Nouvelles dynamiques mondiales
ยซ world-city ยป et ยซ global-city ยป
Jusquโau dรฉbut du XXรจme siรจcle, parler des ยซ villes mondiales ยป faisait rรฉfรฉrence ร une hiรฉrarchie รฉconomique et/ou dรฉmographique et non ร une quelconque existence dโun rรฉseau international (Arrault, 2006). Depuis la fin du XXรจme siรจcle, (plus prรฉcisรฉment depuis les annรฉes 80 et lโutilisation par Raymond Vernon de lโadjectif ยซ global ยป) le monde est entrรฉ dans une dimension spatiale dโun antre genre, celle dโune nouvelle mรฉtrique. Sans parler dโรฉchelle, un nouveau lieu sโest dรฉfinit, celui du monde entier comme entitรฉ spatiale propre. Jacques Levy reprend lโidรฉe que la mondialisation est ร la base de cette crรฉation spatiale qui dรฉfinit le monde comme un systรจme de sous-systรจmes autonomes mais interconnectรฉs.
En effet, tous les secteurs sont touchรฉs par la ยซ globalisation ยป traduisant des dynamiques relationnelles mondiales dรฉpassant les limites nationales. Les recherches scientifiques dans la qualification et lโexplication de ce phรฉnomรจne urbain se sont focalisรฉes sur lโimportance du monde financier, des centres รฉconomiques et le rรฉseau de globalisation des villes connectรฉes, c’est-ร -dire lโinternationalisation des flux de biens, de capitaux de personnes… Peter Hall est un des premiers ร utiliser le concept de ville-monde. Il dรฉfinit la ยซ world-city ยป par son poids dรฉmographique, son statut de capital, son organisation spatial (agglomรฉration ou conurbation) et sa place dans lโรฉconomie mondiale. ยซ They are centers of political power, both national and international, and of the organizations related to governments, centers of national and international trade and all kinds of economic activity, acting as entrepรดts for their country and sometimes for neighbouring countries alsoยป [Scoot, 1999].
Le concept de ยซ ville-mondiale ยป (ยซ world-city ยป) fut repris et approfondis en 1982 par Friedman et Wolf. Dans leurs รฉtudes, ils montrent que ยซ lโรฉconomie mondiale ne se rรฉduit plus ร la somme des รฉconomies nationales, celle-ci inclut un nouveau segment, lโ ยซรฉconomie globale ยป ยป [Ghorra-Gobin, 2007]. Le modรจle capitaliste dรฉpasse alors les frontiรจres nationales et place la ville, dans la prรฉdominance de son secteur financier et tertiaire, au sein dโun systรจme monde, un rรฉseau global dโinterconnexion entre les ยซ ville-mondes ยป. Aprรจs la phase de mondialisation ยซ moderne ยป caractรฉrisรฉe par lโabaissement des frontiรจres, le rapprochement des personnes et les flux dโรฉchanges internationaux, la phase de globalisation a rendu global ce qui รฉtait local, la naissance dโun systรจme monde de production, de marchรฉ et de consommation crรฉant des interdรฉpendances au niveau mondial et particuliรจrement dans le secteur รฉconomique. En 1991, Saskia Sassen se penche plus sur lโutilisation ยซ global-city ยป que de ยซ world-city ยป. Elle dรฉfinit alors les ยซ global-cities ยป comme des sites stratรฉgiques dans lโรฉconomie globale par leurs concentrations de fonctions commanditaires et leur haut niveau de production de service. Une ville globale doit รชtre non seulement un centre de production mais aussi place dโinnovation. La ville globale met donc en รฉvidence lโarticulation entre ville et รฉconomie globale tandis que la ville mondiale รฉvoque le degrรฉ dโattraction dโune ville ร lโรฉchelle mondiale par son patrimoine, son passรฉ, ou encore par lโattraction des flux touristiques (Ghorra-Gobin, 2007).
ยซ global city-region ยป et mรฉtropolisation
Plus rรฉcemment, le gรฉographe amรฉricain Allen Scott, au vue des changements considรฉrable des logiques sociales et des caractรฉristiques multi sectorielles, dรฉcrit le phรฉnomรจne actuel de lโorganisation spatiale des villes dans le systรจme monde en qualifiant ces rรฉgions urbaines de ยซ global city-region ยป. En utilisant ce terme, il exprime une volontรฉ de qualifier les changements contemporains de la ville et la volontรฉ institutionnelle de consolider lโorganisation politique locale face ร la globalisation. Le phรฉnomรจne des ยซ global city-region ยป est un important tournant dans lโanalyse spatiale gรฉographique. En effet, lโorganisation du schรฉma des villes a changรฉ. La prรฉdominance du secteur financier et institutionnel dans le centre des agglomรฉrations a ยซ restructurรฉ lโespace du marchรฉ du travail qui inclut dรฉsormais les univers suburbain et pรฉriurbain ยป [Ghorra-Gobin, 2007]. Allen Scott dรฉfinit une ยซ global city-region ยป comme ยซ a geographic area with a city as its centre that has strong impact on the global city regionโs growth and development ยป, ยซ lโassociation des districts gรฉographiques disjoints mais constituรฉs de centres urbains fonctionnant ensemble dans le but de maximiser le bรฉnรฉfice dโune interdรฉpendance รฉconomique ยป. ยซ Lโexpression ville-rรฉgion global met en รฉvidence les inรฉgalitรฉs territoriales entre les municipalitรฉs composant lโaire mรฉtropolitaine ou la ville-rรฉgion et elle autorise ร rendre plus explicite leur statut de rivalitรฉ pour attirer les entreprises et les mรฉnages ainsi que la reproduction des inรฉgalitรฉs sociales. Ce qui pose la sรฉrieuse question de la gouvernance des entitรฉs mรฉtropolitaines. ยป [Ghorra-Gobin, 2007].
