ANALYSE DE LA PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE DES PATIENTS COVID AU CHU DE ROUEN DE MARS 2020 A MAI 2020

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PRISE EN CHARGE DES PATHOLOGIES VIRALES

Les thรฉrapies antivirales connaissent un dรฉveloppement lent et difficile. Leur arsenal est limitรฉ ; cโ€™est en partie la consรฉquence des propriรฉtรฉs intrinsรจques liรฉes aux virus. En effet, leur parasitisme intracellulaire obligatoire, leur variabilitรฉ gรฉnรฉtique et la diversitรฉ des mรฉcanismes de rรฉplications sont des obstacles ร  la recherche de traitements optimaux, spรฉcifiques et non cytotoxiques. Lโ€™aciclovir, mรฉdicament actif contre les virus de lโ€™Herpรจs (Prix Nobel de mรฉdecine en 1988), a รฉtรฉ en 1985 lapremiรจre molรฉcule ร  activitรฉ antivirale administrรฉe par voie orale.
Un autre mรฉcanisme de protection contre les infections virales est la vaccination. Bien plus ancienne, son intรฉrรชt prรฉventif tant auiveaun individuel que collectif, lui a permis un dรฉveloppement plus soutenu que celui des thรฉrapies mรฉdicamenteuses antivirales. Si les vaccins assurent une excellente protection durable (poliomyรฉlite, rougeole, rubรฉole, grippe, rage, hรฉpatite Bโ€ฆ), ils tardent, malheureusement, ร  apparaรฎtre dans certaines maladies devenues pandรฉmiques, comme les infections liรฉes auVIH et au VHC. Lโ€™รฉmergence de ces maladies mortelles a permis le dรฉveloppement de nouvelles molรฉcules et de nouveaux concepts en thรฉrapie antivirale. Les antiviraux visent ร  empรชcher la multiplication virale et chaque รฉtape du cycle est une cible virale ou pharmacologique potentielle. Lโ€™approche classique consiste ร  cibler les enzymes virales spรฉcifiques. Les antiviraux sont gรฉnรฉralement virustatiques, et peuvent รชtre utilisรฉs en association pour une meilleure efficacitรฉ. Les diffรฉrentes classes pharmacologiques disponibles doivent รชtre utilisรฉes avec prรฉcaution du fait des effets indรฉsirables nombreux, et des interactions mรฉdicamenteuses possibles (induction/inhibition de certains cytochromes).
Enfin, lโ€™utilisation de traitements ciblant les interactions entre le virus et le systรจme immunitaire : les chimiokines, telles que les interfรฉrons (IFN) ou lโ€™interleukine 2 (Il-2), constitue dรฉsormais une nouvelle voie, qui a dรฉjร  dรฉmontrรฉ son intรฉrรชt pour le traitement du VIH et du VHC.
Le plus souvent lors dโ€™une infection virale sont prescrits des traitements symptomatiques, notamment, des mรฉdicaments antalgiques et antipyrรฉtiques. Peuvent รชtre proposรฉs dans certains cas, des mรฉdicaments ciblantcertains symptรดmes plus spรฉcifiques comme des antiรฉmรฉtiques ou des anti-diarrhรฉiques. tEselon le cas, un traitement local peut รชtre indiquรฉ, comme des antiseptique pour les lรฉsions cutanรฉes (rougeole, varicelleโ€ฆ). Bien que les antibiotiques nโ€™aient aucun effet sur les virus, ils peuvent รชtre associรฉs au traitement antiviral lorsquโ€™un risque de surinfection bactรฉrienne est prรฉsent.

LE SARS-COV-2

LES EPIDEMIES DE CORONAVIRUS

Les coronavirus (CoV) appartiennent ร  la famille de s Coronaviridae. Ils doivent leur nom ร  la prรฉsence sur leur surface de franges sโ€™apparentant ร  une couronne, provenant du mot latin corona.
Les CoV sont des virus ubiquitaires ayant une trรจs grande variรฉtรฉ dโ€™hรดtes. Ils infectent les humains ainsi que divers autres animaux, notamment les oiseaux et les mammifรจres. Chez plusieurs espรจces dโ€™รฉlevage, cettefamille de virus est responsable de maladies graves. Ils ont รฉtรฉ identifiรฉs comme desgentsa pathogรจnes humains depuis les annรฉes 1960. Les maladies quโ€™ils provoquent sont variรฉes mais touchent principalement les systรจmes respiratoires et digestifs. Ils ne sont diagnostiquรฉs que trรจs rarement car ils provoquent, la plupart du temps, des infections respiratoires bรฉnignes de rรฉsolution spontanรฉe, et quโ€™aucun traitement antiviral spรฉcifique nโ€™a รฉtรฉ dรฉveloppรฉ ร  ce jour (13).
Jusqu’en 2002, les CoV n’รฉtaient perรงus comme un risque que pour les populations susceptibles de dรฉvelopper des complications telles que des pneumonies respiratoires (immunodรฉprimรฉes et nourrissons). Toutefois, au cours des vingt derniรจres annรฉes, trois รฉpidรฉmies graves de pneumonies ร  coronavirus ont รฉmergรฉ en lien avec trois nouveaux coronavirus : le SARS-CoV-1, le MERS-CoV, et le SARS-CoV-2.
Le premier coronavirus ร  avoir entrainรฉ une maladie grave chez lโ€™Homme, appelรฉ SARS-CoV (severe acute respiratory syndrome coronavirus ou SRAS en Franรงais pour syndrome respiratoire aigu sรฉvรจre) puis nommรฉ SARSCoV–1 suite ร  lโ€™apparition du SARS CoV-2, a รฉtรฉ dรฉcouvert en novembre 2002 en Chine duSud-Est, dans la province de Guangdong. Il reprรฉsente la premiรจre menace de pandรฉmie du 21 siรจcle chez les coronavirus car responsable dโ€™une forme dangereuse de pneumonie, il est transmis de l’animal (la civette masquรฉe, mammifรจre proche deal mangouste) ร  l’Homme, puis d’Homme ร  Homme. Les signes de lโ€™infection รฉtaient marquรฉspar une dรฉtresse respiratoire aigรผe, voire le dรฉcรจs des personnes infectรฉes. Le virus sโ€™est ensuite propagรฉ au Vietnam, ร  Singapour, en Amรฉrique et en Europe. La transmission interhumainede ce coronavirus sโ€™est faite par voie aรฉrienne, par des contacts directs avec une personne infectรฉe, ou indirectementvia des objets souillรฉs par des sรฉcrรฉtions. En France, une surveillance รฉpidรฉmiologique avait รฉtรฉ mise en place dรจs le dรฉclenchement de lโ€™alerte internationale. Tous les cas devaient รชtre signalรฉs aux autoritรฉs de santรฉ et placรฉs en isolement strict. esL personnes contacts des cas probables รฉtaient isolรฉes pendant 10 jours ร  domicile, et suivies quotidiennement pour prรฉvenir les risques de contamination. Au total, entre mars et juillet 2003, en France, 437 cas possibles ont รฉtรฉ signalรฉs. Seuls quatre cas ont รฉtรฉ confirmรฉs par des analyses PCR, et un dรฉcรจs a รฉtรฉ officiellement rapportรฉ. Cette รฉpidรฉmie aura durรฉuith mois (de fin novembre 2002 ร  juillet 2003), causant plus de 8000 cas probables ร  travers le monde rapportรฉs par lโ€™Organisation Mondiale de la Santรฉ (OMS) dont 774 dรฉcรจs, rรฉpartisdans 30 pays (14).
