Analyse du concept de vision spatiale et de ses caractéristiques

Analyse du concept de « vision spatiale à l’échelle transnationale » et ses caractéristiques

Des termes à définir

L’échelle transnationale
Il s’agit du niveau d’appréhension des politiques et des projets territoriaux de l’échelon B des programmes Interreg. Il est important de faire une distinction nette entre cette échelle et l’échelle internationale. En effet, le champ de l’international est parcouru par des flux repérés ou régulés, et il rend compte de la réalité des frontières des Etats ou des communautés plus vastes et de leur franchissement réglementé (Dollfus, 1992). La prise en compte des frontières est synonyme d’une différenciation nette entre les pays qu’elles séparent, c’est pourquoi on y traite de domaines qui s’appliquent entre deux ou plusieurs Etats (règlement, commerce, accords internationaux …), qui concernent le territoire ou la population de plusieurs Etats mais sans nécessairement remettre en cause les Etats (Brunet, Ferras, Thery, 1992). Le terme transnational est un terme récent qui définit les entreprises, les institutions dont les activités et le poids outrepassent les limites nationales tendant à une vision et un espace d’actions planétaire. Ce mot double le terme « international» qui implique une idée de coopération entre plusieurs nations (Brunet, Ferras, Thery, 1992).

On définit une coopération transnationale (sous Interreg IIB) comme un projet qui doit impliquer des partenaires d’au moins deux pays qui contribuent au financement de ce projet et qui sont actifs dans la mise en place de ce plan d’action. Cette coopération doit se concentrer sur une problématique transnationale. C’est-à-dire une problématique qui concerne une aire transnationale (à travers les frontières nationales et régionales), qui ne peut être traitée de façon équivalente par le niveau local, régional et national et qui nécessite une coopération transnationale (comme la pollution des rivières).

Néanmoins, si un projet n’aborde pas une problématique transnationale, il doit au moins traiter d’une problématique commune. Cela concerne une problématique rencontrée par plusieurs villes et/ou régions dans des lieux différents du territoire européen. Ces problématiques pouvant être traitées à tous les niveaux, la coopération transnationale proposerait ainsi une approche novatrice avec des solutions efficaces (telles que l’étalement urbain, le développement économique ou encore l’exclusion sociale). On peut donc définir la coopération transnationale comme un moyen d’améliorer la manière de comprendre et d’appréhender ces problématiques par le biais d’échanges de bonnes pratiques, de transfert de connaissances et d’expertise et le pilotage commun de projets. L’enjeu principal ici est d’apporter une plus value aux accomplissements d’acteurs individuels à travers le développement de solutions plus efficaces, intégrées et innovantes. On attend d’un projet transnational d’avoir des effets territoriaux sur plus d’un pays, avec des coopérations à travers les frontières nationales, au-delà des frontières contigües pour avoir une action plus efficace. L’« action efficace » peut être spécifiée en référence aux objectifs de cohésion de l’Union Européenne, de compétitivité (Stratégie de Lisbonne) et de développement durable (Stratégie de Göteborg). Enfin, la commission définit la transnationalité comme une coopération à travers de larges espaces multinationaux, en contraste avec le transfrontalier (entre des régions géographiquement contigües) et l’interrégional (parmi des régions non contigües) (CEC, 1994).

La « vision » et « l’espace » 

La vision spatiale est un concept d’origine anglo-saxonne (traduire : « spatial vision») dont les premières utilisations remontent aux années 60 dans les Pays-Bas. Le terme « vision » s’associe généralement au sens de la vue, mais il se définit aussi comme la manière de voir, de concevoir, de percevoir quelque chose (Larousse, 1988). L’ « espace » quant à lui est perçu comme une étendue indéfinie qui contient et entoure tous les objets (Larousse, 1988). Le terme « indéfini » est ici un qualificatif important car il peut s’entendre dans son acceptation mathématique (« qu’on ne peut limiter », qui est synonyme d’infini) ou dans son acceptation banale (« qu’on ne peut définir ») (Merlin, Choay, 2005).

En aménagement, l’espace aménagé, que ce soit à l’échelle de la ville de la région ou à celle d’un territoire, n’est pas seulement un espace homogène et isotrope. Les activités humaines s’y disposent selon des règles complexes que les économistes spatiaux ont tenté de définir, qu’il s’agisse des cultures (Von Thünen) ou des industries (Weber) (Merlin, Choay, 2005). Au sein d’un espace, les villes et autres établissements humains se disposent en réseaux suivant une géométrie perturbée par les conditions géographiques, les facteurs historiques et les voies de communication. L’espace aménagé est en effet un espace de relations économiques (transports de marchandises) et humaines (migrations à diverses échelles dans le temps). Il apparait donc à la fois polarisé et structuré par les voies de communication (Meier, 1962).

Jean Peyrony complète la définition de ce concept en y apportant une dimension temporelle. En effet, la particularité de la vision spatiale est de voir et concevoir un espace (quelque soit son échelle) en intégrant toutes ses caractéristiques, par une approche dynamique, pour tenter d’anticiper les évolutions futures. Il définit donc la vision spatiale comme une « définition d’objectifs partagés à long terme pour la structure spatiale d’une région, donnant les directions et les inspirations aux procédés d’aménagements transnationaux, nationaux et régionaux et aboutissant à la formulation et à la sélection de projets et de stratégies d’aménagement transfrontaliers » (Peyrony, 2002).

Cette dimension temporelle qui tourne le concept de vision spatiale vers le futur soulève quelques interrogations quant à la portée d’une telle démarche en aménagement du territoire. Il est en effet difficile de qualifier de « prospective » ou de « planification » la démarche de vision spatiale.

La dimension temporelle pour compléter la définition de la vision spatiale

Démarche de « planification » ou de « prospective » ? 

On définit la « prospective » comme la méthode d’exploration du futur qui vise à anticiper, à des horizons plus ou moins éloignés, les évolutions désirables ou non désirables d’un espace à définition politique (Lévy, Lussault, 2003).

En revanche, la « planification » est le processus qui fixe (pour un individu, une entreprise, une institution, une collectivité territoriale ou un état) les objectifs à atteindre, les moyens nécessaires, les étapes de réalisation et les méthodes de suivi de celles-ci après études prospectives (Merlin, Choay, 2005).

Il est clair que le SDEC a permis de développer des premières démarches prospectives à l’échelle transfrontalière mais aussi à des échelles de territoire plus vastes. Pourtant, de proposer une vision spatiale à l’échelle transnationale semble franchir un pas supplémentaire vers une démarche de planification territoriale (qui n’en est pas une pour autant si l’on s’en tient à la définition de Merlin et de Choay).

Il est donc peu évident de situer la position de la vision spatiale entre ces deux procédés. Nous suivrons ici le point de vue de Jean Peyrony (2003) qui, acceptant la démarche prospective de la vision spatiale, la qualifie de « planification stratégique», c’est-à-dire un processus permanent où un, ou plusieurs acteurs ensemble tentent d’agir dans le présent, en se projetant dans l’avenir c’est-à-dire en cherchant à visualiser des futurs possibles, probables, souhaitables, puis en arrêtant une stratégie, un projet, un programme d’actions en le mettant en œuvre, en l’évaluant et le corrigeant au fil du projet. Les visions spatiales Interreg se veulent à la fois un moyen de traduire spatialement (démarche « top-down ») les principes du SDEC, une interface entre le SDEC et les projets (Schéma d’Aménagement régionaux ou locaux, projets d’infrastructure), et une contribution à l’élaboration « bottom-up » d’un nouveaux SDEC dont les options seraient cette fois territorialisées. En terme de méthode, c’est un nouveau mode de « planification stratégique », bottom-up, itératif et interactif qui s’expérimente ici (Peyrony, 2003).

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Table des matières

INTRODUCTION
METHODOLOGIE
I Analyse du concept de vision spatiale et de ses caractéristiques
1. Analyse terminologique des termes clés
a) Echelle transnationale
b) La vision et l’espace
2. La dimension temporelle de la vision spatiale
a) Démarche de « planification » ou de « prospective » ?
b) La « planification stratégique » comme qualificatif du concept de vision spatiale
3. Les caractéristiques du concept de vision spatiale
a) Le concept de vision spatiale à l’échelle transnationale dans la littérature
b) Le concept de vision spatiale à l’échelle transnationale en six points
c) Les interrogations et les zones d’ombres autour du concept de vision spatiale à l’échelle
transnationale
Bilan de la première phase
II Comparaison de deux exercices de vision spatiale à l’échelle
transnationale : le SDEA et la NWV
1. Cadre politique dans lequel s’insère les exercices de vision spatiale en Europe
a) L’Union Européenne et la cohésion territoriale
b) L’Union Européenne et la coopération territoriale
2. Méthodologie de la comparaison
3. La comparaison du SDEA avec la NWV
a) L’aire de coopération transnationale
b) La motivation de l’initiative et la démarche suivie
c) Les objectifs et la visée de l’étude
d) Les conclusions
Bilan de la deuxième phase
III Réflexions sur le concept de vision spatiale à l’échelle transnationale
1. L’aire de coopération
2. Les principes d’aménagement
3. Les fonctions
4. Le contenu
5. La vision géographique de la politique
6. L’application
Bilan de la troisième phase
CONCLUSION

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