ANALYSE DE L’OCCUPATION DE L’ESPACE ET MODE D’HABITAT DANS LA VILLE DE SEDHIOU

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PRESENTATION DE LA VILLE DE SEDHIOU

La ville dans la région de Sédhiou

La région de Sédhiou est située au centre de la région naturelle de la Casamance ou moyenne Casamance, elle fait partie des dernières régions créent en 2008. Située au sud du Sénégal, elle est limité au Nord par la Gambie, au Sud par la Guinée Bissau, à l’Est par la région de Ziguinchor et à l’Ouest par La région de Sédhiou englobe une population de 398 615 habitants24. Sa densité est l’une des plus faibles du Sénégal avec 54 habitants/km2. Elle représente 3,7% de la superficie du territoire nationale. Elle devance de loin les régions du Cap-Vert, Diourbel (2,5%) et Thiès (3,4%).
En termes d’urbanisation, elle fait partie des régions les moins urbanisées du Sénégal. Sa population urbaine est de 19,2% comme l’illustre le tableau suivant :
La région de Sédhiou « correspond à la division administrative qu’avait faite le 10 mai 1912 l’administration coloniale. Elle avait subdivisé la Casamance en trois cercles : Ziguinchor, Kolda et  Sédhiou ; autrement dit la basse, la haute et la moyenne Casamance»25.

Cadre administratif et territorial

La région de Sédhiou correspondait à un des départements de la région de Kolda. Erigée en région par la loi 2008-14 du 18 mars 2008, la région comporte trois (03) départements, neufs (09) communes, neufs (09) arrondissements et cent trente et deux (132) communautés rurales. Voici un tableau récapitulatif.

Historique de la ville de Sédhiou

Sédhiou ou « Séju » correspondait au royaume Bainounk. L’année 1837 marque l’installation des Français dans la zone avec l’érection du poste de Sédhiou.
L’entreprise d’annexion de la ville sera cependant entachée par des luttes permanentes entre groupes ethniques sur fond d’islamisation des Balantes et des diolas et par l’action de deux activiste Sounkar YIRI et Fodé Kaba DOUMBOUYA.26. La révolte des Balantes à partir de 1850 est matée en 1861 par le commandant Pinet LAPRADE et Sounkar YIRI est vaincue en 1882.
A partir de 1875, Fodé Kaba DOUMBOUYA venant du Boundou s’oppose à Moussa Molo BALDE, roi du Firdou et aux Balantes. Il envahit le Fogny et étend son pouvoir sur toute la Casamance entre le marigot de Mampalago, la frontière de la Gambie anglaise, le Fouladou et la rivière du Soungrougrou.
En mars 1900, les Français décidèrent d’installer un poste à diattacounda (village situé à quelques kilomètres de Sédhiou) avec une garnison de 40 personnes dont 16 officiers. Ainsi, le 23 mars 1900, une âpre bataille s’engagea entre Fodé Kaba et les Français. La victoire des Français à Médine sur Fodé Kaba DOUMBOUYA marque leur hégémonie sur toute la zone.
Le 23 septembre 1909, un arrêté divise la Casamance en circonscriptions, dont la Moyenne Casamance avec sédhiou comme chef-lieu. Après l’indépendance, la circonscription de Sédhiou est érigée en cercle.
Située dans le sud du Sénégal, Sédhiou est une entité territoriale qui était de 1960 à 1984 une partie de la région de la Casamance. Elle correspondait à ce que l’on appelait la « moyenne Casamance », un des départements de la Casamance.

