Madagascar est engagée depuis plusieurs décennies dans un processus économique involutif que le discours incantatoire sur l’extraordinaire potentiel du pays n’a jamais réussi à enrayer. Cette inexorable régression ne semble pas avoir été affectée par les changements de régimes politiques, aux options économiques les plus divergentes, qui se sont succédés depuis l’indépendance : de la première République aux options post-coloniales, à la troisième qui affiche une tendance libérale prononcée, en passant par près de 20 ans de « socialisme » et d’économie dirigée sous la seconde République. Ceux qui ont voulu voir dans l’échec malgache l’empreinte des choix erronés d’une économie administrée se trouvent démentis par les performances récentes de Madagascar.
En effet, Madagascar représente le cas paradoxal d’un pays qui a entrepris depuis plus d’une décennie un nombre considérable de réformes institutionnelles visant à mettre en place une économie de marché (libéralisation du commerce et des prix et des importations, privatisation, mise en place d’un marché inter-bancaire des devises et flottement de la monnaie, création d’un régime de zones franches et appel aux capitaux étrangers), au point de devenir un temps un exemple aux yeux des institutions de Bretton Woods, sans que cela ait un effet durable sur la croissance économique.
Les concepts de base
Approche à haute intensité de main d’œuvre
Pour améliorer de manière durable sa situation, la population pauvre des pays en développement, et notamment des pays les moins développés, a besoin d’accéder à des emplois rémunérés ou à des ressources productives.
Définitions
L’expression « approche à haute intensité de main-d’œuvre » signifie qu’il est fait une utilisation optimale de la main-d’œuvre en tant que ressource principale dans les projets d’infrastructure, tout en veillant à la rentabilité et en assurant une bonne qualité des travaux. Cela suppose une combinaison des moyens de production, la main-d’œuvre et les équipements appropriés, dans le but d’une construction ou d’une réhabilitation d’infrastructure. Mais généralement les équipements utilisés sont des matériaux légers( brouette, bêche,…).
Selon la théorie de l’avantage comparatif :
« Tout pays a intérêt à être libre-échangiste même si un pays a un avantage absolu sur tous les autres pays dans tous les domaines. Le pays se spécialise dans la production où il possède un avantage relatif, là où il est relativement le meilleur ou le moins mauvais. Il faut savoir renoncer à ses avantages les plus faibles pour tirer parti de ses avantages les plus forts. » .
Les principes de base des projets H.I.M.O sont assez simples. Partant du constat que l’avantage comparatif des pays en développement réside dans l’abondance du premier facteur de production, à savoir le travail non qualifié, il convient de privilégier les techniques de production les plus intenses en main-d’œuvre.
Cette approche s’est développée, sous l’impulsion de la Banque mondiale, en Afrique francophone, avec la création d’agences spécialisées sur le modèle des Agences d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public . Les municipalités africaines ont été des partenaires actifs de ces programmes qui leur permettaient à la fois de réaliser des équipements et des infrastructures au moindre coût tout en procurant des opportunités d’emplois à leurs habitants.
Historique
La Banque mondiale et l’OIT ont été parmi les premières organisations internationales à encourager les pays en développement à adopter une technologie intensive en main d’œuvre. Bien que les méthodes H.I.M.O aient été utilisées dans la période coloniale, à partir des années 1960, les entités économiques des pays en développement ont privilégié les méthodes mécaniques, du fait qu’ils possèdent des infrastructures adéquates et des technologies avancées. Mais dans les pays en voie de développement, la main d’œuvre est abondante et les capitaux sont rares, et la Banque mondiale et l’OIT ont soutenu que les méthodes H.I.M.O se justifiaient d’un point de vue économique et sociale, puis que sous certaines conditions elles étaient en fait plus compétitives d’un point de vue financier.
Fonctionnement du programme H.I.M.O
Le Programme H.I.M.O collabore avec le gouvernement, le secteur privé, les organisations d’employeurs, de travailleurs et les associations communautaires. Il oriente les investissements d’infrastructure publics et privés vers des niveaux plus élevés d’emploi productif par l’utilisation de technologies H.I.M.O. La plupart des projets sont exécutés par des entreprises privées adjudicataires de contrats publics. Une approche à caractère communautaire est également de plus en plus favorisée. Elle comprend la promotion d’associations communautaires pour la mise en œuvre des projets, se fondant sur plus de deux décennies d’expérience en matière de recherche et développement, de formation, d’exécution et de reproduction de projets.
