Il s’est produit entre 1990 à 2015 une perte nette d’environ 129 millions d’ha de forêts (naturelle et plantée), ce qui représente un taux annuel net de –0,13%. (FAO, 2015). La nécessité d’agir pour stopper les dégradations, pour mettre en place une gestion durable de ces ressources, mais aussi pour restaurer les forêts dégradées et les biens qu’elles fournissent est plus que jamais impérieuse (Mansourian et al, 2005). Les hotspots ont été confirmés, depuis les deux dernières décennies, comme régions extrêmement prioritaire pour une efficiente conservation de la biodiversité (Mittemeier et al, 2011).
Les forêts tropicales de Madagascar font partie de celles qui regorgent d’une richesse en biodiversité des plus abondantes au niveau mondial (Ratsisompatrarivo, 2016). Alors que les populations vivant en milieu rural font face à une extrême pauvreté et une très forte dépendance aux ressources naturelles, les forêts subissent une dégradation alarmante avec un taux de déforestation estimé à 0,4% pour la période de 2005 à 2010 (ONE, 2013). Etant parmi les hotspots mondiaux, la conservation de cette richesse naturelle s’avère primordiale. Cependant la conservation de la biodiversité n’est pas toujours favorable aux plus démunis (Raphael et al, 2007). Pour réduire la pauvreté des malgaches, pour pousser le développement rapide du pays tout en protégeant les réserves en ressources naturelles pour le futur, l’enjeu est de taille (Ratsisompatrarivo, 2016). Les projets de conservation et de développement s’inscrivent actuellement dans le cadre du développement durable.
Le projet de développement est considéré comme la réponse à un problème ou à un besoin d’une population cible donnée. Il peut être défini comme étant un ensemble d’actions entreprises dans le but de répondre à un besoin défini dans des délais fixés et dans la limite de l’enveloppe budgétaire allouée (Prodev, 2010). Les grandes étapes d’un projet de développement sont notamment : l’identification, la programmation et la prévision opérationnelle, le financement, la mise en œuvre et enfin le suivi-évaluation. (Ranaivoson, 2007). La préoccupation principale du planificateur et gestionnaire du développement est d’assurer une allocation et utilisation des ressources qui optimise le développement économique et social. C’est là que le suivi et l’évaluation prennent leur importance en tant qu’instruments de gestion essentiels à l’exécution efficiente et efficace des programmes de développement. Un meilleur système de suiviévaluation peut en effet contribuer à accroître la capacité de contrôle du développement. (PNUD, 1999).
Problématique et hypothèses
Problématique
Il est indispensable de disposer d’informations fiables sur le déroulement des activités et sur les résultats obtenus, sur le motif du succès et des échecs, et sur le contexte dans lequel se déroulent les activités. Ces informations sont le produit du système de suivi-évaluation. (Ranaivoson, 2007). Les données et informations collectées sont déterminantes pour les responsables des interventions et pour les parties prenantes qui doivent être en mesure d’identifier les problèmes et de définir les stratégies, les mesures correctives, les révisions de plans et l’affectation des ressources qui s’imposent. La collecte périodique d’informations permet de réajuster ou de corriger les activités du projet pour augmenter son efficience. (Mansourian et al. 2005). Selon la FIDA en 2002, le système de suivi-évaluation en question devra luimême, être suivi et mis à jour régulièrement pendant toute la durée du projet. Sa qualité générale doit être assurée ainsi que son mis à jour afin de suivre l’évolution des besoins d’informations, des compétences et des contextes ainsi que des adaptations apportées à la stratégie et aux activités du projet.
Cette étude veut comprendre l’état actuel du système de suivi-évaluation des projets de l’ONG Fanamby. Une observation et constatation préalable à partir du premier responsable a affirmé à partir d’un aperçu global que le système de suivi-évaluation présente des disfonctionnements entravant ainsi à la réorientation des projets. Le principal obstacle à cette réorientation est le retard du dépôt de certains livrables parvenant à l’unité de coordination, notamment les rapports d’activités. Aussi, la cohérence et pertinence de certaines informations contenues dans ces rapports peuvent être remises en question, malgré la présence de dispositif de suivi sur terrain. De plus, la structure existante ainsi que les outils ne contribuent pas à l’évaluation d’impacts de ses activités.
