Le changement climatique est une réalité dans le monde et à Madagascar. Le pays se trouve parmi les plus vulnérables au changement climatique au niveau mondial d’après la carte publiée par Maplecroft en 2012. Plusieurs régions de Madagascar subissent aujourd’hui les conséquences du changement climatique, à des degrés de vulnérabilité divers. Connu pour ses impacts sur la biodiversité, le changement climatique a aussi des conséquences extrêmement lourdes sur le développement et les conditions de vie des populations (Andriambolatiana et Randriamampianina, 2013.). D’après les sources auprès du Bureau National des Risques et Catastrophes, après les Comores, Madagascar est le pays le plus exposé aux chocs climatiques dans l’Océan Indien : cyclones, inondations, sécheresse (Montfraix, 2011).
De ce fait, la pluie est devenue imprévisible, courte et abondante. De manière plus détaillée, la sècheresse, l’inondation et les cyclones sont les cataclysmes les plus fréquents. Ces trois chocs touchent plus de la moitié des exploitants agricoles. Les ménages les plus vulnérables à un type quelconque sont ceux qui résident en milieu rural, dans les Régions d’Androy et de Vatovavy Fitovinany (Abel-Ratovo et Ralison, 2014). Ainsi, les systèmes de production doivent présenter des modifications importantes pour réduire les dégâts (Randriamanarivontsoa, 2007). Ce changement climatique provoque des dégâts importants pour les exploitants agricoles de la Région d’Androy. Une amélioration au niveau de la production Agricole s’impose alors dans cette zone. Pour ce faire, il est important de se focaliser sur le développement des petites exploitations paysannes afin d’assurer la durabilité des efforts réalisés (Basse et al., 1979).
Soil Fertility Consortium for Southern Africa (SOFECSA) et Food and Agriculture Organization (FAO) ont mis en place un projet intitulé Co-Learning and Innovations for Resilient Cropping Systems in Southern Africa (CLIRCS). Le projet utilise le Learning Centre and Innovation Platforms (LC/IP) qui permet de mettre en évidence une assemblée de petits ménages dans leur propre intérêt tout en ayant un objectif commun. Le LC/IP a pour objectif principal d’améliorer la résilience des exploitants agricoles face au changement climatique innovant (innovations autochtones et / ou introduites) sur les activités Agricoles. D’une manière générale, le Learning Centre est défini comme une coopération avec les communautés locales afin d’apporter une innovation technique pour améliorer leur niveau de vie. Il se base surtout sur la coopération avec et entre les exploitants, la libre participation des paysans et l’information sur les recherches ainsi que l’apport technique nécessaire pour un développement durable et autonome. Par ailleurs, la participation de ces paysans au Learning Centre joue un rôle important pour l’amélioration de la production. En d’autres termes, cette participation dépend de plusieurs facteurs tels que l’aspect social, économique et culturel de la population. L’adoption/appropriation des petits exploitants aux innovations apportées par le Learning Centre dépend alors des aspects socio-économiques et culturels qui définissent les ménages.
De plus, selon la FAO (2002), toute question de développement est caractérisée par une gamme de facteurs socio-économiques. Entre autres, dans les analyses socio-économiques et culturelles, une attention toute particulière doit être accordée à l’aspect genre, car il est d’évidence que les disparités de pouvoir entreles hommes et les femmes existent et qu’elles sont présentes à différents niveaux dans toutes les couches de la société du pays. Dans le cadre de ce contexte, le thème « Analyse des facteurs socio-économiques déterminant l’appropriation/adoption des innovations techniques dans le District de Tsihombe » est mis en valeur par le Learning Centre en termes de développement durable dans cette zone. La majorité des habitants de la région est de l’ethnie Antandroy. Elle est habitée par un nombre non négligeable d’autres groupes ethniques, en particulier des Antanosy, Mahafaly, Merina et Betsileo. Tsihombe se trouve parmi les districts les moins peuplés de la Région Androy, y abritant environ 13,9% de la population (Abel-Ratovo et Ralison, 2014). Etant donné cette variation ethnique, les cultures traditionnelles sont encore respectées dans cette zone. Par ailleurs, les populations locales peuvent instaurer leurs propres règlements autant sur le plan social que sur le plan économique. Toutefois, le rôle de l’Etat reste important car il doit avoir un rôle de régulateur dans les activités économiques et sociales des communautés de base, à travers ses représentants institutionnels, sans oublier les « autorités traditionnelles » (Ralovafenosoa, 2012). Négliger la participation de l’Etat serait alors une faiblesse pour cette étude.
Du point de vue technique, les paysans adaptent leur système de production aux changements climatiques qui s’appliquent dans leur région. Par ailleurs, les calendriers agricoles varient selon les changements climatiques en vue d’obtenir un meilleur rendement et ainsi maximiser le revenu de chaque ménage. Effectivement, la production agricole reste la principale source de revenu des paysans malgaches c’est-à-dire que quel que soit les changements climatiques existants à Madagascar, le système de culture doit s’y adapter. D’où l’importance des solutions pour améliorer la production existante tout en minimisant les contraintes.
