Traitements physico-chimiques
Les traitements physico-chimiques ont pour but de concentrer les grains de pollen pour faciliter leur observation. Plusieurs étapes ont été suivies pour ces traitements ; le matériel utilisé a été nettoyé avant et après l’utilisation pour éviter toute contamination possible.
Homogénéisation et pesage de l’échantillon : Cette étape consiste à homogénéiser la dispersion des grains de pollens dans l’échantillon. L’échantillon est remué à l’aide d’un agitateur en verre. La quantité standard de miel utilisée pour les analyses polliniques est de 10 à 15g (Vergeron, 1964). Dans la présente étude, 10g de miel ont été utilisés dans tous les cas pour pouvoir faire des comparaisons.
Elimination des sucres et autres substances : Cette étape a pour but d’éliminer le sucre qui noircit la préparation au cours de l’acétolyse et à concentrer le pollen. L’extraction de pollen et l’élimination des sucres consistent à diluer 10 à 15g de miel dans 20ml d’eau distillée. Le mélange a été porté au bain-marie à 40°C en agitant constamment jusqu’à la dissolution complète du miel Puis, après centrifugation à 2000 tours /minute pendant 10 minutes, le culot a été récupéré. Pour assurer une élimination complète des sucres, un deuxième et troisième lavage à l’eau ont été effectués
Acétolyse : L’acétolyse est une fossilisation artificielle du pollen qui a pour but de détruire le contenu cytoplasmique et de clarifier les structures de sa paroi (Gadbin, 1979, Lobreau-Callen & Callen, 1982). La méthode utilisée est celle d’ERDTMAN (Erdtman, 1943), basée sur le traitement des pollens dans un mélange acétolysant composé de 9ml d’anhydride acétique et 1ml d’acide sulfurique, préparé juste avant l’utilisation. Puis, l’ensemble a été porté à l’ébullition au bainmarie à 100°C pendant 3 minutes en agitant périodiquement. La réaction de l’acétolyse a été arrêtée en ajoutant de l’acide acétique glacial qui est ensuite éliminé par centrifugation. Le culot obtenu est lavé à l’eau distillée et séché pendant 24 heures avant d’être monté entre lame et lamelle.
Analyses statistiques des résultats
Les analyses statistiques ont été utilisées pour déterminer la ressemblance et/ou la différence des échantillons des miels analysés selon leurs compositions polliniques. Diverses méthodes et des logiciels statistiques ont été utilisés pour traiter les résultats des analyses polliniques. C’est le cas de la classification ascendante hiérarchique (CAH) sur le logiciel XLSTAT 7,5 Pro. La CAH consiste à décrire les degrés de similarité entre les échantillons des miels étudiés en utilisant leurs spectres polliniques. La matrice des données de pourcentage d’apparition des variables a été étudiée. La liaison est située à une distance d’autant plus faible que les échantillons sont semblables c’est-à-dire plus le taux de similarité est élevé, plus l’origine géographique et l’origine florale des échantillons des miels se rapprochent. Ceux qui sont similaires sont reliés entre eux.
Humidité
La teneur en eau de ces échantillons de miel varie de 18% et 24,6%. Selon la Norme Malagasy sur les Miels (2001), un miel de bonne qualité montre une teneur en eau inférieure ou égale à 21%. Parmi eux, 7 échantillons (46,66%) répondent à cette norme. La teneur en eau des miels varie selon leur origine florale, mais dans certains cas, l’humidité atmosphérique rencontrée pendant et après la récolte et la récolte précoce c’est-à-dire miel non mature peuvent influencer l’humidité de miel. En 2011, Schweitzer a obtenu une moyenne de 17,8% pour les miels de litchi de la zone tropicale comme sur la côte est de Madagascar. Andry Misandratra (2012) a aussi proposée des valeurs référentielles que les miels de litchi ont une teneur en eau inférieure à 20%. D’ailleurs, Ramaromanana (2012) a proposé des valeurs référentielles sur les miels d’Eucalyptus qui ont une humidité de 20% maximum. Cependant, dans cette étude le miel de litchi a une teneur en eau élevée (24%) et aussi que les miels d’eucalyptus (>20%). L’humidité élevée des miels peut être liée à la récolte précoce de miels concernés ou à une humidité atmosphérique forte au moment de la récolte ou au cours du conditionnement.
Miels monofloraux
Pendant cette étude, les résultats polliniques qualitatifs montrent que 7 échantillons de miel présentent une prédominance d’un pollen (miels monofloraux). Cinq types polliniques dominants (FR≥45%) ont été rencontrés lors de l’analyse de ces sept échantillons de miels monofloraux :
– miel à dominance de Mimosa pudica (1 échantillon)
– miel à dominance d’Aloe sp (1 échantillon)
– miel à dominance de Litchi chinensis (1 échantillon)
– miel à dominance d’Eucalyptus sp (3 échantillons)
– miels à dominance de Macaranga sp (1 échantillon)
Compte tenu des études antérieures effectuées en mélissopalynologie et de biologie florale des espèces concernées, des remarques peuvent être émises concernant ces miels monofloraux.
– cas de miel à dominance de pollen de Mimosa pudica : Cet échantillon (n°14) est présumé de miel de Dalbergia mais il montre la dominance d’un pollen de Mimosa pudica, avec une fréquence relative 58,92%. Cette espèce est considérée comme une plante mellifère à distribution pantropicale et grande productrice de pollen. C’est une espèce pérenne, envahissante, nectarifère et pollenifère, avec des inflorescences en boule sphérique, solitaires ou groupés avec de fleurs petites, régulières de couleur rose. D’après Louveaux et al., 1978, le pollen de cette espèce fait partie des pollens surreprésentés. Des résultats antérieurs (Razaiarimanana, 1998 ; Raharimbola, 2001 ; Razafindrakoto, 2005) ont montrés que le pollen de Mimosa pudica se rencontre dans les miels de l’Est, des Hauts plateaux et de l’Ouest. Les travaux effectués par Randrianarivelo en 2010 ont conclu que les miels de Dalbergia présentent de pourcentage élevé de pollen de Mimosa pudica.
– cas de miel à dominance de pollen d’Aloe sp : L’échantillon n°10 présente la dominance de pollen d’Aloe sp avec une fréquence relative élevée (85,48%). Les Aloe sont des espèces succulentes et classées parmi les caractéristiques de la région chaude, aride et sub-aride. Elles ont des inflorescences en grappe, nectarifères et pollenifères. L’abondance de cette espèce ainsi que l’absence des autres plantes mellifères dans cette région peuvent être la cause du pourcentage élevé en pollen d’Aloe. Le butinage de miellat effectué par les abeilles peut être à l’origine de quantité élevée des spores dans ce miel et ces spores peuvent être apportées directement avec le nectar dans la ruche, mais il y a de possibilité qu’elles fassent partie des poussières atmosphériques qui tombent dans la pelote ou de contamination malgré l’utilisation d’extraction traditionnelle. Ce miel a une couleur brun foncé et un goût amer qui peut être causé par les éléments butinés.
– cas de miel à dominance de pollen de Litchi chinensis : L’échantillon n°6 de couleur claire montre la dominance du pollen de Litchi chinensis avec une fréquence relative égale à 46,35%. Litchi chinensis est une espèce très mellifère avec des fleurs en grandes panicules terminales, sans pétale, de couleur jaune crème avec un disque nectarifère extrastaminal. La pollinisation est principalement entomophile, effectuée par les abeilles (Schweitzer, 2011). C’est un arbre tropical cultivé le long de la côte Est et sur les Hauts plateaux comme culture de rente. Il est à l’origine des miels courants sur la zone côtière orientale, où le taux en pollen de Litchi chinensis est supérieur ou égale à 10% (Andry Misandratra, 2012). Ils ont une couleur variable de beige à jaune transparent, à cristallisation rapide avec une granulation fine (Rakotondramparany, 2011) et une humidité ≤20% (Andry Misandratra, 2012).
– cas de miel à dominance de pollen d’Eucalyptus sp : Trois échantillons présentent la dominance du pollen d’Eucalyptus (n°1, n°3, n°5) avec une fréquence relative respective de 77,46%, 47,48% et 56,72%. L’eucalyptus est une plante à la fois pollenifère et nectarifère. L’inflorescence est groupée en ombelle axillaire ou subterminale formée par 9 à 15 fleurs qui sont petites à calice accrescent et tube légèrement évasé. Les étamines sont nombreuses et blanches, à ovaire infère et style court. Les miels d’Eucalyptus sont produits dans des nombreux pays car cette plante présente une large répartition dans le monde. Ce sont des miels de couleur ocre jaune foncé, à granulation grossière et à sucrosité moyenne légèrement doux (Gonnet et Vache, 1982). Les miels d’Eucalyptus ont des pourcentages élevés des pollens d’Eucalyptus (Raharimbola, 2001) et selon Louveaux et Abed, (1984), la fréquence relative des pollens d’Eucalyptus est généralement élevée dans ces miels et peut atteindre 100%. Dans cette étude, les échantillons n°3 et n°5 présentent une faible dominance d’Eucalyptus (47,48% et 56,72%) et sont considérés comme miels polyfloraux. La faible dominance de pollens d’eucalyptus peut être liée à la richesse floristique observée aux environs d’eucalyptus et/ou par une préférence des abeilles Apis mellifera var. uniclor pour les espèces autochtone (Ramamonjisoa, 1992) tels que Psiadia altissima, Bidens pilosa, Vernonia sp, Aphloia theiformis, Taraxacum officinale, Erica sp.
– cas de miel à dominance de pollen de Macaranga sp : Un échantillon n°12 présente la dominance de Macaranga avec une fréquence relative très élevée (93,04%). Treize (13) espèces de Macaranga ont rencontrées dans l’Est de Madagascar. Les fleurs de Macaranga ont très nombreuses étamines qui produisent des nombreux pollens (Schatz, 2001). L’étude de l’analyse pollinique des miels faite par Andry Misandratra, 2012, montre que les miels à prédominances de Macaranga ont une fréquence très élevée de pollen de Macaranga (58,07% à 94,77%).
Miels polyfloraux ou mille fleurs
Huit échantillons de miels ne présentent pas de pollen dominant c’est-à-dire aucun type pollinique n’atteint une fréquence relative supérieure à 45%. Donc, il laisse à supposer que ces échantillons sont issus de plusieurs sources de nectar. Le nombre de taxon dans ces miels polyfloraux varie de 16 à 26 et les pollens de Psiadia altissima, de Rubiaceae, d’Eucalyptus, de Pandanus, de Mimosa sp sont les pollens ayant une fréquence relative élevée. On constate que les miels polyfloraux présentent des pollens de taxons surreprésentés tels que Psiadia altissima et Mimosa sp qui diminuent le pourcentage de pollen de certaines plantes, source de nectar. En plus, ces miels montrent un grand nombre de type pollinique.
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Table des matières
GLOSSAIRE
ACRONYME
INTRODUCTION
Partie I: GENERALITES
I. Les méthodes de la mélissopalynologie
II. Principaux types de miels à Madagascar
III. Rappel sur les régions phytogéographiques de Madagascar
Domaine de l’Est
Domaine du Sambirano
Domaine du Centre
Domaine des Hautes montagnes
Domaine de l’Ouest
Domaine du Sud
Partie II: MATERIELS ET METHODES
II.1. Mesure de l’humidité de miel
II-2. Analyses polliniques
II.2.1. Analyse pollinique qualitative
II.2.1.1. Traitements physico-chimiques
II.2.1.2. Montage des préparations
II.2.1.3. Identification des pollens
II.2.1.4. Comptage des pollens
II.2.1.5. Méthode de présentation et d’interprétation des résultats
II.2.1.6. Analyses statistiques des résultats
II.2.2. Analyse pollinique quantitative
Partie III: RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. Caractéristiques générales des échantillons
I.1. Humidité de miels
I.2. Analyses polliniques
I.2.1. Analyse qualitative
I.2.1.1. Diversité pollinique
I.2.1.2. Description des principaux types polliniques
I.2.1.3. Classification des pollens par catégorie de fréquence
I.2.1.4 L’analyse statistique
I.2.2. Analyse quantitative
II- Fiches techniques des échantillons
Partie IV: DISCUSSION
I. Qualité des miels
I.1. Humidité
I.2. La teneur en pollen
II. Origine florale
II-1. Miels monofloraux
II.2. Miels polyfloraux ou mille fleurs
III. Origine géographique
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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