La gรฉographie franรงaise sโest intรฉressรฉe aux diffรฉrents concepts dรฉcoulant de la mondialisation dans la mesure oรน sont nรฉes de nouvelles de dynamiques territoriales, รฉconomiques, politiquesโฆ Le paradigme de ville mondiale et globale est entrรฉ dans les reprรฉsentations gรฉographiques de la ville et de ses influences mondiales. La ยซ global city-region ยป devenant de plus en plus centrale dans la conduite et les coordinations de la vie moderne (Scoot, 1999). En France, les gรฉographes se sont surtout intรฉressรฉs et ce depuis le milieu du XXรจme siรจcle, au concept de mรฉtropolisation, celui-ci ne considรฉrant pas la mondialisation comme simple processus รฉconomique mais touchant toutes les sphรจres. ยซ La mรฉtropolisation est la territorialisation urbaine de la globalisation ยป [Gallas, 2001]. Pour Michel Bassand ยซ le terme mรฉtropolisation dรฉsigne [quant ร lui] deux processus distincts et indissociables qui faรงonnent les mรฉtropoles, ร savoir le processus interne de structuration sociale et spatiale dโune mรฉtropole ; la formation dโune armature mondiale de mรฉtropoles dans le cadre de la mondialisation ยป. Jean-Paul Ferrier propose une thรฉorie gรฉographique de la mรฉtropolisation pour mieux comprendre les dynamiques urbaines depuis le dรฉbut du XXรจme siรจcle. ยซ La mondialisation va entraรฎner lโรฉvรจnement dโune nouvelle รฉpoque : [โฆ] un changement de modernitรฉ. ยป
Pour Siino, la mรฉtropolisation est ยซ un processus de rรฉpartition de la population et des emplois qui estompe le rapport centre/pรฉriphรฉrie au profit dโune rรฉalitรฉ plus proche de modรจles spatiaux et fonctionnels polycentriques. ยป La mobilitรฉ et lโaccessibilitรฉ sont les deux articulations majeures de la mรฉtropolisation. En effet, proposer une vie locale et mรฉtropolitaine par la mobilitรฉ et lโaccessibilitรฉ permet de donner un sens local et global ร la ville. Pour Michel Bassand, les deux aspects de la mรฉtropolisation sont le local et le global soit le ยซ glocal ยป. ยซ La glocalitรฉ est un aspect important de la mรฉtropolitรฉ ยป [Bassand, 2001].
La phase de mรฉtropolisation que connaissent actuellement les grandes agglomรฉrations engendre une rรฉorganisation de lโespace. Les sous-espaces spรฉcialisรฉs dans un ou plusieurs domaines ne doivent pas รชtre isolรฉs mais au contraire dรฉveloppรฉs dans une double รฉchelle, locale et globale, la mobilitรฉ et lโaccessibilitรฉ doivent รชtre les garantes des possibilitรฉs multiples dโattraction en termes de loisirs, dโhabitats, de culture, de travail, de la mรฉtropole. Pour cela la phase de mรฉtropolisation ยซ forme un nouveau cadres des pratiques quotidiennes ou habituelles ยป [Ascher, 2009]. ยซ La globalisation rรฉveille le local, ร la fois parce quโelle sโy confronte et parce quโelle en vit ยป [Bourdin, 2000]. Dans lโarticulation de ces deux รฉchelles locale et globale, les รฉquipements tiennent un rรดle majeur dans le poids de lโattractivitรฉ dโune mรฉtropole. En effet, ยซ le quartier change de nature (โฆ) les centralitรฉs se multiplient, se diversifient, se spรฉcialisent, ร tel point quโil semble prรฉfรฉrable aujourdโhui de parler de polaritรฉs (โฆ) mais celles-ci sโorganisent plus que jamais autour des activitรฉs commerciales ยป [Ascher, 2009].
Concept dโambiance urbaine
Lโanalyse paysagรจre fait partie de lโรฉtude gรฉographique. Avant le dรฉbut du vingtiรจme siรจcle, lโanalyse du paysage รฉtait considรฉrรฉe comme un protocole scientifique visant ร expliquer le paysage ยซ perceptible ยป ร travers des grilles de lecture, des modรจles dโorganisations spatiales, des typologies et des nomenclatures strictes. On parle alors de paysage ยซ objet ยป. Cependant, ร partir des annรฉes 1900, la prise en compte du problรจme de lโobjectivitรฉ du chercheur renouvelle les reprรฉsentations en gรฉographie. En effet, nos reprรฉsentations spatiales sont dirigรฉes par nos valeurs et normes culturelles. Le concept de reprรฉsentation spatiale permet ร lโanalyse gรฉographique de prendre en compte quโun espace est vรฉcu, perรงu et dans sa description assimilรฉ ร des valeurs et des symboles aussi bien individuels que collectifs. A partir des annรฉes 1950, la reprรฉsentation comme acte de crรฉation rentre alors dans les moeurs. Le paysage non plus considรฉrรฉ comme simple objet qui rรฉside en dehors de nous, devient parti prenante de lโhomme sous une posture interactionniste qui a une signification singuliรจre pour les interlocuteurs avec des dรฉterminants individuels, sociaux, culturels [Thermines, 2001]. Les gรฉographes vont alors prendre en compte le fait est que ยซ nos reprรฉsentations sont fondรฉes sur lโapparence des objets et non sur les objets eux-mรชmes ยป [Bailly, 1995].
Historique du concept dโambiance urbaine
Au dรฉbut des annรฉes 1900, lโambiance urbaine avait une existence marginale et รฉtait classรฉe parmi les donnรฉes climatiques. On parlait alors plutรดt dโatmosphรจre de la ville, ce qui traduisait une certaine expรฉrience de la ville. Lโรฉpoque contemporaine a permis, par la relation qui lie les villes et les pratiques urbaines, de mettre en avant une analyse sensorielle dans un espace concret. Le concept dโambiance urbaine est nรฉ de la qualification de lโanalyse culturelle et des pratiques dans le paysage urbain. Ainsi lโapproche des ambiances relรจve-t-elle du champ sociologique urbain et du champ architectural.
Le concept dโambiance urbaine est apparu pendant la pรฉriode du renouvellement urbain dans les annรฉes 1960-1970. Lโexpansion des villes qui sโest traduite par un grand nombre dโamรฉnagements, a donnรฉ lieu ร un dรฉveloppement du paysage urbain. Lโanalyse du paysage fait partie de lโanalyse des gรฉographes13. En 1960, cette analyse sโest focalisรฉe sur la comparaison entre paysage rural et paysage urbain. Le paysage urbain crรฉe une rupture dans les paysages avec lโutilisation de nouveaux matรฉriaux et dโune nouvelle architecture. Le dรฉveloppement de la notion de paysage urbain est engendrรฉ par la mutation que subit lโespace. En effet, lโurbanisation provoque un problรจme conjoncturel dans la mesure oรน autrefois le paysage urbain รฉtait reprรฉsentatif de plusieurs dรฉcennies, voire plusieurs siรจcles (fermes familialesโฆ) et quโร prรฉsent, il reprรฉsente un paysage en construction oรน les habitations cohabitent avec une ville inachevรฉe. Pierre Georges est un des premiers gรฉographes ร avoir dรฉcrit les รฉlรฉments qui personnifient le paysage urbain14. Dans la dรฉcennie 60-70, le gรฉographe tente de clarifier la structure des villes en รฉlaborant de minutieuses descriptions des lieux et des infrastructures sans pour autant les รฉvaluer. Il met lโaccent sur lโรฉvolution des phases de standardisation, la monotonie du paysage et les immeubles en sรฉrie.
En 1970, lโanalyse du paysage urbain prend ses distances avec la simple description et la comparaison des diffรฉrents paysages et commence ร รฉtudier le paysage perรงu et vรฉcu. Les gรฉographes commencent ร sโintรฉresser aux diffรฉrentes parties du paysage urbain et ร leur spรฉcificitรฉ. Naissent alors, deux nouveaux champs dโanalyse, celui de la relation entre paysage du quotidien, tourisme et visite, et celui de la mobilitรฉ intra-urbaine. En effet, les relations qui lient lโhomme ร la ville, et plus largement lโindividu au paysage, caractรฉrisent du paysage urbain. Du fait de la densitรฉ de la composition de ce paysage, les individus sont amenรฉs ร changer de perception de lโespace au et ร mesure de leurs dรฉplacements. Cette diffรฉrenciation des parties que fonde le paysage urbain permet de faire naitre petit ร petit la notion dโambiance urbaine. En effet, avec lโessor de lโautomobile, le paysage urbain se constitue dans une logique de mobilitรฉ aussi bien pour les piรฉtons que pour les voitures. On a donc apparition de deux espaces diffรฉrenciรฉs, les trottoirs et les chaussรฉes. Pierre George montre, en รฉtudiant la rรฉpartition des voies de circulation, que la mobilitรฉ intra-urbaine dรฉcoupe lโespace urbain ร diffรฉrentes รฉchelles. Dโun cรดtรฉ, ยซ la circulation gรฉnรฉrale ร lโรฉchelle de lโorganisme urbain ยป oรน la circulation est abondante et omniprรฉsente et, de lโautre, la ยซ circulation locale ร lโรฉchelle du quartier ยป oรน des pรฉrimรจtres piรฉtons ont รฉtรฉ dรฉfinis. Pierre George annonce quโ ยซ on obtient une certaine dรฉtente de la vie dans les quartiers dโhabitations ยป. Il compare alors deux parties du paysage urbain par lโintermรฉdiaire de son perรงu et de son vรฉcu, pour ensuite รฉvaluer son ressenti, qui se traduit par une sensation ร partir de laquelle il qualifie lโendroit. De lร , la naissance des ambiances urbaines. A partir de ce moment, les gรฉographes passent par un mode dโanalyse de partition de lโespace pour expliquer la composition du paysage urbain. Pierre George analyse ยซ la ville du quotidien avec lโaccessibilitรฉ et la qualification des espaces par leurs pratiques. ยป15 Par exemple, la fontaine Saint Michel ร Paris, dans lโesprit des riverains, est perรงue comme le lieu de rendez-vous du quartier et non plus comme lโhabillage du mur pignon mis ร nu par les amรฉnagements du baron Haussmann.
A lโopposรฉ des annรฉes 1960, oรน le paysage urbain รฉtait vu comme un tout dont la description des parties nโรฉtait que secondaire, les annรฉes 1970 marquent une rupture dans lโanalyse gรฉographique dans la mesure oรน le phรฉnomรจne sโinverse, les parties du paysage urbain sont รฉtudiรฉes pour dรฉcrire un tout. La description est toujours prรฉsente mais sโy ajoute une phase dโรฉvaluation qui constitue les parties du paysage urbain en รฉlรฉment fondateur des perceptions de celui-ci. Les diffรฉrentes activitรฉs dโun lieu deviennent partie prenante de la base paysagรจre. Lโรฉvolution qui a marquรฉ les deux dรฉcennies de lโanalyse du paysage urbain 1960-1970 peut รชtre articulรฉe en cinq phases distinctes : Tout dโabord les gรฉographes vont se baser sur une opposition entre les parties rรฉelles et les parties imaginaires. Le paysage est analysรฉ par lโabsence de parties. Ensuite, le paysage urbain va รชtre analysรฉ comme un tout dont on รฉtudie par la suite les parties qui le composent. Dans un troisiรจme temps, la description du paysage urbain va reposer sur une analyse de la base paysagรจre avec des ajouts qui constituent le paysage vรฉcu (Arrault, 2006). La notion de perรงu et de vรฉcu se met alors en place. Sโen suit une analyse reposant sur la relation qui lie le tout aux parties. Pour finir, les gรฉographes รฉtudient les parties pour dรฉcrire un tout et passer ร une phase dโรฉvaluation de ce tout. Depuis les annรฉes 1970, lโรฉtude des ambiances urbaines a รฉtรฉ clairement identifiรฉe par les รฉcoles dโarchitecture. La volontรฉ de mieux comprendre et de mieux mesurer les espaces urbains perรงus et vรฉcus permet alors de mieux cibler les politiques dโamรฉnagement du territoire. Les รฉtudes menรฉes sur le concept dโambiance urbaine regroupent essentiellement les architectes, les ingรฉnieurs et les gรฉographes. La figure 2 prรฉsente une synthรจse de lโรฉvolution du concept dโambiance urbaine depuis le dรฉbut du XXรจme siรจcle.
Dรฉfinition du concept dโambiance urbaine
ยซ Puiser tel mot dans le corps lexical gรฉnรฉral de la langue, c’est dรฉjร orienter de telle faรงon l’organisation du savoir et ses principes ยป [Labussiere, 2009]. La prise en compte dans un premier temps de la dรฉfinition gรฉnรฉrale dโun mot permet de comprendre la faรงon dont celui-ci est utilisรฉ dans le langage courant. La langue permet de dรฉfinir le monde qui nous entoure mais aussi dโaccroรฎtre nos connaissances et notre savoir. Ce monde nโa pas de sens sans les concepts qui le dรฉsignent. Pour dรฉfinir un concept, il est donc important tout dโabord de comprendre sa dรฉfinition gรฉnรฉrale pour ensuite mieux interprรฉter ses champs dโattribution. Pour dรฉfinir et analyser le concept dโambiance urbaine, il est nรฉcessaire de rappeler la dรฉfinition des mots ambiance et urbain dans le langage courant. Du latin ambire (entourer) lโambiance est dรฉfinie par Le Robert comme une ยซ atmosphรจre matรฉrielle qui environne une personne ยป, par le dictionnaire en ligne lโinternaute comme ยซ une atmosphรจre dโun lieu, dโune rรฉunion, entrain, gaietรฉ dโun groupe de personnes ยป, par lโencyclopรฉdie universalis comme ยซ le climat dโun lieu, dโune salle, contexte, ou ce qui caractรฉrise un environnement donnรฉ ยป. Du latin urbanus (habitant de la ville) urbain signifie : relatif ร la ville et sโoppose ร rural.
Professeur ร lโรฉcole dโarchitecture de Grenoble, laquelle sโest intรฉressรฉe ร lโรฉtude des ambiances architecturales et urbaines, Jean-Franรงois Augoyard, tente de dรฉfinir avec prรฉcision le concept dโambiance, le concept dโambiance urbaine nโรฉtant quโune partie du concept dโambiance appliquรฉ ร la ville. Pour dรฉfinir ce concept, il propose en partant des trois types de dรฉfinition, existante, diffรฉrentielle ou relative, formelle et gรฉnรฉtique ou dynamique, de comprendre tous les champs dโaction dโune ambiance pour faire ressortir le contexte global de lโutilisation de ce concept dans le rรฉel. Tout dโabord, il sโintรฉresse ร la dรฉfinition diffรฉrentielle ou relative qui permet de dรฉfinir un mot par sa structure, ses relations et son analogie avec les mots du champ lexical. Dans les dรฉfinitions du mot ambiance, les noms atmosphรจre, climat, milieu et environnement sont les synonymes les plus pertinents et les plus รฉvocateurs. Lโรฉtude des relations entre ces mots du mรชme champ lexical lui permet de dresser lโorganigramme suivant (figure 3). En partant de cette structure des diffรฉrents noms communs qui dรฉfinissent le sens dโambiance, il diffรฉrencie quatre dimensions de qualifications des renvois analogiques. Lโenvironnement agit sur lโambiance (dimension causale), une ambiance entretient des relations aussi bien de causalitรฉs rรฉciproques que dโeffets induits avec le milieu, lโatmosphรจre et le climat (dimension interactionnelle), une ambiance va influencer lโorganisation dโun paysage et sa situation (dimension organisationnelle), et enfin, une ambiance va planter un dรฉcor, un cadre (dimension sรฉmantique et reprรฉsentative).
Ensuite, Jean-Franรงois Augoyard sโintรฉresse ร la dรฉfinition formelle du mot ambiance laquelle permet de classifier tous les attributs qui qualifient le concept. Il dรฉfinit lโambiance comme ยซ un ensemble de phรฉnomรจnes localisรฉs [โฆ] qui rรฉpond ร quatre caractรจres : les signaux physiques de la situation sont repรฉrables et dรฉcomposables, ces signaux interagissent avec la perception, lโaffectivitรฉ et lโaction des sujets, les reprรฉsentations sociales et culturelles, ces phรฉnomรจnes composent une organisation spatiale construite et le complexe signaux/ percepts/reprรฉsentation est exprimable. ยป Dans cette dรฉfinition de lโambiance, la dimension physique mais aussi humaine sont mises en avant. Une ambiance se caractรฉrise dโune part par des traits physiques, des รฉlรฉments palpables et rรฉels et, dโautre part par une vision subjective et collective dโun lieu, qui fait rรฉfรฉrence ร une expรฉrience sensorielle. Cependant, alors que lโon partage des expรฉriences sensibles, paradoxalement, une ambiance รฉchappe ร toute dรฉfinition formelle dans la mesure oรน celle-ci se vit au singulier par lโexpรฉrience de nos sens. Il est donc plus juste dans sa dรฉfinition formelle de dire que les espaces diffรจrent les uns des autres par les mots quโils font surgir en nous pour qualifier des ambiances. La reprรฉsentation des ambiances manifeste pour lโindividu sa perception propre des lieux, qui vient cependant trouver dans le langage des imaginaires culturels, donc collectifs.
Pour finir, Jean-Franรงois Augoyard sโintรฉresse ร la dรฉfinition gรฉnรฉtique ou dynamique, c’est-ร -dire ce qui produit une ambiance, lโessence mรชme de la crรฉation de celle-ci. Pour quโune ambiance existe, deux conditions sont nรฉcessaires. Un espace donnรฉ, pas forcรฉment dรฉlimitรฉ, composรฉ dโรฉlรฉments distincts, et un contexte spatio-temporel, social et culturel caractรฉrisรฉ. ยซ Une ambiance architecturale ou urbaine est engendrรฉe par un dispositif technique, le rรฉsultat d’une production experte et, par une impression ou organisation perceptive composรฉe d’รฉlรฉments sensibles et cognitifs. ยป
Lโambiance est donc une perception immรฉdiate dโun lieu ร partir de l’ensemble des phรฉnomรจnes physiques qui participent ร la perception sensible de l’environnement construit. Gerard Hรฉgron, directeur du laboratoire ambiances architecturales et urbaines, explique que ยซnous apprรฉhendons les ambiances ร travers plusieurs dimensions ยป, ยซ Cela va de la caractรฉrisation des paramรจtres physiques ร la dimension esthรฉtique en passant par la dimension psychologique, รฉmotionnelle ยป La volontรฉ de dรฉfinir une ambiance urbaine dรฉpasse la notion de nuisance et de confort. Nicolas Tixier, chercheur au laboratoire CRESSON, fait un recensement des diffรฉrents traits qui dรฉfinissent le concept dโambiance urbaine ยซ qualifiant les situations dโinteractions sensibles dont on fait lโexpรฉrience ร un moment donnรฉ dans un lieu donnรฉ ยป [Tixier, 2007]. Une ambiance urbaine ยซ implique un rapport sensible au monde synesthรฉsique autant que cรฉnesthรฉsique ยป. Pour lโรฉtudier, il est nรฉcessaire dโavoir une ยซ approche pluridisciplinaire portant des dimensions construites, sensibles et sociales de lโespace habitรฉ ยป. Du point de vue du pรฉrimรจtre dโรฉtude, une ambiance nโa ยซ pas dโรฉchelle spatiale particuliรจre [โฆ] il sโagit dโune notion trans-scalaire qui sโapplique ร des espaces ordinaires comme ร des espaces plus scรฉnographiรฉs. ยป Enfin, elle permet dโรฉtudier des espaces mais aussi leur conception, ยซ il sโagit par lโattention aux configurations sensibles dโune posture situant lโexpรฉrience de lโusager au coeur du projet. ยป
Mesure des ambiances, outil de comprรฉhension et dโintervention
Une ambiance urbaine peut donc se dรฉfinir come une perception immรฉdiate dโun lieu ร partir de lโensemble des phรฉnomรจnes physiques qui participent ร la perception sensible de lโenvironnement construit. Mesurer les ambiances urbaines permet des les utiliser comme des outils de comprรฉhension, rรฉvรฉlateur des maniรจres dโhabiter lโespace, et, dโintervention. Deux approches diffรฉrentes ont รฉtรฉ menรฉes par des scientifiques pour mieux dรฉfinir les ambiances urbaines. Dโun cรดtรฉ Labussiรจre, Kant, Deleuze et Ruskin ont tentรฉ de comprendre la nature gรฉnรฉrative dโune ambiance et de lโautre cรดtรฉ, Goffman, Weber et Blum ont dressรฉ une typologie des ambiances urbaines.
Apprendre ร mesurer les ambiances urbaines permet de mieux mesurer les dimensions culturelles de lโhistoire, de lโusage et lโefficacitรฉ de son champ dโaction. Jean-Paul Thibaud, sociologue urbaniste, directeur adjoint au laboratoire CRESSON ambiance architecturale et urbaine, vise dans ses travaux ร dรฉvelopper une approche pragmatique des ambiances urbaines. Il considรจre que leur mesure est un outil non seulement rรฉvรฉlateur des diverses maniรจres dโhabiter lโespace public ยซ outil de comprรฉhension ยป mais aussi que cette mesure peut permettre dโorienter un espace ยซ outil dโintervention ยป.
Olivier Labussiรจre, tente de cerner la nature gรฉnรฉrative dโune ambiance urbaine pour mieux la mesurer (figure 5). Il sโappuie sur plusieurs auteurs tels que Proust, Ruskin ou Deleuze pour dรฉfinir cette nature gรฉnรฉrative. Dans ses travaux, Deleuze montre que pour qualifier une ambiance urbaine, il faut percevoir plusieurs signes qui retranscrivent la globalitรฉ du milieu urbain. Une ambiance urbaine est une retranscription du paysage urbain oรน prรฉdomine une analyse culturelle par une approche visuelle, symbolique et sensorielle avec un espace concret. Dโaprรจs les travaux de Kant repris par Deleuze, Olivier Labussiรจre montre que la perception est une activitรฉ de synthรจse qui, par la connaissance, dรฉbouche sur une comprรฉhension esthรฉtique dโun espace, dโun objetโฆ Cette activitรฉ de synthรจse sโeffectue en trois phases, lโapprรฉhension, la reproduction et la recognition.
La perception est une unitรฉ de mesure qualitative. Mais si la perception sโรฉlabore ร partir dโune synthรจse de lโapprรฉhension, comment identifier et choisir les parties de la chose perรงue ou comment est-il possible de dรฉfinir lโunitรฉ concrรจte des composantes dโune ambiance ? La perception dโune ambiance est dรฉfinie par Olivier Labussiรจre comme ยซ le squelette qui dรฉtermine la forme spatio-temporelle ยป. Ce processus de qualification dโune ambiance urbaine est dรฉcrit et analysรฉ par les rythmes qui produisent le bloc sensible et les mesures qui qualifient lโespace temps. Cette perception permet ยซ une saisie du milieu urbain dโaprรจs ses ambiances et ses allures plutรดt que par ses formes et ses structures. ยป Lโexistence dโune ambiance nโest pas fixe et ne dรฉtient pas une dรฉfinition concrรจte ยซ elle nโappartient ni au sujet, ni ร lโobjet mais elle se singularise par lโรฉmergence dโun impensable du sensible dans la pensรฉe. ยป Cette complexitรฉ de la perception singuliรจre opposรฉe ร une description culturelle collective pose tout de mรชme des problรจmes. Dans un premier temps, sโoppose les รฉlรฉments physiques qui sont qualifiรฉs objectivement (un immeuble, une rueโฆ) et leur perception qui sont dรฉcrites subjectivement (cette rue est morte, cet immeuble est glauqueโฆ) Comment une collection de signaux divers, de reprรฉsentation individuelle et collective compose-t-elle une ambiance ? Comment peut-on relier les diffรฉrentes composantes de lโambiance dโun lieu ? Peut-on trouver malgrรฉ la multiplicitรฉ des cultures des universaux pour tous les genres dโambiances ?
A partir du moment oรน la perception est singuliรจre, une des oppositions majeures dans la reprรฉsentation des ambiances sโeffectue au niveau des positions de chaque individu. Comment penser lโambiance en fonction des modรจles techniques et des usages ? Comment peut-on diffรฉrencier la vision dโun usager qui perรงoit un espace et celle de lโexpert qui va agir sur cet espace ? Comment articuler action usagรจre et action technicienne ? Chaque culture est basรฉe sur des valeurs, des normes, des techniques propres. Comment est-il alors possible de maรฎtriser une ambiance en fonction de ces caractรจres culturels ?
Le concept dโambiance urbaine est dรฉfini par Pascal Amphoux, architecte et gรฉographe, comme ยซ une notion transversale et interdisciplinaire dรฉsignant une situation dโinteraction sensible (sensorielle et signifiante) entre le rรฉel (architecturel ou urbain) et sa reprรฉsentation (technique, sociale et/ou esthรฉtique). Le travail de qualification des ambiances urbaines repose sur une approche pluridisciplinaire qui soulรจve des questionnements et des polรฉmiques au sein du monde scientifique. Pour qualifier les ambiances urbaines, il est nรฉcessaire de les dรฉcrire et de les comparer. Mais quels descripteurs utiliser pour dรฉcrire et qualifier les ambiances ? Etant au croisement de la vision subjective et des phรฉnomรจnes physiques, une ambiance sโinscrit dans un contexte socioculturel particulier. Comment qualifier une expรฉrience de lโimmรฉdiatetรฉ mais aussi de lโimmatรฉrialitรฉ ? Est-il possible de faire une typologie universelle dโune impression sensible de la pluralitรฉ des cultures ?
