Madagascar est considéré comme l’un des trésors de la biodiversité mondiale. L’île abrite en effet 2% de la biodiversité du globe (Jacob, 2008). La flore compte environ 14000 espèces dont plus de 80% sont endémiques. La diversité, l’originalité de sa faune et de sa flore font de Madagascar une destination touristique sans égal. Malheureusement, depuis plusieurs décennies, à Madagascar, comme partout ailleurs dans le monde, la perte de la biodiversité s’accentue sévèrement à cause de pressions énormes telles que la destruction des habitats naturels et le réchauffement climatique. De ce fait, la conservation de ces précieuses richesses constitue à l’échelle mondiale l’un des plus grands défis environnementaux du 21ème siècle, en particulier au niveau des points chauds (ou hot spots) de la biodiversité dont fait partie Madagascar.
La nouvelle aire protégée (NAP) d’Antrema qui est une zone prioritaire pour la recherche et pour les activités de conservation figure parmi les sites dont la diversité biologique est remarquable. Elle présente une richesse floristique exceptionnelle dont 76% de la flore inventoriée sont endémiques (Roger et al., 2005). La flore compte 153 espèces de plantes vasculaires se répartissant dans 114 genres et 53 familles. Parmi ces espèces inventoriées, 43,71% sont des plantes utiles (Roger et al., 2005). De nombreuses recherches ont déjà été menées à Antrema, concernant en particulier la caractérisation des différents écosystèmes. Les recherches à Antrema ont commencé en 2000 avec les travaux de Roger et al., au cours desquels ont été effectués des diagnostics écologiques et des suivis phénologiques sur différentes formations végétales. Les espèces végétales consommées par Propithecus coronatus, espèce emblématique d’Antrema, ont été étudiées (Razakanirina, 2010) ; Raveloarimalala, (2012) a évalué le stock de bois de chauffe et de construction de l’ensemble de la station forestière.
MILIEU PHYSIQUE
Localisation et situation administrative de la NAP Antrema
La Nouvelle Aire Protégée (NAP) d’Antrema se situe dans le Province de Mahajanga, Région Boeny, District de Mitsinjo, dans la commune rurale de Katsepy, Fokontany Antrema. Elle se trouve à 12 km à l’ouest du village de Katsepy et occupe une superficie de 20.660 ha dont 1000 ha de réserve marine. Elle est limitée au nord-ouest par le Canal de Mozambique, à l’Est par la route qui mène vers le Phare de Katsepy et au sud par la savane à Bismarckia nobilis .
Elle s’étend entre 15°42 à 15°50 de latitude sud et 46° à 46°15 de longitude Est (Gauthier et al, 1999).
Relief, géologie et sol
La Nouvelle Aire Protégée d’Antrema appartient au bassin sédimentaire de Mahajanga qui est constitué par une succession de formations monoclinales s’étendant du Karroo à l’actuel. Les plaines alluviales et les mangroves sont les éléments les plus marquants du paysage. L’altitude de la station d’Antrema varie de 0 à 86m, la partie la plus élevée se trouve au niveau de la limite Est de la zone protégée aux environs du phare de Katsepy. Vers le Nord, on trouve une falaise de faible dénivellation attribuée aux phénomènes d’érosion. Dans la partie Ouest, l’altitude ne dépasse pas 20 m et elle s’abaisse au fur et à mesure que l’on s’approche de la mer (Razafimahefa, 2001).
La station d’Antrema est située sur des sols sableux et des sols ferralitiques. A la limite nord-Est de la NAP Antrema (aux environs du phare de Katsepy), les sols sont de types ferrugineux tropicaux, provenant de l’horizon supérieur érodé qui a durci par dessiccation. Ils sont plus riches en oxyde de fer partiellement déshydraté et de structure cristalline (Duchauffour, 1960). Les sols halomorphes prédominent dans les estuaires. Des sols alluvionnaires, caractérisés par des dépôts fluviaux se rencontrent le long de la rivière d’Ambatolafia. Les sols hydromorphes, caractérisés par un engorgement temporaire d’eau, forment une bande étroite entre les villages d’Ambanjabe et d’Antsikiry.
Climat
Les facteurs climatiques jouent un rôle très important dans la répartition des types de végétation malgache. Pour la région occidentale, l’existence saisonière d’un régime de vent de mousson caractérise le climat. Le bassin sédimentaire de Majunga est sous l’influence d’un climat tropical sec et chaud en toutes saisons. Par conséquent, ce domaine subit l’alternance d’une sécheresse hivernale et des pluies estivales (Donque, 1975). D’après les données climatiques de la zone d’étude qui sont fournies par les services météorologiques d’Antananarivo, la pluviosité moyenne entre 2004 et 2014 est de l’ordre de 1093,9 mm qui se répartit sur 73,6 jours. La saison sèche dure d’Avril à Octobre. En d’autres termes, il existe 7 à 8 mois secs pendant l’année. Les précipitations mensuelles sont réparties de Décembre à Février, avec un pic en Janvier qui peut atteindre 471,3 mm. Pour l’année 2014, période au cours de laquelle nous avons effectué nos travaux sur terrain, la pluviosité moyenne annuelle a été de 1351,2 mm, et repartie sur 74 jours. Le maximum de précipitations a été enregistré au mois de Janvier avec une valeur de 532,1 mm et le minimum au mois d’Aout.
MILIEU BIOTIQUE
Flore et végétation
Sur le plan phytogéographique, la région d’Antrema se trouve dans le domaine de l’Ouest (Humbert, 1965) et appartient à la série de Dalbergia, Commiphora et Hildegardia (Humbert 1965). Elle fait partie de la zone éco-floristique de basse altitude de 0-800 m (Faramalala et Rajeriarison, 1999). La NAP Antrema est caractérisée par une diversité des écosystèmes (terrestre, marais, marin et cotier). En fonction des facteurs édaphiques, différentes formations végétales ont été observées :
● des mangroves à dominance de Sonneratia alba, Rhizophora mucronata, Avicennia marina au niveau de la zone littorale et en association avec les embouchures des fleuves ou les résurgences d’eau douce.
● des forêts denses sèches caducifoliées dont la physionomie varie en fonction des saisons sur sols ferrugineux, sols sableux et les dunes. (Petit, 1995).
● des fourrés arbustifs à Euphorbia, de formation assez basse qui correspondent à la dégradation des forêts denses sèches.
● des savanes arbustives à Bismarckia nobilis (Arecaceae), Hyphaene coriacea (Arecaceae) et Sclerocarya birrea (Anacardiaceae) sur les plateaux et dont les espèces graminéennes dominantes sont Hyparrhenia ruffa et Aristida rufescens.
● le long des cours d’eau, des formations marécageuses où prédominent Raphia farinifera associée à quelques pieds de Ravenala madagascariensis, des fougères et des plantes aquatiques (hydrophytes et helophytes).
Faune
D’après les données obtenues à partir des travaux des équipes nationales et étrangères depuis l’année 1998, cette péninsule abrite un grand nombre d’espèces faunistiques (Roger et al, 2000), en particulier chez les reptiles, les oiseaux, les insectes, les primates, les amphibiens et les micros mammifères.
En bref :
● Environ 75 espèces d’oiseaux ont été enregistrées. Et en ce qui concerne les espèces herpetofauniques, 23 espèces ont été recensées.
● 18 espèces de reptiles, notamment : Sanzinia madagascariensis, Phelsuma madagascarensis, Liophidium torquatum, Leioheterodon madagascarensis, Acrantopis dumerlii et Crocodylus nilotycus.
● Cinq espèces de primates endémiques de Madagascar ont été trouvées : Propithecus verreauxi coronatus, Eulemur mongoz, Eulemur fulvus rufus, Microcebus murinus et Lepilemur edwarsi.
● Plusieurs micromammifères tels que Tenrec ecaudatus (Tenrecidae) ou Trandraka sont présents.
● 5 espèces d’amphibiens comme Boophis tephraeomystax, Heterixalus luteostriatus, …
● De nombreuses espèces de poissons d’eau douce comme Arius madagascariensis, Paratilapia.
● De nombreux invertébrés aquatiques et terrestres : Insectes, Araignées, Millepates, Mollusques, Crustacés,…
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
I. MILIEU PHYSIQUE
I.1 Localisation et situation administrative de la NAP Antrema
I.2 Relief, géologie et sol
I.3 Climat
II. MILIEU BIOTIQUE
II.1 Flore et végétation
II.2 Faune
II.3 L’Homme et ses activités
DEUXIEME PARTIE : METHODES D’ETUDE
I. ETUDES ÉCOLOGIQUES
I.1 Choix du site d’inventaire
I.2 Matérialisation de la parcelle d’étude
I.3 Méthode d’étude du sol
I.4 Collecte des données
I.4.1 Paramètres enregistrés pour la collecte des données écologiques
I.4.2 Evaluation des pressions sur les espèces lors des relevés
I.5 Traitement des données
I.5.1 Analyse de la flore
I.5.2 Caractérisation écologique
I.5.3 Caractérisation de l’état de santé de la formation
II. ETUDE ETHNOBOTANIQUE
II.1 Choix des villages et des personnes à interviewer
II.2 Méthodes d’enquête, questionnaires, fiches d’enquête
II.3 Traitement des données
II.3.1 Etablissement de la liste des bois forestiers et espèces utiles
II.3.2 Indice d’utilisation
II.3.3 Analyse de relation entre les zones de prélèvement de bois à Antrema et les villageois locaux : Analyse en composantes principales (ACP)
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I ÉTUDES ÉCOLOGIQUES
I.1 Analyse floristique
I.1.1 Liste floristique et Richesse floristique
I.1.2 Indice de diversité
I.1.3 Spectre biologique
I.2 Structure horizontale
I.2.1 Densité
I.2.2 Fréquence
I.2.3 Biomasse
I.2.4 Surface terrière et dominance
I.2.5 Biovolume
I.2.6 Indice de valeur d’importance
I.2.7 Caractères édaphiques
II ÉTUDE ETHNOBOTANIQUE
I.1 Profils des informateurs
I.2 Liste des espèces utiles et leurs utilisations
I.3 Indice d’utilisation et détermination des espèces les plus utilisées
I.4 Impact de l’utilisation de bois sur la forêt de Badrala
I.5 Relation villages – zones d’exploitation
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
I. DISCUSSIONS
Composition floristique
Indice de diversité
Biomasse
Exploitation forestière
Ethnobotanique
II. Recommandations
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES