ANALYSE DES DYNAMIQUES D’ACCUMULATION
Stratégies et comportements d’accumulation des chefs de ménage
L’objectif ici est de déterminer si un processus d’accumulation a pu être observé dans notre échantillon. Il s’agit de faire ressortir des groupes d’individus, qui ont les mêmes caractéristiques (niveau de surplus économique, d’accumulation, taille de la famille…). Nous verrons ainsi que certains groupes peuvent plus facilement accumuler (activité économique importante par exemple), tandis que d’autres sont soumis à des contraintes familiales ou même sociales qui limitent le processus d’accumulation. Trente huit chefs de ménage sont recensés. Sept groupes ont été déterminés. Le niveau d’accumulation a été le principal facteur discriminant. Le niveau de surplus économique et le nombre de bovins, la taille totale du cheptel, la taille de la famille et la tranche d’âge dans laquelle se situe l’individu ont aussi été retenus. Ces groupes permettent de voir la situation économique dans laquelle se trouve le chef de ménage.
La typologie des chefs de ménages Sept groupes de chefs de ménages ressortent.
– Groupe I : Les hommes âgés et appauvris suite à des chocs économiques
Ils sont trois à faire partie de ce groupe, âgés de plus de 45 ans. Leur niveau de surplus économique est faible (2430 à 14430 F. C.F.A.), et ils disposent d’un cheptel de petits ruminants très faible. Leurs moyens financiers sont donc limités, et ils n’ont pratiquement pas d’assurance en cas de problèmes de trésorerie. Mais ils ont à leur charge une famille de taille moyenne, étant plus âgés, certains enfants sont partis. En terme de superficies cultivées, ils n’ont que 1,.5 hectares de terres en moyenne, sauf un qui en possède environ 100 ha (donnée récoltée auprès de l’enquêté), mais qui ne les utilisent pas toutes et les prête à des amis. Leur niveau d’accumulation est faible voire nul, ce qui s’explique par le fait qu’ils manquent de moyens financiers, ou bien parce qu’ils ont dû décapitaliser (pour payer des frais de soins pour une femme malade par exemple, à cause de leur âge…). Ce qu’ils ont pu accumuler provient soit des revenus d’émigrations passées (années 1970), soit de dons de fils actifs (émigrés en général, début des années 1990). Leurs activités sont soit l’artisanat, soit la vente de bois de brochette. Cette dernière étant généralement une activité réservée aux plus pauvres, car elle ne nécessite aucun investissement (ressource naturelle), et est peu rentable. Il s’agit d’une activité de derniers recours. Ils n’ont pas d’accès au crédit, sauf un qui a pris un crédit intrants Sofitex en 1997. Or ce type de crédit contribue à développer une activité rentable, (culture du coton), mais il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de ce produit sur le processus d’accumulation des individus.Les hommes de ce groupe ont donc des contraintes financières, liées à des accidents ou des chocs économiques, à une décapitalisation forcée, ou bien, pour l’un deux, à cause des charges familiales. D’autre part leur niveau de cheptel faible ne leur permet même pas de couvrir des besoins urgents (gestion des problèmes de trésorerie). Ils auraient besoin de dégager un surplus économique supérieur avant d’engager un processus d’accumulation. Leurs possibilités d’accumuler davantage sont donc réduites. Leur meilleure alternative réside dans le fait de recevoir des dons de leurs enfants actifs.
– Groupe 2 : Les chefs de ménage faiblement capitalisés, car soumis à des contraintes liées à leur statut de cadets
. Ils sont 5, âgés de moins de 45 ans. Leur niveau de surplus économique est faible, mais moins hétérogène que pour le groupe précédent (variation de 7500 à 11857 F. C.F.A.). Leur cheptel petits ruminants reste aussi peu important (0 à 7 têtes selon les individus), ce qui représente toujours une faible capacité à subvenir aux besoins exceptionnels (frais de santé, événements sociaux…). D’autre part, la taille de la famille est moyenne, et ne représente donc pas une contrainte trop importante en terme de charges. Les superficies cultivées appartenant au chef de ménage sont légèrement supérieures à celles du groupe précédent (1,5 à 6 ha). Mais dans certains cas, étant cadets ils cultivent surtout des champs collectifs dont le produit est géré et redistribué par le chef de marmite, à cause de leur statut de cadets. De même, ce sont des hommes actifs (commerçants de petits ruminants et volailles pour la plupart, activité qui s’exerce généralement depuis l’enfance), mais leur statut de cadets ne leur permet toujours pas de profiter pleinement de leurs revenus (cf. Meillassoux, cadre théorique partie 1). Leurs activités ne semblent avoir que peu d’influente sur leur niveau d’accumulation, qui est faible (degré l), et est issu des revenus de l’émigration, dans les années.1970 et 1980. Le nombre de têtes de bovins par individus est aussi faible (0 à 3 têtes), et correspond au niveau global d’accumulation. Le crédit ne joue pas encore de rôle dans ce processus d’accumulation, puisqu’il s’agit essentiellement de crédits intrants Sofitex récents. De plus, dans certains cas une mauvaise utilisation des intrants est faite, (quantités insuffisantes par peur de gaspillage ou par soucis d’économie par exemple), ce qui amène à de mauvaises récoltes et donc à des pertes (et dans la suite du schéma à des remboursements de crédits incomplets) (propos recueillis auprès des agents Sofitex responsables de la zone). Malgré l’exercice d’activités rentables, et de faibles contraintes familiales, ces hommes sont soumis à une pression sociale importante eu égard à leur statut de cadets. Leur dynamique d’accumulation est donc freinée par l’influence de la tradition. Leurs besoins sont d’ordre financiers et capitaux. Mais la contrainte sociale qui les domine amène à se demander si l’octroi de crédits à ce type de ménages ne serait pas risqué, puisqu’ils ne peuvent bénéficier de leurs produits.
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Table des matières
RÉSUMÉ
INTRODUCTION
PARTIE 1: PRÉSENTATION : PROBLÉMATIQUE, CADRE THÉORIQUE ETMÉTHODOLOGIE
SECTION 1 : PROBLÉMATIQUE
SECTION 2 : CADRE THÉORIQUE : UNE APPROCHE ANTHROPO-ECONOMIQUE – LE FONCTIONNEMENT DE LA COMMUNAUTÉ DOMESTIQUE (Meillassoux )
SECTION 3 : MÉTHODOLOGIE
CONCLUSIONPARTIE
PARTIE II : DESCRIPTION DU MILIEU D’ETUDE
SECTION 1: LES CONTRAINTES
SECTION II : LES ATOUTS
CONCLUSIONPARTIEII
PARTIE III : ANALYSE, RÉSULTATS : COMPORTEMENTS ET STRATEGIES D’ACCUMULATION DES INDIVIDUS
SECTION 1: ANALYSES DES STRATÉGIES DES ACTEURS
SECTION II : ANALYSE DES DYNAMIQUES D’ACCUMULATION
CONCLUSIONPARTIEIII
CONCLUSIONGENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES, ENCADRÉS, PHOTOS, CARTES . . . 126 TABLE DES MATIERES 128
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