La micro finance a été considéré comme l’un des outils pour lutter contre la pauvreté. Elle serve à la population la plus démunie et marginalisée par la finance classique. D’ailleurs dans les pays en développements, la micro finance est l’option préconisée pour lutter contre la pauvreté. C’est le cas dans l’union des Comores, depuis les années quatre-vingtdix, des efforts ont étés aménagés pour favoriser l’implantation des institutions de micro finances. Actuellement ces institutions prennent une position considérable dans la finance comorienne. Les caisses villageoises (sunduk) et les mutuelles d’épargne (Meck) rivalisent avec les banques classiques. Les Meck ont su s’imposer durant cette dernière décennie. Elles occupent une deuxième position toutes institutions confondues en matière de collecte d’épargne et d’octroi de crédits. Elles comptent garder cette position et continuent sa stratégie de conquête et de pénétration de marché. Les mutuelles d’épargne et de crédit ya komor sont des institutions décentralisées qui montent en puissance en matière d’offre de produits et services financiers simples accessibles à tous. Cependant une fraction importante de la population se désintéresse des activités de la banque en générale, car non conforme à l’éthique de l’islam.
Dans le cadre du programme d’appui à la finance inclusive aux Comores (PAFIC), parrainé par le PNUD et le FENU, quatre objectifs sont à atteindre : consolidation et modernisation des réseaux Meck et Sunduk ; offre des produits et services innovants et étendus par des IFD professionnelles ; une infrastructure financière appropriée pour la professionnalisation du secteur ; mis en œuvre du plan directeur d’un secteur financier inclusif et renforcement de la banque centrale dans son rôle de supervision du secteur.
LA SITUATION DEMOGRAPHIQUE
Contexte démographique
La population comorienne est estimée à 794600 habitants environs (en 2009). Et en 2012 elle atteint 858962,6 habitants avec une densité de 384 habitants au km2 . La densité varie d’une île à l’autre : elle est de 517 habitants au km2 à Anjouan, de 240 habitants au km2 à la Grande Comore et de 99 habitants au km2 à Mohéli. Les deux tiers de cette population vivent en milieu rural. Mais l’urbanisation progresse au rythme de 6,5% par an. Le taux brut de mortalité était de 12,5 pour mille. La population est jeune : 56% des habitants ont moins de 20 ans avec un taux de croissance annuel de 2,7% avec des différences d’une île à l’autre : 2,2% en Grande Comore, 3% en Anjouan et 6% à Mohéli. Ce taux place les Comores parmi les pays ayant une des taux de croissances démographiques les plus élevées du monde. L’indice synthétique de la fécondité est de 7 enfants par femme. L’espérance de vie des femmes est de 63ans alors que celle des hommes est de 58ans. Le taux de natalité est de 39,52 pour mille alors que le taux de mortalité est de 9,35 pour mille.
La jeunesse de cette population risque d’intensifier les problèmes de l’archipel. D’après les estimations, la population active va plus que doubler en 2015. Il faut faire des efforts dans la santé, l’éducation et l’emploi. En matière d’éducation, le taux de scolarisation apparait comme satisfaisant (64,2%), mais en recul par rapport aux années 80 (67,5%) .
LA SITUATION SOCIOCULTURELLE
Origines du peuple comorien
Le peuple comorien est mixte, très hétérogène. On y voit des africains de la côte Est (Zanzibar, Mozambique) et aussi des noirs africains (bantou). On constate qu’il y a un métissage swahili très accentué qui semblerait être l’origine de ce peuple. Les bantous et les swahilis seraient venus aux Comores à titre d’esclave. On y rencontre également des descendants arabes du golfe persique : les Chiraz. Bref, il n’existe pas un type physique comorien. Les comoriens trouvent plutôt leurs origines aussi bien en Arabie Saoudite qu’en Afrique. Ce qu’ont toujours essayé de démontrer les historiens soulignant que les arabes voyageurs venus en Afrique de l’Est se seraient métissés avec les bantous et se seraient ensuite installés aux Comores vers le XIIIe siècle de l’ère chrétienne. Ils ont ramené avec eux des esclaves d’Afrique pour venir cultiver aux Comores. On entend beaucoup d’ailleurs parler aux Comores des perses qui quittèrent leur ville lors de l’invasion mongole en Asie occidentale. Dans toutes les îles de l’archipel, on peut encore voir des tombeaux de ces princes chiraziens qui seraient venus aux Comores à partir du XIIIe siècle. Déjà les grands voyageurs arabes évoquent dans leurs relations ce petit archipel qu’ils baptisent soit « les îles de la lune » (djazaïr al kamar), soit plus brièvement « kmor » (clarté lunaire). Peut-être, que c’est le faite qu’en étant aux Comores on aperçoit la lune comme beaucoup plus proche de la terre. Les européens ont mis leurs pieds aux Comores en 1500 car les chroniques font état de la présence des groupes de portugais entre 1500 et 1505 sur la côte orientale de la Grande Comore. Certains pensent qu’il s’agirait de naufragés appartenant à la fameuse escadre du grand navigateur qui auraient été victimes d’une tempête sur le chemin du retour des indes (leurs tombes seraient encore visibles aujourd’hui à Bandamadji). La présence des malgaches aux Comores semble être à partir des années 1800.
Organisation sociale
Aux Comores, les recherches anthropologiques ont mis en évidence une organisation sociale profondément enracinée dans la tradition. Elle est très hiérarchisée. L’individu se fond dans la communauté et ne peut s’affirmer qu’à travers les mécanismes imposés par elle. La famille est le socle de l’organisation et du fonctionnement social. Perçue et vécue dans son sens le plus large, la notion de famille intègre quatre niveaux : la famille conjugale, la famille élargie, le lignage et le clan. Le mariage consacre la suprématie de la famille. C’est le moyen par lequel elle s’étend et se renforce. C’est d’ailleurs en cela que le mariage constitue l’acte par lequel l’individu accède aux hiérarchies sociales. Signalons aussi que, parmi les arabes venus aux Comores, il y avait des princesses qui se sont mariées avec des chefs locaux. Ainsi les îles étaient dirigées par des sultans (roi). Les Comores vécurent sous des royaumes qui, dans la plupart de temps se rivalisaient. L’organisation du pays était en sultanat jusqu’à ce que le colon rentre aux Comores et établisse sa propre administration.
Religion
L’introduction de la religion islamique aux Comores remonterait au XIIIe siècle après J-C. et la quasi-totalité des comoriens est musulmane. La société comorienne est adepte du monde musulman. Et l’Islam tient une place importante au sein de la population. Toutefois, il faut signaler qu’ici l’islam demeure mêlé à des croyances et pratiques sociales liées à la coutume et à la tradition. Il résulte de ce syncrétisme un islam traditionnel qui résiste à l’islam militant en ce sens que le pouvoir religieux n’est en définitive reconnu que s’il est doublé d’un pouvoir traditionnel. L’école coranique constitue le premier contact de l’enfant comorien avec le système éducatif ; elle enseigne les principes de base de l’islam et des valeurs socioculturelles en même temps qu’elle initie à la lecture du coran et à l’apprentissage de la sunna ainsi que l’écriture arabe. Cette école joue donc un rôle fondamental dans la formation de la personnalité du comorien. D’ailleurs, la plupart des comoriens suit un schéma d’éducation à l’occidental et un enseignement musulman à part. C’est pour cela qu’il existe le baccalauréat à l’occidental (A1,A6,G,D,C) et le baccalauréat islamique (B). Et la charia n’est pas une loi étrangère aux comoriens. Elle s’applique officieusement, elle reste la base de règlement des différends à l’amiable. Les petits querelles et délits qui ne sont jamais présentés à la justice, sont traités par un arrangement basé sur les principes de l’islam par un chef du village qui consulte un dignitaire religieux.
Pauvreté
Les Comores vivent depuis le milieu des années 80 une crise économique grave marquée notamment par des taux de croissance du PIB qui restent constamment en dessous du taux de croissance de la population. C’est une société pauvre. Les Comores sont classées parmi les pays les plus pauvres du monde. Selon des estimations faites en 1995, 54,7% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté absolue.
La pauvreté est un phénomène rependu dans l’archipel, bien que ses différentes manifestations soient moins prononcées que dans la plupart des pays africains. Dans son rapport sur le développement humain de 2006, sur la base de l’indice du développement humain (IDH), qui atteint 0,556, le PNUD classe les Comores au 132e rang sur les 177 pays pris en compte. La pauvreté semble avoir baissé entre 1995 et 2004. En moyenne entre les deux dates et sur les trois îles, les ratios de pauvreté des ménages comme des individus seraient passés de 47,3% à 36,9% et 54,6% à 44,8%. Ce résultat peut paraitre paradoxal puisque pendant la période, l’économie a stagné. Une explication plausible serait les transferts de fonds des migrants qui ont permis de subvenir aux besoins de base de la population, notamment dans l’île de la grande comore. En effet, les envois de fonds sont très inégalement répartis entre les îles, 95400 de Fc par tête pour la grande comore contre seulement 31100Fc à Anjouan. Les Comores sont l’un des pays d’Afrique ou en pourcentage du PIB, les transferts de fonds sont les plus élevés : en 2005 ils représentaient 18,5% du PIB, un pourcentage bien supérieur aux exportations de biens et services et équivalent trois fois le montant de l’aide internationale.
En 2003, une étude qualitative sur les perceptions du bien-être et de la pauvreté a été réalisée pour permettre aux comoriens de s’exprimer sur leurs conditions de vie et d’identifier les meilleurs moyens de combattre la pauvreté. L’enquête apporte un éclairage sur les perceptions du bien-être et les causes de la pauvreté. Ces dernières ont d’ailleurs été confirmées par l’enquête intégrale auprès des ménages (EIM de 2004). Pour définir le bien-être, la population comorienne fait référence principalement à la satisfaction des besoins primaires tels que le logement, l’éducation, l’habillement, la nourriture, la santé, l’hygiène et l’assainissement. Il en est de même pour la définition de la pauvreté qui est définie comme la non satisfaction de ces besoins. L’enquête révèle qu’une faible proportion de la population comorienne parvient à satisfaire ses besoins alimentaires. En effet, une proportion importante de la population n’arrive pas à manger en quantité, alors que la majorité ne mange pas un régime de qualité.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONTEXTE ET SYTEME DE FINANCE DECENTRALISEE AUX COMORES
CHAPITRE I : SITUATION SOCIOCULTURELLE ET ECONOMIQUE
1.1 LA SITUATION DEMOGRAPHIQUE
1.2 LA SITUATION SOCIOCULTURELLE
1.3 SITUATION ECONOMIQUE
CHAPITRE II : LE SYSTEME DE FINANCE DECENTRALISEE
2.1 SYSTEME BANCAIRE COMORIEN
2.2 CONCEPT ET SYSTEME DE LA FINANCE DECENTRALISEE
2.3 L’UNION DES INSTITUTIONS FINANCIERES DECENTRALISEES
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DE L’ADAPTABILITE DES NOUVEAUX PRODUITS
CHAPITRE III : LES NOUVEAUX PRODUITS FINANCIERS CONFORMES A LA CHARIA
3.1 LES CREDITS PRODUCTIFS
3.2 LES CREDITS D’INVESTISSEMENT
3.3 LES PRODUITS FINANCIERS ISLAMIQUES
CHAPITRE IV : EVALUATION EX-ANTE DES NOUVEAUX PRODUITS
4.1 FORCES
4.2 FAIBLESSES
4.3 GESTION DES RISQUES
4.4 LOGIQUE D’ACCEPTABILITE DES NOUVEAUX PRODUITS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES