Justification du choix de l’échelle
En partant d’une représentation binaire du concept d’actif/passif, il est possible d’en déduire une échelle mesurant le degré d’activité. En situation réelle, l’échelle de classement semble plus juste pour représenter le degré d’activité d’un équipement. Le degré d’intervention du travailleur variant pour différents ÉPI d’une même catégorie, un degré d’activité semble alors mesurable. Par exemple, dans la catégorie des coulisseaux, il est observable que certains d’entre eux demandent une forte action de la part du travailleur alors que d’autre ne demande que très peu d’action. Il est néanmoins difficile de dire que l’un est totalement passif et l’autre totalement actif. Un degré d’activité ressort de cet exemple. Le tableau 2.4 montre le cheminement établi pour représenter actif/passif comme une échelle de mesure. Le tableau 2.4 suit un raisonnement logique sans réellement prendre en compte les éléments présentés précédemment, les définitions. En toute logique, le critère passif est défini comme ne demandant aucune action de la part du travailleur d’où la représentation binaire sous le chiffre 0. Et inversement, pour le critère actif représenté par le chiffre 1 en binaire car demandant une certaine action de la part du travailleur. Toujours selon la logique, l’échelle présentée dans le tableau va du 0 vers 1 soit du passif vers l’actif. En situation réelle, du point de vue de la réalisation de la tâche, il est possible de penser que le travailleur va être plus attiré par un équipement passif. L’équipement passif ne demande pour mieux définir les concepts d’actif/passif : un coulisseau de type AltoChute (KOMET, France) ; un coulisseau AltoChute modifié ADP (MILLER) et un coulisseau Blocmax ainsi qu’une solution alternative : l’utilisation d’un enrouleur-dérouleur (Arteau, 2005) donc quatre alternatives. aucune action de la part du travailleur, il ne créé aucune gêne. Il n’intervient en aucun cas dans la réalisation de la tâche. Les équipements les plus passifs risquent d’être les plus appréciés par les travailleurs au cours de la réalisation de leur tâche.
Coulisseaux/Enrouleur-dérouleur
Lors de la première étape de l’expérimentation, les poseurs d’aciers d’armature devront monter à l’échelle jusqu’à une hauteur minimum de 6m. Pour cela, ils utilisent une corde verticale sur laquelle ils viennent fixer leur coulisseau pour pouvoir monter en toute sécurité. Actuellement, les coulisseaux utilisés créent des interférences lors de la montée, le poseur d’acier d’armature doit sans cesse agir dessus. Trois types de coulisseau sont alors proposés Le tableau 3.4 présente une comparaison entre différents types de coulisseau et un enrouleurdérouleur fixe. Au niveau de l’installation du coulisseau, le temps d’installation sera mesuré ainsi que le nombre de gestes effectués pour le mettre en place. De même, pour chaque montée et descente, le temps sera mesuré ainsi que le nombre de gestes posé sur l’équipement de protection. Une fois l’ascension terminée, ils rempliront un questionnaire dans lequel ils donneront leur ressenti sur le sentiment sécuritaire, sur la sensation d’interférence avec la tâche et enfin ils donneront une appréciation globale ainsi qu’un classement entre les quatre équipements (Arteau et al., 2007a).
Interprétation des résultats
Il assez difficile de définir comment va être perçu le sentiment de sécurité du point de vue actif/passif. Le travailleur va-t-il se sentir plus en sécurité lorsque son équipement lui demande beaucoup d’action de sa part ou est-ce le travailleur va préférer un équipement qui ne demande aucune intervention de sa part ? Une première approche pourrait laisser croire qu’un équipement ne demandant aucune intervention de la part du travailleur sera plus apprécié. Mais, les travailleurs préfèrent peut être avoir un contrôle assez soutenu sur leur équipement et donc voir un équipement demandant beaucoup d’action comme plus sécuritaire. Le tableau 4.4 regroupe les résultats du rapport sur les ferrailleurs et une interprétation du point de vue actif/passif. Le sentiment de sécurité ressenti au niveau des trois liens proposés est le même. Les travailleurs se sentent en sécurité avec les trois liens (Tableau 4.4). Plus un équipement va créer de gênes au cours de la réalisation de la tâche, plus le travailleur va devoir agir sur l’équipement.
