Soutenance mémoire
La canne à sucre (Saccharum officinarumL.) est une plante de la famille des Poaceae, originaire de l’Asie du Sud-Ouest (Souza et al., 2010). Les variétés de canne cultivées sont issues d’hybridations interspécifiques complexes principalement entre Saccharum officinarum L. et Saccharum spontaneum L. en vue d’améliorer le rendement en sucre et la résistance aux aléas du climat (Feldmann, 1985). La canne est cultivée surtout dans les pays tropicaux et subtropicaux dont les plus gros producteurs sont l’Inde, le Brésil, le Cuba et la Chine (Glaszmann et al., 1983). La culture de canne à sucre contribue au développement économique et social à l’échelle régionale et même du pays. Elle constitue une source de revenu importante pour les agriculteurs (Grossard et al., 2010).
Milieu d’étude
Localisation de Brickaville
Le chef-lieu du District de Brickaville (longitude 49°04’2.38’’ E et 18°49’05.59’’ S) est situé à 265 km à l’Est d’Antananarivo sur la Route Nationale numéro 2 . Le District couvre une superficie de 5 297 km2 et est composé de 18 fokontany ou villages communautaires. Brickaville est peuplée essentiellement par les Betsimisaraka. Sur le plan climatique, elle est balayée par l’alizé, avec une température moyenne de 26°C et une précipitation supérieure à 2500 mm. Elle est traversée par les rivières Vohitra et Rongaronga.
Organisation des plantations de canne à sucre
Les plantations de canne à sucre à Brickaville sont divisées en deux catégories bien distinctes composées de 25 secteurs selon les informations obtenues de la part des personnels du CMCS et de la SASM : les plantations entretenues par les planteurs sous contrôle de la SASM et celles des planteurs propriétaires indépendants. Pour les planteurs travaillant pour la SASM, les plantations sont divisées en 4 groupes: le premier groupe est constitué par le secteur d’Ambalatenina et Ste Thérèse; le second groupe Ambodiatafana et Andramaka; le troisième groupe est Antanandava I et le dernier groupe appelé MOCA. Par contre, pour les planteurs indépendants, les plantations sont divisées en 2 secteurs dont chacun est coordonné par un chef d’équipe. Il s’agit du secteur dit «Ambony» constitué par les villages d’Ambodiampaly, Antsiraka, Ambodivoahangy, Ampasimaneva, Arafo, Lohomby, Morafeno I et II, Maromamy, Sahamorona I et II, et du secteur dit «Ambany» composé par Ambodimanga, Antanandava II, Ambalavary II, Ambohimanarivo, Ambodifaho, Sahatakoly, Valavahatra et Mizahamiorika .
Choix du site d’étude
Parmi les 25 sites répertoriés dans les plantations industrielles de Brickaville, 13 ont été choisis pour notre étude. Ils sont localisés dans un rayon de 60 km autour de l’usine. Pour les planteurs sous contrôle de la SASM, deux secteurs ciblent Ambalatenina et Ambodiatafana. Quant aux planteurs propriétaires indépendants, 11 secteurs ciblent porté sur Ambalavary II, Ambodimanga, Ambodiampaly, Ampitabe, Ampasimaneva, Antanandava II, Maromamy, Mizahamiorika, Morafeno I, Sahatakoly et Sahamorona II (Carte 2). Le choix des secteurs a été effectué de façon à rencontrer un nombre maximal d’informateurs lors des enquêtes sur terrain. En effet, plus un secteur est loin de l’usine, moins nombreuses sont les personnes susceptibles de fournir des informations. De plus, certains secteurs éloignés sont difficiles d’accès. La période de la descente sur terrain a aussi coïncidé avec la «fête des morts» célébrée par l’ethnie Betsimisaraka. Durant cette célébration les gens sont moins disponibles à cause des festivités et pratiques traditionnelle.
Matériel végétal
Idéalement, le travail de caractérisation des variétés de canne à sucre, Saccharum officinarum L. (Poaceae), connues localement sous le nom de «fary», consiste à effectuer une description morphologique à tous les stades du développement de la plante. Or, la courte durée d’exécution du projet n’a pas permis de suivre l’individu tout au long de son cycle. Dans ce cas, l’approche la plus indiquée est d’effectuer une description de la variété à maturité. Cette période de maturation correspond à la campagne de récolte de la canne se déroulant du mois de juin à septembre, coïncidant avec la période d’investigation définie par le projet.
La caractérisation des variétés de canne à sucre a été faite à partir des critères développés par l’Union pour la Protection des Obtentions Végétales (UPOV, 2002). Elle est effectuée sur des pieds matures âgés de 7 à 8 mois. Il s’agit de relever les caractéristiques qualitative et quantitative décrivant le port, le feuillage, la tige, le nœud, la gaine de la feuille, la ligule, la nervure principale, le limbe, l’entre-nœud, le bourgeon, le sommet de la canne, la durée du cycle de développement et le rendement ainsi que le type d’utilisations . Toutes les observations concernant le nœud et l’entre- nœud sont faites sur l’entre-nœud le plus long de la tige représentative. Les observations du limbe et de la gaine de la feuille ont été effectuées sur la feuille TVD (Top Visible Dewlap), c’est-à-dire la dernière feuille dont l’ochréa est visible. L’ochréa est une petite gaine enveloppant la base de l’entre-nœud, au niveau de l’insertion des feuilles. Le sommet de la canne est la zone située entre la plus haute feuille dont l’ochréa est visible et l’insertion de la quatrième plus jeune feuille entièrement étalée de la tige. Les mesures ont été faites sur au moins 25 individus. Cette caractérisation a été effectuée sur terrain tout de suite après les interviews avec les planteurs.
D’après, les personnels de la SASM et du CMCS, les variétés promues par la SASM à savoir US 59 161, BD 72 261, S 17 et M 555 60 sont des variétés industrielles tandis que toutes les autres variétés rencontrées sont dites artisanales.
Etudes ethnobotaniques
Considérations éthiques
Une autorisation de la part des différentes institutions ou autorités concernées est nécessaire avant de commencer les travaux de terrain. Les objectifs de l’étude, les méthodes, les activités à réaliser et la façon dont les informations recensées seront utilisées, doivent être expliqués au préalable. Une visite de courtoisie est alors effectuée auprès du directeur de l’usine SASM de Maromamy pour expliquer les objectifs et les activités prévues dans le cadre de l’étude. Par la suite, une réunion générale qui a regroupé le chef de division de la partie Est, le chef secteur du CMCS, le responsable de la quarantaine à Ranomafana ainsi que quelques membres du personnel du CMCS a été organisée. Enfin, des réunions ont été tenues avec le personnel de la SASM pour mieux expliquer les raisons de notre étude.
Méthode d’interview
Des interviews de type semi-structuré (Gerique, 2006; Rakotoarivelo, 2015) ont été effectuées dont le questionnaire est présenté en Annexe II. Durant cette forme d’interview, l’objectif est d’orienter les informateurs vers le sujet. Cela permet de conduire l’entretien de manière souple avec une certaine flexibilité dans la conversation. Cette méthode permet de dresser une liste plus complète des variétés utiles et de leurs caractéristiques. Cette liste est également appelée «liste libre» car elle est établie dans l’ordre des variétés qui vient à l’esprit de l’informateur (Quinlan, 2005).
Les interviews se sont déroulés de deux manières: soit sous forme individuelle, soit sous forme d’interview en groupe ou «focus groupe». Pour les interviews individuelles, les personnes ciblées sont les planteurs indépendants, les propriétaires de champs de canne mais aussi le personnel qui gère les champs de canne de la SASM. Durant les visites au niveau des différents secteurs, le chef de division de la SASM était présent et a facilité l’accès de l’équipe aux différents secteurs, ainsi que la compréhension du dialecte local .
Les interviews menées auprès d’un groupe de personnes ou « focus group » ont été pratiquées avec le personnel de la SASM et du CMCS, des personnes ayant les connaissances sur les différents secteurs, sur les pratiques culturales et culturelles locales, sur les différentes variétés de canne à sucre déployées au niveau des plantations et aussi sur les critères de préférence variétale . Ce type d’interview a été appliqué lors des visites de courtoisie ou pratiqué occasionnellement lorsqu’il est associé à d’autres activités comme les visites des champs, ou à l’assistance aux cérémonies de la «fête des morts».
|
Table des matières
I-INTRODUCTION
II-MATERIEL ET METHODES
II-1-Milieu d’étude
II-1-1-Localisation de Brickaville
II-1-2-Organisation des plantations de canne à sucre
II-1-3- Choix du site d’étude
II-2-Matériel végétal
II-3-Etudes ethnobotaniques
II-3-1-Considérations éthiques
II-3-2- Méthode d’interview
II-3-3-Déroulement de l’enquête
II-4-Traitements et analyses des données
III-RESULTATS
III-1-Profil socio-démographique des planteurs
III-2- Diversité et utilisations des variétés de canne à sucre
III-2-1- Mode d’acquisition des souche mères par les planteurs
III 2-2- Distribution des variétés recensées à Brickaville
III-2-3-Répartition surfacique des cultures de canne à sucre dans la zone industriel de Brickaville
III-3-Maladies et ravageurs de la canne à sucre
III-3-1-Sensibilité des variétés aux maladies et aux ravageurs
III-4- Importance des variétés de canne à sucre pour les planteurs
III-5- Critères de préférence pour les variétés de canne à sucre
IV-DISCUSSION
V-CONCLUSION
VI-REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES
ABSTRACT
RESUME