Situation géographique et sociale

 Situation géographique
Issue du redécoupage de la région de Kolda (loi 2008 -14 du 18 mars 2008) la ville de Sédhiou est devenue la capitale de la région de Sédhiou. Avec une superficie de 7,4 km2, sa population est estimée à 24214 habitants, soit une densité de 62 habitants/km2.
Située sur le bassin versant de la rive droite du fleuve Casamance, fleuve qui était la principale voie de navigation et de pénétration coloniale conférant ainsi à la ville un rôle de pôle régional de commerce et de garnison de l’armée coloniale ( Fort Pinet LAPRADE, construit en 1837) De 1984 à 2008, elle est devenue département de la région de Kolda.
Erigée en 2008 en une région par la loi 2008-14 du 18 Mars 2008, la ville de Sédhiou constitue actuellement la nouvelle capitale régionale de l’actuelle région.
Elle est limitée :
Au nord par la commune de Diendé,
A l’ouest par la commune de Sansamba,
A l’est par le fleuve soungrogrou
Au sud par la commune de Bambaly
La ville est bâtie sur un site constitué de plateaux et de bas-fonds. Le site est composé d’un plateau descendant en pente douce dans le sens sud-est et nord-est, à l’ouest la pente se termine vers la berge du fleuve Casamance, alors qu’à l’est le plateau s’élève régulièrement. Au nord et au sud elle est cernée par des dénivellations qui en recueillant les eaux de ruissellements sont devenues des zones de cultures.
Le phénomène du ravinement des sols est fréquent et constitue une préoccupation permanente en matière d’aménagement, d’entretien de la voirie et de protection des habitations. La nature et le modelé du sol et les conditions pluviométriques contribuent à une dégradation rapide des réseaux.
Le climat de la zone est de type soudano-guinéen, chaud et humide marqué par l’alternance d’une saison pluvieuse allant de mai à octobre et d’une saison sèche de novembre à avril. La pluviométrie est assez satisfaisante avec des pics de plus de 1 300 mm d’eau, est cependant très irrégulière.
Le réseau hydrographique est principalement constitué du fleuve Casamance dont l’eau est devenue saumâtre du fait de la remontée de la langue salée. Ce site fluvial permet à la ville de développer au-delà de la pêche, des activités touristiques.
La ville située sur une zone de basse terre bénéficie de la présence d’une nappe affleurant issue du continental terminal et ayant une productivité relativement importante (débit de 30 à 50 m3/heure pour les forages d’une profondeur en moyenne de 50 m). A des profondeurs plus importantes on rencontre les nappes du miocène (à100 m environs avec des débits de 100 m environs à 200 m3/h) et celle du maestrichtien (300 à 600 m). Ces aquifères contiennent des volumes très importants d’une eau de bonne qualité pouvant être utilisée de manière durable dans l’alimentation des populations et l’irrigation.
La ville de Sédhiou se trouve dans l’une des dernières réserves forestières du pays avec comme principales formations végétales la savane arborée, la palmeraie, la rôneraie et la mangrove. Malgré les menaces de salinisation, le domaine forestier est à la fois réserves en terres fertiles, source de combustibles ligneux, de bois d’œuvre, d’artisanat et de services, de produits de cueillette, de plantes médicinales et de pâturage. La végétation luxuriante abrite une faune sauvage assez variée (phacochère, biches, lièvres, et de nombreuses espèces d’oiseaux) et offre des possibilités pour le développement du tourisme.
 Caractéristiques sociales
Longtemps carrefour des différents peuplements, elle se démarque par sa composition cosmopolite avec la présence d’une pluralité de groupe ethnique : Mandingues, Diolas, Peuls, Balantes, Mancagnes, Sérère etc.
Selon l’échantillon enquêté, on constate que les Mandingues sont l’ethnie numériquement dominante avec 35% de la population. Ils sont suivis des Diolas 16%, les Peuls 13.5%, les Balantes 12%, les Bambaras 11.5% et d’autres minorités. Les Mandingues ethnie numériquement présente ont su étendre leur influence socioculturelle aux autres ethnies. Cette domination est le fruit d’une conquête sur fond d’islamisation des Bainounks et des Balantes mené par le marabout mandingue Fodé Kaba DOUMBOUYA dont la stratégie est « En résumé, la politique militante de fodé Kaba DOUMBOYA a fait des Mandingues de la moyenne Casamance une population unifiée, auréole du prestige des guerriers de l’islam et consciente de la supériorité de son organisation. Elle a sur le champ provoqué la disparition à peu près totale de l’ethnie Bainounk sur la rive Nord de la Casamance, l’arrêt de l’expansion diolas en direction de l’Est et au contraire, l’implantation des colons mandingues sur la rive occidentale du Soungrogrou, alors que l’accès leur avait été jusqu’ici interdit par la résistance des Diolas »27
Cependant, Chaque composante ethnique est dépositaire d’une culture et d’histoires mises en exergue à travers un certain nombre d’événements culturels tels que le festival Balen-Bugër, le festival de Kankourang et de Diambadong.
Coté religion, l’islam est la plus pratiquée avec 92,5% de la population, le christianisme 7,4% et les autres minorités 0,1%.
La dynamique urbaine de ka ville de Sédhiou est fortement liée à l’importance du secteur tertiaire, le commerce notamment. D’après les résultats de nos enquêtes de ménages, 21,5% des chefs de ménages sont des commerçants s’activant dans le commerce (gros, demi gros, détails et petit commerce). Le marché-central s’étend davantage et le nombre de boutiques et de cantines augmente considérablement dans la ville avec notamment l’arrivée de migrants peuls du Fouta, de la Guinée Conakry et de baol-baol du centre du Sénégal. Le marché au poisson essentiellement assuré par les femmes des pêcheurs bambara.
Sont suivis des fonctionnaires 19,5% constitués de la plus part des instituteurs, volontaires et professeurs.
Le secteur primaire est moyennement représenté avec 17,5% pour l’agriculture.
Par culture et par tradition, le travail de la terre occupe plusieurs ménages.
L’agriculture n’est pas réservée à une catégorie socioprofessionnelle mais elle concerne presque tous les ménages de la ville de Sédhiou. Soit ils disposent d’un champ « Sélo » soit ils cultivent dans la maison.
Pour l’essentiel, les champs se trouvent dans les parties Nord-Ouest de la ville empiétant ainsi sur des zones à vocation agricole qui tendent d’ailleurs à se réduire du fait de l’extension spatiale. En effet, chaque nouvelle construction à travers l’extension du bâti entraine une réduction de l’espace agricole qui subit déjà les impacts de la dégradation des sols liée à l’urbanisation.

