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Les formes et typologie conceptuelle de l’intégration régionale
Les formes de l’intégration régionale
Selon OUALI K. S., l’intégration régionale prend deux (2) formes : l’intégration des marchés et l’intégration de la production.
L’intégration des marchés
D’après OUALI K.S., l’intégration des marchés consiste à unifier les marchés de plusieurs pays membres qui adhèrent à la communauté en un espace unique où les marchandises et les facteurs de production circulent sans entraves. De ce fait, le cadre de marché national est dépassé. Et elle permet à l’homogénéité des marchandises, des prix de facteur de production et de la division de travail.
En fait, chaque facteur s’oriente automatiquement vers le lieu où il atteint le maximum de rendement.
Le processus d’intégration des marchés peut évoluer en prenant la forme des étapes d’intégration régionale par Bela Balassa (la zone d’échange préférentielle, la zone de libre-échange, l’union douanière, le marché commun, l’union économique et monétaire, l’union politique).
Elle est fondée notamment sur la concurrence.
L’intégration de la production
Elle consiste à unir les ressources par les pays concernés dans le but de pouvoir s’organiser de façon rationnelle et solidaire la production au sein de la communauté.
Contrairement à l’intégration des marchés qui est fondée sur la concurrence, l’intégration de la production s’est fondée à un engagement politique et une solidarité effective.
L’intégration de la production peut se présenter sous deux (2) formes, à savoir : l’intégration par la spécialisation et l’intégration par la coproduction. Concernant l’intégration par la spécialisation, elle repose surtout sur la division de travail entre les pays membres de la communauté.
Ainsi, la spécialisation peut également prendre deux (2) formes : la spécialisation verticale qui caractérise les relations Nord-Sud et la spécialisation horizontale où les pays se spécialisent à la fois dans une ou plusieurs branches soit en fonction de la dotation naturelle de facteur de production ou d’après la décision des gouvernements des nations. Quant à l’intégration par la coproduction4, elle s’agit pour un certain nombre de pays à unir leurs efforts ainsi que leurs ressources pour réaliser un certain projet. Cela se fait sous l’intervention de l’Etat et cette forme d’intégration est notamment adoptée dans les pays où il y a l’économie socialiste.
Typologie conceptuelle de l’intégration régionale
Le renouveau du régionalisme dans un contexte de la mondialisation a conduit à l’émergence des plusieurs conceptions à savoir : la conception libérale, la conception volontariste, la conception territoriale ou industrielle, la conception institutionnelle et la conception diplomatique ou politique. Chaque conception a son propre moteur déterminant pour l’intégration régionale. Mais même si ces conceptions ont leurs propres spécificités, elles ne sont pas nécessairement contradictoires entre elles.
Allons voir maintenant un à un ces différentes conceptions :
La conception libérale
La conception libérale est dans le cadre de l’intégration par le marché, cela veut dire que dans la conception libérale les acteurs de l’intégration régionale unifient les marchés nationaux en un seul marché régional et ce dernier conduit à la libre circulation des biens, des services, des facteurs de production tels que les capitaux et les facteurs humains de travail. Plus précisément, elle conduit à une assimilation de la libéralisation des échanges avec des facteurs de production ; à une analyse de libre échange dans l’intégration mondiale et à un rapprochement du marché international. Ainsi, le marché est un facteur régulateur des échanges.
La conception libérale existe surtout dans la situation de la concurrence pure et parfaite.
• Objectifs de la conception libérale
Elle a plusieurs objectifs tels que :
– L’amélioration de la concurrence sur les prix, la qualité et l’innovation. De ce fait, les entreprises augmentent leurs productivités ;
– L’établissement de l’économie d’échelle6, c’est-à-dire une vaste marché avec des unités de production plus importantes, ce qui entraîne la réalisation d’un fort investissement surtout l’Investissement Direct Etranger (IDE) parce que le marché unique et plus vaste intéresse beaucoup les investisseurs étrangers venant des pays développés (PD) ;
– Le développement des échanges au sein du bloc régionaux en assistant à une ouverture du marché d’importation des pays en développement (PED) aux exportations d’autres PED. Il y a donc des pays membres qui se substituent aux pays du Nord en tant que fournisseurs d’autres pays membres du bloc. Or cela n’est pas un détournement d’exportation vers les PD mais le développement des échanges des pays du Sud.
• Outils
La conception libérale a trois (3) outils indispensables pour mieux circuler les échanges entre les pays participants. A savoir :
– la zone de libre-échange ;
– le marché commun ;
– l’union monétaire.
Remarque : Dans la conception libérale, on assiste à une division des économistes :
– La « Théorie statique », selon VINER7 en 1950, analyse les créations et les détours de trafic conduisant à un optimum du second rang ;
– La « Théorie dynamique », selon Brada et Mendez en 1988 ainsi que Baldwin en
1992, met en relief la concurrence, l’économie d’échelle et le changement de terme de l’échange.
Théorie sur l’intégration régionale
Cette section développera la théorie de l’avantage comparatif dans l’intégration régionale ; la croissance régionale ; les différents étapes des accords régionaux et les formes de l’intégration régionale.
Théorie de l’avantage comparatif dans l’intégration régionale
Avant d’apporter une explication sur la théorie de l’avantage comparatif dans l’intégration régionale, il est nécessaire de parler un peu des théories économiques du commerce international : la théorie de l’avantage absolue d’Adam Smith, la théorie de l’avantage comparatif de David Ricardo et la théorie de la dotation factorielle de l’échange ou Théorème d’Hecksher Ohlin.
La théorie de l’avantage absolu d’Adam Smith
Pour les conceptions mercantilistes, le commerce international est un jeu à somme nul8 entre les nations. Adam Smith critique cette conception en affirmant que la spécialisation et l’échange commercial entre Etats font du commerce international un « jeu à somme positive ». Autrement dit, quel que soit le niveau de développement du pays participant, tout le monde profite de ce commerce et tire du profit.
Les nations peuvent donc échanger et participer mutuellement à ce commerce dès qu’ils possèdent au moins un avantage absolu parce que chaque pays va se spécialiser dans la production des biens pour lequel il a un avantage absolu vu que chaque pays n’ait pas les mêmes dotations. On dit donc que ce pays est le producteur le plus efficace de ces biens et il va faire une exportation et importe des biens qu’il ne possède pas à moindre coût. D’où l’augmentation de la production mondiale et l’amélioration du bien-être dans tous les pays qui participent au commerce international.
La théorie de l’avantage comparatif de David Ricardo
Comme A. Smith, D. Ricardo considère également que le commerce international est un jeu à somme positive. Dans son argument, D. Ricardo expose qu’un pays peut toujours profiter de l’échange international même s’il est en désavantage absolu pour les différents produits par rapport à un pays, car selon Ricardo : la spécialisation s’explique non par des différences de coûts absolus mais par les coûts relatifs mesurés en temps de travail, c’est-à-dire un raisonnement en termes de valeur travail. Ainsi, même si l’un des deux pays participants est désavantagé absolument dans tous les secteurs, il aura intérêt au commerce international en se spécialisant dans le secteur où son désavantage est le plus faible. On dit alors que dans ce secteur, il a un avantage comparatif. Selon David Ricardo alors, tout pays participant aux échanges internationaux gagnera soit en important des biens qu’il peut fabriquer mais avec des coûts élevés que d’autres pays étrangers soit en exportant des biens qu’il peut produire dont son désavantage est moindre.
Mais en parlant de cette théorie de l’avantage comparatif de David Ricardo, elle est associée au coût d’opportunité9 parce que l’avantage comparatif est déterminé par la quantité minimale du coût d’opportunité. Comme la plupart des économistes de son époque, David Ricardo part d’un exemple concret pour développer sa thèse : celui des échanges entre deux pays (l’Angleterre et le Portugal) qui produisent tous les deux le vin et le drap. Il estime la valeur de ces biens, en utilisant comme unité de mesure la quantité de travail nécessaire pour les produire, c’est le principe de la valeur travail.
Dans cet exemple, la production de vin et de drap nécessite des quantités de travail différentes en Angleterre et au Portugal: 120 unités de travail pour une unité de vin et 100 pour une unité de drap en Angleterre; 80 unités de travail pour une unité de vin et 90 pour une unité de drap au Portugal. Le tableau ci-dessous montre le coût d’opportunité de chaque pays.
La théorie de la dotation factorielle de l’échange ou Théorème d’Hecksher Ohlin
Au début du 20ème siècle, les travaux d’Elie Hecksher et Bertil Ohlin montrent que l’avantage comparatif dont un pays dispose pour tel ou tel produit se situe au niveau des dotations en facteurs de production. Elie Hecksher établit, en 1919, que l’échange international résulte de l’abondance ou de la rareté relative des facteurs de production (capital travail, terres) dont sont dotés les différents pays. Alors, chaque pays a tendance à se spécialiser dans la production pour laquelle la proportion de facteurs de production qu’il dispose est la plus favorable.
Bertil Ohlin précise l’analyse en 1933 par une formule: « l’échange international est un échange des facteurs abondants contre des facteurs rares ». La mobilité des produits remplace la mobilité des facteurs de production. En pratique : l’échange international doit susciter une tendance au niveau des prix des facteurs sur longue période. Paul Samuelson présente en 1948 la synthèse de ce courant de pensée sous forme d’un théorème: en cas d’homogénéité des facteurs de production, d’identité des techniques, de concurrence parfaite et de parfaite mobilité des produits, l’échange international égalise le prix des facteurs de production de nation à nation.
C’est le théorème H.O.S. du nom des trois économistes qui ont donné naissance à la théorie des facteurs de production. En fait, l’expérience montre que les prix des facteurs restent très disparates d’un pays à l’autre.
La théorie de l’avantage comparatif dans l’intégration régionale
Comme dans le contexte du commerce international, tous les pays participants doivent se spécialiser en fonction de son avantage comparatif qui dépend de sa dotation factorielle parce que tout au long du XXème siècle, le modèle Hecksher-Ohlin-Samuelson a fait reposer les avantages comparatifs sur les différences internationales ou régionales de dotation factorielle. Ainsi, quand il veut développer son exportation sur un secteur d’activité en participants aux échanges régionaux, les théories du commerce international sont toujours valables, c’est-à-dire que ce pays va se focaliser sur l’exportation des biens dont il a en abondance. Autrement dit, en participant aux commerces régionaux, un pays va se concentrer sur l’exportation des biens en abondance chez lui mais en contrepartie il va importer d’autres pays membres les produits qu’il n’en dispose pas. De ce fait, la division de travail règne toujours même si le marché se réduit en marché régionale au lieu de marché international.
Dans ce cas, l’ouverture aux échanges, que ce soit au niveau international ou soit au niveau régional, doit provoquer de puissantes spécialisations. Tel est le cas de Gabon qui a connu d’importants excédents de son commerce extérieur sur la production pétrolière, de manganèse et des lourds déficits dans la production agricole.
Les différentes étapes des accords régionaux
Selon Bela Balassa10, il existe six (6) étapes de l’intégration régionale, à savoir : la zone d’échange préférentielle, la zone de libre-échange, l’union douanière, le marché commun, l’union économique et monétaire et l’union politique.
La zone d’échange préférentielle
Dans cette zone, il y a une baisse de droit sur les importations des produits venant des autres pays membres de la communauté par rapport au droit sur les importations des pays non membres de la communauté.
La zone de libre-échange
Comme l’intégration régionale est un regroupement du pays pour former un seul espace économique, tous les pays membres créent donc une zone de libre-échange. Ainsi, à l’intérieur de cette zone s’est fait la libre échange, c’est-à-dire que dans cette zone, le tarif douanier est supprimé et les marchandises peuvent circuler librement sans être frappé par des droits de douane dans tous les nations membres. Mais dans les échanges en dehors de cette zone, chaque pays garde leur propre politique commerciale.
L’union douanière
Ici, puisqu’il existe déjà une suppression des tarifs douaniers entre les pays membres mais ils adoptent également entre eux des tarifs douaniers commun vis-à-vis des échanges avec d’autres pays à l’extérieur de la communauté, c’est-à-dire qu’il existe un tarif extérieur commun (TEC) entre eux.
Le marché commun
Par définition, c’est l’union douanière en y ajoutant la libre circulation de l’homme et la libre circulation des capitaux. De ce fait, dans le marché commun, les pays membres permettent la libre circulation des facteurs de production et applique des droits de douane vis-à-vis de l’extérieur.
L’union économique et l’union monétaire
A ce niveau, on assiste à une union monétaire et une politique économique commune entre les Etats membres. Et c’est l’harmonisation des politiques économiques et la mise en place d’une monnaie commune.
L’union politique
Dans ce cas, c’est l’intégration régionale totale, autrement dit chaque pays abandonne progressivement leur souveraineté afin de créer une institution commune entre les pays membres. D’où l’existence d’une seule nation.
L’intégration régionale prend donc une forme de processus qui conduit les pays membres au plus haut degré d’intégration. Or chaque pays a ses propres objectifs en participant à l’intégration régionale, ainsi l’objectif de certain pays peut s’arrêter à la simple constitution d’une zone de libre-échanges ou d’union douanière.
Le passage d’un niveau d’intégration à un autre niveau supérieur nécessite un engagement politique important.
La croissance régionale
La croissance régionale repose sur trois (3) grands mécanismes cumulatifs interconnectés qui rassemblent les dynamismes d’offre et de la demande ainsi que les dynamismes internes et externes. Ces trois grands mécanismes sont : les effets multiplicateurs, les effets de productivité et les effets de compétitivité. Ils prennent tous des intensités et des différentes formes dans un territoire donné c’est-à-dire qu’ils sont relatives à chaque pays car ces différents mécanismes dépendent de la structure économique ou non d’une nation et agissent de manière variable au cours du temps.
Allons donc voir successivement ces différents mécanismes.
Les effets multiplicateurs
Dans les analyses de la science régionale, la croissance économique est souvent considérée comme un effet multiplicateur généré par des activités d’exportation hors d’une zone considérée. Lorsqu’un pays se focalise sur une activité d’exportation, sa production sur le produit de cette activité va s’accroître mais en contrepartie ce même pays va importer les produits qu’il ne possède pas d’autres pays. L’augmentation de la production va entraîner alors une hausse du bénéfice et une augmentation des revenus qui conduisent à l’amélioration de la consommation et de l’investissement. Ainsi, l’activité régionale va se développer et dégage dans une période donnée des effets multiplicateurs particuliers qui sont des caractéristiques du fonctionnement de différents circuits régionaux.
Selon Maurice Catin « Un pays qui présente une taille économique importante dispose généralement d’un multiplicateur plus élevé que les petites pays dans la mesure où toutes choses sont égales par ailleurs ». Cependant, les pays qui tendent à être relativement spécialisés et qui entraînent des échanges importants du fait de leur intégration ont des faibles multiplicateurs internes par rapport à celui considéré au niveau national. De plus, on constate une diminution à moyen et à long terme de la valeur des multiplicateurs internes avec l’ouverture croissante des économies régionales et nationales. Il apparaît une certaine corrélation entre la baisse des multiplicateurs internes régionaux et l’augmentation des multiplicateurs du commerce international.
On a alors l’augmentation de marché et les échanges qui entraînent la suppression relative du rôle moteur du marché intérieur au profit des transmissions inter-régionale et croissance.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE L’INTEGRATION REGIONALE
CHAPITRE I : FONDEMENT THEORIQUE DE L’INTEGRATION REGIONALE
Section 1 : Définition et Concept
1. Définitions
2. Objectifs
3. Les formes et typologie conceptuelle de l’intégration régionale
Section 2 : Théorie sur l’intégration régionale
1. Théorie de l’avantage comparatif dans l’intégration régionale
2. Les différentes étapes des accords régionaux
3. La croissance régionale
CHAPITRE II : LES PRINCIPAUX ACCORDS REGIONAUX
Section 1 : Typologie du groupement régional
1. L’intégration régionale Sud-Sud
2. L’intégration régionale Nord-Sud
3. Quelques expériences de l’intégration régionale dans le monde
Section 2 : L’intégration régionale en Afrique
1- Contexte de l’intégration régionale en Afrique
2- Les communautés économiques régionales reconnus par l’Union Africaine avec les pays membres
3- L’état de l’intégration régionale Africaine
Conclusion de la première partie
PARTIE II- MADAGASCAR ET SON INSERTION DANS L’INTEGRATION REGIONALE
CHAPITRE III- GENERALITE SUR L’ECONOMIE DE MADAGASCAR
Section 1- Structure économique de Madagascar
1. Les secteurs d’activités économiques Malgache
2. Généralité sur la croissance économique de Madagascar
3. Généralités sur l’évolution du commerce extérieur de Madagascar
Section 2- Position de politique étrangère de Madagascar devant les regroupements économiques régionaux
1. L’adhésion de Madagascar dans les deux communautés économiques régionales (COMESA et SADC)
2. L’investissement et l’exportation
3. Concurrence régionale et compétitivité de la production
CHAPITRE IV : ANALYSE DES ECHANGES COMMERCIAUX DE LA GRANDE ILE DANS LES BLOC REGIONAUX
Section 1 : Les échanges commerciaux de Madagascar avec les groupements régionaux
1. Madagascar et le COMESA
2. Madagascar et la SADC
3. Comparaison des échanges intra régionaux
Section 2 : Les avantages économiques et les limites de l’intégration régionale de Madagascar
1. Avantages de l’intégration régionale de Madagascar au niveau macroéconomique
2. Avantages de l’intégration régionale de Madagascar au niveau microéconomique
3. Les limites de cette intégration
Conclusion de la deuxième partie
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE :
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