Contemplation de mystères \ mystère de la contemplation
Hypothèse : morale spécifique issue de la mystique
Puisque l’ensemble de l’oeuvre de Maurice Zundel comporte des nombreuses allusions à la fois d’ordre moral et mystique, je peux risquer une première hypothèse à son endroit5. J’y entends, entre autres, l’écho d’une morale de type aristotélicienne puis d’une mystique d’inspiration patristique.
Cette première analyse, avec son hypothèse de travail et les résultats qui s’y rattachent, ne correspond évidemment pas à ma démarche, chronologique ou existentielle, de recherche quant à l’œuvre de Zundel. Il s’agit seulement d’une première tentative d’interprétation, une parmi d’autres ; je la dis première parce qu’il est impossible de tout considérer et d’exposer simultanément. Il est exact, en outre, de la tenir pour première dans l’histoire de la compréhension de la morale et de la mystique puisqu’elle correspond à la perspective de l’Antiquité et du Moyen Âge.
Aristote a laissé sa marque en matière de morale6. Il a dépassé le monde platonicien des Idées comme unique lieu de vérité et posé la spécificité des domaines de la raison, définis par leur objet propre. Établie comme domaine spécifique de l’agir humain, la morale se distingue de la science (épistémè), bien qu’elle comporte aussi un aspect intellectuel. Ce savoir pratique (phronésis) permet de cerner les exigences singulières de bien, ce qui implique que le bien moral a quelque chose de mesurable. Un acte bon a ainsi une qualité morale parce que l’action correspond à un bien définissable, suivant une règle ou loi morale (naturelle), d’une part. D’autre part, un acte vraiment moral est bien fait en ce que l’agent (moral) exerce correctement son choix quant à un bien à trouver et à réaliser. Aussi la vertu représente-t-elle à la fois une disposition et une habileté pratique en vue d’une fin bonne; elle équivaut à un agir équilibré, qui se situe entre des agirs extrêmes jugés mauvais ou défavorables. L’importance accordée à la prudence tient alors au fait qu’elle est cette disposition pratique accompagnée de règle vraie, qui assure la rectitude de la délibération de même qu’un choix des plus judicieux. Le vertueux et, à plus forte raison, le prudent trouvent le bonheur parce qu’ils savent en quoi consiste le bien à faire et le mal à éviter. Ce bonheur réside finalement dans l’excellence de la valeur comme de la vertu, d’où l’idée de Bien souverain.
Un survol rapide de l’œuvre de Zundel me renvoie, par ailleurs à la mystique des Pères de l’Église, qui parlent de la doctrine divine proprement dite. Pour eux, les mystères cachés de la foi, savoir divin sur Dieu lui-même, ont été révélés. La contemplation de ces mystères conduit à une connaissance parfaite de Dieu, ce qui n’exclut pas une certaine ignorance ni une union particulière avec lui. Le dogme demeure toutefois central pour les Pères, de sorte qu’ils sont tenus pour avoir « vécu et exprimé une mystique des mystères du salut en référence immédiate et constante à l’histoire sainte et aux textes du Nouveau Testament, ainsi qu’aux sacrements et à la liturgie dans lesquels les mystères du salut sont célébrés7 ». Cette insistance sur le dogme souligne certes la nécessité d’explorer sans cesse le sens caché de l’Écriture pour découvrir le mystère qui y est révélé ; il en va, à tout dire, de la réalité (vérité) même de la révélation, comme le souligne Hans Urs von Balthasar : « Chez les anciens, l’expérience personnelle tout entière se laissait investir par le dogme ; tout devient objectif : états, expériences, émotions, efforts subjectifs intérieurs, ne sont là que pour saisir d’une manière plus profonde et plus pleine le contenu objectif de la révélation, pour l’orchestrer8. » Les Pères, en général, accordaient donc un primat de l’intelligence sur la volonté dans la contemplation des mystères divins. De la contemplation du mystère révélé par l’Écriture et vécu dans la foi de l’Église naît une sagesse, qu’ils ont présentée comme mystique.
Démarche de vérification de l’hypothèse
Dans cette perspective, ma démarche consistera à définir d’abord, par une analyse des contenus, les termes de morale puis de mystique chez Zundel (1). Il s’agira ensuite de cerner le rapport entre ces termes, sans occulter les implications méthodologiques et épistémologiques de ce rapport ; une analyse de l’organisation des contenus y veillera (2). Enfin, je devrai réfléchir sur les résultats de mon analyse, y inclut les implications méthodologiques et épistémologiques de celle-ci, afin d’évaluer la justesse de mon questionnement à l’égard de celui de Maurice Zundel. Ce bilan autocritique m’autorisera alors à soumettre quelques discours théologiques à un examen critique comparable, pour une exemplification de mon propos (3).Mes analyses et mes réflexions montreront que l’œuvre de Maurice Zundel développe peu les notions traditionnelles relatives à une morale du bien et des vertus et à une mystique des mystères ; si peu d’ailleurs qu’il n’en reste pas non plus au rapport fixe et linéaire qui doit logiquement caractériser ces termes,dans le cadre ontologique qui les détermine alors. Autrement dit, je demeure incapable de poser comme telle et sans plus la présente question à Zundel ; j’aurai, en fin de compte, à tenir mon hypothèse de travail comme invalidée à l’égard de ces contenus et de ce rapport. Plus encore, je suis incapable de saisir le questionnement de Zundel en ce qui concerne l’ordre moral dans son rapport à l’ordre mystique. Je montrerai ainsi en quoi et pourquoi mon hypothèse de travail se trouve aussi invalidée dans son aspect plus proprement herméneutique. Si j’aboutis à un échec d’interprétation, c’est parce que je suis finalement obligé de reconnaître le caractère présumé de mon acte herméneutique lorsqu’il demeure rivé à ce lieu de l’ontologie ; toute mon interprétation se ramène à une collection de thèmes moraux puis mystiques, destinée à traduire, de l’extérieur, des notions et un rapport qui n’ont justement rien d’interprétatif parce que le tout équivaut à des « en soi »
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Table des matières
INTRODUCTION
Élémentaire état de la question
Éléments de problématique
Statut de la thèse et démarche méthodologique
Corpus de lecture
CHAPITRE PREMIER MORALE ET MYSTIQUE
Hypothèse : morale spécifique issue de la mystique
Démarche de vérification de l’hypothèse
1. Analyse des contenus
1.1 Le thème de la morale
Bien mesuré \ mesure du bien
Morale naturelle \ moralité
Règle des mœurs \ autonomie morale
Libre arbitre \ liberté
Vertu \ racine morale
Conclusions intérimaires
1.2 Le thème de la mystique
Mystique de l’être \ union mystique
Contemplation de mystères \ mystère de la contemplation
Dogme \ sens spirituel
Conclusions intérimaires
2. Analyse de l’organisation des contenus
2.1 La thématique : morale et mystique
Conclusions intérimaires
2.2 La mise en forme de thématique
2.2.1 Examen méthodologique
Définition classique \ définition liminaire
Dialectiques classiques \ achèvement dialectique
Conclusions intérimaires
2.2.2 Examen épistémologique
Ontologie \ relation ontologique
Conclusions intérimaires
3. Bilan herméneutique et critique
3.1 Autocritique via la critique du paradigme de l’être
Assises cosmologiques, anthropologiques et théologiques
Établissement du savoir
Organisation du savoir
Du sens comme « interprétation » substantialiste, une et univoque du réel
Conclusions intérimaires
3.2 Autocritique via la critique de discours théologiques apparentés
3.2.1 L’unité de la pensée théologique de Zundel, selon M. Donzé
3.2.2 La théologie thomiste des vertus, selon O. H. Pesch
Conclusions intérimaires
Conclusions générales
CHAPITRE DEUXIÈME ÉTHIQUE ET SPIRITUALITÉ
Hypothèse : éthique implicitement déterminée par la spiritualité
Démarche de vérification de l’hypothèse
1. Analyse des contenus (formels)
1.1 Le problème formel de l’éthique
Fondement(s) a priori \ fondement(s) contextualisé(s)
Liberté a priori \ libération
Bien Souverain a priori \ attestation d’un souverain Bien
Conclusions intérimaires
1.2 Le problème formel de la spiritualité
Itinéraire spirituel universel \ parachèvement spirituel vécu
Désappropriation-identification \ don intime et vécu de soi
Dieu pauvre \ attestation intime de la Générosité-source
Conclusions intérimaires
2. Analyse de l’organisation des contenus (formels)
2.1 La problématique : éthique et spiritualité
Conclusions intérimaires
2.2 La mise en forme de problématique purement formelle
2.2.1 Examen méthodologique
2.2.2 Examen épistémologique
Conclusions intérimaires
3. Bilan herméneutique et critique
3.1 Autocritique via la critique du paradigme du Sujet
Ordre nouménal et ordre phénoménal
Constitution du savoir
Organisation du savoir
Du sens comme interprétation formelle, commune et univoque du réel
Conclusions intérimaires
3.2 Autocritique via la critique de discours théologiques apparentés
3.2.1 La théologie fondamentale formelle de K. Rahner
Conclusions intérimaires
Conclusions générales
CHAPITRE TROISIÈME ÉTHIQUES ET SPIRITUALITÉS
Hypothèse : une éthique surdéterminée par une spiritualité
Démarche de vérification de l’hypothèse
1. Analyse des contenus (formels)
1.1 Le problème formel d’une éthique située
Fondement(s) et médiation(s) |
Valeur(s) |
Conclusions intérimaires
1.2 Le problème formel d’une spiritualité située
Avènement et chemins spirituels
Témoignage spirituel original
Conclusions intérimaires
2. Analyse de l’organisation des contenus (formels)
2.1 La problématique : éthique(s) et spiritualité(s)
Conclusions intérimaires
2.2 La mise en forme de problématique formelle contextualisée
2.2.1 Examen méthodologique
2.2.2 Examen épistémologique
Conclusions intérimaires
3. Bilan herméneutique et critique
3.1 Autocritique via la critique du paradigme de la conscience
Le donné du (monde) vécu
Reconstruction d’un savoir
Organisation du savoir
Du sens comme interprétation contextualisée, unique et plurivoque du réel
Conclusions intérimaires
3.2 Autocritique via la critique de discours théologiques apparentés
3.2.1 L’originalité et l’actualité de M. Zundel, selon R.M. de Pisón
3.2.2 L’actualité originelle de M. Zundel, selon F. Darbois
3.2.3 Gratuité et responsabilité chez M. Zundel, d’après R. Simon
Conclusions intérimaires
Conclusions générale
CHAPITRE QUATRIÈME ÉTHIQUE ET MYSTIQUE
Hypothèse : de l’éthique comme du mystique
Démarche de vérification de l’hypothèse
1. Analyse de l’organisation formelle des contenus
1.1 Sommaire de deux parcours figuratifs
Le parcours figuratif de l’éthique, à grands traits
Le parcours figuratif du mystique, à grands traits
1.2 De ces problématiques autour de l’« éthique » et de la « mystique » à la problématisation de l’éthique comme du mystique
1.2.1 Problématique de description phénoménologique de la morale et de la morale typiquement chrétienne
De la morale
9 Du sacré
De la consécration de la morale
Bilan transitoire : une problématique descriptive de la morale consacrée
Bilan global : inconsistante description de la morale chrétienne
1.2.2 Problématique théorético-pratique de la morale chrétienne
De la morale
2 De la métaphysique ou dogmatique
D’une dogmatique ou métaphysique de la morale chrétienne
Bilan
1.2.3 Problématique éminemment pratique de l’éthique humaine
De l’éthique
Du spirituel
D’une éthique humaine en la dénégation du spirituel
Bilan
1.2.4 Problématisation chrétienne de l’éthique et du mystique
De l’éthique
Du mystique
De l’éthique comme du mystique
Bilan
Conclusions intérimaires
2. Bilan herméneutique-critique
2.1 Problématisation ou mise en forme de discours
2.2 Autocritique depuis le paradigme du langage
L’accès même au(x) lieu(x) du monde et de soi
Du savoir comme pratique signifiante
Organisation entre modes de production
De la signification comme interprétation singulière, réfléchie en acte de lecture
Conclusions intérimaires
2.3 Autocritique via la critique de discours théologiques apparentés
2.3.1 La méthode pastorale de Maurice Zundel, selon M. Donzé
2.3.2 La théorie de l’agir communicationnel de Jürgen Habermas
Conclusions intérimaires
Conclusions générales
CONCLUSION
Éthique et mystique
Herméneutique et critique
Acte de lecture et acte théologique
BIBLIOGRAPHIE
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