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Analyse des déterminants de l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans au Burkina Faso
La malnutrition est l’un des problèmes de santé et de bien-être qui affectent les enfants dans les pays en développement en générale et au Burkina Faso en particulier. Il est reconnu que les enfants constituent le groupe le plus nutritionnellement vulnérable dans toute communauté. Selon l’OMS, la malnutrition se caractérise par un « état pathologique résultant de la carence, de l’excès ou du déséquilibre d’un ou plusieurs nutriments, que cet état se manifeste cliniquement ou ne soit décelable que par des analyses biochimiques, anthropométriques ou physiologiques » (OMS, 1982)13. Dans les pays en développement contrairement aux pays développés, c’est la carence nutritionnelle qui prévaut chez les enfants en bas âge appelée sous -alimentation ou sous-nutrition.
Malheureusement, beaucoup d’enfants dans les pays en développement sont mal nourris. Il est montré qu’il y a un lien fort entre la santé infantile et la nutrition des enfants. En effet, les enfants mal nourris ont plus de chance de développer des maladies qui peuvent avoir des effets durables pendant toute leur vie (Maiga, 2010). Les enfants mal nourris et malades ne peuvent pas se développer correctement et ne pourront pas ainsi apprendre comme les enfants en bonne santé. Ainsi, dans le long terme, il résulterait chez ces enfants, des pertes de revenu à l’âge adulte dû à leur faible niveau d’apprentissage durant l’enfance (Strauss et Thomas, 1998).
La malnutrition a aussi pour conséquence une mortalité des enfants en passant par la morbidité. Dans une étude sur la relation entre la malnutrition et la mortalité, Pelletier et al. (1994) définissent des équations permettant de quantifier l’impact de la malnutrition sur la mortalité. Ainsi, ils trouvent que 56% des décès chez les enfants du préscolaire dans les pays en développement sont dus aux effets de la malnutrition sur les maladies. L’application de leurs équations demeure d’actualité. En effet, durant la dernière décennie, au Burkina Faso, 55% de tous les décès avant l’âge de 5 ans sont liés à la malnutrition qu’elle soit sévère ou modérée. En raison de sa prévalence, la malnutrition modérée (38%) contribue à davantage de décès que la malnutrition sévère (17%). La malnutrition modérée est responsable de 69% des décès associés à la malnutrition (EDSBF -III, 2003)14.
Selon Glewwe et Miguel (2008), une faible nutrition des enfants en bas âge peut conduire à de faibles résultats scolaires, qui par la suite affectent la productivité plus tard dans la vie active, avec pour conséquence une faible croissance économique. Pour Curr ie (2000), une mauvaise santé pendant l’enfance réduit en outre l’utilité future à travers ses effets sur les revenus futurs et la force de travail de même qu’à travers ses effets sur la scolarisation. Donc, une nutrition appropriée durant l’enfance est cruciale pour la santé des enfants, leur croissance physique et leur développement mental. Prendre soin de la santé des enfants au cours de l’enfance devient nécessaire pour éviter dans leur future vie les conséquences des maladies.
Une bonne nutrition des enfants devient alors indispensable pour assurer leur santé, leur scolarisation et plus tard des revenus sur le marché du travail 15.
De plus, améliorer la nutrition contribue à la productivité, au développement économique et la réduction de la pauvreté a u sein d’un pays. Cela passe par l’amélioration de la capacité de travail physique, le développement cognitif, la performance scolaire et la santé à travers la réduction de la morbidité et de la mortalité infantile . En effet, sauvegarder la santé au cours de l’enfance est nécessaire, car une santé compromise à un jeune âge peut avoir des conséquences au cours de l’âge adulte (Appaix, 2003).
La nutrition devient donc une priorité majeure du secteur de la santé dans pays en voie de développement. La santé d es enfants est particulièrement importante en raison de son lien avec la pauvreté des enfants et également à l’accumulation de capital humain des adultes. L’amélioration de la santé de l’enfant et la nutrition des enfants pauvres a été considéré comme un moyen efficace pour améliorer la fréquentation scolaire et accroitre la croissance économique parce que l’éducation scolaire se traduit par des gains de productivité à long terme (Bassolé, 2007). Plusieurs des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) traitent de la malnutrition des enfants, y compris l’objectif de réduire de moitié d’ici 2015 le nombre de personnes vivant de faim, et l’objectif de réduire la mortalité infantile de deux tiers.
