Analyse de performance de la microfinance

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Les théories du changement structurel :

Il s’agit de théories nées dans les années ‟70. Ces théories perçoivent le développement comme étant un processus de transformation des structures : passage d’une économie traditionnelle de subsistance à une économie plus moderne, plus urbanisée et plus diversifiée. Elles utilisent les outils de la théorie Néoclassique, l’allocation des ressources et l’économétrie pour décrire le processus interne de changement structurel qu’un PED doit traverser pour une croissance rapide auto-entretenue.
Les théories du changement structurel sont :
• Cercles vicieux de Nurske.
• Modèle de Lewis.
• Schémas de développement de Chenery.

Approche en termes de cercles vicieux de Nurske (1953) :

Nurske (1953) est le promoteur de l’analyse en termes de cercles vicieux de la pauvreté et du sous-développement.
La faiblesse de l’épargne empêche le développement endogène en l’absence d’aide venant de l’extérieur. Donc, un financement extérieur est nécessaire au stade préalable de take off de Rostow.

Préconisation de Nurske :

Il faut recourir aux capitaux étrangers qui vont favoriser un accroissement du stock de capital, de la productivité, des revenus et par la suite de la demande.

Critiques à l‟analyse de Nurske :

Le schéma des cercles vicieux (cf. figure 1) exprime que « les pays sont pauvres parce qu‟ils sont pauvres ou que les pays sont riches parce qu‟ils sont riches ».3
Il y a également une critique sur l‟hypothèse d‟incapacité d‟épargne car dans les PED, on y rencontre la présence de fuite de capitaux, donc, l‟épargne n‟est pas utilisée pour investir.
Puis on remarque l‟absence de prise en compte de l‟environnement international et l‟absence de l‟explication de l‟origine des cercles magiques.

Intérêts et limites de l‟explication par les cercles vicieux :

– Intérêts :
Les avantages de cette théorie par rapport au schéma de Lewis sont d‟expliquer la perpétuation du sous-développement et de la pauvreté.
Puis, l‟enchainement des différents cercles vicieux (cf.figure1) montre bien les caractéristiques multidimensionnelles du phénomène du sous-développement : des facteurs d‟ordre financier et économique s‟articulent avec des mécanismes sociaux, culturels,…
– Limites:
Il s‟agit d‟une analyse en circuit fermé, indépendant des pressions mondiales dont on a pourtant souligné le poids car les explications en termes de cercles vicieux ne tiennent pas compte de l‟environnement international des pays.
Il y a aussi un risque de naturaliser le sous-développement ou d‟en faire une sorte de fatalité.

Le modèle de Lewis (1954) :

Le travail de Nurske a inspiré Lewis. Il a travaillé et centré sa théorie sur la transformation structurelle d‟une économie de subsistance pour lequel il a reçu le prix Nobel. Le modèle dual de Lewis est devenu la théorie générale du processus de développement dans les PED entre la période 1960 et jusqu‟au début des années 1970. Cette considération perdure encore aujourd‟hui. Dans le modèle de Lewis, l‟économie dans le monde sous-développée consiste en deux (02) secteurs : un secteur traditionnel et un secteur moderne.
Le fondement de la structure de développement économique du modèle de Lewis (1954) est le mouvement du travail du secteur traditionnel au secteur moderne. Là où le secteur traditionnel se perçoit comme étant un réservoir quasi illimité de travail et le secteur moderne absorbe cette offre de travail.
C‟est une approche en cohérence avec celles de Rostow et Harrod-Domar.
Les limites du modèle sont le surplus du travail, et le développement du secteur industriel (informatisation et mécanisation).

Le modèle de Chenery (1979):

Modèle basé sur un travail empirique des trajectoires de développement des PED durant la période d‟après-guerre, et il a découvert un certain nombre de caractéristiques communes au processus de développement, parmi lesquelles : Le passage de la production agricole à la production industrielle, l‟accumulation continue de capital physique et humain, la modification de la structure de la demande des biens de base et de première nécessité au profit des biens manufacturés diversifiés et des services et la croissance des villes et des industries urbaines au fur et à mesure que les individus quittent les campagnes et les petites villes.

