Les dirigeants malgaches ont orienté le développement de la ville d’Antananarivo en contradiction flagrante avec les principes traditionnels d’organisation de l’espace dans une volonté de moderniser l’affiche du pays. Or, l’extension en plaine n’a pu se faire qu’au prix d’un assèchement et d’un remblai des zones marécageuses. Cependant, les travaux d’aménagement, entamés dès le XIXe siècle, ne mettent pas la plaine alluviale à l’abri des inondations, car elle est fermée au Nord-Ouest par le seuil rocheux de BevomangaFarahantsana qui freine l’écoulement des eaux vers l’aval. La pente de l’Ikopa qui draine la plaine est extrêmement faible, de l’ordre de 0,15 %. Cela entraîne d’une part des dépôts d’alluvions considérables dans la plaine et donc la formation de marécages, et d’autre part des inondations très importantes à la saison des pluies, de décembre à mars.
L’extension de l’agglomération dans la plaine pose donc de redoutables problèmes à la population qui y réside et constitue un défi pour les aménageurs. Un organisme public subventionné par la Banque mondiale, le Bureau du Projet de la Plaine d’Antananarivo (BPPA), tente de remédier à ce problème en aménageant des bassins-tampons, en préservant les zones naturelles de réception des crues d’où l’aménagement du Marais Masay.
PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE
Localisation
Antananarivo est située entre les 1250 [m] de la plaine de Betsimitatatra et le 1453 [m] du Sommet du Rova. Elle est située, selon la BD 10 de la FTM entre les coordonnées (512 000 m ; 798 000 m) et (519 000 m 802 800 m) et est parsemée de quelques lacs comme ceux de Mandroseza, Anosy et surtout le Lac Masay. La ville se trouve à environ 350 km de la côte Est de l’île et à 550 km de sa côte Ouest. L’agglomération d’Antananarivo en tant qu’ensemble des communes urbaines et périurbaines adjacentes présentant une interdépendance forte n’est pas encore définie. En effet, plusieurs communes environnantes sont susceptibles d’être intégrées dans cette agglomération dépendant des études menées.
Relief
L’agglomération d’Antananarivo est située dans une vaste plaine alluvionnaire d’où émergent de nombreuses collines granitiques escarpées : à l’Est, ces collines s’imbriquent en désordre et progressivement, de l’Est vers l’Ouest, elles s’émiettent sous forme de tertres émergeant de la plaine de Betsimitatatra.
On est amené à distinguer ainsi 3 types de quartiers suivant leur localisation, qui posent de sérieuses contraintes en matière d’assainissement :
– Les quartiers situés sur les flancs des collines escarpées. La plupart des quartiers denses ne sont pas desservis par les routes mais par des ruelles étroites ou des escaliers lorsque la dénivelée est trop importante.
– Les quartiers de la plaine qui sont pour la plupart développés spontanément au milieu de la plaine rizicole ou le long des principaux axes routiers.
– Les quartiers du bas-fond situés le long des lignes d’écoulement naturel des eaux entre les collines. Ces zones sont sujettes à des inondations suite aux évènements pluvieux et à une forte accumulation d’eau.
L’agglomération d’Antananarivo est traversée par le fleuve Ikopa est ses affluents. L’écoulement se fait schématiquement du Sud, du Sud-Est et de l’Est vers le Nord Ouest, en aval duquel se trouve le seuil de Bevomanga qui ralentit le débit du fleuve et permet l’accumulation des eaux dans la plaine. La plaine est constituée de vases et argiles très peu perméables en surface et d’une épaisse couche de sable en dessous. La nappe prisonnière de ces sables est semi-captive ; elle se met en charge en période de crue de l’Ikopa. L’agglomération d’Antananarivo est caractérisée par les bassins versants étroits et pentus à réponse rapide, c’est-à-dire concentrant rapidement les eaux de pluie ruisselées vers leur exutoire.