L’économie de la ville de Sédhiou

L’économie de la ville de Sédhiou est essentiellement tirée par le secteur primaire. L’agriculture, assez diversifiée a connu une croissance rapide des productions grâce à sa pluviométrie généreuse, à son réseau hydrographique très dense constitué du fleuve Casamance et de son affluent, le Soungrougrou ainsi que le Bintang Bolong, un affluent du fleuve Gambie.
Le secteur de l’agriculture emploie plus de la moitié de la population active. Les spéculations dominantes restent l’arachide et le mil. L’agriculture périurbaine occupe une part importante de la population et bénéficie de la conjonction de plusieurs facteurs :
 L’abondance de la pluviométrie
 La présence du fleuve Casamance qui permet la riziculture irriguée et le maraîchage
 La disponibilité autour de la ville de zones de vallées inondables pour la riziculture
L’exploitation forestière et l’arboriculture, notamment fruitière, constituent un secteur d’espoir pour les populations. L’exploitation forestière s’est largement développée et s’est progressivement positionnée comme alternative économique de plusieurs ménages dans leurs stratégies de survie. La valorisation des ressources naturelles concerne principalement trois activités économiques : la production forestière, les activités cynégétiques et l’exploitation des ressources minières.
 La production Forestière : Elle concerne principalement les combustibles (charbon et bois de chauffe), le bois d’œuvre, le bois de service et les produits de cueillette. Dans une moindre mesure, la pharmacopée constitue un niveau d’exploitation forestière assez répandue dans la ville. L’exploitation du bois d’œuvre se fait par un système d’attribution de quotas.
 Les activités cynégétiques : Elles ciblent l’ensemble des zones où la chasse est autorisée, telles que les zones amodiées qui concentrent l’essentiel des activités liées à la petite chasse et à la chasse au gibier d’eau.
 L’exploitation des ressources minières : Les principales ressources minières de la région sont le sable, le sel, l’argile et la latérite. Les réserves en latérite sont plus importantes et avec un mode d’exploitation artisanale.
La pêche très pratiquée reste cependant très artisanale et le niveau d’équipement très faible. Arrosé par le fleuve Casamance et ses affluents, le Soungrougrou et le Bintang-bolong, Sédhiou est une ville où se développent d’importantes activités halieutiques. La pêche continentale, en dépit de la raréfaction de plus en plus accrue de la ressource halieutique, constitue, elle aussi, une activité importante. L’activité est menée par outre les sédhiouois, mais aussi de nombreux acteurs de diverses nationalités.
L’élevage constitue un secteur important dans la ville de Sédhiou en termes d’actifs occupés et de revenus générés. Il bénéficie de la conjonction de plusieurs facteurs dont :
L’importance des ressources en aires de pâturages liées surtout à une pluviométrie abondante et à l’existence de vastes zones en friches et aires de forêts.
On note plusieurs formes d’élevages dans la ville comme l’élevage de gros ruminants, de petits ruminants, l’aviculture traditionnelle pratiquée dans les concessions, l’aviculture semi- intensive très développé dans la ville et constituant un secteur investit par des groupements de femmes et les opérateurs individuels.
La ville a également une tradition d’artisanat et de commerce et ces deux secteurs jouent un rôle de première importance dans l’économie locale. Une importante partie de l’activité économique de la ville de Sédhiou est axée sur le commerce.
La ville de par ses potentialités culturelles et forestières, offre de réelles possibilités de développement du tourisme avec ses beaux paysages. Les sites et monuments historiques et le tourisme cynégétique grâce à l’existence de forêts qui offrent des possibilités non négligeables de développement de la chasse constituent de belles perspectives pour la ville.

EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE ET SPATIO- TEMPORELLE DE LA VILLE

La croissance démographique

L’analyse des données démographiques montre une nette évolution de la population. De 5 178 habitants lors du recensement de la population et de l’habitat en1976, la ville de Sédhiou est passée à 17 531 habitants en 2002. En 26 ans, la population a triplé soit une croissance de plus de 475 habitants par an. Elle est passée de 19 373 habitants en 2006 avant d’atteindre 24 214 habitants lors du dernier recensement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage de 2013.
L’analyse de l’évolution de la population de Sédhiou permet de noter une croissance rapide. Cette évolution est favorisée par un taux d’accroissement naturel élevé qui s’explique évidemment par la baisse significative de la mortalité due à l’émergence de la science et de la médecine ainsi que la hausse de la fécondité grâce à de meilleurs services de santé et d’hygiène qui limitent le nombre de décès. La fécondité dans la ville de Sédhiou s’explique par-là que la société Sédhiouoise est une société religieuse et profondément ancrée dans ces valeurs ancestrales. Elle tient beaucoup compte du mariage qui constitue pour elle un nouveau point de départ d’une véritable vie en société.
En effet, le mariage occupe une place très importante dans la société Mandingue, et constitue l’un des faits de société les plus importants qui nouent des relations de parenté entre deux familles. La fécondité observée à Sédhiou est directement liée à l’intensité de la nuptialité et à une très forte tendance à la polygamie.
La ville de Sédhiou a une population relativement jeune. Plus de 48% de cette population est constitué de jeune de moins de 20 ans. La tranche d’âge de 15 à 59 ans, qui constitue les actifs potentiels, représentant 45% des effectifs. Le troisième âge est faiblement représenté avec moins de 8%.
Malgré la jeunesse de la population, le chômage reste le seul problème crucial de la ville et cela est dû au manque d’infrastructures pourvoyeuses d’emplois.
A cette croissance naturelle s’ajoute la part de l’exode rural et celle des migrations. En effet, la population sédhiouoise est caractérisée par un afflux important de migrants venant de l’intérieur comme de l’extérieur de la région elle-même, suivie de celle des autres régions et enfin des étrangers.
Le graphique de la part de migrants montre que les migrants constituent une part importante dans la composition de la population de la ville de Sédhiou selon l‘échantillon enquêté. La population est composée en majorité des ruraux avec 31,2% de la population qui viennent de l’intérieur de la région. En effet, la dégradation de l’écosystème, la faible productivité des activités agricoles, la faiblesse du niveau d’équipements et la situation d’extrêmes pauvreté des communautés vivant en milieu rural expliquent un fort mouvement d’émigration des ruraux en direction de la ville de Sédhiou qui bénéficie d’un accès aux infrastructures plus élevés et de plus d’opportunités économiques. Ces migrants sont à l’origine de la création des quartiers irréguliers de Néma, Sonkocounda et Dembaya situé respectivement au sud et à l’ouest de la ville.
La deuxième part constitue celle des autres régions (Ziguinchor, Kaolack, Thiès, Saint-Louis, Kolda), avec à dominance les migrants de Ziguinchor. En effet, cette dominance s’explique par les 30 ans de conflit casamançais qui a longtemps perturbé la stabilité dans cette région. Ces migrants sont à l’origine de l création du sous quartier de « Cité Diolas » situé dans le quartier de Santassou 2.
Pour ceux des autres régions, ils sont venus pour la plus part pour des raisons d’affectation de service et les meilleures offres foncières les a facilités une meilleure installation. (Les frais de bornage, selon la surface, sont compris entre 50.000 F et 150.000 F).
Le troisième lot de migrants est constitués des étrangers venus pour la plus part de la sous-région. Les quartiers de Sédhiou accueillent ainsi une forte population de déplacées venant de la Guinée Bissau, de la Guinée, du Mali et de la Gambie.
Cet afflux de migrants a fortement contribué à l’extension spatiale de la ville. Par exemple, les quartiers périphériques comme Palmeraie et Montagne-rouge sont essentiellement habités par des migrants Maliens et Guinéens.
La communauté Bambara du Mali est très présente dans la pêche, dans la distribution du poisson mais également dans le financement des pêcheurs autochtones. Leur forte capacité financière leur permet un contrôle sur l’activité de la pêche dans la ville de Sédhiou. L’essentiel de la production est soit transformée sur place soit directement exportée vers le mali. Ce phénomène bien que contribuant à la dynamisation du secteur économique local et à la création d’emplois, se traduit cependant par un renchérissement des prix du poisson sur le marché pour les ménages. Les Maliens occupent principalement le quartier palmeraie vue sa proximité avec le fleuve.
Les migrants de la Guinée Bissau sont eux dans le petit métier, dans les emplois domestiques. Ils sont aussi très présents dans le commerce et dans l’immobilier.
En sa qualité de petite ville du point de vue géographique, Sédhiou est composée dans son ensemble de ménages. A l’instar des sociétés africaines, il existe de grandes familles, des familles larges dans lesquelles les liens de parentés s’étendent sur des générations. On rencontre des ménages de plus d’une cinquantaine de personnes.
Nos enquêtes de ménages ont montré que la taille des ménages varie entre 2 et 50 personnes comme en illustre le tableau 5.
L’existence de ces grandes familles est la résultante de la polygamie qui est un fait de tradition chez les Mandingues. De ce fait, les femmes d’un même ménage, s’adonnent à une véritable concurrence pour procréer le plus d’enfants à leur mari, car pour elles, plus une femme a beaucoup d’enfants plus elle gagne sa dignité et occupe une place de choix au sein de la société avec tous les honneurs qui en découlent.

La croissance spatiale

Sédhiou sous la période coloniale

Sédhiou a constitué un important comptoir commercial et a été chef-lieu de la région de Casamance jusqu’à la fin du 19ème siècle. Composé à l’époque de quelques villages isolés, la ville de Sédhiou s’est progressivement restructurée avec l’installation des comptoirs français et la construction du Fort Pinet Laprade en 1837.28
L’année 1937 marque l’installation effective des Français à sédhiou. Mansacounda (en mandingue « mansa » signifie le roi et « counda » chez, autrement dit chez le roi) fut le premier quartier de la ville crée par le commandant Dagorne en 1837(commandant Français victor dagorne négocie un traté avec le roi bainounk Bodian DANFA pour l’acquisition d’un terrain).
A partir de cette époque, on note l’arrivée des commerçants wolofs avec la compagnie « Galam ». 29 Ces derniers ont occupés la rive gauche du fleuve correspondant aujourd’hui au quartier de Sourwacounda (chez les wolofs en mandingue). Ce quartier a un caractère spécifique marqué par l’existence du droit coutumier qui constitue un élément déterminant dans la configuration de l’espace urbain. Les autorités coutumières disposant du pouvoir de premiers occupants du sol ont  été à l’origine de la création de ce quartier qui est jusque-là très mal lotis.

Sédhiou post colonial jusqu’en 1990

Concernant le mode d’occupation de l’espace, cette période fut marquée par la prolifération de quartiers spontanés. Pendant ce temps, la ville continuait à se faire d’elle-même et à l’envers. D’elle-même parce que sans intervention d’une autorité publique, qui aurait dû mettre en place des structures d’accueil de l’urbanisation : un réseau de voirie, une trame d’équipement… Les nouveaux quartiers prolifèrent un peu n’importe où, au gré des offres foncières des propriétaires coutumiers. Ce sont ces offres considérées comme illégales qui déterminent les nouveaux quartiers lesquels, en raison de leur origine même, échappent, évidemment, à tout contrôle.
À l’envers, parce que ces quartiers prennent d’abord la forme de semis de maisons. Le désir de construire sa maison est le ressort de cette urbanisation. Et les premiers objets posés au beau milieu du site sont des maisons. La densification s’opère par l’ajout de maisons aux autres. Les équipements viennent ensuite. Le logement précède l’équipement.
La structure urbaine de la ville était constituée de trois grands quartiers que sont Santassou, Doumassou et Témassou.

Sédhiou de 1990 à nos jours

La croissance de la population, les déplacements intérieurs en raison du conflit en Casamance et la migration venant d’autres régions du Sénégal, ont eu des impacts importants sur les écosystèmes et sur l’utilisation des sols à Sédhiou. En effet, la ville qui comptait que trois(3) quartiers s’est vite agrandit pour atteindre en ces jours 12 quartiers.
Le quartier de Doumassou constitu le quartier où la ville a connu son essor. Il regroupe aujourd’hui les quartiers et sous quartiers de Palmeraie, Hermancono, Sambincounda, Kabeumb et Moricounda et sourwacounda.
Le quartier de Santassou est le plus étendu. Situé au sud’est de la ville, sur la partie Haute, s’est rapidement agrandit avec les lotissements de 1978, de 1997 et 2006. Il abrite les quartiers et sous quartiers de Santassou 1 et 2, Julescounda, Montagne rouge et Dembaya.
Le quartier Témassou situé à l’est de la ville par contre n’a pas connu d’essor. Le fleuve Casamance et le marigot constituent des limites naturelles à l’extension dans cette partie de la ville. Il abrite le centre-ville.
La toponymie des quartiers est d’une part le reflet du relief par exemple : Santassou (signifie les quartiers du haut plateau), Doumassou (du bas plateau) et d’autre part elle est dérivée des noms propres de personne comme Julescounda (chez jules en mandingue) et Dembaya (chez Demba). Aujourd’hui la dynamique spatiale se poursuit avec l’augmentation des quartiers qui atteignent dix (12).
La ville continue de s’étendre notamment vers l’ouest et dans une moindre mesure vers le Nord. A l’Est et au Sud, le fleuve Casamance et le marigot constituent des limites naturelles à l’étalement urbain.
La dynamique spatiale de la ville de Sédhiou est de manière général constitué d’habitations irrégulières. Le service régional de l’urbanisme a identifié 251 hectares occupés par des habitations irrégulières. Le chef de service indique que si cette situation perdure, ces quartiers vont s’agrandir d’année en année et ne pourront jamais bénéficier d’infrastructures de base à savoir un plan d’aménagement, un raccordement au réseau électrique et à une adduction en eau. Les quartiers tels que Montage-Rouge, Santassou, Kabeum et Moricounda sont les plus touchés par ces occupations illégales.
Ces quartiers se distinguent par leurs architectures. Les habitations sont très encombrantes et mal aménagées, « Quand on sort d’une concession, on entre dans une autre et c’est ainsi qu’on accède à la grande rue ».30. Faute de voies d’accès ou de sortie, aucune intervention même des forces de sécurités, n’est possible dans ces quartiers non lotis.
Une nouvelle délibération est sortie et a concerné la restructuration du quartier de Moricounda qui étouffe à cause de l’habitat spontané.
Ce qui est sûr, les populations, peu soucieuses de leur cadre de vie, n’ont prévu ni école, ni structure de santé, ni d’espace public, mais c’est comme si on préfère l’entassement, l’encombrement ou la promiscuité à l’aisance et à l’épanouissement.
Les services de sécurité ainsi que les services sociaux de base ont longtemps dénoncé l’inaccessibilité de ce quartier.