Dans le cadre du projet, lโรฉquipe de chercheurs coordonnรฉe par Stephen Sawyer vise ร ยซ renforcer les politiques dโรฉquipements culturels par des politiques de valorisation des ambiances urbaines ยป. Pour cela, elle sโintรฉresse ร la ยซ comprรฉhension des ambiances urbaines dans leurs rapports quotidiens avec les infrastructures. ยป [Sawyer et Clarks, 2009].
Les ambiances urbaines sont ร la ville ce que la scรจne est au thรฉรขtre. Cependant, sans les acteurs des scรจnes quotidiennes, les ambiances ne peuvent pas รฉvoluer, voire exister. On qualifiera dโailleurs les quartiers exclusivement rรฉsidentiels ou les zones industrielles dรฉpourvues de leurs travailleurs de ยซ lieux sans vie ยป, ยซ de trou ยป ou encore de ยซ lieux mortsยป. ยซ Les mets ne diffรจrent les uns les autres, abstraction faite de leur utilitรฉ ou de la quantitรฉ de substance nutritive quโils contiennent, que par lโidรฉe quโils rรฉvรจlent ร la langue. ยป A partir de cette rรฉflexion de Baudelaire, on peut dire quโun lieu ne se limite ร un espace ร vivre ou ร travailler mais quโil est aussi dรฉterminรฉ par une identification de soi dans lโespace. Les espaces diffรจrent les uns des autres par les mots quโils font surgir en nous pour qualifier des ambiances urbaines. La reprรฉsentation des ambiances manifeste pour lโindividu sa perception propre des lieux, qui vient cependant trouver dans le langage des imaginaires culturels, donc collectifs.
Dโaprรจs certaines thรฉories rรฉcentes sur le rรดle de la culture et de la consommation culturelle de la ville, on constate que la culture est un moteur du dรฉveloppement mรฉtropolitain. Ainsi, Richard Florida dans ยซ The Rise of the creative Class ยป montre que lโattractivitรฉ dโune ville rรฉside dans sa capacitรฉ de production (rรดle et importance du marchรฉ du travail) mais aussi, depuis quelques dรฉcennies dans sa capacitรฉ de consommation culturelle. En effet, il constate que les citadins ยซ opposent de moins en moins lieu de travail ร lieu de loisir. ยป Les opportunitรฉs culturelles ainsi que les infrastructures mises en place dans un lieu sont donc une condition non nรฉgligeable dans le choix de rรฉsidence des individus. Les ambiances urbaines que vont dรฉgager ces lieux en fonction de leurs รฉquipements culturels sont pour Richard Florida ยซ un des รฉlรฉments majeurs de lโattractivitรฉ mรฉtropolitaine. ยป
Cependant, les thรฉories rรฉcentes sur le rรดle de la culture suscitent de grandes polรฉmiques et de grands dรฉbats au sein du milieu de la recherche. Une des plus importantes controverse dans le milieu scientifique rรฉside dans la relation entre la culture et la croissance รฉconomique (Florida, 2004). Dโaprรจs les travaux de Max Weber, Edward Banfield et Daniel Bell, lesquels montrent que la culture influe sur la croissance รฉconomique en produisant des motivations incitant ร lโeffort, ร lโรฉconomie et au travail soutenu, Richard Florida avance lโidรฉe que ยซ lโhumain possรจde un potentiel crรฉatif et que la clef de la croissance รฉconomique est de le dรฉcouvrir et de le libรฉrer.ยป Pour Alain Bourdin, ยซlโidรฉe dโune interaction entre des acteurs de lโรฉconomie, de lโactivitรฉ intellectuelle et de la crรฉation culturelleยป dรฉveloppรฉe par Richard Florida ยซ est au moins digne dโintรฉrรชt ยป [Bourdin, 2005]. Cependant, la dรฉmarche de classification et de mesure du dรฉveloppement dโune ville de Richard Florida fait pour Marc Levine ยซ preuve dโรฉlitisme et Florida confond les causes et les consรฉquences de la croissance. ยป Il fonde toute son รฉtude sur les ยซ 3T ยป, la technologie, la tolรฉrance et le talent, qui sโappuie sur cinq indices, la haute technologie, soit le pourcentage dโexportations des biens et services liรฉs ร la haute technologie, lโindice dโinnovation qui dรฉcompte les brevets, lโindice de population gaie, qui dรฉmontre la tolรฉrance dโune ville, lโindice de talent ou le pourcentage de population ayant au minimum un baccalaurรฉat et enfin lโindice bohรฉmien qui reprรฉsente la part dโartistes et de crรฉateurs dans la population. Robert Cushing dรฉnonce dans cette classification ยซ la mesure dโun capital crรฉatif qui permet de mieux prรฉdire lโinnovation et la croissance que les mesures du capital humainยป. Pour Ronald Inglebart, politologue รฉtudiant les liens entre croissance รฉconomique et culture, une ville est attractive par les attraits construits par lโhomme. Pour Florida, la seule diffรฉrence rรฉside dans la maniรจre de mesurer les compรฉtences. Jusquโalors, pour les รฉconomistes urbains, la compรฉtence dโune personne est reprรฉsentรฉe par son รฉducation et ses diffรฉrentes expรฉriences aussi bien professionnelles que personnelles. Florida pense que cette compรฉtence rรฉside dans lโoccupation du actuelle de la personne. Nโest-il pas anecdotique de ne pas prendre en compte lโaccumulation et lโexploitation continuelle du savoir humain ? Pour Robert Lucas, la croissance dรฉcoule du capital humain et lโurbanisation est un รฉlรฉment dรฉclencheur de lโinnovation et de la productivitรฉ. Pour Franรงois Ascher, il est รฉvident que ยซ la classe crรฉative est aujourdโhui une des ressources du dรฉveloppement รฉconomiques ยป et ยซ un des principaux leviers du dรฉveloppement des villes compรฉtitives aujourdโhui ร lโรฉchelle mondiale ยป [Ascher, 2009] en outre, il est indispensable de ne pas oublier les catรฉgories les plus modestes et de penser la ville de demain avec tous ses acteurs. ยซ La ville doit disposer des lieux qui attirent des gens diffรฉrents et pour des raisons distinctes ยป, ยซ il faut des acteurs multifonctionnels et multisociaux ยป.