Théories de la dépendance

Il s‟agit de théories nées dans les années ‟70. Les théories de la dépendance insistent sur les contraintes politiques et institutionnelles qui pèsent sur le développement économique. L‟accent est mis sur la nécessité de mettre en place des politiques pour éradiquer la pauvreté, d‟offrir des opportunités d‟emplois plus diversifiées et de réduire les inégalités de revenu. Si ces objectifs devaient être atteints dans le contexte d‟une économie en croissance, la croissance économique en elle-même ne suffisait pas contrairement à ce que défendaient les tenants des approches précédentes.

Modèle de dépendance néo-coloniale :

On remarque la domination de la périphérie par le centre rend inaccessible toute tentative de développement. Donc, le sous-développement est induit de l‟extérieur.

Modèle du faux paradigme :

On remarque la persistance du sous-développement car les conseils d‟experts internationaux mal informés, biaisés et ethnocentriques sont inappropriés dans les agences d‟aide venant des pays développés et les organisations multinationales. Et trop d‟accent ont été mis sur les mesures quantitatives et par conséquent, négligence des facteurs institutionnels et structurels qui déterminent l‟applicabilité des modèles.

Retour sur la thèse du développement dual :

Il arrive que l‟existence d‟écarts entre riches et pauvres dans un même espace existe et cette coexistence est chronique et pas simplement transitoire et on remarque également qu‟aucun signe de réduction du sous-développement mais plutôt même d‟accentuation.

Spécificité du modèle de dépendance :

Plus d‟accent sur les déséquilibres internationaux du pouvoir et sur la nécessité de réformes fondamentales en termes institutionnels.

Faiblesse du modèle de dépendance :

Pas d‟explication de stratégie d‟initiation du développement.

La contre-révolution libérale :

Au cours des années „80 et ‟90 apparait la théorie contre révolution Néoclassique ou néolibérale ou l‟approche éclectique contemporaine qui insiste sur le rôle du libre-échange, de l‟ouverture, de la privatisation d‟entreprises publiques inefficaces. Les échecs de développement, selon les tenants de cette approche ne sont pas dus à des rapports d‟exploitation externes ou internes comme affirmé par les théoriciens de la dépendance, ils résultent essentiellement d‟une intervention excessive et inappropriée des gouvernements.
Les tenants de cette théorie prônent l‟incitation au marché libre et au démantèlement de la propriété publique, planification étatique et régulation gouvernementale des activités économiques. Ils laissent place au système du marché et à la main invisible des prix de marché pour guider l‟allocation des ressources et stimuler le développement économique, et ils laissent placent à l‟ouverture des marchés qui fournissent des ressources additionnelles qui accroissent l‟accumulation du capital et donc, le revenu par tête, tandis que la fermeture induit un taux d‟épargne inférieur et donc la convergence vers un niveau de revenu inférieur. Et enfin, l‟apport de technologie permet la croissance supérieure à long terme.
Il existe trois (03) approches dans ce modèle :
– Approche du libre marché :
Selon cette approche, seuls les marchés sont efficients : donc, il faut la privatisation et l‟ouverture de l‟échange. Et les imperfections des Pays en Voie de Développement sont sans conséquence.
– Approche public choice :
Selon cette approche, les gouvernements ne peuvent rien faire de bien que de mauvaise allocation des ressources et la réduction générale des libertés individuelles.
– Approche market friendly (1990) :
Selon le concept théorique de CUDEVILLE E. et PONCET S.5, il s‟agit d‟une approche qui reconnait les imperfections du marché. Et le rôle à jouer de l‟Etat est de faciliter le fonctionnement des marchés à travers les interventions non sélectives (market friendly).
La théorie traditionnelle de la croissance néoclassique : le modèle de Solow Si k converge vers k* alors le revenu par tête y converge vers le niveau y* : (1+n) k*= (1-δ) k*+s y*(t) → (n + δ) k*/s=y* L‟accroissement du revenu par tête n‟est donc pas infini. En conséquence, le taux d‟épargne s a un impact sur le niveau du revenu par tête mais à long terme il n‟a pas d‟effet sur le taux de croissance, c‟est-à-dire, les comportements d‟épargne sont sans effet sur le rythme de croissance de long-terme (différent du modèle d‟Harrod-Domar).

Approches contemporaines du développement et du sous-développement:

Ces quatre grands courants de pensée ont inspiré les théories contemporaines du développement.

La nouvelle théorie de la croissance: croissance endogène

La motivation de la nouvelle théorie de la croissance :

Selon le concept théorique de CUDEVILLE E. et PONCET S.6, la nouvelle théorie de la croissance a été conçue à cause de l‟insatisfaction des prédictions des modèles néoclassiques et la similarité structurelle avec le modèle néoclassique mais elle introduit les rendements croissants (externalités).

Implication de la théorie (différente de celle de la théorie néoclassique):

Cette théorie implique qu‟il n‟y a pas de raison de croissance identique entre pays fermés (si s et n différents), ni de rattrapage entre pays à s et n identique si K/L différents. Et il n‟y a pas de raison que les capitaux aillent dans les PED.

Critiques de la nouvelle théorie de la croissance :

Comme les néoclassiques, les hypothèses sont inappropriés car elles stipulent qu‟il n‟y a qu‟un unique secteur de production, donc il n‟y a pas de réallocation des facteurs entre secteurs, il n‟y a pas d‟imperfections des marchés et pas d‟inefficiences dues à des mauvaises infrastructures ou institutions.
Dans cette théorie, l‟applicabilité pour l‟étude du développement économique est limitée. En effet, en cas de sous-utilisation de la capacité de production, il n‟y aura pas de différence et la théorie qui s‟applique essentiellement sur le long terme de sorte que le modèle est peu prédictif sur le court terme.

Le sous-développement comme échec de coordination :

Le défaut de coordination se produit lorsque les agents sont incapables de coordonner leurs actions qui sont complémentaires et cela conduit à un résultat qui réduit le bien-être de tous les agents : différences d‟anticipations et attente des autres plutôt que « first mover »7.
Le modèle de « big push » est nécessaire car il s‟agit d‟un modèle qui illustre l‟intuition simple : causalité circulaire (exemples : les firmes high tech requièrent des mains d‟œuvre qualifiées, donc une fois installées, il faut des incitations à la qualification à travers la politique publique, la spécialisation de la production ne peut se faire que s‟il y a commercialisation, donc il faut de la politique publique capable de créer des marchés spécialisés, …). Le modèle revendique l‟intervention extérieure : « leader », l‟Etat.
Les trappes à pauvreté est la situation où le sous-développement appauvrit les perspectives de croissance future. Donc, l‟équilibre est sous-optimal et pour sortir des trappes à pauvreté il faut passer par le big push.
Big push 8 désigne les situations où les défaillances de marché rendent nécessaire l‟intervention de politique publique.

Equilibres multiples :

Généralement, ces modèles peuvent être traduits graphiquement par une fonction en forme de S et la ligne des 45°.
Les équilibres sont stables si la fonction coupe la ligne des 45° par le dessus ou par le dessous.

Initier le développement : Big Push

Il s‟agit d‟un modèle initié par P. Rosenstein Rodan (1961) et reformulé par Murphy, Shleifer et Vishny (1989).
Ce modèle prône l‟initiation de l‟industrialisation dans une économie de subsistance, l‟implantation d‟une industrie dépend des autres car coût fixe et débouché dépend du salariat, et le coût fixe est supporté d‟autant plus que le salariat est développé et que la technologie induit de coûts fixes faibles.

Le développement local :

Cette expression « développement local » utilisée depuis quelques décennies en Europe (France, Italie, etc.), est d’un usage récent en Afrique Noire et à Madagascar, il s‟agit d‟un usage largement impulsé du Nord, qui tend à supplanter celle de « gestion du territoire »sans qu’il s’agisse en tout point de la même réalité. Le couplage des deux termes « développement » et « local » appelle l’articulation de deux caractéristiques essentielles : la durée qui doit marquer toute démarche de développement, et l’espace, c’est-à-dire le territoire local concerné par cette démarche.

La notion du développement :

Il y a une forte interdépendance entre croissance et développement (le développement est source de croissance et nécessite une accumulation initiale). Et le développement est un processus de long terme, qui a des effets durables. Une période brève de croissance économique ne peut ainsi être assimilée au développement.
Le développement est « l‟ensemble des changements structurels, économiques, sociaux, politiques et culturels, difficilement mesurables »9.
D‟une manière générale, le terme de développement, utilisé dans les sciences humaines, désigne l‟amélioration des conditions et de la qualité de vie d‟une population.
Il n‟existe pas de définition universelle communément admise qui puisse réellement cerner tous les aspects de ce concept de développement qui se veut davantage dynamique et relatif à un contexte. Donc, nous nous référons à des concepts comme le développement local comme dans le cas présent.

Le développement local :

Le développement local 10 proprement dit est une démarche volontaire d’acteurs (l’acteur du développement local s’impose comme un preneur de risques, un petit entrepreneur qui sait mobiliser son environnement) locaux sur un territoire déterminé pour envisager l’avenir de son territoire. Cela en en tenant compte les niveaux d’administration et d’autres échelons politiques de la nation. Les acteurs œuvrent à l’amélioration des conditions de vie de leur territoire, ce qui passe, notamment, par le développement et l’emploi.
L’approche du développement local permet de mobiliser et de stimuler les ressources de la collectivité en vue de susciter de nouveaux projets, de déclencher et d’accompagner les processus individuels et collectifs de changement et donc de développement. La volonté ne viendra pas de l’extérieur mais de l’intérieur et pour ce faire, un ensemble d’actions seront engagées pour mettre le territoire en état de se développer et par la suite de générer des initiatives créatrices d’emplois. Mais le développement local endogène n‟exclut pas d’aide venant de l‟extérieur.
Il existe toutes sortes d‟acteurs dans le développement local dont : Les organisations sociales, les opérateurs économiques, les institutions publiques décentralisées.

Concept théorique sur la microfinance :

Définitions des concepts importants et l’historique de la microfinance :

Le microcrédit et la microfinance :

D’après le concept théorique de LELART Michel13, même si chaque acteur tente de définir à sa façon le microcrédit, on peut admettre qu’il s’agit d’un petit crédit, d’un montant peu élevé, sensiblement inférieure au crédit qu’une entreprise ou un ménage peut bénéficier auprès d’une banque classique dans un pays donné : la Banque mondiale retient un plafond de 30% du Produit National Brut (PNB) par habitant. D‟un pays à l‟autre, cela peut varier beaucoup : à peine plus de 100 euros à Madagascar et 350 au Maroc, 250 au Honduras et plus de 1.000 au Chili, 1.800 en République Tchèque et 7.500 en France…. Il peut être demandé pour toutes sortes de raisons, mais il l’est principalement pour développer une activité génératrice de revenus. Le microcrédit est orienté souvent vers le financement d’activités existantes que la création de nouvelles activités. Ce crédit est sollicité par des personnes dont le revenu est relativement bas, c’est pourquoi le microcrédit est considéré comme un crédit pour les pauvres et qu’on le présente comme un moyen de lutte contre la pauvreté.
Un crédit est considéré à caractère solidaire s‟il y a l‟intervention d‟un groupe qui rassemble des personnes qui se connaissent et qui se font confiance les unes des autres, puisqu‟elles peuvent être obligées de rembourser le crédit qu‟a obtenu un partenaire. Dans le cas où il n‟y a aucune intervention d‟autres personnes pour contracter un crédit, il s‟agit d‟un crédit à caractère individuel.
excéder vingt personnes. Ils doivent déjà exister au moins depuis six mois dans le second cas. Ce peut être des associations villageoises, des groupes de femmes… ou des associations rotatives d‟épargne et de crédit, c‟est-à- dire des tontines. Cette fois le crédit est accordé au groupe, qui répartit les crédits entre ses membres à des conditions qu’il fixe lui-même.

