV
3- L’ « effet pervers » du système
Conclusion générale

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