Ces confirmations nécessitent d’être examinées davantage. La compréhension des facteurs ayant conduit à ces disfonctionnements s’avère très importante pour pouvoir apporter des recommandations d’amélioration du dispositif de suivi-évaluation de l’ONG. Dans ce sens, l’étude se doit de s’étaler sur l’identification des besoins en informations indispensables à chaque niveau d’action dans la gestion de la mise en œuvre de l’intervention. Il s’avère alors indispensable de mettre en évidence l’écart entre les informations exigées par chaque niveau de gestion et les informations y parvenant réellement, produits par le dispositif de suivi-évaluation actuel. De même que les ressources, méthodes et outils du dispositif actuel permettant de gérer la circulation et le stockage de ces informations doivent être examinées pour améliorer le système de suivi-évaluation actuel.
Hypothèses
Pour répondre à cette problématique, une hypothèse globale est émise : Les informations produites par le système de suivi-évaluation sont quantitativement que qualitativement insuffisantes et ne reflètent pas parfaitement le déroulement des activités, les résultats obtenus, les motifs du succès et des échecs ainsi que le contexte dans lequel se déroulent les activités. Cette hypothèse globale peut être déclinée en deux, notamment :
Hypothèses 1 : Les besoins en informations, nécessaires au suivi-évaluation, exigés par chaque niveau de gestion ne sont pas satisfaits par le dispositif de suivi-évaluation actuel
Cette première hypothèse présume un manque d’informations parvenant à chaque niveau de gestion pouvant entrainer le disfonctionnement du système de suivi-évaluation actuel. Autrement dit, ce décalage entre les informations indispensables et les informations fournies par le dispositif de suivi-évaluation actuel constitue un obstacle à la réalisation des activités de suivi-évaluation. Ces décalages concernent surtout des besoins en informations d’ordre qualitatif.
Hypothèse 2 : Les ressources, méthodes et outils de collecte et de gestion des informations du dispositif de suivi-évaluation actuel ne permettent pas de gérer efficacement la circulation et le stockage des informations
Cette seconde hypothèse stipule que les moyens mis à disposition pour le suivi évaluation des activités de l’ONG ne contribuent pas à la gestion de la circulation et du stockage des informations du système de suiviévaluation pour pouvoir contribuer valablement au processus de prise de décision, de réflexion critique et de capitalisation.
Etat de connaissances
Quelques définitions et concepts doivent être décrits pour mieux comprendre la présente étude.
● Le suivi est un processus continu de collecte systématique d’informations, selon des indicateurs choisis, pour fournir aux gestionnaires et aux parties prenantes d’une action de développement en cours, des éléments sur les progrès réalisés, les objectifs atteints et l’utilisation des fonds alloués. (OCDE/CAD, 2002). Le suivi:
– est une activité de gestion systématique
– compare l’évolution du projet avec la planification afin d’identifier des mesures correctives
– intervient à tous les niveaux de gestion .
– utilise des rapports formels et la communication informelle
– met l’accent sur les ressources, les activités et les résultats du cadre logique
Le suivi est principalement concerné par l’amélioration de l’efficience technique des opérations d’un programme ou projet (relation entre les inputs et les outputs) (PNUD, 1999).
● L’évaluation se défini par « une vérification périodique de la pertinence, de l’efficience, de l’impact, de la viabilité économique et financière et de la viabilité d’un projet dans le contexte des objectifs qui lui ont été assignés » (EuropAid, 2001). L’évaluation:
– est une vérification du succès d’un projet
– évalue la pertinence, l’efficience, l’efficacité, l’impact et la viabilité du projet vis-à-vis des objectifs exprimés
– met plus l’accent sur les objectifs au niveau résultats vers objectifs spécifique et objectifs spécifique vers objectifs globaux
– vérifie la cohérence des hypothèses importantes
– est basée sur les principes directeurs : impartialité, indépendance, crédibilité
On distingue trois types d’évaluations, selon les acteurs effectuant l’évaluation.