Le concept dโambiance urbaine permet dans le projet Paris 2030 de voir sโil existe une relation entre les ambiances urbaines du Paris-Mรฉtropole et les profils socio-รฉconomiques des populations. Cependant, dโapprรฉhender les ambiances urbaines et de les mesurer peut conduire ร des problรจmes de temporalitรฉ. En effet, comment peut-on dรฉfinir une vision dโun espace dans le long terme alors quโelle nโest quโune perception des instants ? Les politiques dโamรฉnagement du territoire prรฉvoient aujourdโhui pour demain. Quelles mesures et quelles descriptions dโune ambiance urbaine ร lโheure actuelle garantie son maintien et son existence future ? Les individus et les sociรฉtรฉs ne cessent dโรฉvoluer et de se transformer. Les citadins รฉtant acteurs principaux des espaces publics, les ambiances urbaines ne sont-elles pas elles aussi en perpรฉtuelle รฉvolution ? Nโest-on pas alors confrontรฉ ร un vrai problรจme de temporalitรฉ ?
Nouvelles thรฉories urbaines sur les รฉquipements
Reprรฉsentation du paysage objet, perรงu et vรฉcu
Toute รฉtude gรฉographique constitue une รฉtude de la relation entre lโHomme et son milieu. Lโรฉtude de la description des paysages a subit une รฉvolution historique. Tout dโabord tournรฉes vers le paysage objet, les recherches gรฉographiques se sont limitรฉes aux descriptions physiques des diffรฉrents espaces et ร leurs explications (Bailly, Ferras et Pumain, 1995). Dans le tournant culturel du XXรจme siรจcle, est nรฉe une approche reprรฉsentative du paysage, le paysage perรงu18 et lโespace vรฉcu19. Les gรฉographes ont alors distinguรฉ trois composantes spatiales dโun lieu, celle de la structure, dรฉfinie par lโespace concret, ยซ le paysage objet ยป, celle de lโobservation, qui correspond la vision du ยซ paysage objet ยป en fonction du positionnement de lโobservateur dans lโespace, ยซ le paysage visible ยป et celle des significations sociales et culturelles, regroupant les processus cognitifs et subjectifs des reprรฉsentations, ยซ le paysage des reprรฉsentations ยป [Partoune, 2004]. En effet, les รฉtudes phรฉnomรฉnologiques des reprรฉsentations individuelles et collectives ont mis en avant lโexistence dโun monde matรฉriel dโune part et, dโautre part, celui dโune confrontation au sensible oรน lโindividu donne sens ร lโespace. Dรจs lors, le paysage nโest plus considรฉrรฉ comme seul ยซ support de vie ยป des individus mais comme production des sociรฉtรฉs dont les reprรฉsentations divergent selon les idรฉologies, ยซ le paysage est un systรจme qui chevauche le naturel et le social ยป [Bertrand, 1978]. Le paradigme des espaces perรงus et vรฉcus conduit donc ร la double prise en compte dโune part conceptuelle des connaissances et dโune part affective des reprรฉsentations (Bailly, 1995). ยซ Le coeur perรงoit ce que lโoeil ne voit pas ยป (Al-gazal).
Dรฉsormais les reprรฉsentations individuelles et collectives sont trรจs importantes dans la recherche gรฉographique qui tente de dรฉcrypter les complexitรฉs dโun espace. Des reprรฉsentations collectives et/ou individuelles, le gรฉographe doit faire la part entre une perception รฉgocentrรฉe et anรฉgocentrรฉe [Bailly, 1995]. En effet, la perception dโun espace sโeffectue au travers de plusieurs ยซ filtres ยป20, porteurs de valeurs individuelles et collectives, regroupรฉs sous le filtre familial et individuel (รขge, sexe, nombre dโenfantsโฆ), le filtre socio-รฉco-politique ou culturel (รฉducation, professionโฆ) et le filtre dโappartenance ร un groupe social (figure 6). Lโespace doit donc รชtre interprรฉtรฉ dans sa dimension matรฉrielle, fonctionnelle et cognitive.
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Table des matiรจres
REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
INTRODUCTIONย
PREMIERE PARTIEย
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
CONTEXTE SCIENTIFIQUE
DEUXIEME PARTIEย
AMBIANCE URBAINE, APPROCHE QUANTITATIVE
TROISIEME PARTIEย
ANALYSE SPATIALE ET STATISTIQUE
ANALYSE STATISTIQUE
CONCLUSIONย
BIBLIOGRAPHIEย
ANNEXES
TABLES DES ILLUSTRATIONSย
TABLE DES MATIERESย
RESUME
ABSTRACT
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