Vulnérabilité socio-économique
La vulnérabilité socio-économique est le risque pour un pays de voir son développement entravé par des chocs naturel ou externe (Guillaumont, 2009). Elle peut être vue comme le résultat de trois composantes : la taille et la fréquence des chocs exogènes, l’exposition aux chocs, et la capacité d’un pays à réagir aux chocs. La vulnérabilité est définie comme étant la présence de facteurs qui exposent l’individu à l’insécurité alimentaire ou à la sousalimentation ou qui l’empêchent de faire face à ces situations (FAO, 2010). D’après le PNUD en 2004, il est apparu que près de 220 millions de personnes sont exposées chaque année à la sècheresse, et que les Etats africains étaient les pays connaissant la plus forte vulnérabilité aux sècheresses. Madagascar est parmi les Etats membres qui ont pris des engagements stratégiques et ratifié les conventions internationales dans le cadre de réduction des risques et vulnérabilités dues au changement climatique (Razanajaonarivalona, 2011). La vulnérabilité joue alors un rôle important concernant l’analyse à effectuer avant la mise en place des innovations techniques en milieu rural.
Résilience économique
D’après Paquet en 1999, la résilience est la capacité d’assurer la pérennité d’un organisme ou d’une société et le maintien d’une certaine permanence dans un environnement turbulent. Un système est résilient s’il perdure malgré les chocs et perturbations en provenance du milieu interne et de l’environnement externe (Vickers, 1965). Cependant le niveau de la résilience peut varier selon le milieu anthropo-socio-économique de chaque société. D’après Rousseau en 2005, une faible résilience se traduit souvent par le primat de stratégies défensives, visant à sauvegarder ce qui peut l’être, par une gestion de l’urgence teintée de fatalisme et d’attentisme, alors qu’une forte résilience permet l’adaptation des pratiques productives, des modes d’accumulation du capital, des réorientations majeures de stratégie.
Facteurs socio-culturels
Chacune des régions de Madagascar a ses spécificités et son originalité. Chacune d’entre elles a aussi son histoire, ses coutumes et ses traditions. Les stratégies de développement doivent tenir compte de ces variantes régionales pour ne pas se retrouver dans une situation de rupture tant au niveau des pratiques que des dynamiques socioculturelles. Il existe à Madagascar un soubassement culturel et social commun, mais avec des différenciations importantes selon les régions. Cela implique de respecter les modes de fonctionnement des communautés rurales suivant leur degré d’ouverture sur l’extérieur car d’autres sont plus repliées sur elles mêmes. En outre, beaucoup de sociétés rurales fonctionnent sur des bases sociales plus « traditionnelles » que d’autres. Cela demande de la part des scientifiques et des praticiens du développement une bonne connaissance du milieu. C’est certainement un des principes de base d’un développement durable en milieu rural, qui est pratiqué d’ailleurs dans un grand nombre de projets ruraux, dont l’objectif final est de réduire la pauvreté. (Ralovafenosoa, 2012). En effet, il faut donc faire attention à la sensibilité socio-culturelle afin d’apporter un développement efficace au sein d’une société. De nombreux projets sont basés sur l’apport des changements au niveau de cette société afin d’améliorer le niveau de vie des petits exploitants. Des actions devront être menées, afin que le producteur applique effectivement les bonnes pratiques agricoles recommandées par la recherche (Brou, 2005).
Unité socio-économique
Les impacts des changements climatiques affectent la production et le système post-récolte des paysans d’où l’application de diverses mesures locales comme l’adaptation du calendrier cultural, le reboisement et l’adoption des nouvelles techniques. Par ailleurs, il existe certains organismes de développement qui ne se focalisent seulement que sur l’adaptation du calendrier cultural ainsi que les activités de reboisement. Toutefois, ces actions de développement n’apportent qu’une solution globale pour l’amélioration des conditions de vie des paysans. Outre, la détermination des facteurs socio-économiques et culturels consiste plutôt à s’intéresser plus exactement sur les unités productives constituant le système de développement rural. D’après Andriamiasa(2009), un ménage est un groupe d’individus vivant ensemble et considérés en tant qu’unité socio-économique. La participation de tout un chacun est essentielle pour mieux répondre aux priorités et aux projets des populations, d’autant que les processus de décentralisation sont de plus en plus reconnus comme indispensables au développement durable. La prise en compte et la valorisation des connaissances et des compétences locales, le renforcement des capacités d’analyse et de planification des groupes et des individus, l’accès au pouvoir par les organisations locales, le respect de leurs options de développement et le soutien à leurs projets de changement sont des éléments clé pour une véritable participation.
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Table des matières
Introduction
1 Concepts et état de l’art
1.1 Analyse selon le genre
1.2 Vulnérabilité socio-économique
1.3 Résilience économique
1.4 Facteurs socio-culturels
1.5 Unité socio-économique
1.6 Learning Centre and Innovation Platform
2 Matériels et méthodes
2.1 Choix du thème
2.2 Zone d’étude
2.3 Démarche commune aux hypothèses
2.4 Collecte de données
2.5 Démarche spécifique à chaque hypothèse
2.6 Chronogramme des activités
3 Résultats
3.1 Facteurs d’adoption/appropriation du Learning Centre d’après l’Analyse Socio-économique selon le Genre
3.2 Typologie des exploitants agricoles
3.3 Analyse d’indépendance des sous indicateurs avec l’indicateur de vulnérabilité
4 Discussions et Recommandations
4.1 Discussions
4.2 Recommandations
5 Conclusion
Bibliographie/Webographie
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