Hydrographie
Malgré la mise en place du réseau d’assainissement, en particulier le canal Andriantany, toutes les parties basses ne sont pas pour autant aménagées en rizières. Le grignotage progressif de l’espace rizicole par l’expansion urbaine, les remblais, l’enlèvement de terre quitte à raser des collines (cas d’Ambohitrimanjaka) accentue les risques d’inondation. Par zone inondable, il est entendu une zone dans la partie basse qui risque de se retrouver sous les eaux en saison de pluie. Tout le Betsimitatatra est sous cette menace et la construction sur la rive droite de l’Ikopa n’a pas pour autant écarter le danger.
Le BPPA, sur financement de la Banque Mondiale a, dans les années 80, renforcé la maîtrise des eaux grâce à un système de pompage et de relevage des eaux avant de les déverser dans l’Ikopa. La station se trouve à Ambodimita. Ce dispositif a entraîné la construction d’équipements et de bâtiments divers dont les plus visibles sont les quartiers de 67ha, d’Ampefiloha, d’Anosy et les aménagements dans la zone d’Antehiroka (PACOM). A l’évidence, le renforcement de ce dispositif est impératif pour mettre la ville à ‘abri des crues centennales. A l’intérieur même du périmètre urbain, la nappe phréatique se trouve à 4-5 mètres dans les parties basses, 10-15 mètres dans les zones plus élevées, avec un abaissement lors de la sècheresse hivernale. Les puits peuvent être à sec en septembreoctobre. Les plans d’eau doivent être assainis, préservés de tout remblaiement car ils servent des bassins e stockage des eaux pluviales, de ruissellement et des eaux usées. L’occupation des bordures doit être prudente afin d’éviter les éternels sinistrés durant la saison des pluies. Les victimes des cyclones confortent, si besoin est, le caractère impératif de limiter l’habitat dans les zones basses.
Climat
Antananarivo a un climat tropical d’altitude. Bien qu’elle soit située dans la zone intertropicale, la température moyenne sur l’année est modérée par les effets de l’altitude. Le climat est caractérisé par des hivers frais et très secs et des étés doux et très pluvieux. La température en saison fraiche descend rarement au-dessous de 10 °C. En saison chaude, elle dépasse rarement 30 °C. Les gelées sont rares mais pas inconnues. Pendant le mois de juin et ce, selon les années, il se peut que la température du matin descende jusqu’à 7°C.
Quant à la pluviométrie, la hauteur de pluie moyenne annuelle est de 1360m. Cette quantité correspond surtout à la saison des pluies et particulièrement de Décembre à Février. Les pluies d’orage sont très intenses mais relativement courtes.
Les ouvrages de drainage de la ville d’Antananarivo
Le système de drainage primaire
Les canaux primaires de drainage correspondent pour l’essentiel à d’anciens cours d’eau réhabilités pour les besoins de l’agriculture (irrigation et drainage) et reconvertis en drains primaires de drainage avec l’urbanisation. Cette reconversion s’est toutefois réalisée en l’absence d’une vision d’ensemble du fonctionnement hydraulique à l’échelle du bassin mais pour répondre à différents besoins liés à l’urbanisation (protection localisée des habitations contre les inondations, amélioration et sécurisation de la circulation des personnes, etc.).
Le système de drainage actuel
Le canal Andriantany amont, d’une longueur de 14 km allant d’Ankadimbahoaka à la station de pompage d’Ambodimita, collecte les eaux de la partie collinaire de la ville et les eaux de la plaine agricole nord.
Le canal C3, 10 km, draine les eaux collectées par les bassins tampons de la plaine Sud urbanisée, les débits excédentaires du canal Andriantany au niveau de l’ouvrage de décharge d’Antohomadinika et, les débits de drainage agricole.
Le canal Andriantany aval est le prolongement du canal Andriantany sur 10 km, depuis la sortie du polder à Ambodimita jusqu’au débouché dans la rivière Ikopa à Ampanindrona.
