ANALYSE RETROSPECTIVE DE 4 CAS CLINIQUES PRIS EN CHARGE AU CHU DE ROUEN

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Les ล“ufs

Sphรฉriques, ils mesurent 30 ร  50 micromรจtres et sont formรฉs de deux parties:
– L’embryophore: une รฉpaisse capsule externe rigide composรฉe d’รฉlรฉments ร  sections orthogonales soudรฉs entre eux.
– L’oncosphรจre ou embryon hexacanthe interne qui porte trois paires de crochets et une glande bilobรฉe. Il est trรจs rรฉsistant et peut survivre au moins un an dans un milieu extรฉrieur humide. Sa rรฉsistance est infรฉrieure ร  trois semaines dans un environnement sec ou par des tempรฉratures infรฉrieures ร  -5ยฐC. Les ล“ufs sont libรฉrรฉs aprรจs rupture de l’anneau, dรฉtachรฉ du strobile. Ils sont alors ingรฉrรฉs par le porc, hรดte intermรฉdiaire, qui avale des anneaux gravides contenus dans les selles humaines. Les facteurs de dissรฉmination des ล“ufs dans la nature sont l’eau principalement, les vers de terre, les oiseaux ou encore les arthropodes.

La forme larvaire

La larve lorsqu’elle est dรฉveloppรฉe, forme une vรฉsicule opalescente de 6 ร  18 mm de long, remplie de liquide clair (aussi appelรฉ ยซ eau de roche ยป) oรน l’on trouve un protoscolex invaginรฉ, qui contient les mรชmes รฉlรฉments que ceux du tรฆnia adulte.
La larve n’est pas rigide et donc les pressions auxquelles elle est soumise (fonction de la localisation) modifient sa forme; allongรฉe dans les muscles et les mรฉninges, lenticulaire dans les tissus sous-cutanรฉs, sphรฉrique dans les ventricules cรฉrรฉbraux ou l’humeur vitrรฉe. Elle se prรฉsente ainsi macroscopiquement :
La larve peut se retrouver dans une enveloppe kystique; celle-ci est la rรฉsultante d’une rรฉaction de l’hรดte au parasite.
Au fil des mois et des annรฉes, elle รฉvolue vers la nรฉcrose et se calcifie. Le liquide clair se trouble. La cavitรฉ contient alors une substance anhiste รฉosinophile ou du tissu fibreux (collagรจne majoritaire). Le tissu conjonctif contient des granulations fines ou en amas.
La larve est sensible ร  certaines circonstances: les tempรฉratures supรฉrieures ร  45ยฐC (mais elles peuvent rรฉsister si une piรจce de viande est insuffisamment cuite en son centre). Les tempรฉratures infรฉrieures ou รฉgale ร  -10ยฐC pendant quatre jours (survie possible ร  0ยฐC au delร  de 70 jours). Les larves sont insensibles au sel. Les kystes survivent ร  la mort de l’hรดte pendant quatre semaines ร  20ยฐC (Chabasse et al., 2010)
Il existe deux sortes de cysticerques (Mark et al., 2005):
– Cysticercus cellulosae:
C’est la forme larvaire la plus commune, que l’on trouve au niveau du parenchyme cรฉrรฉbral dans la neurocysticercose, ainsi que dans tous les hรดtes de la larve et dans toutes les localisations tissulaires. Elle est constituรฉe d’une vรฉsicule unique, ovoรฏde ou arrondie, mesurant entre 0.5 et 1.5 cm, dont la paroi est รฉpaisse, รฉlastique et blanchรขtre. La vรฉsicule contient un scolex, visible ร  l’ล“il nu. Quand elle se localise au niveau ventriculaire ou sous-arachnoรฏdien, elle se caractรฉrise par une lรฉsion de grande taille, jusqu’ร  5 ou 10 cm de diamรจtre parfois.
– Cysticercus racemosus:
C’est une forme particuliรจre ร  l’homme que l’on retrouve au niveau ventriculaire et surtout sous-arachnoรฏdien (au niveau des citernes de la base en particulier). Il s’agit de vรฉsicules volumineuses de 4 ร  12 cm de diamรจtre (20 cm exceptionnellement), multilobรฉes ยซย en grappe de raisinย ยป (Del Brutto et Sotelo, 1988). Sa membrane est d’รฉpaisseur variable. Cette forme correspondrait ร  une forme dรฉgรฉnรฉrรฉe de Cysticercus cellulosae dans laquelle le scolex n’est pas macroscopiquement visible mais dont les dรฉbris peuvent histologiquement รชtre mis en รฉvidence.
Cysticercus racemosus est de mauvais pronostic car elle infiltre les tissus avoisinants, entraรฎnant des rรฉactions inflammatoires locales intenses ร  l’origine de complications sรฉvรจres: leptomรฉningite, arachnoรฏdite, hydrocรฉphalie, infarctus cรฉrรฉbraux.
Il existe une troisiรจme forme intermรฉdiaire: elle se prรฉsente sous la forme d’une vรฉsicule plus grande que Cysticercus cellulosae, et est soit multilobรฉe, soit segmentรฉe. Le scolex est visible dans la vรฉsicule ou รฉvaginรฉ en dehors. Cette forme serait un stade de transformation entre les deux formes principales.

Cycles du parasite

Deux cycles distincts caractรฉrisent Taenia solium:
– Le cycle รฉvolutif qui permet la survie de l’espรจce:
Il fait appel ร  un hรดte dรฉfinitif et un hรดte intermรฉdiaire.
L’hรดte dรฉfinitif est l’homme: son tube digestif abrite le ver adulte, qui se fixe par son scolex au niveau du jรฉjunum. Le parasite y trouve tous les nutriments utiles ร  son dรฉveloppement. Les ล“ufs sont excrรฉtรฉs dans les selles de leur hรดte. C’est la tรฉniase humaine.
L’hรดte intermรฉdiaire est souvent le porc mais cela peut รชtre le chat, le chien, le rat, le lapin, le sanglier, la chรจvre, etc. Ils se contaminent en ingรฉrant des ล“ufs prรฉsents dans les selles humaines (aussi appelรฉ coprophagie) (Markell et al.,1992). L’embryon est libรฉrรฉ de l’embryophore sous l’action des enzymes digestives, et va pรฉnรฉtrer au niveau intestinal grรขce ร  ses crochets et des enzymes. Au niveau sanguin, l’embryon migre alors jusqu’ร  sa localisation terminale, oรน il se transforme en environ deux ou trois mois en cysticerque. Beaucoup sont dรฉtruits par le systรจme immunitaire de l’hรดte mais 60 ร  90 % survivent et provoquent une atteinte tissulaire. C’est la ladrerie ou cysticercose du porc (Houin et al., 1994).
Le plus frรฉquemment, l’homme se contamine en ingรฉrant de la viande de porc ladre.
Le cysticerque est alors digรฉrรฉ sauf le scolex qui se fixe au jรฉjunum pour donner naissance ร  un tรฉnia adulte. Cela prend 5 ร  12 semaines. L’รฉlimination de proglottis gravides survient au minimum deux mois aprรจs lโ€™ingestion et pendant cet intervalle, l’examen parasitologique des selles se rรฉvรจle nรฉgatif. Les symptรดmes sont alors peu caractรฉristiques: anorexie, boulimie, douleurs รฉpigastriques, urticaire. Un tรฉnia adulte peut vivre 25 ans chez l’homme.
C’est un cycle indirect hรฉtรฉroxรจne du fait de la nรฉcessitรฉ d’un hรดte intermรฉdiaire.
– Le cycle accessoire qui engendre la cysticercose humaine:
L’homme remplace le porc dans le cycle parasitaire et devient alors hรดte intermรฉdiaire. C’est une impasse parasitaire, les larves ne pouvant arriver au stade adulte que par consommation de chair humaine.
Le cycle รฉvolutif de Taenia. solium peut se rรฉsumer ainsi :
Plusieurs modes de contaminations sont possibles:
– L’hรฉtรฉro-infestation par consommation d’aliments ou d’eau souillรฉe. C’est le cas majoritaire (Davis et Kornfeld, 1991).
– L’auto-infestation exogรจne qui est une contamination oro-fรฉcale par les ยซ mains sales ยป.
– L’auto-infestation endogรจne semble exceptionnelle. Elle consiste en la remontรฉe de proglottis des intestins vers l’estomac.
Les atteintes du systรจme nerveux central surviennent dans 60 ร  90 % des cas, c’est la neurocysticercose. Les localisations cรฉrรฉbrales et ophtalmiques majoritaires s’expliquent par la richesse capillaire et l’environnement immunitaire particulier. Seules le atteintes nerveuses et oculaires sont symptomatiques en gรฉnรฉral (Mark et al., 2005; Garcia et Del Brutto, 2000).
Les autres localisations sont le plus frรฉquemment musculaires (muscle striรฉ), sous-cutanรฉes, hรฉpatiques, pancrรฉatiques, pulmonaires, rรฉnales, etc.

ร‰volution du parasite

La larve vivante ne provoque que peu de rรฉaction immunitaire de la part de son l’hรดte: en effet elle dรฉveloppe des capacitรฉs de modulation immunologique pour รฉchapper ร  son hรดte.
Par contre, lorsque la larve dรฉgรฉnรจre, une rรฉaction inflammatoire intense se produit, par libรฉration d’antigรจnes et par perte des pouvoirs d’immuno-modulation de la larve (Castillo, 2004).
Ces particularitรฉs physiologiques permettent d’expliquer la variabilitรฉ des expressions cliniques rencontrรฉes en fonction du stade d’รฉvolution du cysticerque.
Escobar a dรฉcrit quatre stades รฉvolutifs du cysticerque (Singhi et Singhi, 2004):
– Stade vรฉsiculaire (mรฉtacestode):
C’est la forme viable du kyste parasitaire. La larve s’implante dans un tissu puis รฉvolue en un kyste de 4 ร  20 mm contenant du liquide clair et le scolex fixรฉ ร  une paroi. Ce cysticerque dรฉtourne le systรจme immunitaire de l’hรดte et peut ainsi rester des annรฉes vivant et asymptomatique. C’est une sorte de symbiose avec l’hรดte.
Aprรจs un ร  cinq ans, il dรฉgรฉnรจre et perd ses facultรฉs immunosuppressives (ou bien l’inverse). Cela dรฉclenche une rรฉaction inflammatoire immuno-allergique de l’hรดte qui entraรฎne l’รฉvolution de la larve en trois autres stades successifs.
– Stade colloรฏdal ou dรฉgรฉnรฉrescence hyaline de la larve:
Le liquide kystique devient gรฉlatineux et il apparaรฎt un ล“dรจme rรฉactionnel dans les tissus adjacents.
– Stade granulo-nodulaire:
Le kyste se rรฉtracte et ses parois sont remplacรฉes par des zones de nรฉcrose et des nodules lymphoรฏdes. L’ล“dรจme pรฉri lรฉsionnel est toujours prรฉsent et peut aboutir ร  une encรฉphalite cysticercosique quand un grand nombre de parasites dรฉgรฉnรจrent en mรชme temps; la rรฉaction inflammatoire est dรฉmultipliรฉe.
Le stade colloรฏdal et le stade granulo-nodulaire sont des stades de transition.
– Stade de calcification nodulaire:
A la mort du parasite, le tissu granuleux laisse place ร  du collagรจne et des zones de calcification. Il peut s’รฉcouler trente ans avant d’atteindre ce stade. La lรฉsion s’estompe progressivement en totalitรฉ ou bien laisse une cicatrice calcifiรฉe (inactive).
La durรฉe des diffรฉrents stades est fonction de la rรฉaction inflammatoire et immunitaire de l’hรดte. Les rรฉactions inflammatoires dรฉclenchรฉes par le parasite seraient l’origine des manifestations et des complications de la maladie, plus que le parasite lui-mรชme.
La symbiose entre l’hรดte et les oncosphรจres (forme circulante dans le sang) puis entre l’hรดte et la larve au stade vรฉsiculaire, est permise par diffรฉrents mรฉcanismes qui dรฉvient ou suppriment la rรฉponse immunitaire de l’hรดte vis ร  vis du parasite:
– La localisation des parasites dans des sites immunologiquement privilรฉgiรฉs: le cerveau et les yeux, favorisรฉe par une forte richesse capillaire.
– L’inhibition de l’activation du complรฉment par sรฉcrรฉtion d’une ยซย serine protease inhibitorย ยป ou tรฆniastatine, et de paramyosine. Cela inhibe la production de cytokines et interfรจre dans le chimiotactisme des leucocytes.
– La dissimulation des antigรจnes de surface du cysticerque par des immunoglobulines de l’hรดte.
– L’immunitรฉ concomitante: quand une infection antรฉrieure protรจge contre une nouvelle infection. Les cysticerques matures expriment des antigรจnes diffรฉrents des cysticerques en dรฉveloppement et la rรฉponse immunitaire est dirigรฉe non pas contre les formes matures mais contre les formes invasives.
– Le mimรฉtisme molรฉculaire: le parasite synthรฉtise des antigรจnes similaires ร  ceux de l’hรดte.
– L’autoprotection anti oxydative (superoxyde dismutase)
– L’induction de la mort des neutrophiles locaux.

Epidรฉmiologie

La neurocysticercose est reconnue problรจme de santรฉ publique depuis quโ€™au 20รจme siรจcle, des soldats britanniques stationnรฉs en Inde ont dรฉveloppรฉ des รฉpilepsies en rapport avec la neurocysticercose, deux ร  cinq ans aprรจs leur retour en Angleterre (Andriantsimahavandy et al., 2003).
Elle est actuellement responsable de 50000 morts par an et on estime entre 20 et 50 millions le nombre de personnes infectรฉes dans le monde. Elle sรฉvit pour l’essentiel ร  l’รฉtat endรฉmique dans les rรฉgions pauvres du globe oรน deux facteurs รฉpidรฉmiologiques essentiels sont rรฉunis:
– L’รฉlevage familial de porcs.
– le pรฉril fรฉcal (Castillo, 2004).
C’est le cas en Amรฉrique latine, au Mexique, en Inde, en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud-Est et en Chine. Madagascar serait l’un des pays les plus touchรฉs avec plus de 10
% de sa population atteinte (Scott, 2005). Ces estimations sont sans doute en deรงร  de la rรฉalitรฉ, la neurocysticercose n’รฉtant pas toujours une expression clinique; une รฉtude de 2005 au Mexique montre que 10 ร  20 % de la population serait porteuse asymptomatique d’une ou plusieurs calcifications cรฉrรฉbrales dues ร  la neurocysticercose (Singhi et Singhi, 2004 ; Del Brutto et al, 2005)
La neurocysticercose touche aussi bien les hommes que les femmes (Morales et al., 2000). Rarement dรฉcelรฉe avant 2 ans du fait de la longรฉvitรฉ des larves et du dรฉlai de calcification, la moyenne d’รขge de dรฉcouverte est entre 30 et 40 ans et rarement aprรจs 60 ans.
La frรฉquence de la tรฉniase adulte parmi les cas de cysticercose est relativement faible et ne plaide pas pour une contamination endogรจne ร  l’origine de la cysticercose.
La consommation de vรฉgรฉtaux mal lavรฉs est la premiรจre cause de contamination dans le monde. Considรฉrรฉe comme une pathologie des gens pauvres du milieu rural, la neurocysticercose touche de plus en plus de gens des catรฉgories socio-รฉconomiques supรฉrieures (Ruiz-Garcia et al., 1997). Les flux migratoires expliquent ce phรฉnomรจne.
De plus, la neurocysticercose peut aussi toucher des patients sans facteur de risque. Elle touche des communautรฉs ne mangeant pas de porc car la contamination peut รชtre manu portรฉe (Wraige, 2003). Le diagnostic doit donc รชtre รฉvoquรฉ en cas de doute chez les personnes sans facteur de risque ou les enfants (Schantz et al., 1992).
Nรฉanmoins, la grande majoritรฉ des patients infectรฉs ont au moins un facteur de risque: mauvaises conditions sanitaires (eau souillรฉe, etc.), carence en matiรจre d’รฉducation sanitaire telle que se laver les mains rรฉguliรจrement, l’รฉpandage d’engrais humains qui contamine l’eau et les lรฉgumes ou certaines pratiques sexuelles.
Sur le plan gรฉographique, la cysticercose est ainsi ร  l’รฉtat endรฉmique dans les pays en voie de dรฉveloppement ร  une limite prรจs: les pays musulmans sont beaucoup moins touchรฉs; cela s’explique par le fait que la population porcine est faible compte tenu de l’interdit religieux concernant la consommation de porc.
Les pays industrialisรฉs n’ont eux pas encore totalement รฉradiquรฉ la cysticercose du fait des รฉchanges internationaux, commerciaux et humains.
Sur le continent amรฉricain, les zones dโ€™endรฉmie sont le Mexique oรน la neurocysticercose est la premiรจre cause dโ€™hypertension intracrรขnienne (HTIC); 3 ร  12 % de la population est porteur de cysticerques (Flisse et al., 2003). Les autres pays fortement touchรฉs par la neurocysticercose sur le continent amรฉricain sont le Brรฉsil, le Pรฉrou, lโ€™Argentine, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Panama, lโ€™Equateur, le Guatemala et le Vรฉnรฉzuela.
Sur le continent africain, les zones dโ€™endรฉmie sont le Cameroun, le Congo, le Ghana, le Zaรฏre, le Sรฉnรฉgal, le Zimbabwe, la Rhodรฉsie, le Kenya, le Rwanda, Lโ€™Afrique du Sud, lโ€™Angola.
En Asie, lโ€™Inde (2 ร  3 % de la population a une sรฉrologie positive), la Corรฉe, lโ€™Indonรฉsie, lโ€™Indochine et la Chine sont les zones dโ€™endรฉmie.
En Europe, les cas sont plus sporadiques quโ€™ailleurs du fait de conditions sanitaires globalement meilleures quโ€™ailleurs et de contrรดles vรฉtรฉrinaires rรฉguliers voire obligatoires. Les zones les plus concernรฉes sont lโ€™Europe de lโ€™Est (Russie, Roumanie, Pologne, Yougoslavie, Hongrie) et la pรฉninsule ibรฉrique, sans รชtre considรฉrรฉes comme des zones endรฉmiques.
Nรฉanmoins, lโ€™analyse des donnรฉes nโ€™est pas rassurante : le nombre de cas recensรฉs entre 1995 et 2012 a augmentรฉ par rapport ร  la pรฉriode de 1970 ร  1994 en Europe de lโ€™Ouest (Del Brutto, 2012) et une part minoritaire de ces malades sont des cas autochtones (Anton Martinez et al., 2003), pour lesquels aucun facteur de risque nโ€™est identifiรฉ. Lโ€™analyse de la littรฉrature montre sans รฉquivoque, quโ€™en raison de lโ€™accroissement des phรฉnomรจnes migratoires, qui sโ€™est considรฉrablement intensifiรฉ depuis 2014 et des voyages en zones dโ€™endรฉmie, la neurocysticercose est en train de devenir un problรจme de santรฉ publique pour les pays ร  revenu รฉlevรฉ, principalement dans les communautรฉs oรน les conditions dโ€™hygiรจne sont prรฉcaires. Lโ€™immigration de porteurs de tรฉnias provenant de zones dโ€™endรฉmie est la principale cause des cas autochtones observรฉs (Del Brutto, 2013)
De plus, la migration internationale nโ€™est pas la seule qui affecte lโ€™endรฉmicitรฉ de la cysticercose ; la migration interne peut aussi modifier les profils dโ€™endรฉmicitรฉ au sein dโ€™un mรชme pays dโ€™endรฉmie. Les consรฉquences neurologiques de lโ€™infection cysticerquienne sont susceptibles de perdurer durant des annรฉes aprรจs la mort du parasite, et cela indรฉpendamment des migration des zones rurales vers les zones urbaines (Gonzales et al., 2015).
Lโ€™Ocรฉanie est comme lโ€™Europe relativement prรฉservรฉe.
Les รฎles de lโ€™ocรฉan indien nโ€™รฉchappent pas au flรฉau, placรฉes entre lโ€™Afrique et lโ€™Asie : ร  Madagascar, 19 % de la population aurait une sรฉrologie positive (Migliani, 2000). Lโ€™รฎle de la Rรฉunion, lโ€™รฎle Maurice et les Comores sont aussi touchรฉes.