Le fait d’agir sur l’équipement peut jouer sur son efficacité. Par exemple, la méthodologie envisagée, présentée à la section 3.1, proposait une étude basée sur la compatibilité coulisseau-corde. Les coulisseaux utilisés à l’heure actuelle ont tendances à créer des interférences avec la corde sur laquelle ils sont fixés. Une mauvaise association corde-coulisseaux peut être à l’origine d’accident. Pour remédier à la gêne causée par une mauvaise association corde-coulisseau, le travailleur va agir directement sur le coulisseau ce qui peut avoir une cause directe sur la fonction d’arrêt de chute de celui-ci. Un coulisseau mal placé sur une corde peut entrainer des accidents mortels. Le sentiment de sécurité peut alors être mis en relation avec le nombre de geste posé par le travailleur sur son équipement. Plus le travailleur doit agir sur son équipement, plus il y a de risque que celui-ci soit mal remis ou non fonctionnel après cette action et moins le travailleur va se sentir en sécurité une fois sensibilisé aux risques qu’il coure en agissant directement sur ses équipements. De même, l’habitude est aussi à prendre en compte pour le sentiment de sécurité. Les travailleurs vont avoir tendance à préférer un type d’équipement à un autre par habitude et donc à se sentir plus en sécurité avec leur équipement habituel. Plus un équipement est passif, moins il demande d’action de la part du travailleur et plus le travailleur se sent en sécurité. Les équipements les plus sécuritaires sont les plus passifs.
Conclusion
Il est assez aisé de faire une analyse des expérimentations proposées dans le rapport sur les ferrailleurs sous l’angle actif/passif. Les variables utilisées dans le rapport sur les ferrailleurs sont de bonnes variables pour l’analyse sous l’angle actif/passif. Les remarques recueillies dans le rapport sur les ferrailleurs peuvent être représentées sous forme d’échelle de mesure et un degré d’activité en est déductible. Les variables mesurant la nuisance au niveau des 85 hanches et la nuisance au niveau des épaules ne sont pas intéressantes d’un point de vue actif/passif pour les liens testés. Il est rare qu’un lien créé une gêne au niveau des hanches ou encore au niveau des épaules. Ces deux variables sont plus intéressantes pour la sélection d’un harnais par exemple. Le rapport sur les ferrailleurs propose aussi un tableau bilan mais celui-ci ne reprend pas exactement les remarques faites avant. Le rapport sur les ferrailleurs manque un peu de rigueur à ce niveau-là. L’analyse proposée ici sous l’angle actif/passif offre une interprétation plus poussée des résultats. Elle apporte un plus pour la sélection des liens.
Des différents types de lien testés, il en ressort que l’enrouleur-dérouleur fixe est le plus apprécié des systèmes antichute. Le fait que l’enrouleur-dérouleur ne créé aucune interférence avec la tâche, est très apprécié de la part des Travailleurs. « Le meilleur système antichute selon les sujets est l’enrouleurdérouleur fixe, car il ne crée aucune interférence avec la tâche, permet d’être protégé des chutes en tout temps et de couvrir une grande surface. » (Arteau et al., 2007a) Les travailleurs préfèrent ne pas agir sur leur équipement pendant la réalisation de leur tâche. Les équipements les plus passifs sont donc les plus appréciés au niveau des liens de retenue. Concernant la position sternale et la position dorsale, il n’y pas réellement de préférence entre les deux. « La position idéale de l’attache de la longe sur le harnais demeure au choix du travailleur. » (Arteau et al., 2007a) Les deux positions sont acceptables et reste au choix du travailleur. Il est envisageable que, d’un point de vue actif/passif, la position dorsale soit la plus appréciée. Cette analyse sous l’angle actif/passif entraine certaines discussions.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 REVUE DE LA LITTÉRATURE
1.1 Introduction
1.2 Mémoire d’Isabelle Desjardins-David
1.3 Actif/passif : définition
1.4 Analyse d’un article sous l’angle actif/passif
1.4.1 Introduction
1.4.2 Mise en place de l’équipement
1.4.3 Travailleur effectuant sa tâche
1.4.4 Maintenance, entretien et vérification
1.4.5 Exemples
1.4.6 Justification du choix du point de vue
1.5 Systèmes
1.5.1 Définitions
1.5.2 Classification
1.6 État des connaissances
1.6.1 Ceinture de positionnement
1.6.2 Système d’arrêt de chute
1.6.2.1 Introduction
1.6.2.2 Dispositif d’arrêt de chute
1.6.2.3 Cordon d’assujettissement (longe)
1.6.2.4 Harnais de sécurité
1.6.2.5 Corde d’assurance verticale
1.6.2.6 Absorbeur d’énergie
1.6.2.7 Enrouleur-Dérouleur
1.6.2.8 Longes avec absorbeur d’énergie
1.7 Conclusion
CHAPITRE 2 PROBLÉMATIQUE
2.1 Place des ÉPI en santé sécurité du travail (SST)
2.1.1 Mise en contexte
2.1.2 Définition ÉPI
2.2 ÉPI vs Travailleur vs Port
2.2.1 Obligations
2.2.2 Contexte actuel
2.3 Concept actif/passif
2.4 Actif/Passif : nouvelle définition
2.5 Échelle dichotomique vs Échelle de mesure
2.5.1 Échelle dichotomique
2.5.2 Échelle de mesure
2.5.3 Justification du choix de l’échelle
2.6 Critères de mesure et représentation
2.6.1 Gêne causée par l’ÉPI
2.6.1.1 Définition
2.6.1.2 Application actif/passif
2.6.2 Nombre de gestes
2.6.3 Corrélation
2.6.4 Représentation
2.7 Préférence des travailleurs
2.8 Questions de recherche
CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE
3.1 Expérimentations envisagées
3.1.1 Objectifs
3.1.2 Méthodologie
3.1.3 Variables
3.1.3.1 Définitions
3.1.3.2 Variables utilisées
3.1.4 Description des expérimentations
3.1.4.1 Coulisseaux/Enrouleur-dérouleur
3.1.4.2 Harnais
3.1.5 Résultats attendus
3.1.5.1 Coulisseaux/Enrouleur-dérouleur
3.1.5.2 Harnais
3.1.6 Problèmes rencontrés
3.2 Solution retenue
3.2.1 Rapport écrit
3.2.2 Justification
3.2.3 Vidéos
3.3 Équipements testés
3.3.1 Mise en contexte
3.3.2 Harnais de sécurité
3.3.3 Ceinture de positionnement
3.3.4 Sous-systèmes de liaison
3.4 Objectif de l’expérimentation
3.5 Variables du rapport
3.6 Poseurs d’acier d’armature participants
3.7 Expérimentations
3.7.1 But des expérimentations
3.7.2 Tâches
3.7.3 Ordre des essais d’équipements
3.8 Outils pour la cueillette et l’analyse des données, des ressentis
3.8.1 Mesure de la perception psychophysique
3.8.2 Appréciation des sujets sur les variables dépendantes
3.8.3 Compilation des résultats
3.8.4 Analyse statistique et plan d’expérience
3.8.5 Entrevues semi-dirigées
3.8.6 Groupes de discussion
3.9 Conclusion
CHAPITRE 4 RÉSULTATS ET ANALYSES
4.1 Introduction
4.2 Résultats et analyses
4.2.1 Facilité d’utilisation
4.2.1.1 Interprétation des résultats
4.2.1.2 Interprétation graphique
4.2.2 Épaules
4.2.2.1 Interprétation des résultats
4.2.2.2 Interprétation graphique
4.2.3 Hanches
4.2.3.1 Interprétation des résultats
4.2.3.2 Interprétation graphique
4.2.4 Sentiment de sécurité
4.2.4.1 Interprétation des résultats
4.2.4.2 Interprétation graphique
4.2.5 Appréciation globale
4.2.5.1 Interprétation des résultats
4.2.5.2 Interprétation graphique
4.3 Résumé de l’analyse des liens
4.3.1 Analyse des résultats présentés dans le rapport sur les ferrailleurs
4.3.2 Justification du point de vue actif/passif
4.4 Discussion
4.4.1 Position dorsale vs Position sternale
4.4.2 Enrouleur-Dérouleur fixe
4.4.3 Comparaison enrouleur-dérouleur/longes
4.5 Conclusion
CHAPITRE 5 DISCUSSION – SYNTHÈSE
5.1 Définition
5.2 Variables
5.3 Échelles de mesure
5.4 Point de vue
5.4.1 Perspective globale
5.4.2 Point de vue de la mise en place
5.4.3 Point de vue de la maintenance et de l’entretien
5.4.4 Point de vue de la réalisation de la tâche
5.4.5 Systèmes d’arrêt de chute : degré d’activité
5.4.6 Conclusion
5.5 Rapport sur les ferrailleurs
5.5.1 Rapport écrit
5.5.2 Vidéos
5.5.3 Photographies
5.6 Attache dorsale vs attache sternale
5.7 Comparaison ÉPC et ÉPI
5.8 Mesure du degré d’activité
5.9 Proposition de nouvelles variables à mesurer
5.10 Conclusion
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
ANNEXE I DÉFINITIONS D’ACTIF/PASSIF
ANNEXE II LOI ET RÈGLEMENT
ANNEXE III ANALYSE DES RÉSULTATS SOUS L’ANGLE ACTIF/PASSIF
ANNEXE IV ARTICLE GfA 2013
ANNEXE V PROTOCOLE DES EXPÉRIMENTATIONS ENVISAGÉES
BIBLIOGRAPHIE
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