En 2012, une รฉpidรฉmie due ร  un nouveau coronavirus,nommรฉ MERS-CoV (middle east respiratory syndrome coronavirus), a รฉmergรฉ en Arabie Saoudite. Les donnรฉes scientifiques actuelles semblent indiquer que le dromadaire est un hรดte rรฉservoir majeur du MERS-CoV et la source animale de lโ€™infection chez lโ€™homme (15). Ce virus, transmissible comme tous les coronavirus essentiellement par voie aรฉrienne, via les gouttelettes en suspension dans lโ€™air, รฉtait peu contagieux, mais responsable dโ€™une maladie bien plus grave. Ainsi, en novembre 2019, lโ€™OMS rapportait un total de 2 494 cas confirmรฉs et de 858 dรฉcรจs, recensรฉs dans 27 pays. La grande majoritรฉ de ces cas a รฉtรฉ observรฉe en Arabie Saoudite (2ยฒ102 cas et 780 dรฉcรจs). En France, deux cas ont tรฉ identifiรฉs en 2013. Une surveillance des cas importรฉs des zones ร  risque connues est toujours en place puisquโ€™une transmission ร  faible ampleur du MERS-CoV persiste.
Un troisiรจme coronavirus transmissible ร  l’Homme a รฉmergรฉ en Chine en dรฉcembre 2019. Il s’agit du SARS-CoV-2 (severe acute respiratory syndrome coronavirus 2) qui fait lโ€™objet de notre รฉtude. Une mรฉta-analyse des diffรฉrentes estimations du temps รฉcoulรฉ jusqu’au dernier ancรชtre commun du virus, indique ueq la pandรฉmie pourrait avoir dรฉbutรฉ entre le 6 octobre et le 11 dรฉcembre 2019 (16). Lespremiers cas ont รฉtรฉ signalรฉs en dรฉcembre 2019, mais lโ€™existence dโ€™un nouveau coronavirus a รฉtรฉ rendue officielle le 7 janvier 2020 par les autoritรฉs sanitaires chinoises. On constate le1er dรฉcรจs liรฉ de faรงon certaine ร  lโ€™infection par le SARS-CoV-2, le 11 janvier ร  Wuhan en Chine. Un mois plus tard, lโ€™OMS nomme la maladie provoquรฉe par ce nouveau coronavirus, COVID-19 (ยซ Co ยป pour ยซ corona ยป, ยซ vi ยป pour ยซ virus ยป, ยซ D ยป pour ยซ disease ยป, ยซ 19 ยป pour lโ€™annรฉe dโ€™apparition).
Le 30 janvier 2020, lโ€™รฉpidรฉmie touche quatre des cinq continents, lโ€™OMS dรฉclare que lโ€™รฉpidรฉmie liรฉe au virus SARS-CoV-2 constitue une rgenceu de santรฉ publique de portรฉe internationale (USPPI). On comptait alors prรจs de 7800 cas confirmรฉs et 170 dรฉcรจs, contre plus de 17 millions en juillet 2020, dont 600 000 dรฉcรจs. Cโ€™est ร  partir du 11 mars 2020, que la COVID-19 est qualifiรฉe par lโ€™OMS de pandรฉmie mondiale. En France, les premiers cas ont รฉtรฉ recensรฉs le 24 janvier 2020. Un mois plusard,t le nombre de cas augmente en lโ€™espace de quelques jours, dรฉpassant les 100 cas. Le 17 mars, marquant le dรฉbut du confinement en France, 7730 cas et 175 dรฉcรจs sont rรฉpertoriรฉs. Quelques jours plus tard, le seuil de 10 000 cas est franchi et celui des 100 000 le sera le 14 avril. Le 31 juillet, on compte plus de 180 000 cas confirmรฉs et 30 000 dรฉcรจs (17,18). Une chronologie dรฉtaillรฉe des faits est disponible en annexe 1.
Les trois coronavirus รฉmergents ont tous pour ancรชtre, des virus isolรฉs chez diffรฉrentes espรจces de chauves-souris. Ils ont vraisemblablement franchi la barriรจre inter-espรจces via les sรฉcrรฉtions animales, dans des conditions particuliรจres qui restent ร  identifier. Des mutations gรฉnรฉtiques facilitent probablement cette transmission, permettant au virus dโ€™รชtre reconnu par des rรฉcepteurs prรฉsents ร  la surface des cellules humaines. Ces zoonoses ont pour hรดte intermรฉdiaire un mammifรจre. La civette dans le cas du SARS-CoV-1, des camรฉlidรฉs dans le cas du MERS-CoV, et plusieurs publications suggรจrent que le pangolin, petit mammifรจre consommรฉ dans le sud de la Chine, pourrait รชtre impliquรฉ comme hรดte intermรฉdiaire entre la chauve-souris et lโ€™Homme pour le SARS-CoV-2. Lโ€™isolement dโ€™une souche de coronavirus du pangolin trรจs proche phylogรฉnรฉtiquement (92% dโ€™homologie) vient conforter cette hypothรจse (13,21,22).
En relation avec la taxonomie des virus et des maladies engendrรฉes. Source : (23)

TRANSMISSION DU VIRUS

Divers modรจles sont รฉlaborรฉs pour comprendre le dรฉveloppement des รฉpidรฉmies et notamment, le paramรจtre R0, dรฉcrivant le nombre moyen de nouvelles infections gรฉnรฉrรฉes par un individu malade. Si ce nombre est infรฉrieurร  1, alors lโ€™รฉpidรฉmie tendra ร  sโ€™รฉteindre, tandis quโ€™elle pourra persister, voire sโ€™รฉtendre ร  la population entiรจre, si R0 est supรฉrieur ร  1. Le R0 de lโ€™รฉpidรฉmie de la COVID-19, est comprisentre 2,2 ร  5,7 selon la localisation gรฉographique, le stade de la maladie, et si la transmission ร  laquelle on se rรฉfรจre est nosocomiale ou est celle de la population gรฉnรฉrale(13,17).
La transmission interhumaine du virus se fait essentiellement par voie aรฉrienne par lโ€™รฉmission de gouttelettes respiratoires. Lโ€™infection se fait soit par contact direct avec une muqueuse, soit par contact indirect avec une surface contaminรฉe. Les gouttelettes peuvent รชtre transportรฉes par lโ€™air et projetรฉes ร  plusieurmรจtres de distance (un รฉchantillon sโ€™est rรฉvรฉlรฉ รชtre positif dans la sortie dโ€™รฉvacuationlโ€™airde dans la chambre dโ€™un patient COVID) mais ne persistent pas dans lโ€™air. Bien que le virus puisse survivre pendant 3 heures aprรจs une aรฉrosolisation expรฉrimentale, il nโ€™existe ร  ce jour aucune donnรฉe dรฉmontrant une transmission par aรฉrosols (17,24โ€“26). En revanche, il peut survivre plus longtemps sur les surfaces. Sa stabilitรฉ est de 4 heures sur le cuivre, passe ร  24 heures sur des surfaces en carton, et est retrouvรฉ jusqu’ร  72 heures sur le plastique et l’acier inoxydable. Ces rรฉsultats sont comparables aux rรฉsultats obtenus pour la stabilitรฉ environnementale du SARS-CoV-1 (24).
Le gรฉnome viral a รฉgalement รฉtรฉ dรฉtectรฉ dans lesuxeausรฉes, ainsi que dans les fรจces (27โ€“29), mais sur un nombre limitรฉ de patients dont les รฉchantillons รฉtaient collectรฉs ร  diffรฉrents stades de la maladie. Si certains virus ont pu รชtre cultivรฉs, vivants, ร  partir des selles (30) et que le SARS-CoV-2 est capable dโ€™infecter les entรฉrocytes humains (31), une transmission fรฉco-orale nโ€™a pas รฉtรฉ dรฉmontrรฉe de niรจrema significative (32,33). De mรชme, malgrรฉ lโ€™existence possible dโ€™une virรฉmie, la transmission intra-utรฉrine du virus reste ร  dรฉmontrer, bien que quelques cas suspects aient รฉtรฉrapportรฉs (34). Enfin lโ€™isolement du gรฉnome viral dans les urines reste ร  ce jour trรจs peu dรฉcrit (35).
La pรฉriode d’incubation chez les adultes et les enfants est comprise entre 2 et 14 jours suivant lโ€™exposition, avec une mรฉdiane de 5 jours. Chez 97,5% des patients symptomatiques, les manifestations cliniques apparaissent au cours des 11 premiers jours suivant lโ€™exposition au virus (17).
Une charge virale รฉlevรฉe est souvent dรฉtectรฉe auxlentoursa de l’apparition des symptรดmes, puis dรฉcroit rรฉguliรจrement jusquโ€™ร  la limite de dรฉtection ร  3 semaines. Cela suggรจre que le SARS-CoV-2 peut รชtre facilement transmissible ร  un stade prรฉcoce de lโ€™infection. Le gรฉnome viral a en effet รฉtรฉ identifiรฉ dans des รฉchantillons des voies respiratoires 1 ร  2 jours avant l’apparition des symptรดmes. Ce profil est proche de celui de la grippe, mais contraste avec ceux du SARS-CoV-1 et du MERS-CoV, puisque pour ces deux derniers, la charge virale culmine entre 10 et 14 jours aprรจs lโ€™apparition des symptรดmes (36). Par consรฉquent, la pรฉriode de contagiositรฉ dรฉbuterait dรจs la phase prรฉsymptomatique, 2 ร  3 jours avant lโ€™apparition des symptรดmes, et atteindr ait un pic ร  -0,7 J. Puis la contagiositรฉ diminuerait rapidement dans les 7 jours. Les taux rรฉels de transmission asymptomatique ne sont pas encore connus puisque beaucoup dโ€™infections ne sont pas documentรฉes, mais son estimation est de 50% (17,37).
Le gรฉnome viral peut persister dans les voies respiratoires jusqu’ร  huit jours dans les cas bรฉnins (38), et plus longtemps dans les cas plus graves, avec un pic dans la deuxiรจme semaine suivant l’infection (38,39). Une excrรฉtiondu virus est observรฉe jusquโ€™ร  4 semaines aprรจs les premiers symptรดmes. La durรฉe mรฉdiane de dรฉtection de lโ€™ARN viral est observรฉe pendant 20 jours aprรจs le dรฉbut de la maladie. Uneexcrรฉtion prolongรฉe du virus a รฉtรฉ signalรฉe dans les รฉcouvillons nasopharyngรฉs (jusqu’ร  63 jours chez les patients adultes) (40,41).
Il nโ€™existe actuellement aucun traitement, curatif ou prophylactique, contre la COVID-19. Plusieurs essais cliniques sont en cours. En lโ€™รฉtat actuel des connaissances, le meilleur moyen de rรฉduire le risque dโ€™รชtre infectรฉou de propager la maladie est le respect dโ€™une distance physique d’un mรจtre ou plus et du port dโ€™un masque facial. Les autoritรฉs franรงaises surveillent de prรจs cette รฉpidรฉmie et dโ€™รฉnormes ressources ont รฉtรฉ mobilisรฉes pour lโ€™endiguer (42) .

STRUCTURE ET CLASSIFICATION

Lโ€™ordre ยซ Nidovirales ยป comprend les virus qui utilisent un ensemble imbriquรฉ dโ€™ARNm nรฉcessaires ร  leur rรฉplication. Les coronavirus appartiennent ร  cet ordre, et plus prรฉcisรฉment ร  la famille desCoronaviridae. Il existe 2 sous familles de Coronaviridae, dont lโ€™une, qualifiรฉe dโ€™Orthocoronavirinae, est composรฉe de quatre sous-groupes, appelรฉs alpha, beta, delta et gamma. Les coronavirus qui infectent les humains sont au nombre de 7 et appartiennent ร  deux de ces genres (les coronavirus alpha et bรชta).
On retrouve dans le genre beta (Betacoronavirus) le SARS-CoV-1, le MERS-CoV, et le SARS-CoV-2 (23,43).
