Analyse de la résilience écologique de l’habitat de Mantella aurantiaca face au processus de fragmentation

La gestion durable de la biodiversité constitue l’un des enjeux majeurs du troisième millénaire. La biodiversité, ressource renouvelable mais pas intarissable, subit de nombreuses menaces, notamment la perte de l’habitat. Cette caractéristique rend la biodiversité très vulnérable à la déforestation car à la suite de la destruction de leur habitat, les plantes et les animaux sont condamnés à l’extinction (Rabenilalana, 2011). La perte de la biodiversité a des conséquences graves quasi irréversibles affectant plusieurs domaines, notamment sur l’économie tant mondiale que nationale, le plan social touchant à la fois l’humain en tant que personne physique et son environnement. Cette situation nécessite donc d’être rétablie et une gestion adéquate à chaque type de biodiversité est requise. En ce sens, plusieurs conventions internationales ont été menées afin de concourir à cet objectif. L’une des plus importantes est la Convention sur la Diversité Biologique lors de la conférence des Nations Unies en 1992 à Rio de Janeiro, que plusieurs pays ont signé, dont Madagascar.

C’est dans ce cadre que le Gouvernement malgache s’est engagé à tripler la superficie des aires protégées à Madagascar, en portant cette superficie de 1,7 millions d’hectares en 2003 à 6 millions d’hectares en 2012, soit au moins 12% du territoire national. La « Vision Durban » a été ainsi mise en place pour établir le Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM) dont la conception s’inspire des catégories des aires protégées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), notamment les nouvelles aires protégées ou NAP terrestres, lacustres, marines et côtières, (Ministère de l’Environnement, 2009).

La NAP Mangabe-Ranomena-Sasarotra, notre zone d’étude, se trouve parmi le Système des Aires Protégées de Madagascar, dont la création a été initiée en 2008 par Madagasikara Voakajy. La promotion de la NAP a été privilégiée grâce à l’espèce phare Mantella aurantiaca ou grenouille dorée, qui est classée comme Gravement Menacée dans la Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), particulièrement par la perte et la fragmentation de son habitat (Randrianavelona et al. 2010b).

En dépit des mesures et politiques de conservation adoptées par l’Etat malagasy, les forêts de Madagascar sont victimes d’une dégradation persistante et d’une fragmentation, entrainant ainsi une large diminution de la couverture forestière (Harper et al. 2007). Depuis, le pays encourt le risque de perdre une grande partie de sa biodiversité dû notamment à des pratiques anthropiques destructives comme le défrichement des habitats primaires, de l’ordre de 0,55% par an, et la surexploitation des ressources naturelles (PNUE, 2009).

Etat des connaissances

Présentation de la zone d’étude 

Milieu physique
La NAP de Mangabe– Ranomena– Sasarotra se trouve sur le versant oriental de Madagascar, dans la région Alaotra Mangoro, District de Moramanga et Communes Ambohibary et Mangarivotra. Elle est située au sud de Moramanga entre les latitudes S 19°01’33″S / S 19°13’57 » et les longitudes E 48°04’39 » / E 48°14’30 » .

Géologie et pédologie
La forêt de Mangabe repose sur la roche mère (91 %, igné et métamorphique). Les sols latéritiques rouges dominent partout. Par l’action de la dégradation, les sols tendent à être colluviaux, fins et pauvres. Ils sont aussi très sensibles à l’érosion (Moat et Smith 2007).

Climat
Moramanga appartient au domaine climatique de climat sub-perhumide du versant oriental malgache. Les données climatiques disponibles sont des données moyennes de 30 ans portant sur la période de 1961 à 1990 extraites du service météorologique d’Ampandrianomby.

La précipitation moyenne maximale mensuelle est de 288 mm, située entre le mois de décembre et le mois de mars. Les mois les moins arrosés sont entre les mois d’août à octobre. La pluviométrie moyenne annuelle est de 1850 mm. Il pleut pendant 207 jours en une année dont 81 jours répartis de décembre à mars et 126 d’avril à novembre. Les mois les plus chauds sont de décembre à mars, avec une température moyenne mensuelle de 21 °C. Les mois les plus frais se situent entre juin et septembre avec une température moyenne mensuelle de 15,4 °C. Les températures moyennes annuelles maximale et minimale sont respectivement égales à 21,2 °C au mois de février et à 14,9 °C au mois de juillet . La région étudiée ne connaît pas de période écologiquement sèche. Elle est toujours humide mais la quantité de pluie mensuelle varie pendant toute l’année .

Hydrographie

De nombreux cours d’eau traversent la forêt à travers les vallées mais les principaux fleuves rencontrés sont Ranomena, Ambinanilemafy, Mangabe. Ils se déversent tous dans le fleuve de Mangoro. La zone regorge également de marais. Cent vingt sept marais ont été recensés par Madagasikara Voakajy jusqu’à aujourd’hui. La plupart sont de type saisonnier, c’est-à-dire rempli d’eau une partie de l’année seulement, pendant les périodes de pluie.

Flore et faune 

Ressources floristiques 

Du point de vue phytogéographique, la végétation appartient :
− A la flore du vent (Perrier De La Bâthie, 1921)
− A la zone éco-floristique orientale de moyenne altitude entre 800 – 1800 m (Faramalala et Rajeriarison 1999), de la série à Weinmannia et à Tambourissa.

La forêt originelle dans la NAP Mangabe – Ranomena – Sasarotra est une forêt dense humide sempervirente (MBG, 2012). Des travaux d’inventaire effectués par Magadascar Botanical Garden en 2012 ont permis de distinguer plusieurs types de formations végétales :
− Les formations primaires pluristratifiées, avec un nombre très élevé d’espèces dont les plus caractéristiques sont Dialium unifoliolatum, Ocotea cymosa, Cryptocarya acuminata, Syzygium bernieri, Grewia triflora, Ravensara crassifolia et Erythroxylum nitidulum.
− Les formations secondaires qui couvrent la majeure partie de la région, en particulier la partie Nord. Elles peuvent être soit :
o des forêts secondaires formées après le prélèvement de bois ou après le passage du feu.
o des savoka, formations arborescentes ou arbustives issues de la régénération des formations végétales après cultures sur brûlis ou tavy. Différents types de savoka ont été identifiés selon l’espèce dominante, à savoir le savoka à Psiadia altissima, à Harungana madagascariensis, à Pteridium, à Helichrysum, le savoka à Erica etc.
o du reboisement d’Eucalyptus spp .

Ressources faunistiques 

Nombreuses espèces animales sont rencontrées dans le site d’étude :
− Neuf (9) espèces de lémuriens dont Indri indri, Propithecus diadema, Eulemur fulvus, Hapalemur griseus, Microcebus lehilahitsara, Avahi laniger, Lepilemur spp et Cheirogaleus spp
− Vingt deux (22) espèces d’amphibiens dont l’espèce endémique en danger critique Mantella aurantiaca,
− Vingt (20) espèces de reptiles dont Phelsuma pronki.

Plusieurs espèces d’oiseaux, d’autres mammifères et d’insectes ont aussi été observées sur le terrain.

Généralités sur Mantella auriantiaca

Mantella aurantiaca Mocquard, 1900 ou Golden Mantella (Anglais), Sahona Mena (Malagasy), ou Mantelle doré (Français) est classée dans la Liste rouge de l’UICN comme étant gravement menacé.

Elle est soumise à la perte d’habitat et au déclin en nombre de sa population (Vences et Raxworthy, 2004).

❖ Utilisations
M. aurantiaca est collectée dans la nature à des fins commerciales, ainsi que pour la recherche scientifique. Elle est très connue dans le commerce des animaux domestiques. L’utilisation de cette espèce inclue également l’exhibition dans les zoos, les aquariums ainsi que les collections privées.
❖ Menaces
Mantella aurantiaca et son habitat sont soumis actuellement à différents types de menaces.

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Table des matières

I. Introduction
I.1 Contexte général de l’étude
I.2 Problématique et hypothèses
I.2.1 Hypothèse 1
I.2.2 Hypothèse 2
I.2.3 Hypothèse 3
II. Méthodologie
II.1 Etudes bibliographiques
II.1.1 Présentation de la zone d’étude
II.1.2 Généralités sur Mantella auriantiaca
II.1.3 Caractérisation de l’habitat de Mantella aurantiaca
II.2 Analyse cartographique
II.2.1 Identification des habitats de M. aurantiaca
II.2.2 Inventaire des fragments forestiers
II.2.3 Choix des sites d’études
II.3 Evaluation de l’habitat de Mantella aurantiaca
II.3.1 Marais de ponte
II.3.2 Forêts adjacentes aux marais de ponte
II.3.3 Pression sur l’habitat
II.4 Analyse des données
II.4.1 Test de comparaison
II.4.2 Analyse de variance
II.4.3 Analyse de la résilience
II.5 Limite de l’étude
III. Résultats
III.1 Présence de M. aurantiaca et taille des fragments
III.1.1 Fragmentation de la forêt
III.1.2 Occupation par Mantella aurantiaca
III.1.3 Relation entre taille des fragments et occupation par Mantella aurantiaca
III.2 Fragmentation et caractéristiques de la forêt de M. aurantiaca
III.2.1 Composition floristique de la forêt
III.2.2 Paramètres physiques de la forêt
III.3 Fragmentation et caractéristiques du marais
III.3.1 Richesse spécifique du marais
III.3.2 Degré de perturbation du marais
IV. Discussions et recommandations
IV.1 Discussions
IV.1.1 Discussion sur les hypothèses
IV.1.2 Discussion sur la méthodologie de travail
IV.1.3 Discussions sur les résultats
IV.2 Recommandations
IV.2.1 Restauration forestière
IV.2.2 Reboisement
IV.2.3 Essai de translocation de Mantella aurantiaca
V. Conclusion
VI. Références
VII. Annexes

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