L’augmentation régulière des prix du pétrole à compter de 2003 est allée de pair avec le développement économique rapide de la Chine, de l’Inde et des autres pays émergents, dans un contexte de forte croissance mondiale. Elle s’est accélérée en 2008 en raison d’une poussée de fièvre spéculative qui s’est rapidement éteinte avec la prise de conscience que le monde entrait en récession, à commencer par les États-Unis, avec pour corollaire une diminution de la demande pour la première fois depuis 1981.
Cependant, l’effondrement du cours du baril jusqu’à un plancher de 33,20$ le 15 janvier 2009 (à comparer aux 146,20$ atteint le 14 juillet 2008) ne doit pas faire illusion. Dès que la reprise économique fera sentir ses effets, la demande repartira à la hausse ; déjà, les divers plans de relance, notamment les 461 milliards de dollars du plan chinois, font sentir leurs effets, puisque le prix du baril est remonté autour de 65$ en juillet 2009. Lorsque la croissance mondiale sera revenue, la soif inextinguible de pétrole des grandes économies émergentes poussera les cours vers de nouveaux sommets, en raison notamment d’une offre qui ne sera pas en mesure de suivre la demande.
En effet, à court terme, l’effondrement du prix du pétrole a gelé bon nombre d’investissements des compagnies pétrolières, lesquels n’étaient alors plus rentables. Lorsqu’ils le redeviendront avec la hausse des cours, des années seront nécessaires avant qu’ils se traduisent par un accroissement de l’offre, seul à même de stabiliser les prix. Mais à plus long terme, c’est la question de la disponibilité de la ressource qui est posée.
ANALYSE DES CARBURANTS DANS SON ENSEMBLE
GÉNÉRALITÉS SUR LES CARBURANTS
Structurellement plus élevé qu’en métropole du fait de l’étroitesse de chacun des marchés, le prix des carburants était maintenu à un niveau compatible d’une part avec les exigences de rentabilité de tous les acteurs de la filière pétrolière et, d’autre part, avec la capacité des consommateurs (particuliers et entreprises) à pouvoir accepter ces prix. La très forte hausse du prix du baril, à partir de 2007, a rompu cet équilibre. La répercussion à la pompe de la hausse du prix du brut a été jugée, à l’époque, incompatible avec le maintien de la paix sociale. Ces niveaux de prix étaient en revanche, à structures d’achats, de fret, de stockage et de distribution de produits pétroliers identiques, incompatibles avec les exigences de rentabilité des acteurs de la filière d’approvisionnement en produits pétroliers. La conséquence inéluctable de cette décision politique était que ces niveaux de prix resteraient les mêmes, nonobstant la baisse, prévisible à terme, du prix du baril : le lissage à la hausse des prix entraînait nécessairement, à structures constantes, le lissage à la baisse de ces mêmes prix! La baisse du prix du baril est intervenue, et comme cela était prévisible, il n’y eut pas de modification à la baisse des prix à la pompe pour les consommateurs et les entreprises. Le constat qu’en a fait la population, à laquelle rien n’avait été expliquée lors du lissage des hausses de prix à partir de 2007, fut à l’origine du mécontentement puis des troubles qu’a connus Madagascar.
INFORMATION SUR LES PRIX A LA POMPE DE CARBURANTS
Selon le modèle walrasien du marché, « les agents économiques sont preneurs de prix : ils considèrent le prix comme donné. En effet, les individus ont une importance négligeable par rapport à l’ensemble du marché » . C’est pourquoi à partir de mois de mars 2007, l’OMH démarre l’information périodique du public sur les prix à la pompe des carburants. Ceci, d’abord afin de répondre aux souhaits des consommateurs de plus de transparence sur les variations des prix pétroliers depuis la libéralisation. Par ailleurs, cette information constitue également une des missions de l’OMH telles que définies dans la Loi 99-010 du 17/04/99 modifiée par la Loi 2004-003 du 24/06/04, relatives au secteur pétrolier aval.
Qui fixe les prix à la pompe ?
Avant juillet 2004, l’OMH a déterminé mensuellement des prix maxima à la pompe. A partir cette date, les prix des produits pétroliers ont été libéralisés. Tous les changements de prix ultérieurs intervenus sont à l’entière initiative (dates et prix) de chaque distributeur. Dans ces prises de décisions, les règles régissant la concurrence interdisent toute forme de concertation entre distributeurs. En matière de prix, le rôle de l’OMH, défini par la Loi 2004-003, consiste à informer les consommateurs sur les éléments des prix de revient et à vérifier le bon fonctionnement de la concurrence.
Les principaux éléments composant les prix
Le prix facturé par un distributeur aux consommateurs est généralement formé de 4 composantes principales :
Prix Référence Frontière (PRF) :
Le PRF est le coût du produit importé, prêt à être déchargé dans un dépôt terminal d’importation à Madagascar (Toamasina en général). Outre le coût CAF facturé par le fournisseur, le PRF inclut aussi les frais bancaires de lettre de crédit, les pertes subies durant le transport maritime et le déchargement, divers frais d’inspection ou débarquement ainsi que d’éventuelles pénalités de retard (surestaries) pour immobilisation excessive du navire au port de débarquement.
Passage Logistique :
Le passage logistique concerne les coûts de transport massif des produits, à partir des dépôts terminaux vers les dépôts desservant les différentes régions de l’île ainsi que les frais de stockage dans les dépôts successifs de transit. Toutes ces prestations sont assurées par les Logisticiens (Galana Terminal Toamasina et Logistique Pétrolière) pour le compte des distributeurs, moyennant le paiement de frais de passage.
Marge de Distribution :
A partir des dépôts de stockage, les produits sont livrés par les distributeurs, soit directement à la clientèle, soit vers leurs stations service ou d’autres revendeurs, chargés de la vente au détail des produits. Toutes ces activités suivant la sortie du dépôt de livraison relèvent du segment distribution. Outre les frais d’exploitation y afférents, les pétroliers prélèvent également auprès du consommateur une rémunération globale de leur activité, notamment pour les investissements effectués. L’ensemble de ces éléments constitue la Marge de distribution.
Taxes & Redevances :
Ce poste regroupe l’ensemble des taxes (versées au Budget Général de l’Etat) et des redevances (au bénéfice direct d’entités administratives). Ces éléments sont des prélèvements et ne rémunèrent pas des prestations effectuées par des opérateurs dans la chaîne d’approvisionnement.
• Taxes : TPP, TVA et droits de douanes annexes ;
• Redevances : OMH, Environnement, RER et APMF.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : ANALYSE DES CARBURANTS DANS SON ENSEMBLE
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR LES CARBURANTS
SECTION I : INFORMATION SUR LES PRIX A LA POMPE DE CARBURANTS
SECTION II : HISTORIQUE DE VPC EN 2007
SECTION III : HISTORIQUE DE VPC 2008
SECTION IV : HISTORIQUE DE VPC EN 2009
CHAPITRE II : LES CARBURANTS EN TERMES D’UTILITÉ
SECTION I : UTILITÉ NATIONALE FACE A LA MONDIALISATION
SECTION II : CONSOMMATION DES CARBURANTS EN 2008
SECTION III : CONSOMMATION DES CARBURANTS EN 2009
SECTION IV : UTILITÉ DES GRANDES ENTREPRISES
DEUXIÈME PARTIE : ANALYSES ÉCONOMIQUES DES VARIATIONS DES PRIX DES CARBURANTS A MADAGASCAR
CHAPITRE I : IMPACT DU PRIX DU PÉTROLE SUR L’ÉCONOMIE
SECTION I : VOLATILITÉ DES PRIX, STOCKS ET PRIX DU PÉTROLE
SECTION II : CANAUX DE TRANSMISSION DES EFFETS DU PRIX DU PÉTROLE SUR L’ÉCONOMIE
SECTION III : LA VARIATION DES PRIX DES CARBURANTS ET L’ÉNERGIE
SECTION IV : LES SECTEURS PRODUCTEURS ET LES VPC
CHAPITRE II : ANALYSE MACROÉCONOMIQUE DE VARIATIONS DES PRIX DES CARBURANTS
SECTION I : LES VARIATIONS DES PRIX DES CARBURANTS ET L’ÉCONOMIE NATIONALE
SECTION II : LA CROISSANCE ÉCONOMIQUES ET LA VARIATION PRIX DES CARBURANTS
SECTION III : ÉTUDE DE LA RELATION PRIX BIENS ET SERVICES ET LA VARIATION DES PRIX DES CARBURANTS
SECTION IV : PROPOSITION DE POLITIQUE ECONOMIQUE POUR CONTRECARRER LES EFFETS NEFASTES DU PRIX INTERNATIONAL DE PETROLE
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE