Les crises bancaires
Bordo et al. (2000, 2001), définissent une crise bancaire comme étant une détresse financière qui est suffisamment grave pour entraîner l’érosion de la plupart ou de la totalité du capital dans le système bancaire. Leur importance se manifeste dans la détérioration souvent latente de la structure de bilan ou encore la concentration des risques. Une brutale prise de conscience des risques encourus se traduit tant par la montée des crédits impayés bien au-delà des provisionnements antérieurs que par la révision des procédures d’octroi des nouveaux prêts (Boyer et al. 2004). Les crises bancaires étaient peu fréquentes sur la période 1880-1913 (graphique 1), elles se sont multipliées pendant l’entre deux guerres et après une éclipse totale. Pendant la période de Bretton Woods, elles ont réapparu au début des années soixante dix et, depuis, leur fréquence n’a cessé de s’élever. Caprio et Klingebiel (2003), en montrant l’ampleur du phénomène de crise bancaire et son universalité, recensent 117 crises bancaires depuis 1970 dites à caractère systémique qu’ils définissent empiriquement comme une crise ayant exigé une recapitalisation quasi générale des banques. Ces crises ont frappé 93 pays. On peut ajouter à ces crises de grande ampleur des crises bancaires moins profondes que Bordo et al. appellent border line and smaller ou non systémiques, et dont le nombre s’élève sur la même période à 51 et qui ont frappé 45 pays. En Asie, toutes les crises des pays dits émergents ayant subi la crise de 1997-1998 sont comptées dans la catégorie des grandes crises; Cinq pays ont subi une crise profonde (Finlande, Suède, Norvège, Espagne et Japon depuis 1991), onze pays, parmi lesquels la France (1994-1995), les États-Unis (1984-1991), ont subi une crise de plus faible intensité. Cette mise en perspective historique soulève évidemment la question du lien entre crise bancaire et libéralisation. Elle suggère que cette longue pandémie de crises bancaires, parallèle à la libéralisation financière, en est, partiellement au moins, la conséquence. L’analyse statistique des crises bancaires apporte un élément d’appréciation supplémentaire très important : toutes les crises bancaires ne sont pas identiques, car les banques sont des institutions qui varient selon les pays et qui sont placées dans des contextes réglementaires et prudentiels différents. Les crises bancaires ont de ce fait une importante composante idiosyncrasique. Elle montre aussi que les crises bancaires diffèrent fortement les unes des autres, à cause du rôle que peut y jouer la spéculation. Les banques qui sont les premières touchées par une crise sont celles dont, paradoxalement, la rentabilité avant la crise était la plus élevée parce que le niveau de risque des prêts qu’elles consentaient était très élevé, leurs capitaux propres plus faibles, et que leur profit était davantage tiré des activités de marché.
Les crises jumelles
L’aspect jumelle des crises est nouveau des crises financières récentes et un facteur majeur de leur gravité (Boyer et al. 2004). En se combinant aux crises bancaires renaissantes, les crises ont engendré un type de crise financière nouvelle pour la période d’après-guerre : les crises jumelles. Ces crises jumelles se manifestent par la combinaison d’une spéculation intense contre la monnaie nationale et une vague de défaillances bancaires. Elles associent une méfiance à l’égard de la stabilité du taux de change, et une méfiance à l’égard de la liquidité ou de la solvabilité des intermédiaires bancaires, qui rétroagissent l’une sur l’autre en se renforçant mutuellement. Ces crises jumelles qui étaient quasi inexistantes sur la période de Bretton Woods, ont désormais une fréquence supérieure à celle enregistrée pendant la période précédant la Première Guerre mondiale, même si cette fréquence demeure inférieure à celle de l’entredeux-guerres. Dans l’étude qu’elles leur