Le canal GR est un canal en terre de 14 km de long, du barrage de Tanjombato à Soavimasoandro. Il a pour rôle l’amenée de l’eau d’irrigation de la rivière Ikopa dans les périmètres rizicoles (2300 ha à l’intérieur du polder et 1500 ha à l’extérieur). Pendant la saison des pluies, la prise au niveau du barrage de Tanjombato est fermée et le GR est utilisé comme drain des quartiers bas du IV è Arrondissement. Il se décharge à Amorona dans le canal Andriantany.
Les bassins tampons ont pour rôle d’écrêter les débits d’orage que les canaux ne peuvent pas absorber immédiatement. Ce qui permet d’éviter l’inondation des quartiers bas. Ce sont :
• Le lac Anosy (11 ha), débouchant dans le canal Andriantany ;
• Les bassins de la Plaine Sud sis à Mandrangobato (12 ha), Anosibe Andrefana (4 ha) et Andavamamba Anjezika (1 ha) ;
• Le marais Masay (98 ha) récupérant les pluies de la vallée de l’Est et débouchant dans le canal Andriantany à Alarobia.
La station de pompage d’Ambodimita reçoit les eaux drainées par les canaux Andriantany et C3. Quand le niveau des rivières Ikopa et Mamba ne permet plus l’écoulement gravitaire des ruissellements, c’est-à-dire à 1249 [m], la station se met en marche et pompe à un débit de 9 [m3 /s]. La station de pompage est constituée de trois pompes d’une capacité de 3 m3/s chacune.
Les stations de refoulements d’Ampefiloha, d’Ambodin’Isotry et de 67ha .
Les stations de relevage d’Anatihazo et d’Isotry .
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE
1. Localisation
2. Relief
3. Hydrographie
4. Climat
5. Les ouvrages de drainage de la ville d’Antananarivo
5.1. Le système de drainage primaire
5.2. Le système de drainage actuel
5.3. Les problèmes du système de drainage
6. Le Marais Masay
6.1. Historique et aménagement
6.2. Rôle du marais Masay
6.3. Hydrographie
6.4. Influence du Marais Masay sur le Canal Andriantany
Chapitre 2 : ANALYSE DES IMPACTS HYDRAULIQUES AU NIVEAU DU MARAIS MASAY
1. Notion d’impact
2. Description générale des bassins versants tributaires du Marais Masay
2.1. Bassin versant : Vallée de l’Est
2.1.1. Situation et superficie
2.1.2. Relief et pente
2.1.3. Caractéristiques des réseaux hydrographiques et de drainage
2.2. Bassin versant : Vallée de Masay
2.2.1. Situation et superficie
2.2.2. Relief et Pente
2.2.3. Caractéristiques des réseaux hydrographiques et de drainage
2.3. Délimitation des bassins versants tributaires du marais Masay
3. Système de drainage du marais Masay
3.1. Calcul des débits d’eaux usées
3.2. Estimation de débit des eaux pluviales
4. Pollution des eaux du marais Masay
4.1. Causes de la pollution des eaux du marais Masay
4.2. Impacts liés à la pollution des eaux du marais Masay
4.2.1. Les conséquences écologiques
4.2.2. Les conséquences sanitaires
4.2.3. Les conséquences socio-économiques
Chapitre 3 : PROPOSITIONS POUR AMELIORER LA QUALITE DES EAUX DU MARAIS MASAY
1. Le lagunage
2. Prétraitement des rejets industriels
3. Soutenir l’assainissement et la gestion des déchets dans les quartiers riverains
Chapitre 4 : ALTERNATIVES POUR ELIMINER LES RISQUES D’INONDATION DANS LES ZONES BASSES DE LA VILLE
1. Accroitre la capacité de rétention du Marais Masay
2. Dragage et curage des canaux d’assainissement
3. Création d’un bassin de retenue à Morarano
Chapitre 5 : RECOMMANDATIONS
Conclusion
Annexes
Bibliographie