Au Burkina Faso, des efforts ont été consentis pour freiner la malnutrition au sein de la population surtout vulnérable. En effet, le retard de croissance (petite taille pour l’âge) est passé de 39% en 2003 à 30% en 2010. L’émaciation ou maigreur (faible poids pour la taille) passe de 19% en 2003 à 14% en 2010. Quant à l’insuffisance pondérale (faible poids pour l’âge) elle passe de 38% à 30% sur la même période (EDSBF-MICS 2010)16. Malgré cette amélioration, la situation nutritionnelle au Burkina Faso à l’instar des pays en développement est toujours caractérisée par une persistance de la sous-nutrition sous toutes ses formes. Les écarts entre milieux de résidence sont importants. Pour le retard de croissance, en milieu rural, 37 % des enfants sont affectés contre 21 % en milieu urbain.
La question qui se pose dans cet essai est de savoir quels sont les déterminants des niveaux de l’état nutritionnel au Burkina Faso. D’une manière spécifique, l’étude cherche à répondre aux questions suivantes : 1) quelles sont les caractéristiques de l’enfant de moins de 5 ans qui déterminent son état nutritionnel ? 2) lesquelles des caractéristiques du ménage et de l’environnement affectent l’état nutritionnel de l’enfant de moins de 5 ans?
Malgré la littérature abondante, peu d’études ont été faites sur les facteurs de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans dans le cas du Burkina Faso (Lachaud, 2002 ; 2003 ; Maiga, 2010). Ainsi, l’objectif principal de ce travail est d’analyser l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans au Burkina Faso à travers les indicateurs anthropométriques mesurés par les z-scores. Plus spécifiquement, il s’agit dans un premier temps de déterminer le degré de l’état nutritionnel des enfants ; dans un deuxième temps, il s’agit d’identifier parmi les caractéristiques individuelles de l’enfant et l’environnement de vie les déterminants de l’état nutritionnel.
Pour atteindre les objectifs du présent essai, la suite de ce chapitre est organisée comme suit: la section 2 fournit une revue de littérature aussi bien théorique qu’empirique sur les déterminants de l’état nutritionnel de l’enfant. La section 3 présente le cadre conceptuel de l’étude. La section 4 présente les données et la méthodologie. Les résultats sont discutés dans la section 5 et la section 6 fait la conclusion du chapitre.
Revue de littérature
Théories sur les déterminants de l’état de nutrition et la santé
L’approche théorique du présent travail trouve son origine dans les modèles microéconomiques de la production du ménage développé par Becker (1965, 1981). Dans ces modèles, les ménages allouent les biens marchands et le temps pour la production de produits de base pouvant être soit vendus sur le marché, soit pour la consommation domestique ou pour lesquels biens il n’y a pas de marché. Becker (1965) développe la théorie selon laquelle le ménage produit un bien non marchand (comme la santé) en utilisant des biens marchands et le temps de travail. Le travail de Becker (1965) s’est étendu au modèle de demande de santé par Grossman (1972) puis modifié par plusieurs économistes comme Behrman et Deolalikar (1989), Strauss et Thomas (1995) et Currie (2000).
Dans son étude sur les fonctions de production, Boo (2009) fait recours à la littérature sur la fonction de production nutritionnelle17. Selon cette fonction, l’état nutritionnel est le produit de la génétique et du processus de production d’un ménage, où le temps et les biens marchands sont les facteurs ou inputs utilisés pour produire la nutrition de l’enfant. De ce fait, l’approche par la fonction de production du ménage assume que les parents accroissent leur utilité si les enfants sont en bonne santé, ce qui implique l’existence d’une fonction de demande pour la santé ou l’état nutritionnel de l’enfant. Ainsi, étant donnée les salaires et les prix, les parents maximise leur utilité sous la contrainte totale de revenue qui inclut le temps et le revenu. La production de la nutrition de l’enfant est alors logique avec les notions théoriques qui relient l’état nutritionnel au processus d’interaction de l’enfant, et les facteurs familiaux et non familiaux (incluant les inputs de santé et la dotation génétique de l’enfant).