Formes anatomopathologiques

Classification des neurocysticercoses

La pathogรฉnie de cette infection dรฉpend du stade รฉvolutif du ou des parasites, de leur localisation, de leur taille, de leur nombre et de lโ€™importance de la rรฉponse immunitaire de lโ€™hรดte contre le parasite (Singhi et Singhi, 2004).
Dans les zones dโ€™endรฉmie, cette pathologie est si frรฉquente que le diagnostic doit รชtre รฉvoquรฉ devant toute anomalie neurologique ou psychiatrique, telle quโ€™une crise convulsive.
Le but des diffรฉrentes classifications est de mieux dรฉcrire les manifestations pour รฉtablir un diagnostic et adapter au mieux la thรฉrapeutique.
On peut classer la neurocysticercose selon :
– La localisation cรฉrรฉbrale du cysticerque : parenchymateuse ou extra parenchymateuse. Cโ€™est la classification de rรฉfรฉrence.
– Le caractรจre actif ou asymptomatique de la lรฉsion avec :
. Les formes infectieuses actives (stade รฉvolutif nยฐ1 du kyste)
. Les formes de transition avec un parasite en dรฉgรฉnรฉrescence (stade 2 et 3)
. Les formes infectieuses inactives (stade 4)
– Le caractรจre aigu ou chronique : syndrome neurologique brutal associant convulsions, cรฉphalรฉes et HTIC aiguรซs. Dรฉveloppement dโ€™une รฉpilepsie en chronique.
Nous utiliserons la classification de rรฉfรฉrence, la localisation du parasite pour dรฉcrire les diffรฉrentes formes de neurocysticercose.
Dโ€™un point de vue macroscopique, la neurocysticercose se prรฉsente de diffรฉrentes faรงons :
– Un seul kyste, plus ou moins volumineux.
– De nombreux petits kystes, parfois des dizaines.
– Un kyste multi lobaire, en grappe, pouvant atteindre 20 cm dans les espaces pรฉricentraux.
– Des kystes calcifiรฉs.
Dโ€™un point de vue microscopique, des lรฉsions associรฉes existent au contact du parasite par rรฉaction locale et ร  distance par rรฉaction toxique.

Neurocysticercose intra-parenchymateuse

Cโ€™est la neurocysticercose la plus frรฉquente (Davis et Kornfeld, 1991). Le parasite se loge le plus souvent au niveau du lobe pariรฉtal, mais aussi frontal ou occipital. Ces localisations sont probablement en rapport avec le mode de vascularisation cรฉrรฉbrale.
Les formes viables des kystes restent asymptomatiques longtemps et des signes cliniques nโ€™apparaissent quโ€™au moment de leur dรฉgรฉnรฉrescence. Il y a alors rupture de la paroi du kyste et libรฉration du contenu de la vรฉsicule, ce qui provoque la rรฉponse immunitaire et lโ€™inflammation. Cela entraรฎne la formation dโ€™un ล“dรจme cรฉrรฉbral ร  distance du kyste et la formation dโ€™un tissu de granulation au contact du kyste.
Trois zones sโ€™individualisent alors autours du kyste : des cellules inflammatoires (lymphocytes, polynuclรฉaires รฉosinophiles et neutrophiles, macrophages) au contact, entourรฉes dโ€™une fibrose mรชlรฉe de cellules mononuclรฉes, puis une zone de congestion.
Ensuite, le contenu du kyste se transforme en une masse amorphe, entourรฉe de cellules macrophagiques: cellules รฉpithรฉlioรฎdes et cellules gรฉantes, toutes deux entourรฉes dโ€™une zone fibreuse, elle-mรชme cernรฉe de lymphocytes.
Le tissu pรฉri kystique subit une dรฉmyรฉlinisation, une dรฉgรฉnรฉrescence cellulaire et une prolifรฉration gliale.
A la fin, le kyste est remplacรฉ par le tissu glial et se calcifie. Lโ€™ล“dรจme cรฉrรฉbral disparaรฎt et les cellules lรฉsรฉes ne se rรฉgรฉnรจrent pas.

Neurocysticercose extra-parenchymateuse

Elle se caractรฉrise par le dรฉveloppement de kystes parasitaires de grande taille (jusquโ€™ร  5 cm), entraรฎnant des complications mรฉcaniques obstructives. Elle peut aussi se rรฉvรฉler par le dรฉveloppement de formes racรฉmeuses (Cysticercus racemosus), au niveau sous-arachnoรฏdien principalement.
Cette forme est de moins bon pronostic en gรฉnรฉral et est rare chez lโ€™enfant.
La neurocysticercose extra-parenchymateuse peut se localiser au niveau intra-ventriculaire, sous-arachnoรฏdien, spinal, intra sellaire, et ophtalmiques.

Neurocysticercose intra-ventriculaire

Elle peut concerner nโ€™importe quel ventricule mais dans plus de 50 % des cas, lโ€™atteinte touche le quatriรจme ventricule, le troisiรจme ventricule dans environ 25 % des cas, puis les ventricules latรฉraux et lโ€™aqueduc de Sylvius (Amaral et al., 2003). Cโ€™est sans doute ร  cause des lois de la gravitรฉ et du sens de circulation du liquide cรฉphalo-rachidien; les cysticerques sont souvent mobiles dans le LCR et peuvent ainsi migrer dโ€™un ventricule ร  un autre.
Cette forme est frรฉquemment associรฉe ร  des localisations sous-arachnoรฏdiennes de neurocysticercose.
Dans cette atteinte, on trouve un kyste flottant ou ยซ pรฉdicule ยป dans lequel la larve est rarement vivante. Ce kyste peut obstruer les orifices du quatriรจme ventricule, entraรฎnant une hydrocรฉphalie (Del Brutto et Sotelo, 1988), de maniรจre transitoire ou dรฉfinitive.
La paroi ventriculaire est le siรจge dโ€™une รฉpendymite granuleuse.

Neurocysticercose sous-arachnoรฏdienne

Cette forme se caractรฉrise par le dรฉveloppement de formes racรฉmeuses (Castillo, 2004), frรฉquemment au niveau des citernes de la base, dans la scissure de Sylvius.
Les kystes peuvent atteindre une taille de dix cm, voire plus car le dรฉveloppement nโ€™est pas limitรฉ par la pression intracรฉrรฉbrale.
Il sโ€™agit dโ€™une mรฉningite plastique, souvent lardacรฉe, avec des cellules gรฉantes pรฉri vasculaires, entraรฎnant des รฉpendymites granulaires et des cytomรฉningites adhรฉsives. Cela provoque des complications obstructives (blocage de la circulation du LCR) et des complications cรฉrรฉbro-vasculaires (HTIC).
Lโ€™oblitรฉration des vaisseaux engendre de petits foyers de ramollissement. Lโ€™oblitรฉration de vaisseaux plus importants engendre de gros foyers, source de syndromes focaux, voire dโ€™hรฉmiplรฉgie (Bronstein et Klotz, 2005).

Neurocysticercose spinale

Cโ€™est une forme trรจs rare ; moins de 5 % des cas (Amaral, 2003).
Elle se situe souvent au niveau cervical ; les formes spinales pures sont exceptionnelles et il existe souvent une invasion parasitaire associรฉe, les citernes de la base par exemple (Aubry, 2004).
Les kystes se trouvent au niveau de lโ€™espace extra mรฉdullaire, leptomรฉningรฉ. Ils sont le fait dโ€™une extension de la neurocysticercose par les espaces sous-arachnoรฏdiens.
Il arrive que les kystes soient intra-mรฉdullaires et provoque une myรฉlopathie (myรฉline transverse).

Cysticercose intra sellaire

Cysticercose ophtalmique

Elles peuvent รชtre considรฉrรฉes comme une forme de neurocysticercose, que lโ€™on retrouve dans 40 % des cas.
Le kyste peut se loger ร  diffรฉrents endroits (Amaral et al., 2003) :
– Au niveau du globe oculaire le plus souvent, et dans le segment postรฉrieur (corps vitrรฉ, choroรฏde, rรฉtine, nerf optique). Les cysticerques passent par les vaisseaux choroรฏdiens pour se loger au niveau de la rรฉtine, puis du corps vitrรฉ. Ils prennent alors lโ€™aspect dโ€™un mรฉlanome. Rarement, ils vont au segment antรฉrieur (iris, chambre antรฉrieure).
– Au niveau des annexes de lโ€™ล“il (paupiรจre, conjonctives, orbites)
– Au niveau des muscles extra oculaires : cette forme provoque une rรฉtractation du muscle palpรฉbral supรฉrieur oblique ou syndrome de Brown (Rao, 2003)

Cysticercose extra neurologique

Elles ne rentrent pas dans la classification des neurocysticercoses, mais doivent systรฉmatiquement faire lโ€™objet de recherches en raison de leur prรฉsence asymptomatique. On les trouve associรฉes chez 10 % des enfants et davantage chez lโ€™adulte (Grill, 1996)
Les localisations sont :
– Musculaire : souvent asymptomatique, elle est associรฉe ร  une hyperรฉosinophilie.
– Sous-cutanรฉe : sous la forme de kystes sur le tronc et le cou. Elle se prรฉsente sous lโ€™aspect de nodules ยซ en grains de plomb ยป. On les trouve souvent chez lโ€™adulte (50 % des cas) (Wortman, 1991), peu chez lโ€™enfant (4 % des cas)
– Intra buccale : ยซ langue de cysticercose ยป chez le porc (Gonzales et al., 2005).
– Autres : reins, foie, pรฉritoine, pancrรฉas, thyroรฏde, et.

Histopathologie

Le parasite est pathogรจne par diffรฉrentes actions : mรฉcanique, inflammatoire, toxique et immuno-allergique.
Lโ€™histopathologie dรฉpend de lโ€™รฉtat du parasite: vivant, dรฉgรฉnรฉrescent ou mort.

Le parasite vivant

Le parasite vivant est pathogรจne essentiellement par action mรฉcanique.
Il peut induire :
– Une compression et/ou une irritation des neurones (cause de symptรดmes dรฉficitaires รฉventuels)
– Une compression et/ou une irritation corticale (cause dโ€™รฉpilepsie)
– Une obstruction des voies de passage du liquide cรฉphalo-rachidien (hydrocรฉphalie, HTIC)
Il peut provoquer รฉgalement une rรฉaction inflammatoire pรฉri lรฉsionnelle; souvent de faible intensitรฉ, elle peut toucher :
– Les zones juxta corticales (cause dโ€™รฉpilepsie)
– Les zones parenchymateuses (cause dโ€™ล“dรจme cรฉrรฉbral)
– Les voies nerveuses
– Les ventricules (lรฉsions รฉpendymaires : รฉpendymite granuleuse)