D’après le concept théorique de LELART Michel14, en microcrédit, les services ne sont pas seulement de type argent, ils peuvent y avoir d’autres services à fournir associés au crédit. Il en est trois qui accompagnent le micro-crédit et qui constituent, avec lui, la microfinance. A savoir: l’épargne, l’assurance et le transfert d’argent.
L’épargne : Elle est liée au crédit parce que tout le monde ne peut pas être emprunteur, il faut bien que certains qui prêtent. Les banques elles-mêmes reçoivent des dépôts en même temps qu‟elles accordent des crédits.
L’assurance : Elle aussi est liée au crédit. Elle est une garantie d‟avoir de l‟argent en cas de difficultés. Elle permet de vivre en plus grande sécurité. Les pauvres plutôt plus que les riches ont besoin de s‟assurer.
Le transfert d’argent : Dans les pays comme le nôtre, les personnes ont rarement accès à la banque. Donc, elles ne peuvent payer qu‟en billets. Et puis lorsque les personnes se déplacent, elles ont souvent besoin de transférer de l‟argent et elles souhaitent pouvoir le faire facilement et sans risque. D‟où, l‟intérêt de ce service qui est déjà opérationnel comme le cas de du réseau de Microcred.
C‟est l‟ensemble de ces services qui définit la microfinance, finance de proximité qui s‟adapte aux besoins et qui est chargée de fournir des services financiers à une population exclus des services bancaires. La microfinance peut se définir comme étant la mise en pratique de service financier ou non financier à travers des services d‟accompagnement (Les services non financiers qui peuvent être proposés par les IMF sont par exemple: la formation aux entrepreneurs, les cours d’éducation à la santé et à l’hygiène, tels que l’épargne, le crédit et autres services financiers de base, à petite échelle, destinés à des personnes à faible revenu et aux plus pauvres notamment pour les PED). Selon le concept théorique de Jean Michel Servet : « en tant que produits de la mondialisation, (la microfinance) est un peu comme une boisson pétillante ou un hamburger, qui derrière une unique appellation cache des goûts différents, nécessaires à une adaptation aux saveurs et aux interdits alimentaires des différentes cultures. »15Par ces expressions, il veut souligner la multiplicité des services que bien fournir les IMF. En effet, la microfinance ne se limite pas aux prêts solidaires, en réalité, la gamme de produits est beaucoup plus large et comprend : les prêts solidaires, les prêts individuels, l‟épargne, l‟assurance des bien et personnes, et maintenant, de quelques institutions de microfinance se lance dans le mobile banking comme le cas de Microcred actuellement où tous les adhérents disposant d‟un compte chez Microcred et d‟un numéro de téléphone peuvent faire de retrait, dépôt, ouverture de compte partout où ils veulent.
D’après la LOI n°2005 – 016 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance : L’Etat malgache a décidé de faire de la microfinance un instrument privilégié de réduction de la pauvreté pour diminuer le niveau de celle-ci de moitié en dix ans, conformément aux objectifs de développement du millénaire.