ANALYSE DE L’OCCUPATION DE L’ESPACE ET MODE D’HABITAT DANS LA VILLE DE SEDHIOU

LE MODE D’OCCUPATION DE L’ESPACE

Analyse de l’occupation de l’espace à Sédhiou

Compte tenu des conditions de sa croissance urbaine et de son extension spatiale, la ville de Sédhiou présente une organisation spatiale hétérogène qui se traduit par l’opposition entre les quartiers centraux et les quartiers périphériques.
La formation de ces quartiers périphériques s’explique pour une large part de la croissance urbaine qui a imprimée sa marque sur le processus d’extension spatiale à travers les vagues d’opérations de lotissement élaborées par la collectivité locale. Les potentialités d’attractivité de la ville ont généré des flux massifs de migrants qui constituent dans une large mesure le socle de la genèse des zones d’extension périphériques. Parallèlement, le flux massifs des migrants et la croissance naturelle positive s’est traduit par une augmentation de la population urbaine qui a enclenché le processus d’étalement de la ville. Cet essor démographique va déboucher sur la création des quartiers périphériques qui constituent des zones de réceptacle de vagues d’immigrants.31
La croissance urbaine qui se traduit par l’ampleur de la demande de logements a amené les autorités locales à mettre en place une politique foncière qui s’est traduit par des opérations de lotissement. Le premier lotissement de la ville s’est fait en 1978. Le lotissement du quartier de santassou constitue la première zone d’extension de la ville.
Les différents plans d’urbanisme ont permis la création des quartiers modernes dans différents endroits de la ville au cours de différentes périodes mais n’ont pas empêchés la création des quartiers informels.
En plus, le constat fait est que les migrations externes et la mobilité résidentielle qui s’expriment par le redéploiement de la population urbaine, ont entrainé l’occupation de toutes les parcelles disponibles de la ville. Actuellement les lotissements s’opèrent au niveau des périmètres des communes environnantes à l’instar de la commune de Bambaly sur la partie sud et de la commune de Diendé sur la partie nord de la ville.
Malgré de nombreux efforts fournis par les autorités en vue de résorber les problèmes liés à l’habitat dans la ville de Sédhiou, beaucoup reste encore à faire dans ce secteur qui, heureusement, depuis quelques années n’a cessé de s’améliorer.

L’HABITAT DANS LA VILLE DE SEDHIOU

L’habitat

La dynamique urbaine de la ville se manifeste sur le plan architectural avec une transformation progressive du bâti. Jusqu’aux années 1990, la ville de Sédhiou comptait essentiellement des habitations traditionnelles avec une forte prédominance des constructions de type rural c’est-à-dire des habitations en banco. Les constructions en dur étaient à l’époque très rare et n’existaient qu’au centre-ville et il s’agissait essentiellement de bâtiments de l’administration.
Aujourd’hui, la tendance s’est inversée. L’habitat de type rural c’est-à-dire les habitations en banco sont devenues rares alors que les constructions en dur augmentent de plus en plus grâce notamment à l’action des commerçants peuls et wolofs migrants en provenance respectivement de la Guinée Conakry et du centre du Sénégal.
Les investissements des Wolofs et des migrants guinéens dans l’immobilier et le commerce participent beaucoup à la modernisation de la ville et à la dynamique urbaine. L’habitat se transforme progressivement avec le remplacement des maisons en banco par des terrasses et des maisons à étages.

Les types d’habitats

L’état des quartiers et sous-quartiers dans la ville de Sédhiou permet d’identifier les types d’habitat. En effet, l’apparence des habitations, leur taille (cadastre ou étage), la prédominance des matériaux de construction permettent de rendre compte de la typologie de l’habitat dans les quartiers
La lecture du graphique de la répartition des ménages selon le type d’habitat permet de noter que l’habitat très dense dans la ville, est constitué pour 49.5% de constructions en dur, 30.5% en banco et 19.5% en habitations semi-dur selon les ménages enquêtés. Ces chiffres montrent largement la prédominance des constructions en dur. Cependant, la forte présence des habitations en banco32 dans la ville de Sédhiou est le produit de l’héritage rural, il n’obéit à aucune des règles et normes de lotissement moderne.
L’extension anarchique de la ville montre que les populations pauvres sont incapables de s’adapter à l’ordre et au mode de vie urbain. De même, la multiplicité des sous-quartiers spontanés signifie qu’une grande partie de la population vivent dans une situation de précarité.
Ceci peut être une conséquence de l’absence des autorités face à l’installation désordonnées des populations.
En effet, il faut noter que la ville de Sédhiou est le réceptacle des ruraux qui composent la majeure partie de sa population et qui se sont implantés de manière incontrôlée dans des espaces non lotis.
Cependant les types d’habitats à terrasse ou à étages commencent à émerger dans la ville, surtout dans les quartiers périphériques de Santassou 2, Moricounda extension.

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Table des matières

CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE
I. Contexte et Justification
II. PROBLEMATIQUE
1. La revue documentaire
2. Analyse conceptuelle
3. Les objectifs et hypothèses
3.1 . Les objectifs
3.2 . Les hypothèses
III. LA METHODOLOGIE
 La recherche documentaire :
 Les travaux de groupe
 Les travaux de terrain
 Les observations
 Les entretiens :
 Les enquêtes par questionnaires
 Le traitement des données acquises :
Première partie : PRESENTATION ET EVOLUTION SPATIO-TEMPORELLE DE LA VILLE DE SEDHIOU
Chapitre 1 : PRESENTATION DE LA VILLE DE SEDHIOU
1. La ville dans la région de Sédhiou
2. Cadre administratif et territorial
3. Historique de la ville de Sédhiou
4. Situation géographique et sociale
 Situation géographique
 Caractéristiques sociales
5. L’économie de la ville de Sédhiou
Chapitre 2 : EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE ET SPATIO-TEMPORELLE DE LA VILLE
1. La croissance démographique
2. La croissance spatiale
2.1 Sédhiou sous la période coloniale
2.2 Sédhiou post colonial jusqu’en 1990
2.3 Sédhiou de 1990 à nos jours
Deuxième partie : ANALYSE DE L’OCCUPATION DE L’ESPACE ET MODE D’HABITAT DANS LA VILLE DE SEDHIOU
Chapitre 3 : LE MODE D’OCCUPATION DE L’ESPACE
1. Analyse de l’occupation de l’espace à Sédhiou
Chapitre 4 : L’HABITAT DANS LA VILLE DE SEDHIOU
1. L’habitat
1.1 Les types d’habitats
1.2 Statut d’occupation
Troisième partie : L’IMPACT DE L’ETALEMENT URBAIN SUR L’ENVIRONNEMENT ET L’ACCES AUX INFRASTRUCURES SOCIAUX DE BASE
Chapitre 5 : L’IMPACT DE L’ETALEMENT SUR L’ENVIRONNEMENT ET L’ACCES AUX SERVICES ET EQUIPEMENTS DE BASE
1. L’impact de l’étalement sur l’environnement
2. L’accès aux services et équipements sociaux de base
2.1 Le réseau d’adduction d’eau
2.2 L’accès à électricité
2.3 Hygiène et Assainissement
2.3.1 Gestion des ordures ménagères
2.3.2 L’évacuation des eaux pluviales
2.4 Transport et voirie
2.5 Les équipements
2.5.1 Les équipements sanitaire
2.5.2 Les équipements administratifs
2.5.3 Les équipements sportifs
2.5.4 Les équipements culturels
CONCLUSION GENERALE
Liste des graphiques
Annexes

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