– l’évaluation externe menée par une personne/organisation indépendante de l’unité d’exécution du projet
– l’évaluation interne réalisée par une personne/organisation lié au commanditaire (Bailleurs de Fond). On parle dans ce cas d’une mission de supervision.
– l’auto-évaluation menée par l’acteur dans son propre travail. Il évalue donc sa propre action et ne porte jugement que sur ses propres activités.
● Le suivi et l’évaluation sont deux activités différentes mais complémentaires. Le suivi est une succession d’étapes pour l’évaluation, puisqu’il permet d’observer le processus au jour le jour, et fournit des informations qui serviront d’input pour les évaluations prévues. Ainsi, le suivi fournit des données quantitatives et qualitatives à l’évaluation tandis que cette dernière demeure une source d’enseignement en vue de la perfection du suivi. Le suivi-évaluation aide les parties prenantes d’une intervention de développement à la prise de décision, à l’exercice des responsabilités, à l’apprentissage et au renforcement de capacité (Ranaivoson, 2007).
● Le système de suivi-évaluation est l’ensemble des procédures de collecte, de traitement et d’analyse d’informations, et d’établissement des rapports auxquelles s’ajoutent l’ensemble des conditions et des compétences nécessaires pour que les résultats du suivi-évaluation contribuent valablement au processus de décision, de réflexion et de capitalisation (FIDA, 2002). La conception d’un système de suivi-évaluation comporte six (6) phases selon FIDA:
– La définition de l’objectif et du champ d’action du système
– L’identification des questions relatives à la performance, des besoins en informations et des indicateurs
– La planification de la collecte et de l’organisation de l’information
– La planification des mécanismes et des activités nécessaires pour mettre en œuvre la réflexion critique
– La planification pour une communication et des rapports de qualité
– La planification des moyens et compétences nécessaires
● Le dispositif de suivi-évaluation permet de gérer la circulation et le stockage des informations relatifs pour faciliter la réflexion concertée des parties. (Ranaivoson, 2007).
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. METHODOLOGIE
2.1. Problématique et hypothèses
2.1.1. Problématique
2.1.2. Hypothèses
2.2. Etat de connaissances
2.3. Matériels et méthodes
2.3.1. Phase préparatoire
2.3.2. Phase de collecte de données
2.3.3. Phase de traitement des données
2.3.4. Synthèse de la méthodologie
3. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
3.1. Analyse des besoins en informations du système de suivi-évaluation
3.1.1. Analyse des objectifs de l’ONG Fanamby
3.1.2. Gestion et circulation des informations
3.1.3. Informations produites par le dispositif actuel
3.1.4. Ecart existant en matière de besoin en informations du système SE
3.2. Structure et fonctionnement du suivi-évaluation
3.2.1. Acteurs du suivi-évaluation
3.2.2. Activités de suivi-évaluation
3.2.3. Méthodes et outils SE
3.2.4. Perception du suivi-évaluation par les responsables de l’ONG
3.2.5. Ecart existant en matière de ressources, méthodes et outils pour la collecte, gestion et communication de l’information
3.3. Analyse FFOM du système de suivi-évaluation actuel
4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1. Discussions
4.1.1. Sur la méthodologie
4.1.2. Sur les résultats
4.1.3. Sur les hypothèses
4.2. Recommandations
4.2.1. Améliorer le pilotage et l’efficacité du projet en renforçant le suivi-évaluation
4.2.2. Favoriser la compréhension partagée du projet, la capitalisation et l’apprentissage pour une meilleure prise de décision
4.2.3. Plan d’action
5. CONCLUSION
6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUES
ANNEXES