A Madagascar l’existence de l’énergie fossile a été prouvée depuis après la première guerre mondiale. Désormais, le pays tient la deuxième place en termes d’attraction aux investissements de recherche pétrolière après la Mauritanie quand le Kenya et la Mozambique se positionnent respectivement à la 9ème et 10ème place. La grande île abrite plus de 15 compagnies opérant des travaux d’exploration sur 24 concessions dont 18 en onshore et 6 offshore. Depuis des décennies, les compagnies pétrolières s’interrogent sur le potentiel pétrolier offshore de Madagascar alors que des énormes gisements de gaz et de pétrole sont soumis à une exploitation le large de la côte Est de l’Afrique (Les Amis de la Terre, 2012). Madagascar dispose plus de 228 blocs pétroliers offshore mais seulement 6 ont été attribués par l’OMNIS à des compagnies sur la base de négociations de gré à gré ou d’appels d’offre restreints puis, en 2006, sur appels d’offre internationaux.
Avant d’extraire le pétrole, les chercheurs doivent recourir à des investigations plus précises afin de confirmer l’existence de l’hydrocarbure dans le sous-sol et aussi de caractériser la forme du réservoir par des différentes méthodes (Géophysique, géologique, forage, etc.). Le pétrole peut constituer une ressource vitale pour un pays mais l’histoire du pétrole en Afrique est jalonnée de problèmes identifiés par le Rapport d´Evaluation des Industries Extractives qui a mis en lumière des problèmes sociaux et environnementaux (Sandra Kloff et Clive Wicks, 2004).
L’acquisition sismique est une activité pétrolière amont faisant partie de la méthode géophysique qui conduit à l’identification des pièges à pétrole dans une zone considérée propice à la découverte de cette ressource. Cette zone peut être on shore lorsqu’ il s’agit d’une exploration sur terre et offshore quand la recherche est en mer. Les blocs pétroliers offshore cités ci-dessus pourraient être une zone d’étude sismique d’ici peu quand les investisseurs internationaux arrivent à répondre les appels d’offre de l’Etat malagasy toutefois son exécution risque de détruire les milieux biophysiques et socioéconomique. Autrement dit, plusieurs études d’impact des projets d’acquisition sismiques offshore ont été effectuées à Madagascar. Ainsi, l’objet de la présente étude est d’analyser la suffisance et la pertinence de ces études par rapport à la richesse environnementale du pays. Les questions qui se posent est si l’étude d’impact environnemental de la prospection pétrolière offshore à Madagascar par acquisition sismique nécessite des mesures ou des règlementations supplémentaires pour la rendre suffisante.
ZONE D’ETUDE
Description de la zone d’étude
Généralement, la zone d’étude concerne les zones offshores potentielles en hydrocarbure de Madagascar dans le canal de Mozambique. Elle s’étend le long des blocs pétroliers offshores administrés par l’OMNIS. En particulier, il est préférable de prendre une zone d’étude précise pour l’échantillonnage afin de mieux comprendre les impacts sur l’environnement biophysique et humain de la région. Ainsi, il est possible que les données à présenter ci-après puissent être générales. La zone choisie est la région de Menabe où plusieurs compagnies ont entamé des recherches de pétrole par acquisition sismique comme la compagnie Niko Ressources (OMV) et SAPETRO. La région Menabe comprend le district de Morondava, Belo-sur tsiribihana, Manja, Miandrivazo et Mahabo. La région se trouve à l’Ouest de l’île, au nord de la région de Toliary et à l’Ouest de Vakinankaratra, avec une superficie de 48 560 km² et un effectif de population de 300 000 habitants (Monographie de la région, 2003).
Les activités de la population se focalisent sur l’agriculture occupant 84,7 % des ménages. 8,5 % travaillant dans le domaine de l’administration, de l’enseignement ou de recherche. 6,8 % sont des ouvriers, des employés d’entreprise et des artisans. La région Menabe se trouve dans la latitude -20°12’0 S et de longitude 45°4’12 E. Menabe ne possède qu’un seul grand axe, formé par les routes nationales RN 34 Antsirabe – Malaimbandy en passant par Miandrivazo, et RN 35 Morondava – Malaimbandy à destination d’Ambatofinandrahana.
Environnement biologique marine de Madagascar
Mammifères marins
Les mammifères marins qui peuvent s’observer au large des côtes de madagascar sont des baleines (« trozona »), des dauphins (« petso »), des dugongs (« lambon-driaka »). Dans le monde, on recense 128 espèces de mammifères marins, 31 d’entre eux se trouvent à Madagascar dont 7 mysticètes, 21 odontocètes, 2 pinnipèdes, un sirénien.
Ces mammifères marins sont: La baleine à bosse (megaptere, jubarte, megaptera novaeangliae), le grand dauphin, souffleur nesarnack (tursiops trucantus) ; le dauphin bleublanc (stenella coerulesalba); le dauphin douteux, dauphin tacheté pantropical (stenella attenuata) ; le dauphin à long bec (stenella longirostris) ; le dauphin du Cap (delphinus capensis) ; le dauphin de Bornéo, ou encore dauphin de Fraser, (lagenodelphis hosei) ; le dauphin de Risso (grampus griseus) ; le dauphin à bec étroit (steno bredanensis) ; le dauphin à bosse, sotalie de Chine (sousa chinensis) ; et le dugong (dugong dugong).
Tortues de Mer
Les tortues marines sont protégées par le Decret n°2006-400 du 13 Juin 2006. Parmi les sept espèces des tortues marines, 5 espèces se trouvent à Madagascar. Ce sont des tortues luth (Dermochelys coriaceae), tortues caouannes (caretta caretta), tortues vertes (Chelonia mydas), tortues imbriqués (Eretmochelys imbricata) et tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea). Les tortues vertes représentent plus de 90 % des tortues du canal de Mozambique. La tortue verte peut vivre dans des eaux à température ne dépassent pas 20°C. La tortue luth est la plus grosse des tortues marines tandis que la tortue olivâtre est la plus petite. L’UICN classe les tortues luth et caouannes parmi les espèces en danger critique d’extinction. Quatre des cinq espèces qui se trouvent à Madagascar font leur reproduction à Madagascar. La saison de ponte a lieu en période de pluie, de décembre à mars, pouvant s’étaler tout au long de l’année dans le Nord-est et Nord-ouest, avec un creux de juin à septembre (Hajanirina, 2012).
Poissons de mer
A Madagascar, 25 espèces de poissons de mer sont considérées menacées selon la liste de l’UICN. Elles comprennent : 16 requins et raies, 2 thons, 2 mérous, 1 perche de mer (Mesopristes elongata qui est endémique à Madagascar), 1 mulet, 1 hippocampe et 1 coelacanthe.
Ecosystème
A Madagascar, les écosystèmes les plus connus sont certainement les récifs coralliens avec une superficie de près de 5000 km² et les mangroves qui s’étendent sur plus de 3000 km² principalement sur les rivages occidentaux de l’île. Ils apportent d’énormes bénéfices socio – économiques aux communautés locales grâce à la pêche et aux activités touristiques sans oublier les services écologiques que ces écosystèmes assurent pour l’équilibre de la planète et le bien-être de l’Homme (Madagascar conservation & développement, 2011).
Aires protégées marines de Madagascar
Selon UICN : « une aire protégée est comme une zone terrestre et/ ou marine spécialement destinée à la protection et la maintenance de la diversité biologique et des ressources naturelles et culturelles qui lui sont associées, et gérée à travers des moyens juridiques ou d’autres moyens efficaces. » .
Au vu de l’importance des zones marines et côtières à Madagascar et dans le but de préserver les richesses qui se trouvent face aux menaces et pressions d’origine anthropique et naturelle, Madagascar s’est résolument investi dans la création et la mise en place d’aires marines protégées et de réserves marines. Dans cette optique, le Système d’Aires Protégées de Madagascar (SAPM) a été mis en place pour offrir les outils appropriés de gestion, de gouvernance et de planification dans l’objectif de tripler la surface des aires protégées, ce qui la porterait de 1,7 à près de 6 millions d’hectares prescrit dans la Vision Durban (Madagascar conservation & développement, 2011). La première aire marine protégée a été officiellement créée en 1989 avec le parc marin de Nosy Antafana intégré à la Réserve de Biosphère de Mananara Nord, suivie par les trois parcelles marines du Parc National de Masoala. Vingt ans après le premier parc marin, de nouvelles aires marines protégées et réserves marines ont été créées ou sont en voie de création dans l’attente de l’obtention de leur statut définitif.
Wildlife Conservation Society (WCS) conduit des recherches sur la conservation et l’évaluation des mammifères marins (Baleines à bosse et les dauphins) à Madagascar. Dès 2010, WCS a appuyé le processus de création et la gestion de deux Nouvelles Aires Protégées Marines (Ankivonjy et Ankarea), situées sur la côte nord-ouest de Madagascar, zone reconnue comme le deuxième centre de la biodiversité marine au monde, d’intérêt international (gouvernance et gestion des nouvelles aires protégées à Madagascar, 2015). La zone protégée Marine d’Ankivonjy dans le Nord-Ouest de Madagascar existe certaines espèces rares des cétacés mais menacées par la progression rapide du secteur pétrolier et l’industrie du gaz de développement.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I : ZONE D’ETUDE
I.1. Description de la zone d’étude
I.2. Choix de la zone d’étude
I.3. Environnement biologique marine de Madagascar
I.3.1 Mammifères marins
I.3.2 Tortues de Mer
I.3.3 Poissons de mer
I.4. Ecosystème
I.5. Aires protégées marines de Madagascar
Chapitre II : RECHERCHE PETROLIERE OFFSHORE
II.1. Etude sismique marine
II.1.1. Méthode d’acquisition sismique marine
II.1.2. Matériels
II.1.2.1. Compresseur
II.1.2.2. Canon à air
II.1.2.3. Flûte sismique
II.2. Sismique marine 2D et 3D
II.3. Opérations sismique marine
II.4. Organigramme d’une acquisition sismique offshore
II.5. Principe de mesure en étude bathymétrique
Chapitre III : IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT D’UN PROJET SISMIQUE OFFSHORE
III.1 Sources d’impact
III.1.1 Source acoustique
III.1.2 Présence physique des navires
III.1.3 Emission atmosphérique
III.1.4 Rejet des déchets solides et liquides
III.1.5 Pollution lumineuse
III.2 Risques et dangers dans une prospection sismique offshore
III.2.1 Déversement des produits chimiques
III.2.2 Déversement d’hydrocarbure
III.3 Equipements de surveillance des mammifères marins et tortues marines
III.3.1 Démarrage progressif
III.3.2 Observateurs des Mammifères Marins et Tortues
III.3.3 Passive Acoustic Marine (PAM)
III.4 Catégorisation des impacts en acquisition sismique marine
III.4.1 Impact mortel
III.4.2 Impact provoquant des dommages auditifs
III.4.3 Impacts provoquant des dommages comportementaux
III.4.3.1 Mesures non pondérées
III.4.3.2 Mesures pondérées (dBht)
III.5 Méthode d’évaluation des impacts environnementaux
III.5.1 Analyse des impacts
III.5.2 Grille des évaluations globale des effets
Chapitre IV : METHODES
IV.1 Confrontation de l’EIE sismique marine à Madagascar et d’autres pays
IV.1.1 Programme d’acquisition sismique marine du bloc Grand prix
IV.1.2 Programme d’acquisition sismique marine dans le bloc Belo profond
IV.1.3 Programme d’acquisition sismique marine dans le bloc Ambilobe
IV.2 Revues des textes règlementaires nationales, des guides et des expertises internationales
IV.2.1 Textes règlementaires malagasy
IV.2.1.1 Code pétrolier
IV.2.1.2 Code maritime
IV.2.1.3 Charte de l’environnement actualisée
IV.2.1.4 Décret MECIE
IV.2.1.5 Autres règlementations pertinentes
IV.2.2 Guides EIE à Madagascar
IV.2.2.1 Guide EIE d’une opération pétrolière à Madagascar
IV.2.2.2 Guide EIE zones sensibles
IV.2.3 Exemple des restrictions juridiques internationales
IV.2.4 Procédures et protocoles internationales
IV.3 Identification des forces et faiblesses de l’EIE acquisition sismique offshore à Madagascar
IV.4 Proposition des solutions à titre de recommandations
CONCLUSION