Analyse des pratiques de pose du NEXPLANON
LES I.V.G : UN PROBLEME DE SANTE PUBLIQUE
Plus de quarante ans aprรจs la loi Neuwirth, la contraception et la prรฉvention des I.V.G restent un vรฉritable enjeu de Santรฉ publique. Depuis Mars 2013, lโensemble des frais de soin, dโhospitalisation et de surveillance pour une IVG est pris en charge intรฉgralement par lโAssurance Maladie. Depuis la lรฉgalisation de lโIVG en 1974 par la loi Veil et lโadoption en 2001 dโune loi allongeant le dรฉlai lรฉgal de 12 ร 14 semaines dโamรฉnorrhรฉe, amรฉnageant la contraception dโurgence et lโautoritรฉ parentale pour les mineures demandant une IVG, le contexte franรงais demeure paradoxal : le nombre dโIVG reste stable, environ 220 000 par an, malgrรฉ une diffusion massive de la contraception [5]. Le nombre de grossesses non dรฉsirรฉes reste รฉlevรฉ. Environ 17% des franรงaises de 15 ร 54 ans dรฉclarent avoir dรฉjร eu recours ร lโI.V.G au moins une fois dans leur vie [6]. Plus dโ1 conception sur 5 est interrompue volontairement (27 I.V.G pour 100 naissances vivantes). Le taux annuel est de 14.7 pour 1000 femmes de 15 ร 49 ans, pour une moyenne europรฉenne de 11,2%. 1/3 des I.V.G sont rรฉalisรฉes chez des femmes de moins de 24 ans [7].
Si la libรฉralisation de l’avortement n’a pas produit d’augmentation des I.V.G, la diffusion large, en revanche, d’une contraception mรฉdicalisรฉe et efficace n’a pas fait diminuer aussi rapidement le nombre d’avortements. Quโen est-il dans la rรฉgion des Pays de la Loire ? 8383 I.V.G pour 44389 naissances ont รฉtรฉ pratiquรฉes en 2011 [8] (19 I.V.G pour 100 naissances), avec un taux annuel de 10.6 I.V.G pour 1 000 femmes de 15 ร 49 ans. Il y a eu 1901 I.V.G en Maine et Loire (22.67 %), 1308 en Sarthe (15.60 %) et enfin 485 en Mayenne (5.78%) [9].
LA CONTRACEPTION EN FRANCE
Selon les chiffres du Baromรจtre Santรฉ 2010, plus de 91% des Franรงaises sexuellement actives รขgรฉes de 15 ร 24 ans dรฉclaraient employer une mรฉthode contraceptive. La pilule lancรฉe en 1960 autorisรฉe en France en 1967 par la loi Neuwirth reste le moyen de contraception le plus utilisรฉ en France [10]. Une รฉtude rรฉvรฉlait que 88 % des femmes de 20 ans et moins dรฉclaraient avoir oubliรฉ au moins une fois leur pilule lors des trois derniers mois (contre 54 % de lโensemble des femmes) [11]. De plus en plus de femmes utilisent la contraception dโurgence mais une minoritรฉ (5%) connaรฎt le dรฉlai maximal des 120h. Par ailleurs, beaucoup dโidรฉes reรงues circulent : 53% des personnes interrogรฉes pensent quโil nโest pas possible dโรชtre enceinte pendant les rรจgles, ou pensent quโen surveillant leur cycle, elles peuvent maitriser leur fรฉconditรฉ car il existerait ยซ des jours sans risques ยป [12]. Lโenquรชte de lโINPES et de lโinstitut BVA de 2007 confirmait une connaissance รฉtendue des franรงaises sur les diffรฉrentes mรฉthodes contraceptives : la pilule et le prรฉservatif รฉtant connus par plus de 97% dโentre elles et le stรฉrilet par 93%. Par contre, une femme sur deux ne connaissait pas les nouveaux moyens de contraception hormonaux autres que la pilule. Seules 23% savaient que le dรฉlai de lโimplant รฉtait de 3 ans [13].
Les prescripteurs orienteraient prรฉfรฉrentiellement les femmes vers la pilule, au dรฉtriment dโautres mรฉthodes comme lโimplant [14]. Or, la pilule nโest pas nรฉcessairement adaptรฉe aux besoins de toutes les femmes car elle impose certaines contraintes dโutilisation et de prescription. De plus, lโinadรฉquation entre la mรฉthode utilisรฉe et le mode de vie de la femme peut entrainer une mauvaise utilisation voire un arrรชt de la contraception. Cette orientation des prescriptions sโexpliquerait en partie par des habitudes professionnelles, notamment de mรฉdecins gรฉnรฉralistes moins formรฉs que les gynรฉcologues sur les derniers contraceptifs commercialisรฉs. Or, de nombreuses jeunes femmes prรฉfรจrent consulter les mรฉdecins gรฉnรฉralistes par apprรฉhension dโune consultation gynรฉcologique, ou de possibles dรฉpassements dโhonoraires. Pour cela, lโANAES a rรฉdigรฉ en dรฉcembre 2004 des recommandations intitulรฉes : ยซ Stratรฉgies de choix des mรฉthodes contraceptives chez la femme ยป. Le document recense lโรฉtat des connaissances de toutes les mรฉthodes contraceptives disponibles. Il engage vers la prescription du moyen contraceptif le plus adaptรฉ, le mieux acceptรฉ par la patiente et non nรฉcessairement celui le plus efficace thรฉoriquement [15]
Selon lโรฉtude COCON en 2000, parmi les femmes ayant eu recours ร lโIVG, seules 28% nโutilisaient pas de contraception. Plus de 2 grossesses sur 3 survenaient donc chez des femmes utilisant un moyen contraceptif : 23,1% la pilule, 19,3% le prรฉservatif et 7% le stรฉrilet ; ces รฉchecs รฉtant attribuรฉs ร une utilisation incorrecte de la mรฉthode ou ร la survenue dโune difficultรฉ lors de son utilisation (oubli de pilule, rupture du prรฉservatif…), et ร une conduite inadรฉquate pour รฉviter la grossesse par manque dโinformation [16]. Les campagnes grand public dโinformation axรฉes sur la pluralitรฉ des contraceptifs disponibles ont dรฉbutรฉ en 2007. La premiรจre intitulรฉe โLa meilleure contraception, cโest celle que je choisisโ a รฉtรฉ mise en place et complรฉtรฉe par un site Internet, coordonnรฉ par lโINPES et le ministรจre de la Santรฉ. Ce site, toujours actif, permet un accรจs rapide ร des informations sur lโensemble des moyens de contraception disponibles (efficacitรฉ, contre-indications, modalitรฉs dโaccรจs, coรปt, etc.) [17].
Animรฉe par des spots radios et des banniรจres web lancรฉe de Mai ร Juin 2013, la campagne ยซย la contraception qui vous correspond existeย ยป avait pour objectif d’inciter hommes et femmes ร s’informer sur les diffรฉrents moyens contraceptifs et ร choisir celui adaptรฉ ร leurs besoins, leur mode de vie et leurs antรฉcรฉdents mรฉdicaux. En effet, en dรฉpit de cette diversitรฉ, le schรฉma contraceptif en France est longtemps restรฉ figรฉ : prรฉservatif en dรฉbut de vie sexuelle, puis pilule, et enfin stรฉrilet aprรจs la naissance d’enfants, alors que ce dernier, par exemple, peut parfaitement รชtre proposรฉ aux jeunes femmes avant toute naissance. Cette ยซ norme ยป contraceptive a รฉtรฉ remise en cause par ยซ la crise des pilules dites de 3e et 4e gรฉnรฉration ยป. En effet, le dรฉbat mรฉdiatique de 2013 a contribuรฉ ร une diversification des pratiques contraceptives. Mรชme si la pilule reste prรฉpondรฉrante, le recours ร celle-ci a diminuรฉ passant de 50% en 2010 ร 41% en 2013 [18]. La politique de prรฉvention par la contraception รฉtait jusquโร prรฉsent peu adaptรฉe ร la situation spรฉcifique des mineures qui prรฉsente trois caractรฉristiques :
– une vulnรฉrabilitรฉ et une sous-information au commencement de leur vie amoureuse
– le besoin de confidentialitรฉ, voire de secret autour de la vie sexuelle, amplifiรฉ dans certaines
situations familiales jusquโร devenir un impรฉratif vital lorsque la culture ou la religion prohibent toute relation sexuelle en dehors du mariage
– lโabsence ou la faiblesse des ressources financiรจres.
Partant de ce constat, le Conseil rรฉgional des Pays de la Loire a lancรฉ le Pass prรฉvention / contraception en septembre 2012. Ce Pass sโadresse aux lycรฉens et aux apprentis, filles et garรงons, scolarisรฉs dans la rรฉgion. Il prend la forme d’un chรฉquier de huit coupons remis ร la demande du jeune par le personnel de santรฉ scolaire ou รฉducatif ยซrรฉfรฉrentยป de l’รฉtablissement. Il a รฉtรฉ progressivement diffusรฉ dans les Centres de planification et dโรฉducation familiale de la rรฉgion. Ce chรฉquier permet, sans avance de frais et de maniรจre anonyme, un accรจs ร la contraception et au dรฉpistage des infections sexuellement transmissibles. Les coupons ouvrent droit ร deux consultations mรฉdicales, ร des prรฉlรจvements et analyses biologiques ainsi quโร la dรฉlivrance de produits contraceptifs en pharmacie pour une durรฉe moyenne dโun an. Lโensemble de ce parcours de soins est encadrรฉ par les professionnels de santรฉ compรฉtents (mรฉdecins, sages-femmes, pharmaciens, infirmiers…) ร qui le jeune remettra un des coupons du chรฉquier, chacun se faisant ensuite directement rembourser par la Rรฉgion [19]. Par ailleurs, depuis la loi de financement de la Sรฉcuritรฉ sociale de Mars 2013, la contraception est gratuite pour les jeunes filles de 15 ร 18 ans sur le plan national. Elles peuvent dรฉsormais obtenir la pilule contraceptive (de 1รจre et de 2รจme gรฉnรฉration), le stรฉrilet ou lโimplant contraceptif en prรฉsentant aux pharmaciens une ordonnance mรฉdicale et la carte de vitale de leurs parents (ou une attestation dโaffiliation ร un rรฉgime de sรฉcuritรฉ sociale) [20].
INDICE DE PEARL DES METHODES CONTRACEPTIVES
L’efficacitรฉ d’une mรฉthode contraceptive se mesure par l’indice de Pearl (Image 1), indice thรฉorique รฉgal au pourcentage de grossesses ยซย accidentellesย ยป sur un an d’utilisation de la mรฉthode. ร titre d’exemple, un indice de Pearl ร 2 signifie que 2 femmes sur 100 utilisant pendant un an la mรฉthode contraceptive analysรฉe ont รฉtรฉ enceintes dans l’annรฉe. On distingue donc cette efficacitรฉ thรฉorique, consรฉcutive ร l’usage correct de la mรฉthode, et l’efficacitรฉ pratique, calculรฉe sur l’ensemble de l’รฉchantillon, y compris les couples n’ayant pas respectรฉ la mรฉthode (oubli de prise de la pilule, usage incorrect du prรฉservatif, etc.) [21]. L’รฉcart entre l’efficacitรฉ thรฉorique et pratique est particuliรจrement grand pour la pilule (oublis etc…), les prรฉservatifs (ruptures, mises en place incorrectes) et les mรฉthodes naturelles. Lโimplant contraceptif constitue de nos jours lโune des mรฉthodes de contraception les plus sรปres avec un indice de Pearl calculรฉ ร 0% annรฉe-femme [22]. En pratique courante, les donnรฉes des centres rรฉgionaux de pharmacovigilance estiment lโindice de Pearl ร 0,06. Les rares cas de grossesse observรฉs (33 pour 100 000 implants vendus) รฉtaient attribuรฉs ร des problรจmes dโinsertion (77 %), un non-respect du moment de pose indiquรฉ (10%) ou ร un รฉchec du principe actif notamment en raison dโune probable interaction mรฉdicamenteuse (7.6%) [23] ร [30].
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Table des matiรจres
LISTE DES ABREVIATIONS
PLAN
1.INTRODUCTION
1.1 Contexte
1.2 Les I.V.G : un problรจme de santรฉ publique
1.3 La contraception en France
1.3.1 Epidรฉmiologie
1.3.2 Indice de Pearl des mรฉthodes contraceptives
1.3.3 Prix et prise en charge des mรฉthodes contraceptives
1.4 Lโimplant contraceptif sous-cutanรฉ
1.4.1 Technique dโinsertion
1.4.2 Technique de retrait
1.5 Le mรฉdecin gรฉnรฉraliste face ร la gynรฉcologie mรฉdicale
2.MATERIEL ET METHODE
2.1 Type et objectifs de lโรฉtude
2.2 Population รฉtudiรฉe et mode de recrutement
2.3 Dรฉroulement de lโenquรชte
2.4 Questionnaire
2.5 Saisie des questionnaires et analyse statistiques des donnรฉes
3.RESULTATS
3.1 Participation ร lโรฉtude
3.2 Donnรฉes sociodรฉmographiques
3.2.1 Profil des mรฉdecins gรฉnรฉralistes
3.2.2 Lieu et mode dโexercice
3.2.3 Pratique dโune activitรฉ annexe ร la mรฉdecine gรฉnรฉrale
3.3 Activitรฉ moyenne, actes de gynรฉcologie et de contraception
3.3.1 Activitรฉ moyenne
3.3.1.1 Selon le sexe
3.3.1.2 Selon le milieu dโexercice
3.3.1.3 Selon la distance avec le gynรฉcologue le plus proche
3.3.2 Activitรฉ contraception
3.4 Analyse des pratiques des mรฉdecins gรฉnรฉralistes
3.4.1 Prescription de lโimplant hormonal contraceptif
3.4.2 Etat des connaissances
3.4.3 Pose de lโimplant hormonal contraceptif
3.4.4 Analyse des pratiques de pose du NEXPLANON
3.4.5 Analyse des pratiques de retrait du NEXPLANON5
3.4.6 Les modalitรฉs de pose et retrait de lโimplant contraceptif
3.4.7 Pose du dispositif intra-utรฉrin
3.5 Opinion des mรฉdecins sur leur formation
4.DISCUSSION
4.1 Qualitรฉs et limites de lโรฉtude
4.2 Discussion des donnรฉes sociodรฉmographiques
4.3 Discussion de lโactivitรฉ moyenne, actes de gynรฉcologie et de contraception
4.4 Discussion des pratiques des mรฉdecins gรฉnรฉralistes
4.5 Discussion de la formation des mรฉdecins
5.CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire adressรฉ aux mรฉdecins gรฉnรฉralistes
Annexe 2 : Le modรจle BERCER de lโOMS
Annexe 3 : Livret explicatif sur le NEXPLANONยฎ du Centre Flora Tristan
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