consacrent, Reinhart et al. (2008) en comptent dixhuit sur la période 1980 1995, antérieure à la crise asiatique, sur un total de soixante treize Ces crises repérées sur un échantillon de vingt pays. Au cours de la période précédente, 1970- 1979, elles n’en recensent qu’une seule sur un total de vingt-neuf crises. Pour leur part, Stone et Weeks (2001) en recensent six sur la période 1992-1999 sur un échantillon de quaranteneuf pays. Effet, pendant l’épisode 1977 1998 : Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Corée, ont eu à affronter simultanément une crise de change et une crise bancaire. A priori, en avenir certain, il est possible selon Boyer de développer trois hypothèses alternatives simples concernant cette simultanéité :
– Selon une première conception, les crises de change et les crises bancaires ont les mêmes causes. Cette approche a été particulièrement utilisée dans le cadre de l’analyse des échecs répétés dans les pays en développement des plans de stabilisation de l’inflation par l’appréciation du change. Ces plans, parce qu’ils suscitent un boom lié à l’afflux de capitaux étrangers et une appréciation cumulative du change réel liée au délai de convergence de l’inflation domestique sur l’inflation mondiale, créent un déficit courant croissant qui jette un doute sur la soutenabilité de la politique économique et déclenche une attaque spéculative. Celle-ci, alimentant une fuite brutale des capitaux et une dépréciation des actifs, déclenche une crise bancaire
– Dans un deuxième modèle, la crise bancaire entraîne la crise de change (voir Velasco, 1987)7 par l’intermédiaire de l’émission de monnaie domestique excessive provoquée par le secours exceptionnel en liquidité que la Banque centrale apporte au système bancaire pour le stabiliser;
– Dans un troisième modèle, Les crises de change entraînent les crises bancaires, un déséquilibre du change (en change fixe) à la suite par exemple d’un choc extérieur entraîne une perte de réserves. Non stérilisée, elle entraîne une contraction du crédit bancaire et des faillites des entreprises qui se répercutent sur la solvabilité du système bancaire (voir Stoker, 1994). Si le déséquilibre de change se traduit par une dévaluation, celle-ci peut entraîner dans un secteur bancaire exposé au risque de change, des pertes de change assez considérables pour provoquer des faillites bancaires.
Incidences sur les salariés
Les « réductions de coûts » annoncées par les sociétés du secteur des TIC se sont traduites pour les salariés par des plans de départs volontaires, des licenciements secs, des départs en préretraites, des fermetures de sites et des délocalisations massives. Le site du journal britannique The Financial Times a maintenu à un certain moment un « baromètre » qui montrait que près de 500 000 emplois avaient été supprimés dans le secteur des télécommunications. Cette comptabilisation établie en 2001 n’était que très partielle, puisque de nombreux plans sociaux sont intervenus par la suite. Les opérateurs (Worldcom, Sprint, BT, KPN, France Telecom, Qwest, etc.), les équipementiers (Alcatel, Lucent, Nortel, Cisco, Siemens AG, Ericsson, etc.), les sous-traitants (Flextronics, Solectron, …) et les fabricants de semi-conducteurs (Motorola, Texas Instrument, STMicroelectronics, etc.) ont tous été touchés.
Les aspects frappants de la crise
À partir de l’été 2007, les banques du monde entier ont dû passer chaque trimestre dans leurs comptes des dépréciations de la valeur de leurs actifs liées aux subprimes, en particulier les ABS et les CDO. De l’été 2007 à l’été 2008, ces dépréciations ont totalisé 500 milliards de dollars américains, ce qui a fait chuter d’autant les capitaux propres des banques. Certaines ont épongé ces pertes grâce à des augmentations de capital, en vendant en Bourse de nouvelles actions. Ces augmentations de capital ont totalisé 300 milliards de dollars de la mi-2007 à la mi-2008.
Dégradation du commerce pour l’année 2009
Bien qu’ayant débuté aux États Unis, la crise a gravement touché les établissements financiers et les économies de l’ensemble des pays développés. La détérioration de la situation économique a ébranlé la confiance des consommateurs et des entreprises et entraîné une rétroaction négative allant du secteur financier vers le reste de l’économie qui domine les perspectives pour 2009. Les mois écoulés depuis septembre dernier ont été marqués par des chutes brutales de la production et du commerce, d’abord dans les pays développés, puis dans les pays en développement. Depuis que la récession a fait son apparition au quatrième trimestre de 2008, les perspectives commerciales pour 2009 ne laissent guère place à l’optimisme. La crise financière a perturbé le fonctionnement normal du système bancaire, des entreprises et les particuliers. La chute des marchés boursiers et des prix de l’immobilier a aussi exercé une ponction sur la richesse aux États Unis et ailleurs, de sorte que les ménages ne sont plus disposés à acquérir des biens durables tels que les automobiles car ils s’efforcent de reconstituer leur épargne. La chute des prix des produits de base, tout en étant une aubaine pour les consommateurs des pays importateurs, a aussi privé de recettes d’exportation les pays producteurs de pétrole.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CONTEXTE GENERAL SUR LES CRISES FINANCIERES
CHAPITRE I : DU COTE DES THEORIES DES CRISES FINANCIERES
Section 1. Les monétaristes contre les keynésiens
Section 2. Théorie des crises financières
2.1 Le modèle de ruées bancaires
2.2 Le modèle de l’investissement euphorique et des crises financières de Minsky
Section 3. Typologies de crises financières
3.1 Les crises bancaires
3.2 Les crises de change
3.3 Les crises jumelles
CHAPITRE 2 : LES DYSFONCTIONNEMENTS FINANCIERS : LA CRISE DES SUBPRIMES
Section 1. Les bulles économiques
1.1 La Bulle internet
1.1.1 La période d’euphorie
1.1.2 Le lendemain de la fête douloureux
1.1.2.1 Opérateurs télécoms : endettement, faillites, consolidations
1.1.2.2 Dépréciation d’actifs, de stocks inutiles, arrêt d’activités
1.1.2.3 Incidences sur les salariés
1.1.2.4 Incidences sur les investisseurs
1.2 La bulle immobilière
1.2.1 Les diverses causes de déséquilibre du marché
1.2.2 Les raisons de la formation d’une bulle immobilière
1.2.3 Dégonflement de la bulle
Section 2. La titrisation et les agences de notations
2.1 La titrisation des crédits subprimes
2.2 Le rôle de la titrisation dans la crise des crédits de subprimes
2.3 Actions des agences de notations
Section 3. Au cœur des crises financières
3.1 Les aspects frappants de la crise
3.2 La faillite des établissements financiers
3.3 Fortes variations des places boursières
CHAPITRE 3 : L’AGGRAVATION DE LA SITUATION ECONOMIQUE MONDIALE
Section 1. Le contexte
1.1 Le boom des matières premières
1.2 Inflation
Section 2. Les conséquences
2.1 Commerce international et production industrielle
2.2 Emplois
Section3. De l’Amérique vers le monde entier
3.1 Situation économiques des pays développés
3.2 Transmission de la crise en Afrique
3.2.1 Les flux commerciaux
3.2.2 Les flux des capitaux
3.3 Sortie de crise
PARTIE II : ANALYSE EVOLUTIVE DES EXPORTATIONS DE MADAGASCAR DEPUIS 2006
CHAPITRE IV : SITUATION DU COMMERCE MONDIALE
Section 1. Fortes variations du commerce mondial
1.1 Contextes
1.2 Les raisons de la contraction du commerce
1.2.1 Diminution de la demande mondiale
1.2.2 Manque de financement
1.2.3 Le protectionnisme
Section 2. Situation dans les pays développés et asiatiques
2.1 Dégradation du commerce pour l’année 2009
2.2 Les pays asiatiques
2.3 Le recul, jusqu’à quand ?
Section 3. Situation en Afrique
3.1 Manifestation
3.2 Les raisons du ralentissement
3.2.1 Les flux d’échanges commerciaux
3.2.2 Les flux entrants de capitaux
3.3 Madagascar face à la crise
3.3.1 Exportations
3.3.1.1 Approche en termes de produits
3.3.1.2 Approche en termes de pays
3.3.2 Importations
3.3.2.1 Les produits importés
3.3.2.2 Les pays partenaires
CHAPITRE V : LE CAS DU COMMERCE EXTERIEUR MALGACHE
Section 1. Evolution du commerce extérieur en volume
1.1 Les exportations
1.1.1 Les exportations en chiffres
1.1.2 Analyse comparative des échanges en valeur et en volume
Section 2. Evolution semestrielle du commerce extérieur Malgache
2.1 Les exportations
2.2 Les importations
3.1 Exportations
3.2 Importations
CHAPITRE VI : LE COMMERCE EXTERIEUR MALGACHE ET LES AUTRES GROUPES DE PAYS
Section 1. Madagascar et la COMESA
1.1 Les exportations
1.2 Les importations
Section 2. Madagascar et la SADC
2.1 Les ventes vers les pays de la SADC
2.2 Les achats provenant des pays de la SADC
2.3 Echanges avec l’Union Européenne
2.3.1 Les exportations
2.3.2 Les importations
Section 3. Quelques recommandations
3.1 Comment sortir de la Crise financière ?
3.2 Solutions pour l’Afrique
3.3 Solutions pour Madagascar
CONCLUSION
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