La larve dรฉgรฉnรฉrescente

Actions toxiques, immuno-allergiques et inflammatoires

La dรฉgรฉnรฉrescence se rรฉalise par des rรฉactions toxiques, immuno allergiques et inflammatoires entraรฎnant la nรฉcrose et la calcification du cysticerque.
Il y a en premier lieu รฉvolution de la larve et transformation du tissu pรฉri kystique immรฉdiat. Pour des raisons mรฉconnues, le parasite dรฉgรฉnรจre en dรฉbutant par la dรฉsintรฉgration de la paroi vรฉsiculaire de la couche externe vers la couche rรฉticulo-fibrillaire ; la paroi perd alors ses propriรฉtรฉs osmorรฉgulatrices et le volume du kyste augmente. Ce phรฉnomรจne sโ€™accompagne dโ€™une rรฉaction immuno-allergique et inflammatoire due vraisemblablement ร  la libรฉration de toxines parasitaires. Ses rรฉactions aboutissent ร  la formation dโ€™un tissu de granulation au contact du kyste.
Ce tissu de granulation a trois zones :
– Zone de congestion interne avec des cellules รฉpithรฉlioรฏdes, polynuclรฉaires neutrophiles et macrophages chargรฉs de graisse.
– Une coque fibreuse mรฉdiane avec des cellules mononuclรฉes.
– Zone inflammatoire polymorphe externe avec des capillaires contenant lymphocytes, polynuclรฉaires neutrophiles et รฉosinophiles.
Le contenu du kyste se trouble au fur et ร  mesure. Le parasite et la paroi vรฉsiculaire se nรฉcrosent puis se dรฉsintรจgrent dans le liquide vรฉsiculaire. A ce moment, la cavitรฉ du kyste contient une substance anhiste trรจs รฉosinophile, ou du tissu fibreux (collagรจne) avec des granulations calciques.
Dans les muscles, la dรฉgรฉnรฉrescence autour des kystes est fibreuse ; dans le tissu nerveux, cโ€™est une dรฉgรฉnรฉrescence gliale.
En fin de processus, la dรฉgรฉnรฉrescence gliale se poursuit et le tissu glial remplace le kyste (tissu fibreux pour les muscles) ou bien le kyste se calcifie. La rรฉaction inflammatoire disparaรฎt alors. La calcification des kystes cรฉrรฉbraux intervient aprรจs un dรฉlai dโ€™au moins cinq ans gรฉnรฉralement.
Au voisinage et ร  distance du kyste se dรฉveloppent des lรฉsions, dont lโ€™ล“dรจme cรฉrรฉbral, de diffรฉrents types :
– Lรฉsions mรฉningรฉes : ou lรฉsions inflammatoires de lโ€™arachnoรฏde, importante au voisinage des kystes, et plus marquรฉes dans la forme racรฉmeuse.
– Lรฉsions vasculaires : elles touchent les artรจres de petit et moyen calibre ; รฉgalement plus importantes au voisinage des kystes. Ses lรฉsions causent une infiltration de lโ€™adventice, un รฉpaississement et une sclรฉrose de la mรฉdia et une prolifรฉration de lโ€™endoartรจre. La consรฉquence peut รชtre une endoartรฉrite oblitรฉrante avec ramollissement cรฉrรฉbral ; des thromboses sont aussi possibles. Une atteinte des veines est possible mais plus rare.
– Lรฉsion รฉpendymaire.
– Atteinte neuronale par la nocivitรฉ des toxines parasitaires
– Lรฉsions neurologiques: gliose rรฉactionnelle ou rรฉaction dรฉgรฉnรฉrative.
Au niveau des tissus musculaires et sous-cutanรฉs, les lรฉsions de voisinage sont peu ou pas symptomatiques et souvent sans consรฉquence majeure, sauf au niveau cardiaque (hypertrophie).

Action mรฉcanique

La dรฉgรฉnรฉrescence larvaire sโ€™effectue aussi par des actions mรฉcaniques : un effet de masse peut sโ€™observer par lโ€™association de lโ€™augmentation du volume du kyste et de la rรฉaction inflammatoire pรฉri lรฉsionnelle. La compression et/ou lโ€™irritation induite peuvent entraรฎner un syndrome dรฉficitaire ou des crises dโ€™รฉpilepsies.

Le parasite mort, calcifiรฉ ou stade cicatriciel

Le pouvoir pathogรจne peut subsister par :
– Les rรฉactions mรฉcaniques : elles compriment ou dรฉtruisent le parenchyme cรฉrรฉbral par une hydrocรฉphalie permanente. Elles irritent les zones juxta corticales qui forment des foyers รฉpileptogรจnes.
– Les rรฉactions inflammatoires sรฉquellaires : arachnoรฏdite et fibrose mรฉningรฉe.

Les phรฉnomรจnes immunologiques dans la relation hรดte-parasite

Il semble que le parasite soit capable dโ€™รฉchapper au contrรดle immunitaire de lโ€™hรดte, notamment par la variation antigรฉnique et le mimรฉtisme molรฉculaire. Il dรฉveloppe ร  sa surface des composants peu diffรฉrents de ceux du systรจme immunitaire de lโ€™hรดte.
Taenia solium synthรฉtise par exemple la glutathion peroxydase (ou GPo), qui inhibe les radicaux peroxydes libรฉrรฉs par les cellules inflammatoires. Cette enzyme est dรฉtectรฉe en western blot sur du sรฉrum et du LCR issu de patients atteints de cysticercose. Lโ€™examen est nรฉgatif chez les patients sains (Flisser et al., 1991).
Autre exemple, les cestodes synthรฉtisent de lโ€™acide sialique sur leur paroi. Cette enzyme bloque la rรฉaction de fixation de la protรฉine C3b du complรฉment empรชchant le dรฉclenchement de la cytotoxicitรฉ molรฉculaire due au complรฉment.
Cependant, la compรฉtence immunitaire de lโ€™hรดte semble nรฉcessaire au contrรดle de lโ€™infection. Une baisse de lโ€™immunitรฉ favorise lโ€™infection cysticerquienne. Cette infection peut รชtre opportuniste chez les patients sous immunosuppresseurs ou infectรฉs par le VIH et atteints de SIDA.
Peu dโ€™informations existent sur la rรฉaction immunitaire au cours de la cysticercose humaine; on sait nรฉanmoins que les anticorps spรฉcifiques sont surtout des immunoglobulines de classe IgG. Leur augmentation lors de la lyse des cysticerques est plus importante dans le LCR, ce qui plaide pour une sรฉcrรฉtion intrathรฉcale dโ€™IgG spรฉcifiques.
Des protรฉines de lโ€™oncosphรจre ont รฉtรฉ utilisรฉes comme antigรจne-cibles chez de petits ruminants pour la mise au point dโ€™un vaccin vรฉtรฉrinaire contre la cysticercose ovine (Taenia ovis). Ce vaccin est utilisรฉ chez le mouton.

Clinique

Lโ€™expression clinique de la cysticercose est trรจs variรฉe et entre autres facteurs vus prรฉcรฉdemment, la localisation des cysticerques est dรฉterminante (Coyle et al., 1999).
Zentivo-Alanis a classรฉ la maladie en quatre catรฉgories :
– Cysticercose viscรฉrale.
– Cysticercose ophtalmique.
– Neurocysticercose.
– Formes mixtes.
Les atteintes cรฉrรฉbrale et oculaire sont les plus graves รฉtant donnรฉ quโ€™elles mettent en jeu le pronostic fonctionnel et vital. Dans les pays en voie de dรฉveloppement, 65 % des cas dโ€™รฉpilepsie seraient liรฉs ร  une neurocysticercose.

Les signes cliniques de la neurocysticercose.

Lโ€™รฉvolution de la neurocysticercose est imprรฉvisible, mais elle est souvent longue, avec des crises convulsives plus ou moins frรฉquentes.
La localisation du parasite, la rรฉaction inflammatoire et lโ€™รฉventuel obstacle ร  la circulation du LCR conditionnent la gravitรฉ de lโ€™affection.
Dixon estime la mortalitรฉ de la neurocysticercose ร  10 % dans les cinq annรฉes suivant le diagnostic.
Les signes cliniques sont les suivants :

Les crises convulsives

Cโ€™est le symptรดme rรฉvรฉlateur le plus frรฉquent, retrouvรฉ dans 70 ร  90 % des cas.
En effet, les personnes ayant une neurocysticercose ont un risque bien supรฉrieur de dรฉvelopper une รฉpilepsie; ce risque serait multipliรฉ par 3,4 en Afrique (Quet et al., 2010).
Les manifestations sont souvent de type moteur, sensitivomoteur, sensitives pures, vรฉgรฉtatives ou psychiques.
Des manifestations intermittentes peuvent sโ€™apparenter ร  des manifestations รฉpileptiques car elles peuvent sโ€™accompagner de modifications de lโ€™รฉlectro-encรฉphalogramme :
– Cรฉphalรฉes paroxystiques accompagnรฉes ou non de vertiges.
– Dysesthรฉsies, paresthรฉsies de lโ€™hรฉmicorps controlatรฉral.
– Dystonie transitoire dโ€™un membre.
– Sensation de lรฉgรจretรฉ ou dโ€™engourdissement dโ€™un membre.
– Asomatognosie.
Lโ€™intervalle entre les crises peut parfois atteindre des mois voir des annรฉes, ou bien se rรฉpรฉter pendant quelques jours ; ce nโ€™est pas prรฉvisible.
Les crises sont frรฉquemment de courte durรฉe, moins de cinq minutes.
Les convulsions se dรฉclenchent le plus souvent lorsque le cysticerque est en voie de dรฉgรฉnรฉrescence.
Une crise รฉpileptique chez une personne en zone dโ€™endรฉmie ou en venant, doit faire รฉvoquer le diagnostic dโ€™une neurocysticercose.
Chez lโ€™adulte, il sโ€™agit gรฉnรฉralement dโ€™une รฉpilepsie de type grand-mal avec des crises tonico-cloniques gรฉnรฉralisรฉes, alors que chez lโ€™enfant, elle est de type partiel (Singhi et Singhi, 2004). Ces crises sont partielles complexes dans 50 % des cas, et partielles simples dans 40 % des cas.

Les cรฉphalรฉes

Second symptรดme de rรฉvรฉlation de la neurocysticercose.
Elles sont frรฉquentes chez lโ€™enfant.

Lโ€™hypertension intracrรขnienne (HTIC)

Elle se manifeste par :
– Des cรฉphalรฉes.
– Des vomissements.
– Des vertiges.
– Des troubles psychiatriques.
– Une obnubilation intellectuelle.
– Un ล“dรจme papillaire plus ou moins marquรฉ ร  lโ€™examen du fond dโ€™ล“il.
Elle est provoquรฉe par lโ€™hydrocรฉphalie et/ou par lโ€™ล“dรจme cรฉrรฉbral.
Elle se manifeste ร  la phase aiguรซ de la maladie.
Ce signe clinique est trรจs frรฉquent chez lโ€™adulte mais ne touche quโ€™un tiers des enfants. Lโ€™hydrocรฉphalie peut รชtre due ร  une arachnoรฏdite diffuse dans les formes racรฉmeuses, lโ€™inflammation entraรฎnant lโ€™occlusion des foramens de Luschka et Magendie. Elle peut aussi
รชtre due ร  lโ€™obstruction des voies de circulation du LCR par un kyste ventriculaire.
Elle est parfois intermittente ; ce cas de figure se rencontre plutรดt lors des localisations ventriculaires de la neurocysticercose (Jaroonvesama, 1988).

Le syndrome mรฉningรฉ

Il est la consรฉquence de la rรฉaction inflammatoire du systรจme nerveux central.
Il se retrouve dans les formes racรฉmeuses oรน lโ€™arachnoรฏdite basilaire et mรฉdullaire entraรฎne une mรฉningite aseptique.
Chez un patient venant dโ€™une zone dโ€™endรฉmie, la neurocysticercose doit toujours รชtre รฉvoquรฉe devant tout symptรดme neurologique, mรชme non conventionnel (Roth et al., 2002).

Les accidents vasculaires cรฉrรฉbraux

La rรฉaction inflammatoire peut atteindre les vaisseaux entraรฎnant des infarctus cรฉrรฉbraux (Cantu et Barinagarrementeria, 1996).
Ils sont de nature :
– Ischรฉmique de type lacunaire : provoquรฉ par lโ€™occlusion inflammatoire des petites artรจres ou par une arachnoรฏdite que la neurocysticercose a provoquรฉ. Cโ€™est le cas le plus frรฉquent.
– Ischรฉmique avec un infarctus รฉtendu : secondaire ร  lโ€™oblitรฉration de lโ€™artรจre cรฉrรฉbrale ou de la carotide interne.
– Hรฉmorragique.

Les autres manifestations cliniques

– La fiรจvre: signe non spรฉcifique de neurocysticercose, elle ne peut orienter vers ce diagnostic et est rarement prรฉsente (Sahu et al., 2014)
– Les dรฉficits neurologiques localisรฉs: retrouvรฉs chez 16 % des adultes et 4 % des enfants. Ils peuvent se manifester par une hรฉmiparรฉsie, une monoparรฉsie ou encore des anomalies oculomotrices. Ils peuvent correspondre ร  un dรฉficit neurologique post-critique transitoire (paralysie de Todd).
– Encรฉphalite ou mรฉningo-encรฉphalite ร  cysticerque: plus spรฉcifique des enfants (chez 30 % dโ€™entre eux) (Grill et al.,1996), son รฉvolution est souvent sรฉvรจre avec des รฉpisodes rรฉcidivants, des encรฉphalopathies convulsivantes avec des troubles psychiatriques ou le dรฉcรจs.
– Encรฉphalite cysticercosique aiguรซ : ล“dรจme cรฉrรฉbral diffus avec rรฉtrรฉcissement des espaces ventriculaires lorsque plusieurs lรฉsions deviennent inflammatoires en mรชme temps.
– Syndrome hypothalamique.
– Troubles de lโ€™รฉlocution : dysarthrie, aphasie.
– Agnosie.
– Dystonies.
– Syndrome cรฉrรฉbelleux.
– Syndrome pyramidal.
– Paralysie faciale.
– Syndrome de la queue de cheval.
– Malaise dโ€™origine non รฉpileptique.

Revue des troubles psychiatriques

Les troubles psychiatriques et les troubles du dรฉveloppement psychomoteur se manifestent de maniรจre extrรชmement variable. Ils sont secondaires aux formes actives de neurocysticercose et ร  lโ€™existence dโ€™une HTIC.
Une corrรฉlation existe entre lโ€™apparition de troubles psychiatriques, le nombre et le type de lรฉsions, la sรฉvรฉritรฉ des รฉventuels dรฉficits neurologiques, une รฉpilepsie et lโ€™utilisation de corticoรฏdes (Ramirez-Bermudez, 2005)
Leur prรฉvalence est trรจs variable, de 10 ร  65 %, et la rรฉversibilitรฉ aprรจs traitement et guรฉrison de la neurocysticercose nโ€™est pas assurรฉe.
Nous pouvons citer :
– Les troubles du comportement : impulsivitรฉ, agressivitรฉ, voire auto-agressivitรฉ avec ou sans mutilations, difficultรฉs dโ€™attention, hyperactivitรฉ. Ses symptรดmes aboutissent ร  des difficultรฉs dโ€™apprentissage, et ils peuvent รชtre les premiers signes rรฉvรฉlant la neurocysticercose.
– Les troubles du dรฉveloppement psychomoteur: la rรฉgression psychomotrice est possible. Ils concernent lโ€™enfant.
– Les troubles cognitifs: rรฉgression mentale accompagnรฉe ou non de poussรฉes confusionnelles pouvant aller jusquโ€™ร  la dรฉmence, dรฉsorientation temporo-spatiale, obnubilation, stupeur.
– Le syndrome dรฉpressif : il touche plus de 50 % des patients.
– Les troubles psychotiques ou de la personnalitรฉ : ils se retrouvent chez 14 % des patients touchรฉs par des troubles psychiatriques secondaire ร  une neurocysticercose.
– Des troubles divers : syndrome dโ€™anxiรฉtรฉ gรฉnรฉralisรฉ (attaques de panique), phobie.

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Table des matiรจres

HISTORIQUE
PARTIE 1 : GENERALITES
1. PARASITOLOGIE
1.1. ร‰tat adulte
1.2. Les ล“ufs
1.3. La forme larvaire
1.4. Cycles du parasite
1.5. Evolution du parasite
2. EPIDEMIOLOGIE
3. FORMES ANATOMOPATHOLOGIQUES
3.1. Classifications des neurocysticercoses
3.2. Neurocysticercose intraparenchymateuse
3.3. Neurocysticercose extraparenchymateuse
3.3.1. Neurocysticercose intraventriculaire
3.3.2. Neurocysticercose sous-arachnoรฏdienne
3.3.3. Neurocysticercose spinale
3.3.4. Cysticercose intra-sellaire
3.3.5. Cysticercose ophtalmique
3.4. Cysticercoses extra neurologiques
4. HISTOPATHOLOGIE
4.1. Le parasite vivant
4.2. La larve dรฉgรฉnรฉrescente
4.2.1. Action toxique, immuno-allergique et inflammatoire
4.2.2. Action mรฉcanique
4.3. Le parasite mort, calcifiรฉ ou stade cicatriciel
4.4. Les phรฉnomรจnes immunologiques dans la relation hรดte-parasite
5. CLINIQUE
5.1. Les signes de la neurocysticercose
5.1.1. Les crises convulsives
5.1.2. Les cรฉphalรฉes
5.1.3. Lโ€™hypertension intracrรขnienne (HTIC)
5.1.4. Le syndrome mรฉningรฉ
5.1.5. Les accidents vasculaires cรฉrรฉbraux
5.1.6. Les autres manifestations cliniques
5.1.7. Revue des troubles psychiatriques
5.2. Les formes de la neurocysticercose
5.2.1. La forme รฉpileptogรจne ou cortico-rolandique
5.2.2. La forme ventriculaire
5.2.3. La forme racรฉmeuse
5.2.4. La neurocysticercose spinale
5.2.5. La neurocysticercose intrasellaire
5.2.6. Les autres formes
5.3. La cysticercose ophtalmique
5.4. Les localisations extra neurologiques
6. MOYENS DIAGNOSTIQUES
6.1. Le recueil dโ€™informations
6.1.1. Lโ€™interrogatoire du patient
6.1.2. Lโ€™examen du patient
6.1.3. Les examens biologiques
6.1.4. Lโ€™examen parasitologique des selles
6.2. Lโ€™imagerie mรฉdicale
6.2.1. La radiographie simple
6.2.2. La tomodensitomรฉtrie (TDM)
6.2.3. Lโ€™imagerie par rรฉsonance magnรฉtique (IRM)
6.2.4. Les autres techniques radiologiques
6.3. Le diagnostic immunologique
6.3.1. ELISA
6.3.2. Western blot
6.4. Lโ€™รฉlectroencรฉphalogramme (EEG)
6.5. Les critรจres diagnostiques
7. TRAITEMENT
7.1. Les traitements mรฉdicaux
7.1.1. Visรฉe curative
7.1.1.1. Lโ€™albendazole
7.1.1.2. Le praziquantel
7.1.2. Visรฉe symptomatique
7.1.2.1. Les traitements antiรฉpileptiques
7.1.2.2. La corticothรฉrapie
7.2. Le traitement chirurgical
7.3. La stratรฉgie thรฉrapeutique
8. PROPHYLAXIE
8.1. Prophylaxie animale et humaine
8.2. Le traitement de la population humaine et animale
8.3. La vaccination
8.4. Le contrรดle
PARTIE 2 : ANALYSE RETROSPECTIVE DE 4 CAS CLINIQUES PRIS EN CHARGE AU CHU DE ROUEN
1. PRESENTATION DE Lโ€™ANALYSE
2. MONSIEUR RAM. I
2.1. Anamnรจse
2.2. Prise en charge mรฉdicale
2.2.1. Prise en charge immรฉdiate
2.2.2. Suivi mรฉdical
2.3. Discussions
3. MONSIEUR PRE. L
3.1. Anamnรจse
3.2. Prise en charge mรฉdicale
3.2.1. Prise en charge en Allemagne
3.2.2. Prise en charge en France
3.3. Discussions
4. MONSIEUR TAV.R
4.1. Anamnรจse
4.2. Prise en charge
4.3. Discussions
5. MADAME POI. S
5.1. Anamnรจse
5.2. Prise en charge
5.3. Discussions
CONCLUSION

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