Pour la majorité de la population malgache qui n‟a généralement pas accès aux services des établissements de crédit traditionnels, la microfinance est censée contribuer à l’amélioration de son niveau de vie pour lui permettre une meilleure intégration sociale, et l’accès à un développement humain durable. D’où, l’objectif principal de la microfinance est de proposer des services financiers au plus grand nombre de personnes exclues de la finance formelle.
De plus, à Madagascar, la majorité des entrepreneurs est de « petites tailles » et leurs demandes financières ne sont pas satisfaites par les banques classiques. Leur financement pour la plupart du cas, est assuré par la microfinance. Ainsi, la microfinance se justifie d’un double point de vue :
D’une part, elle offre des services financiers que les secteurs bancaires ne peuvent pas donner à une large partie de la population pauvre.
D’autre part, elle semble être la seule voie de financement pour les micro entreprises du secteur informel.
Les États industrialisés et les institutions financières internationales acceptent à présent les microcrédits comme un instrument de développement à part entière.
Ainsi, l’USAID (United States Agency for International Development) a créé un programme de micro entreprises en Afrique, Asie, Moyen Orient, et en Europe de l’Est, en investissant 138 millions de dollars dans une quarantaine de pays en 1996.
Pour sa part, la banque mondiale a octroyé 218 millions de dollars en 2005 pour toucher 100 millions de ménages pauvres, dans le cadre des activités de la microfinance.
Toutefois, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les microcrédits ne sont pas destinés uniquement aux pays du tiers monde. En effet, la microfinance existe même dans les pays occidentaux. On note la présence d’institutions de microfinance appelées institutions de crédits solidaires en France tel que l’association pour le droit à l’initiative économique (Adie France). Les institutions de microfinance se retrouvent également aux Etats unis. En effet, il existe plus de 400 programmes de micro crédits. En 1996, ces programmes ont octroyé plus de 44 millions de dollar à 200 000 personnes. Ainsi, on voit que le phénomène du micro crédit est planétaire.

Une Institution de Microfinance (IMF) :

• Définition :
D‟après le concept théorique de LELART Michel16, les services de la microfinance sont offerts par des institutions. Elle se distingue en cela de la finance informelle. En effet, la finance informelle recouvre un ensemble de pratiques qui mettent en présence des personnes, deux ou plus de deux, tandis que la microfinance fait intervenir des institutions.
Une institution de microfinance17 est une entreprise financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et dégager une marge sans appui extérieur pour être viable et continuer à offrir ses services. Par ailleurs, les clients des institutions de microfinance ont besoin des services financiers pour continuer à mener des activités économiques.
Selon les Articles 2 et 7 de l‟Instruction N07/2007 de la Commission de supervision Bancaire et Financière CSBF fixant les structures de fonctionnement et de contrôle des institutions de microfinance :
Les IMF sont tenues de se doter de la structure minimale de fonctionnement constituée d‟une assemblée générale des sociétaires, d‟un conseil d‟administration, d‟un exécutif composé d‟au moins deux dirigeants, de la structure minimale de contrôle constituée d‟une fonction audit interne, d‟un ou deux commissaires aux comptes.
Bien qu‟il s‟agisse de la finance inclusive, il existe également de la finance informelle à travers le tontinier et les tontines, les deux sortes de pratiques permettent aux personnes qui n‟ont pas de comptes en banque d‟épargner, de prêter et d‟emprunter. Il s‟agit bien de finance, certes, mais plutôt de finance informelle.
Le tontinier18 ou le « money-keeper » : Il collecte l‟épargne de ses clients, matérialisée par une carte émise en son nom et signée sur laquelle il inscrit chaque versement nouveau. Il s‟agit d‟un titre de créance dont la validité a déjà été reconnue en justice. Si le client la perd, le tontinier peut refuser de le rembourser.
C‟est le tontinier qui garde l‟argent reçu, qu‟il devra rendre à la date fixée, ou sur demande, par anticipation. Il doit prendre les dispositions nécessaires pour mettre l‟argent reçu en sécurité, mais il ne devra jamais avoir de problème de liquidité puisque en principe l‟épargne qu‟il collecte ne perçoit aucun intérêt.
D‟après le concept théorique de LELART Michel19, les tontines se caractérisent par le fait que l‟épargne et le crédit sont associés étroitement : Chaque cotisation versée constitue une créance qui grandit à chaque tour. Chaque levée par un membre constitue pour lui une dette qu‟il va rembourser à chaque tour. Chacun des participants va donc se trouver tout au long du cycle d‟abord créancier, ensuite débiteur. Ces positions s‟équilibrent en permanence, jusqu‟à s‟annuler au dernier tour. Les tontines ont en général un cycle court (douze mois). Donc, il s‟agit d‟une accumulation sur la courte période.
• Classification des Institutions de microfinance :
Selon l‟Article 10 de la loi N°-2005 -016 du 29 Septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance : « est qualifiée d’institution de microfinance mutualiste, une personne morale fondée sur les principes de coopération, de solidarité et d’entraide mutuelle et ayant principalement pour objet de collecter l’épargne de ses membres et/ou de consentir du crédit à ceux-ci ».

