Par : AZIB Lamia, TIAB Fayçal
Etude de l’impact de la politique d’austérité par le modèle VAR structurel
Revue de la littérature empirique
Les études empiriques faites sur la problématique d’impacts de la politique budgétaire sur l’activité économique sont différentes et peuvent être regroupées en trois grandes approches. Une première approche est basée sur des mesures exogènes des dépenses publiques, une seconde utilise des systèmes de vecteurs autorégressifs (VAR) ou des systèmes de vecteurs autorégressifs structurels (SVAR) et une dernière qui fait usage de modèles d’équilibre général dynamique (DSGE). L’approche basée sur des mesures exogènes des dépenses publiques repose essentiellement sur l’étude de Barro [1981], qui consiste en l’estimation d’équation de forme réduite du PIB réel portant sur les composantes transitoires et permanentes des dépenses publiques. La procédure postule que les changements transitoires devraient avoir un impact productif plus élevé que les changements permanents. La forme générale de l’équation est la suivante : Log (Yt) = ß0 + ß1 [(G-G*)/Y]t + ß2(G*/ Y)t (1) Où : (G-G*)/Y représente la composante transitoire des dépenses publiques relativement au PIB réel et G*/ Y représente la composante permanente. L’objectif est de percevoir les réactions de l’activité économique dans un pays après l’apparition d’évènements accidentels (guerres, catastrophes,…). Barro fait une distinction entre les composantes permanentes et temporaires associées à la défense et celles qui ne sont pas associées à la défense qui sont de nature permanente. L’estimation effectuée par Barro sur les données américaines montre que les dépenses temporaires rattachées à la défense ont un impact expansionniste très significatif sur le PIB réel, les dépenses permanentes associées à la défense ont un effet plus petit. Par contre, l’effet des dépenses permanente qui ne sont pas liées à la défense, leur effet sur le PIB est imprécis et ne semble pas très important quantitativement32.
L’approche VAR (systèmes vecteurs-autorégressifs) est utilisée par plusieurs auteurs dont on site les travaux de Rotemberg et Woodford [1992]. Ils considérant des mesures exogènes des dépenses publiques pour étudier les impacts de ces dernières sur le PIB. Ils concluent qu’une augmentation des dépenses publiques peut effectivement entrainer une baisse de l’output. L’approche VAR est également utilisée dans le contexte des guerres pour déterminer l’impact de la politique fiscale par des auteurs comme Burnside et al [2004]. Ces auteurs concluent qu’un choc positif de politique budgétaire est associé à une hausse persistante des heures travaillées et une baisse du revenu réel. Il est également associé à une courte et faible hausse de l’investissement global et de la consommation privée respectivement. Les mouvements haussiers de ces deux composantes du PIB entrainent alors une légère hausse de ce dernier.33 Pierre St-Amant et David Tessier [1998] ont analysé la tendance des dépenses publiques, l’inflation et l’évolution comparative du taux de chômage au Canada et aux États-Unis. Les auteurs ont opté pour une approche VAR comportant les variables suivantes : les dépenses publiques, le taux d’inflation, le taux de chômage et les taux d’intérêt.
Dans le cadre de cette recherche, les auteurs ont voulu identifier la contribution des variations de la tendance de l’inflation et des dépenses publiques à l’évolution des taux de chômage au Canada et aux États-Unis. Ils concluent que l’évolution comparée des taux de chômage canadien et américain est liée en premier lieu aux choix des politiques d’intervention du gouvernement. Le choc budgétaire a entrainé une hausse du chômage plus importante au Canada qu’au Etats- Unis. L’influence de la politique monétaire à l’explication de l’écart de taux de chômage est marginalisée. Il est à signaler que la politique monétaire a un effet sur l’évolution du taux de chômage dans les deux pays, mais elle n’explique tout simplement pas l’évolution divergente des tendances du taux de chômage. Solomane Koné [2000] a utilisé un modèle à correction d’erreur pour tester les effets relatifs des politiques monétaire et budgétaire sur la croissance économique des pays de l’UEMOA (l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) sur une période allant de 1962 à 1995. Les variables prises en considération sont le Produit Intérieur Brut (PIB), comme variable à expliquer et la masse monétaire, les dépenses publiques et les exportations comme variables explicatives. Il a comparé et testé statistiquement la différence entre les effets réels et les effets nominaux afin de faire ressortir le phénomène de l’inflation puisque sa maitrise constitue l’objectif principal de la politique monétaire. Il a conclu que la politique monétaire contribuait dans la croissance réelle dans l’ensemble des pays de l’UEMOA et n’a pas était inflationniste. Tandis que la politique budgétaire, l’a été en Côte d’Ivoire à court terme et au Mali à court et à long terme.