Activités H.I.M.O
La technique H.I.M.O est particulièrement bien adaptée aux pays en développement qui ont encore des salaires faibles, un taux de chômage ou de sous-emploi important et dont les infrastructures accusent un retard important. Ces conditions s’appliquent à la plupart des régions de Madagascar. L’expérience d’autres pays de développement montre que la technique H.I.M.O peut être utilisée, pas seulement dans le domaine des routes, mais dans beaucoup de domaines différents. Ce qui suit est une liste de ces domaines; dans certains cas la technique H.I.M.O a déjà été utilisée à Madagascar, dans d’autres son utilisation pourrait être explorée.
On peut observer plusieurs activités pratiquées en H.I.M.O. Voici quelques exemples d’activités :
a) Routes
Routes revêtues: Construction des petites structures de drainage en maçonnerie et des murs de retenues; Protection anti-érosion en gabions ou par des techniques de génie biologique: plantation d’arbres, arbustes et des herbes; Entretien. Routes en terre régionales et rurales: toute construction, réhabilitation et entretien.
b) Infrastructures urbaines
Revêtement des trottoirs et des routes secondaires en pavés béton ou pavés de roche; Drainage et égouts en maçonnerie; Constructions de latrines; Parcs et espaces verts.
c) Alimentation en eau potable
Puits creusés manuellement;
– Excavations pour les réseaux d’eau;
– Protection des sources.
d) Services urbains
– Ramassage des ordures, recyclage et compostage.
e) Construction de bâtiments
– Pour les bâtiments de faible importance:
– Logements;
– Ecoles primaires et secondaires;
– Infrastructures de santé de base;
– Marchés;
– Maçonnerie de briques et de moellons;
– Menuiserie et charpente en bois locaux.
f) Irrigation
– Grands périmètres: construction et réhabilitation des travaux de terrassement, entretien;
– Petits périmètres: tous travaux de construction, réhabilitation et entretien des petits barrages, prises d’eau, canaux d’alimentation et de drainage et des structures de distribution de l’eau.
g) Reboisement
Pépinières;
repiquage;
Entretien et gardiennage
h) Travaux anti-érosifs
Par des techniques de génie biologique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I: CADRE CONCEPTUEL
CHAPITRE I: APPROCHE THEORIQUE
Section 1: Les concepts de base
Section 2: Raisons d’être et objectifs du programme H.I.M.O
CHAPITRE II: LE MONDE RURAL A MADAGASCAR
Section 1: Approche du monde rural
Section 2: Description des différents secteurs d’infrastructures productives en milieu rural
Section 3: Politiques et objectifs
SYNTHESE GENERAL
PARTIE II: PRESENTATION DU F.I.D DANS SA GENERALITE
CHAPITRE 1 : LE F.I.D EN GENERAL
Section 1: Historique
Section 2: Organisation
Section 3: Activités
CHAPITRE 2 : LA PROTECTION SOCIALE : LES TRAVAUX H.I.M.O
Section 1: Définitions
Section 2: La composante « PROTECTION SOCIALE »
Section 3: Les Procédures
PARTIE III: ANALYSES D’IMPACTS: CAS MAROVOAY II
CHAPITRE I: PRESENTATION DU PROJET
Section 1: Présentation de la zone d’étude
Section 2: description des projets
CHAPITRE II: IMPACTS DES PROJETS H.I.M.O SUR LA PAUVRETE RURALE
Section 1: Impact sur les ressources matérielles et financières des ménages
Section 2: Impacts des projets d’assainissement sur les ressources humaines
Section 3: Impact sur le capital social et les capacités collectives
Section 4: Impact sur la sécurité alimentaire et économique des ménages
CHAPITRE III: ANALYSE D’IMPACTS ET RECOMMANDATIONS
Section 1: Pertinence des objectifs et efficacités des projets du F.I.D
Section 2: Apports du programme H.I.M.O
Section 3: Constats et recommandations générales
SYNTHESE GENERAL
CONCLUSION
Annexes
Bibliographies