Selon les opérations qui leur sont autorisées, la structure de fonctionnement et de contrôle, l’importance des risques liés aux activités, les règles de gestion et les normes de prudence exigées, on peut distinguer trois niveaux progressifs d’IMF qu’il s’agit d’institutions de microfinance mutualistes ou non mutualistes (IMF 1 à 3) d’après l’Article 13 de ladite loi. A savoir :
Article 14 de ladite loi : « Les IMF 1, à caractère mutualiste ou non mutualiste, octroient des microcrédits à court et moyen terme dans la limite du plafond fixé par instruction de l’autorité de supervision des établissements de crédit. Elles ne peuvent pas collecter de dépôt du public. Elles peuvent effectuer des prestations de conseil et de formation à leur clientèle. Elles opèrent selon une structure de fonctionnement et de contrôle simplifiée avec un dispositif de contrôle ».
Article 15 : « Les IMF 2, à caractère mutualiste ou non mutualiste, octroient des crédits à court et moyen termes dans la limite des plafonds fixés par instruction de l’autorité de supervision des établissements de crédit ».
Les IMF 2 mutualistes ne peuvent pas collecter de dépôt du public ni recevoir des fonds du public lorsqu’elles sont constituées sous forme de société anonyme à capital fixe et avec plusieurs actionnaires.
Article 16 : « Les IMF 3, à caractère mutualiste ou non mutualiste octroient des crédits à court, moyen, et long termes dans la limite des plafonds fixés par l’autorité de supervision des établissements de crédit ».
Elles doivent respecter les règles de gestion et les normes prudentielles définies par l’autorité de supervision des établissements de crédit.

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Table des matières

PARTIE I : LE CONCEPT THEORIQUE SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL ET LA MICROFINANCE
CHAPITRE 1- Concept théorique sur le développement local
1.1- Les théories du développement
1.2- Le développement local
CHAPITRE 2- concept théorique sur la microfinance
2.1- Définitions des concepts importants et l’historique de la microfinance
2.2- Historique de la microfinance
2.3- Définition de l’activité de la microfinance
2.4- Les principes de la microfinance
2.5- Enjeux de la microfinance
2.6- Les trois niveaux du système financier
PARTIE II : ASPECTS ET ANALYSE DE PERFORMANCE DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL
CHAPITRE 3- Les aspects de la microfinance
3.1- Les grands acteurs de la microfinance
3.2- Présentation du secteur de la microfinance
3.3- Les types de microfinance existants
3.4- Le niveau de développement du secteur de la microfinance
CHAPITRE 4- Analyse de performance de la microfinance : vue à travers la CECAM 
4.1- Présentation de la CECAM
4.2- Evaluation de la performance
4.3- Recommandations
TABLEAU 1 : CECAM
TABLEAU 2 : TIAVO
TABLEAU 3 : OTIV
TABLEAU 4 : SIPEM
TABLEAU 5 : Résultats globaux atteints par le secteur de la microfinance au 31.12.2011
TABLEAU 6 : Evolution des activités des IMF et des banques de microfinance ABM et MICROCRED BANQUE MADAGASCAR (2008-2011)
TABLEAU 7 : Les opérations autorisées selon les trois niveaux d’IMF prévus par la loi
FIGURE 2 : Equilibres multiples
FIGURE 3 : classement des institutions de microfinance selon le nombre des membres/clients
FIGURE 4 : classement des institutions de microfinance selon l’encours de crédit
FIGURE 5 : classement des institutions de microfinance selon l’encours d’épargne
ENCADRE 1 : Participation des secteurs bancaire et privé dans la microfinance
ENCADRE 2 : Les taux bonifiés
CARTOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE

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