Becker (1965) a contribué à éclairer sur les déterminants de la nutrition au sein du ménage. Pour lui, une «fonction de production de la nutrition » lie l’état nutritionnel de l’enfant (mesuré en termes de taille pour l’âge ou le poids pour l’âge) à un ensemb le d’«inputs» de la santé. Ces facteurs comprennent la prise nutritionnelle de l’enfant, si l’enfant est allaité au sein et de la durée de l’allaitement, les soins médicaux préventifs et curatifs, et de la quantité et la qualité du temps de la mère ou d’autres activités liées aux soins. La qualité du temps de soins de l’enfant à son tour est susceptible d’être fonction de l’âge de la personne responsable des soins donnés à l’enfant, de son expérience, son niveau d’éducation, son propre état de santé et les facteurs environnementaux sont également pris en compte dans la fonction de production.
A travers cette fonction de production, il s’observe facilement des effets potentiellement contradictoires de l’offre de travail de la mère sur l’état de nutrition de l’enfant. Un plus grand revenu dû à l’emploi de la mère se traduit par une plus grande consommation d’intrants achetés sur le marché tels que la nourriture et les soins médicaux qui améliorent l’état nutritionnel, mais les réductions dans la quantité ou la qualité du temps consacré à des activités liées à la santé réduit l’état nutritionnel. Ainsi, l’état nutritionnel de l’enfant reflète les effets combinés de plusieurs facteurs, y compris l’apport en nutriments, le niveau de santé initiale, le rang de naissance, et les facteurs comportementaux régis par les préférences des parents. L’interdépendantes entre ces facteurs se présente comme le modèle simple ci-dessous : Etat nutritionnel de l’enfant = fonction (apport nutritionnel, santé de l’enfant, mortalité, les naissances, les facteurs biologiques, temps consacré aux soins de l’enfant, les facteurs technologiques)
Le modèle est estimé à deux niveaux: au niveau ménage et au niveau individuel (l’enfant). L’état nutritionnel de l’enfant fournit un indicateur indirect de la santé globale de l’enfant comme étant une mesure directe de l’accès à des aliments nutritifs. La malnutrition est alors un puissant indicateur de la présence ou de la privation grave de l’enfant. De plus, selon le modèle conceptuel sur les déterminants de l’état nutritionnel de l’enfant, les facteurs socio- économiques peuvent affecter directement ou indirectement tous les autres groupes de facteurs à risque, à l’exception du sexe et de l’âge. Ceux -ci comprennent des facteurs environnementaux (tels que le type de maison, la structure de la maison , le type de latrines , les sources d’eau) , les facteurs liés à la mère ( âge de la mère à la naissance de l’enfant, l’état nutritionnel de la mère , la connaissance de la mère sur la nutrition , le rôle des croyances et habitudes alimentaires ) et les facteurs immédiats ( poids à la naissance, le rang de naissance , moment de l’initiation de l’allaitement maternel et la durée de l’allaitement maternel exclusif , le poids-pour-âge, la taille-pour-âge et le poids-pour-taille ). Ces variables, à leur tour, peuvent affecter l’état nutritionnel des enfants d’âge préscolaire.
Etudes empiriques sur les déterminants de l’état nutritionnel et la santé
Depuis presque trois décennies, des études sont menées sur la malnutrition et ses déterminants essentiellement dans les pays en voie de développement. La première est celle de Horton (1986) qui examine la malnutrition aux Philippines. L’auteur analyse alors le lien entre l’état nutritionnel des enfants et la taille du ménage dans lequel ils appartiennent. Ainsi, pour chaque ménage de l’étude, Horton estime par la méthode des moindres carrés ordinaires une fonction quantitative et une fonction qualitative respectivement, le nombre d’enfants nés dans chaque ménage et la moyenne des z-scores de chaque enfant du ménage. De même en 1988, Horton analyse l’état nutritionnel des enfants et leur rang de naissance. Il trouve que l’âge de l’enfant est le plus important facteur du statut de long terme de la santé, et que la santé nutritionnelle décroit avec l’âge. Horton (1988) montre que le rang de naissance est significatif chez les enfants venant d’un rang élevé car étant les plus mal-nourris. Cependant, le sexe de l’enfant n’a pas d’effet significatif.
Strauss (1990) analyse dans le cadre de la Côte d’Ivoire l’état nutritionnel des enfants du préscolaire à travers les caractéristiques des ménages et de la communauté. En utilisant un modèle linéaire à effet aléatoire et fixe pour les caractéristiques du ménage, l’auteur trouve un effet positif et significatif de l’éducation de la mère et du père sur le poids-pour-taille de l’enfant. En considérant la taille de l’enfant comme un indicateur de long terme, Strauss (1990) montre que la taille de la mère a un impact significatif sur celle de l’enfant. Cependant, l’impact des facteurs communautaires restaient négatifs, car l’auteur trouve que la distance pour accéder à un service de santé ou d’éducation affecte négativement les indicateurs de santé des enfants. Quant à Ahovey et Vodounou (2004), ils démontrent dans le cas du Bénin que l’éducation de la mère, le niveau de vie du ménage et l’existence d’infrastructures de soins de santé sont des facteurs contribuant fortement à la réduction du risque pour un enfant d’avoir un retard de croissance et par extension à la prévention des problèmes de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans.
Thomas (1994) fait une analyse comparative dans son étude des données sur la nutrition des enfants des Etats Unis, du Brésil et du Ghana. L’auteur examine la relation entre l’éducation des parents et la taille des enfants, un indicateur de l’état de santé et de nutrition. Les résultats montrent que dans tous les trois pays, l’éducation de la mère a un grand effet sur le poids de sa fille. Par contre, l’éducation du père a un impact important sur la taille de son fils. Au Ghana, la mère qui a reçu une meilleure éducation que son mari a un impact important sur la taille de la fille que sur le garçon. Au Brésil, le revenu non agricole des femmes a un impact positif sur la santé de leur fille mais pas d’impact sur la santé leur fils et la différence est significative.
L’étude de Shariff et Ahn (1995) se démarque des études précédentes par la méthodologie utilisée. En effet, les auteurs au-delà de régression linéaire proposent une estimation par la méthode de Heckman en deux étapes pour évaluer la taille de l’enfant en Ouganda. Pour ces auteurs, il existe un biais de sélection puisque seuls les enfants en vie au moment de l’enquête sont mesurés ou pesés. Shariff et Ahn (1995) supposent que dans le cas des pays en développement, il n’y a pas d’indépendance totale entre le fait d’être en vie et l’état de santé, et cela dû à la forte mortalité infantile. Comme résultats, ils trouvent que l’âge de l’enfant ainsi que le fait d’être jumeau ont un effet significatif et négatif sur la taille de l’enfant.
Cependant, le rang élevé de naissance, le sexe (être fille) affectent positivement et significativement la taille de l’enfant. De même, quand la mère atteint le niveau d’éducation du secondaire, l’effet sur la taille de l’enfant devient significativement positif.
A la suite, Pal (1999) utilise les indices de poids-pour-âge pour examiner l’état nutritionnel des enfants en Inde. Il trouve le fait que la mère soit alphabétisée améliore l’état nutritionnel des garçons au profit des filles. Aussi, le revenu par tête dans le ménage améliore l’état nutritionnel aussi bien chez les filles que chez les garçons mais l’impact est plus élevé chez les garçons. En allant au-delà du modèle linéaire, Pal (1999) utilise le Probit multinomiale pour estimer l’état nutritionnel. Pour l’auteur, dans les modèles linéaires classiques les enfants sont considérés de la même manière, or il existe une probabilité qu’un enfant soit légèrement, modérément ou sévèrement mal -nourri. Donc la meilleure manière de modéliser est d’utiliser un probit ordonné où on distinguerait les enfants selon leur niveau de statut ou état nutritionnel.
Ambapour et Hylod (2008), dans une approche microéconomique de la santé mettent en relation la pauvreté mesurée par l’indice de richesse et la santé de l’enfant. Leur méthodologierejoint celle de Shariff et Ahn (1995) car les auteurs prennent en compte le fait que les enfants mesurés et pesés dans l’échantillon sont les plus résistants, mieux nourris et grands. Mais leur étude ne porte que sur le cas du Congo. Ambapour et Hylod (2008) trouvent que l’impact de la richesse est positif et très significatif m ontrant qu’une augmentation de la richesse du ménage de 10% réduirait la malnutrition chronique de 6,3%. L’éducation de la mère a un effet très significatif et positif sur la santé de l’enfant mais le sexe de celui-ci affecte négativement sa santé. Pendant que l’accès à l’eau et à l’électricité ne sont pas des facteurs significatifs de la croissance de l’enfant et sont même négatifs, la disponibilité de toilette moderne a une incidence positive et significative sur la croissance de l’enfant.
Précédemment à l’analyse d’Ambapour et Hylod (2008), une étude similaire a été réalisée pour le cas du Sénégal. Badji et Boccanfusi (2006) évaluent le lien entre le niveau de vie du ménage et la santé nutritionnelle des enfants. Pour mieux faire ressortir l’impact de la pauvreté, les auteures font une comparaison avant et après la dévaluation du Franc CFA. Les résultats de l’étude montrent qu’après la dévaluation, l’insuffisance pondérale augmente de façon progressive avec l’âge chez les nourrissons mais l’effet est inverse chez les enfants pré-scolarisables. Les enfants dont la mère a un niveau supérieur d’éducation sont épargnés par le phénomène de malnutrition. En outre, Badji et Boccanfusi (2006) trouvent que le sexe de l’enfant n’a aucune influence sur la probabilité pour un enfant d’être malnutri. Cependant, les enfants appartenant à des ménages de grande taille sont relativement plus sensibles à la malnutrition.
Kebede (2008) dans son étude sur l’Ethiopie, examine les déterminants de court-terme de la santé de l’enfant en contrôlant les facteurs de long terme de l’état de santé. L’analyse empirique indique que l’effet des dépenses par tête du ménage sur le z-score du poids-pour-âge des enfants dans le milieu rural est influencé par le z -score taille-pour-âge des enfants. Ce résultat implique que l’efficience avec laquelle les inputs de santé de court terme sont transformés en résultats de santé est significativement affectée par le statut de santé de long terme. L’indice de masse corporelle est positivement et significativement corrélé au poids – pour-âge des enfants. Pendant que la taille du ménage et l’éducation primaire de la femme ne sont pas significatifs, le niveau d’éducation du chef de ménage est positivement et significativement corrélé au poids -pour-âge. Le poids-pour-âge des garçons est plus faible que celui des filles. L’âge des enfants est négativement lié à leur poids-pour-âge. Mais contrairement aux attentes, la dépense de consommation par tête instrumentée par la terre par tête cultivé e n’est pas significativement corrélée aux scores du poids -pour-âge et agit cependant négativement dû à la non linéarité.
Glewwe (1999) utilisant la fonction de production de santé de l’enfant analyse l’impact de l’éducation de la mère sur la santé de l’enfant dans le cas du Maroc. Il trouve que les années de scolarisation de la mère ont un impact positif et significatif sur la taille de l’enfant. La taille de la mère et la taille du père sont positivement corrélées à la taille -pour-âge de l’enfant. Les années de scolarisation du père ont un effet positif mais non significatif. Pour l’auteur, il est alors nécessaire de vérifier si le nombre d’années de scolarisation de la mère est exogène ou si une partie de cette variable agit à travers son effet sur la réduction de la taille de la famille. Plus la femme est éduquée plus faible est sa fertilité donc une réduction de la taille de la famille. Ce constat fait donc appel aux variables instrumentales dans le cas d’endogénéité de l’éducation de la femme.
Luzi (2010) analyse les effets de long terme de la malnutrition présentée par les individus durant leur enfance sur leur niveau d’éducation ultérieur. L’auteur se base sur des jeunes adultes vivant dans une zone rurale de la Tanzanie. En comparant les mesures anthropométriques d’un élève du préscolaire Tanzanien avec celles d’un enfant dans un pays riche de référence, les résultats d’estimation montrent que la malnutrition et une santé pauvre durant l’enfance ont des effets de long terme sur la croissance du capital humain. En effet, les personnes mal-nourries ne peuvent pas travailler de façon productive comme celles qui sont bien nourries avec des effets importants sur le revenu personnel et national. D’une manière précise, améliorer la santé de l’enfant augmenterait de 28% la probabilité d’achever l’éducation primaire.
Makoka (2013) dans son étude examine dans le cadre de trois pays, le Malawi, la Tanzanie et le Zimbabwe l’impact de l’éducation maternelle sur la nutrition des enfants. Au lieu d’une régression par MCO, l’auteur utilise la régression logistique pour analyser les déterminants de l’état nutritionnel des enfants. Les résultats montrent que les mesures de l’état nutritionnel à savoir, la taille-pour-âge, le poids-pour-âge et le poids-pour-taille décroissent toutes significativement avec le niveau d’éducation de la mère. L’auteur montre en outre que le seuil du niveau d’éducation de la mère nécessaire pour rendre significatif la réduction de la malnutrition est d’au moins 9 années au Malawi, au moins 5 années en Tanzanie et 8 années au Zimbabwe. Makoka (2013) trouve respectivement 9 ans et 11 ans comme les seuils du niveau d’éducation de la mère améliorant le rabougrissement et le sous-poids des enfants au Malawi (9 ans) et Tanzanie et Zimbabwe (11 ans).
L’étude d’Aturapane et al. (2008) analyse les déterminants du poids et de la taille des enfants du Sri Lanka par une régression quantile. Pour ces auteurs, beaucoup d’études précédentes se sont contentés d’estimer l’effet moyen des variables telles que le sexe de l’enfant, l’éducation de la mère, le revenu du ménage sur la nutrition des enfants. Leurs estimations ne permettent pas en termes de résultats d’orienter les décideurs sur les interventions car les variables socioéconomiques affectent différemment l a nutrition des enfants à différents niveaux de la distribution conditionnelle de la nutrition. Aturapane et al. (2008) dans leur article tentent de combler cette insuffisance. Leurs résultats montrent que la dépense par tête est associée à de fortes améliorations nutritionnelles en moyenne, mais n’est pas un déterminant significatif de la taille ou du poids au faible quantile de la distribution. L’éducation des parents, l’accès à l’électricité et la disponibilité d’eau potable ou filtrée ont des effets importants sur le poids et la taille de l’enfant aux plus hauts quantiles qu’aux plus bas. En outre, le sexe de l’enfant n’influence pas significativement le poids, mais l’ordre de naissance a une influence à 25, 50 et 75% de la distribution plutôt qu’à 10 et 90% de quantile ou de la distribution. Ainsi, en contrôlant l’âge, les enfants issus de l’ordre élevé de naissance ont de faibles poids par rapport à ceux nés plus tôt.
Plusieurs études ont été ménées dans le cas de l’inde (Robert, 2014 ; Uttamacharya et al., 2013 ; Arnold et al., 2009 ; Radhakrishna et Ravi, 2004). Arnold et al. (2009) trouvent une relation inverse entre la sous-nutrition des enfants et le niveau de richesse du ménage dans lequel vit l’enfant. De même, un rang élevé de naissance accroit la probabilité d’avoir un faible poids qu’un faible rang de naissance. Les enfants venant des ménages n’ayant pas accès à une source améliorée d’eau ont plus de risque d’être malnutris que ceux des ménages avec une source amélioré d’eau. En outre, le statut nutritionnel des enfants est fortement lié à celui de leur mère. En effet, un indice de masse corporel faible de la mère augmente la probabilité des enfants d’être en retard de croissance et ceux-ci connaitront une insuffisance pondérale et l’émaciation.
Uttamacharya et al. (2013) dans la même lancée que Aturapane et al. (2008) analysent dans le cas de l’Inde les déterminants du statut nutritionnel des enfants de 0-59 mois en utilisant l’approche de la régression quantile. Pour ces auteurs aussi, les précédentes études basées sur l’estimation de l’effet moyen des variables sur la malnutrition se sont confrontées à des effets non significatifs et ne donnent pas de prédiction du niveau de malnutrition selon les variables. Ainsi, la régression quantile constitue une stratégie d’estimer les effets de prédiction à différents niveaux de la variable dépendante. Uttamacharya et al. (2013) utilisent la régression quantile par les quintiles. Ils trouvent que l’âge de l’enfant est négativement associé aux z- scores de la taille-pour-âge et du poids-pour-âge à tous les quintiles. C ependant, le rang de naissance est positivement lié à tous les z -scores et l’impact n’est seulement important que pour le faible quintile. Le statut nutritionnel de la mère n’est significatif qu’au niveau du quintile le plus élevé.
Dans le cas de l’Inde également Radhakrishna et Ravi (2004) quant à eux utilisent la régression logit pour analyser les déterminants de la malnutrition. Ils trouvent que le risque de malnutrition décroit avec le niveau de vie du ménage et s’accroit avec la taille du ménage. En milieu rural, les résultats montrent que la probabilité de la malnutrition d’un enfant s’accroit avec l’ordre de naissance. Mais, il apparait que le sexe de l’enfant n’a pas d’effet sur la malnutrition. Le niveau d’éducation et l’âge de la mère ont des effets significatifs sur la malnutrition. A l’aide du modèle de santé de Grossman (2000) comme modèle de base, Robert (2014) dans son étude, analyse les indicateurs anthropométriques des enfants et l’indice de masse comme déterminants de la santé dans le ménage. Les résultats montrent que l’indice de masse corporelle du mari et de la femme est positivement influencée par leur éducation et leur âge. De même, l’éducation de la mère influence positivement le z-score de la taille-pour-âge des enfants. En outre, le capital du ménage a un effet positif mais l’âge de l’enfant a un impact négatif et significatif sur le z-score de la taille-pour-âge.
Lachaud (1995) est l’un des auteurs qui s’est beaucoup intéressé à l’analyse du phénomène de la malnutrition au Burkina Faso. Pour l’auteur, l’âge de la mère et son niveau d’étude, la taille de la famille, le revenu de la femme en tant que chef de chef de ménage et la résidence en ville sont des déterminants de l’état nutritionnel des enfants. Aussi, Lachaud (2002) à l’aide d’une approche d’économétrie spatiale analyse l’impact de l’urbanisation sur la malnutrition des enfants de moins de cinq ans. L’auteur trouve que l’urbanisation s’accompagne d’une réduction des niveaux d’émaciation, d’insuffisance pondérale et de retard de croissance.
Cependant, cette urbanisation est susceptible d’accentuer les inégalités aux différentes formes de malnutrition. Il n’y pas de différence significative selon le genre s’agissant de la relation entre l’inégalité du retard de croissance et le taux d’urbanisation.
Lachaud (2003), examine les facteurs d’inégalité socio-économiques relative au retard de croissance des enfants et aux variations des disparités dans le temps. Il fait une analyse comparative entre le Burkina Faso, le Cameroun et le Togo durant les années 1990. L’auteur trouve sur la période pour tous les pays que les enfants des ménages pauvres sont davantage frappés par la malnutrition comparativement aux ménages aisés. Egalement dans ces pays, la réduction du retard de croissance est positivement liée au niveau de vie des ménages. Le niveau d’instruction des mères est positivement corrélé à un meilleur statut nutritionnel des enfants en termes de retard de croissance, mais l’âge est significativement négatif. Plus spécifiquement au Burkina Faso, l’auteur trouve par rapport au sexe que les garçons sont désavantagés par rapport aux filles. En outre, les résultats montrent que l’inégalité socio-économique du retard de croissance est plus élevée en milieu urbain que dans les zones rurales.
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Table des matières
Abstract
Introduction Générale
Chapitre 1: Impact of School Feeding Programs on Educational Outcomes: Evidence from School Dry Cereals in Burkina Faso
1.1. Introduction
1.2. Literature review
1.3. Background of Food for Education Programs in Burkina Faso
1.4. Data and descriptive statistics of the SFP
1.5. Methodology
1.6. Results
1.7. Conclusion
Tables of Chapter 1
Robustness check tables
Chapitre 2 : Analyse des déterminants de l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans au Burkina Faso
2.1. Introduction
2.2. Revue de littérature
2.3. Cadre conceptuel
2.4. Données et méthodologie de l’étude
2.5. Résultats
2.6. Conclusion
Tableaux du chapitre 2
Chapitre 3: Caractéristiques de la mère et état nutritionnel de l’enfant de moins de 5 ans au Burkina Faso: évidence de l’éducation maternelle
3.1. Introduction
3.2. Revue de littérature : études empiriques sur l’impact de l’éducation maternelle
3.3. Données
3.4. Statistiques descriptives
3.5. Résultats
3.6. Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
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