Au-delà de la capacité des modèles à prévoir l’évolution futurs des variables modélisées, il est nécessaire d’interpréter économiquement les résultats. Cette interprétation est fournie par le modèle structurel (VARS) permettant d’analyser la dynamique des agrégats, en-plus-de, ceux sur lesquels est menée l’estimation, suite à un choc. « Une telle analyse n’est pas directement possible dans le cadre de la modélisation VAR dans la mesure où les résidus des équations constitutives du VAR ne sont pas structurels »34. La méthodologie Var structurel permet de transformer les résidus issus du VAR canonique en des chocs structurels pouvant être interprétés économiquement. Blanchard et Perotti [2002], puis Perotti [2002], ont donné une nouvelle ère à cette relation. Blanchard et Perotti [2002], à travers un SVAR, simulent un choc de dépenses publiques sur l’économie américaine et déduiront une réaction positive de la consommation privée et du PIB américain. Par contre, la consommation privés et le PIB des USA est causée négativement par le choc de recettes fiscales. Ils affirment également qu’un choc des dépenses publiques affecte négativement les investissements privés et les importations.
Evolution de la politique budgétaire en Algérie «La politique budgétaire est le processus consistant à manipuler les impôts et les dépenses publiques aux fins de contribuer à amortir les oscillations du cycle économique et de favoriser le maintien d’une économie progressive assurant un degrés d’emploi élevé, affranchie de toutes poussée excessives d’inflation ou de déflation »63. Autrement dit, la politique budgétaire est un instrument de politique économique mis à la disposition de l’Etat pour agir sur l’économie. Elle vise, par des changements dans la structure des impôts et taxes d’une part, et des dépenses publiques d’autre part, à influencer l’activité économique. L’Etat est entrain de revoir à la baisse son rôle d’opérateur économique, pour se concentrer sur ses missions régaliennes et son rôle de régulation. Son budget est largement alimenté par la fiscalité pétrolière. Le gouvernement consacre son budget à des dépenses d’équipement et de fonctionnement.
La facture de l’État est tombée de 8,6 % du PIB en 1999 à 6,5 % du PIB en 2005 ; un niveau moins élevé que la moyenne des pays de la région MENA qui se situe à 10,5 % du PIB. Elle est proche des niveaux observés dans les économies en transition de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale qui avoisinent les 7%64. L’expansion des recettes d’hydrocarbures a poussé les autorités à accroître les dépenses publiques depuis 2001. Les dépenses budgétaires ont atteint 1321 milliards de DA (19.9 milliards de dollars), soit 34.8% du PIB en 2002 contre 31.1% en 2001 et 28.8% en 2000. Elles se sont établies en 2004 à 1775,2 milliards de DA, une augmentation de 7.1% par rapport à leur niveau de 2003, mais en baisse concernant leur part dans le PIB (de 31.8% en 2004 contre 33.1% en 2003).
L’augmentation des dépenses s’est accompagnée d’un rééquilibrage, après la mise en oeuvre du PSRE et du PNDA, entre les dépenses courantes et les dépenses d’équipement, en termes de parts dans les dépenses totales. Les dépenses budgétaires se sont accrues de près de 12% en 2005; leur montant s’élevait à 1888,9 milliards de DA. En termes de PIB, les dépenses budgétaires totales ont chuté de près de 3.6 points. En 2006, les dépenses budgétaires présentaient 30% du PIB. Cette expansion budgétaire concernait essentiellement les dépenses en capital, mais aussi les dépenses de fonctionnement. Les lois de finances complémentaire pour 2007 et 2008 ont établi les dépenses budgétaires à 61% et 63% du PIB, atteignant respectivement 3108,7 et 4191,1milliards de DA65. En 2015, les dépenses budgétaires totales s’établissent à 7 656,3 milliards de dinars contre 6980,2 milliards de dinars en 2014, soit une hausse de 9,4 % après celle, encore plus élevée de 2014 (16,1 %), contre une baisse de 14,6 % en 2013. Les dépenses en capital ont concouru pour plus de 81 % à l’augmentation des dépenses totales. Rapportées au PIB, les dépenses totales ont augmenté, en 2015, à 46,1 % contre 40,6 % en 2014 et 36,2 % en 2013, en contexte de baisse en valeur du PIB. De même, mais dans une moindre mesure, les dépenses totales rapportées au PIB hors hydrocarbures se sont accrues, pour atteindre 56,9 %, contre 55,6 % en 2014.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1 : Revue de la littérature théorique et empirique
Introduction
1. Revue de la littérature théorique
2. Revue de la littérature empirique
Conclusion
Chapitre 2 : Evolution des politiques économiques en Algérie
Introduction
1. Evolution macroéconomique en Algérie
2. Evolution de la politique budgétaire en Algérie
3. Evolution de la politique monétaire en Algérie
4. La loi de finance 217
Conclusion
Chapitre 3 : Etude de l’impact de la politique d’austérité par le modèle VAR structurel
Introduction
1. Méthodologie d’estimation
1.1 La modélisation VAR Structurel
1.2 Spécification des contraintes d’identification
2. Les variables de l’étude
2.1 Dépenses publiques
2.2 Produit intérieur Brut
2.3 Les importations
2.4 Le taux de change
2.5 La masse monétaire
2.6 Les prix de pétrole
2.7 Les recettes budgétaires
3. Analyse descriptive des données
4. Propriété stochastique des variables
5. Estimation de la relation de long terme
6. Estimation de relation de court terme
7. Synthèse sur la projection de l’évolution des différentes variables sélectionnées en 217
8. Modélisation VAR Structurel
Conclusion
Chapitre 4 : Etude de l’impact de la politique d’austérité par le modèle des multiplicateurs de la MCS
Introduction
1. Méthodologie de la construction de la MCS pour l’Algérie
1.1 La structure de la MCS
1.2 Etapes de remplissage
1.2.1 Blocs des consommations intermédiaires
1.2.2 Blocs des productions
1.2.3 Blocs des valeurs ajoutées
1.2.4 Blocs des consommations finales
1.2.5 Blocs des importations et des exportations
1.2.6 Blocs des revenus
1.2.7 Matrice des transferts interinstitutionnels
1.2.8 Blocs marge commerciale
1.2.9 Blocs des épargnes et investissement
2. La lecture de la MCS désagrégée de 214
3. Détermination de la matrice des multiplicateurs de la MCS
4. Impact de la politique budgétaire sur l’économie algérienne par les multiplicateurs de la MCS
4.1 Analyse du vecteur des impacts (impact d’une baisse de l’investissement public
dans le secteur BTPH)
4.1.1 Impact sur la production
4.1.2 Impact sur le produit
4.1.3 Effet sur les revenus des facteurs et les secteurs institutionnels
4.2 Analyse de l’impact de la baisse de l’investissement public dans certains secteurs
4.2.1 Impact sur la production
4.2.2 Impact sur le produit
4.2.3 Effet sur les revenus des facteurs et les secteurs institutionnels
4.3 Analyse du vecteur d’impact (la TVA)
4.3.1 Impact sur la production
4.3.2 Impact sur le produit
4.3.3 Effet sur les revenus des facteurs et les secteurs institutionnels
Conclusion
Conclusion générale
Résumé
Références bibliographiques
Annexes
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