Ce sont des virus enveloppรฉs, de 60 ร  220 nm de diamรจtre possรฉdant une nuclรฉocapside hรฉlicoรฏdale (22,44). Dans le chapitre prรฉcรฉdent, on considรฉrait que lโ€™enveloppe dโ€™un virus les rendait dans la plupart des cas fragiles. Ce ne serait visiblement pas le cas pour les coronavirus car on le retrouve dans lโ€™environnement et dans les selles. Parmi les glycoprotรฉines de surface enchรขssรฉes danslโ€™enveloppe (glycoprotรฉines de spicule S dite protรฉine spike, glycoprotรฉine transmembranaire M et la protรฉine dโ€™enveloppe E), les glycoprotรฉines S, responsables de lโ€™attachement du virus ร  la cellule hรดte et leur confรฉrant cet aspect de couronne au microscope รฉlectronique,seraient ร  lโ€™origine de cette rรฉsistance.
Ils possรจdent un gรฉnome constituรฉ dโ€™ARN linรฉaire mon catรฉnaire, non segmentรฉ, de polaritรฉ positive, et portent une structure coiffeen 5โ€™ et est poly-adรฉnylรฉ en 3โ€™ leur permettant dโ€™รชtre directement traduit en protรฉines. Ils ont legรฉnome le plus long parmi les virus ร  ARN (27 ร  32 kb), celui-ci codant pour 7 ร  10 protรฉines .
D’aprรจs les preuves gรฉnomiques, il est peu probableque le virus soit le produit d’une manipulation in vitro, d’un passage en culture cellulaire ou qu’il soitd’origine synthรฉtique. Le 30 janvier 2020, le sรฉquenรงage complet du SARS-CoV-2 est รฉtabli puis partagรฉ par lโ€™Institut Pasteur. Son gรฉnome possรจde environ 80%dโ€™identitรฉ gรฉnรฉtique commune avec le SARS-CoV-1 et prรฉsente une trรจs forte homologie (96%) avec plusieurs coronavirus retrouvรฉs chez les chauves-souris du genre Rhinolophus (Rhinolophus affinis), notamment le RaTG13-CoV (22,17,46โ€“51). Une modification aussi importante quโ€™une recombinaison, aurait fortement rรฉduit le niveau de ressemblance du virus avec les autres coronavirus (50,51).

PHYSIOPATHOLOGIE

Rรฉplication virale

Comprendre comment le SARS-CoV-2 pรฉnรจtre dans la cellule et se rรฉplique permet dโ€™obtenir des informations prรฉcieuses, ร  la fois sur sa pathogenรจse, mais aussi sur ses cibles mรฉdicamenteuses et pour la conception dโ€™un potentiel vaccin.
Des travaux antรฉrieurs sur le SARS-CoV-1 ont dรฉmontrรฉ que ce virus cible principalement les voies aรฉriennes (les cellules รฉpithรฉliales alvรฉolaires, endothรฉliales vasculaires, et les macrophages pulmonaires notamment), dont les tissus expriment un rรฉcepteur cellulaire prรฉdominant, celui de lโ€™enzymede conversion de lโ€™angiotensine II (ACE2) (52). Le SARS-CoV-2 ayant de grandes similitudes phylogรฉnรฉtiques avec le SARS-CoV-1, sa liaison ร  ce mรชme rรฉcepteur a รฉtรฉ รฉtudiรฉe. Des expรฉriences rรฉalisรฉesin vitro et le sรฉquenรงage primaire de la protรฉine de surface S du SARS-CoV-2, ont permis dโ€™รฉtablir que cette derniรจre possรจde une trรจs haute affinitรฉ pour le rรฉcepteur ACE2 des cellules humaines (52,53). Une telle affinitรฉ est trรจs probablement le produit de mutations et de la sรฉlection naturelle, ce qui renforce lโ€™hypothรจse รฉmises par les รฉtudes rรฉfutant toute origine synthรฉtique en comparant la structure de la protรฉine Spike du SARS-CoV-2 avec celle dโ€™un coronavirus de chauve-souris (50,54).
La glycoprotรฉine S exprimรฉe ร  la surface des particules virales comprend deux sous-unitรฉs : S1 et S2. La sous-unitรฉ S1 contient le domaine de liaison au rรฉcepteur cellulaire (RBD) et la sous-unitรฉ S2, un peptide de fusion. Une modification importante du RBD est observรฉe par rapport au SARS-CoV-1, et confรจre au ARS-CoV-2 un gain dโ€™affinitรฉ pour le rรฉcepteur ACE2, contribuant ainsi ร  une augmentation de son potentiel infectieux (22,55,56).
La liaison entre le RBD et l’ACE2 permet lโ€™attachement du virus ร  sa cellule hรดte.
Il sโ€™ensuit une รฉtape clรฉ de lโ€™entrรฉe du virus, leclivage de la protรฉine S par des protรฉases cellulaires. Parmi ces protรฉases, lโ€™une dโ€™entre elles, prรฉsente ร  la surface de la cellule, la protรฉase transmembranaire ยซ Sรฉrine Protรฉase 2 ยป (TMPRSS-2), est indispensable au passage du virus vers le milieu intracellulaire. Le clivage de la protรฉine S induit un changement conformationnel et rend accessible le peptide de fusion de la sous-unitรฉ S2 pour quโ€™il puisse assurer la fusion avec la membrane cellulaire. Toutes ces รฉtapes aboutissent ร  lโ€™entrรฉe du virus dans la cellule par endocytose (17,52,55,57,58).
Le gรฉnome viral est libรฉrรฉ dans le cytoplasme de lacellule et est traduit en protรฉines. Environ un tiers de lโ€™ARN des CoV code pour des protรฉines structurales comme celles de la membrane, de lโ€™enveloppe et de la nuclรฉocapside. Les deux tiers restants contiennent un cadre ouvert de lecture, appelรฉ ORF1. Sa traductiongรฉnรจre plusieurs polypeptides, pp1a et pp1ab principalement, qui seront alors exposรฉs ร  des protรฉines multifonctionnelles munies dโ€™une activitรฉ protรฉase : la nsp3 (contenant des domaines protรฉases homologues ร  la papaรฏne) et la nsp5 appartenant ร  la famille de la chymotryp sine.
Aprรจs maturation protรฉolytique, les protรฉines ditesnon structurales sont produites. Ces derniรจres possรจdent une activitรฉ protรฉase responsable de leur auto-clivage en plusieurs protรฉines matures ; elles sโ€™assemblent alors pour former une structure appelรฉe complexe rรฉplicase-transcriptase (CRT). Ce complexe est capable de transcrire les ARNm subgรฉnomiques codant ร  leur tour les protรฉines structurales, mais aussi de rรฉpliquer lโ€™ARN gรฉnomique (17,59โ€“61).
Lโ€™ARN gรฉnomique formรฉ est encapsidรฉ par des protรฉines virales structurales, dont la protรฉine N, dans le rรฉticulum endoplasmique. Le virus nouvellement constituรฉ est acheminรฉ ร  la surface de la cellule infectรฉe en suivant la voie de sรฉcrรฉtion ยซ classique ยป, composรฉe dโ€™un bourgeonnement dans lโ€™appareil de Golgi. Il y acquiert son enveloppe dotรฉe de la glycoprotรฉine S, puis est libรฉrรฉ dans le milieu extracellulaire par ยซ exocytose ยป, apte ร  infecter dโ€™autres cellules (57,61,62).

Complications physiopathologiques

L’ACE2 est une protรฉine (plus prรฉcisรฉment une carboxypeptidase) homologue de lโ€™enzyme de conversion de lโ€™angiotensine (appelรฉe ACE). Elle est impliquรฉe dans la rรฉgulation de certaines fonctions cardiovasculaires, pulmonaires et rรฉnales par le biais notamment du systรจme rรฉnine/angiotensine/aldostรฉron (SRAA) rรฉgulant elle-mรชme la pression artรฉrielle (PA). Elle catalyse le clivage de l’angiotensine I en angiotensine 1-9, et celui de l’angiotensine II (douรฉ dโ€™effets vasoconstricteur, pro-fibrosant, pro-inflammatoire et stimulant la sรฉcrรฉtion dโ€™aldostรฉrone) en angiotensine vasodilatatrice 1-7 (propriรฉtรฉs opposรฉes ร  celles de lโ€™angiotensine II). Autrement dit, indirectement, lโ€™ACE2 a un rรดle vasodilatateur, anti-fibrosant, anti-inflammatoire et diminue la sรฉcrรฉtion dโ€™aldostรฉrone.
En se fixant sur ce rรฉcepteur, le virus entre non seulement dans la cellule, mais il induit de surcroรฎt une rรฉgulation ร  la baisse de lโ€™ACE2, perturbant la balance physiologique, et entraรฎnant une dysfonction de lโ€™organisme.
ACE1 = Enzyme de conversion de lโ€™angiotensine 1
ACE2 = Enzyme de conversion de lโ€™angiotensine 2
ARAII : Antagoniste des rรฉcepteurs ร  lโ€™angiotensine II
IEC : Inhibiteurs de lโ€™enzyme de conversion de lโ€™angiotensine
Le SARS-CoV-2, tout comme le SARS-CoV-1, est un virus dit cytopathique. Il provoque des lรฉsions pouvant aller jusquโ€™ร  la mort des cellules et tissus infectรฉs au cours de sa rรฉplication.
Le virus dรฉtourne la machinerie de la cellule et entraรฎne une pyroptose (libรฉration dโ€™ATP, dโ€™acides nuclรฉiquesโ€ฆ). Autrement dit, il ent raรฎne une mort cellulaire programmรฉe hautement inflammatoire, couramment observรฉe avec les virus cytopathiques. Cette destruction de cellules, notamment pulmonaires, dรฉclenche une rรฉponse immunitaire locale (libรฉration de cytokines et chimiokines pro-inflammatoires : IL-6, IFNฮณ, IP-10, MCP1 …) puis un afflux sanguin massif vers le(s) site(s) infectรฉ(s) de cellules de lโ€™inflammation telles que des macrophages, des monocytes, des cellules T et des cellules B de la rรฉponse immunitaire adaptative. Dans la plupart des cas, ce processus, ayant pour but dโ€™รฉliminer les cellules infectรฉes avant que le virus ne se propage, est capable de contenir l’infection et de disparaรฎtre progressivement, permettant de fait, le rรฉtablissement du patient. Dans dโ€™autres cas, environ 10 ร  15 jours aprรจs l’apparition des symptรดmes, un dysfonctionnement de la rรฉponse immunitaire peut se produire et lโ€™on observe alors une suractivation de la voie immunitaire innรฉe et adaptative, une tempรชte cytokin que, et une hypercoagulation. Tous ces phรฉnomรจnes provoquent des lรฉsions menant ร  une pneumopathie hypoxรฉmiante, voire une dรฉfaillance multi-viscรฉrale (17).
Il a รฉtรฉ observรฉ que les patients atteints de formes sรฉvรจres de COVID-19, prรฉsentaient une tempรชte cytokinique. Cela se traduit par des concentrations sanguines d’IL-2, IL-7, IL-10, G- CSF, IP-10, MCP1, MIP1ฮฑ et de TNF trรจs รฉlevรฉes, ainsi quโ€™un proportion accrue de CD14+ CD16+ inflammatoires dans le sang pรฉriphรฉrique, responsables dโ€™un taux รฉlevรฉ dโ€™IL-6 (64,65). Une รฉtude rapporte que des taux รฉlevรฉs edG-CSF et dโ€™IL-6, sont รฉtroitement corrรฉlรฉs ร  la gravitรฉ des patients infectรฉs par laCOVID-19 (41).
En plus des dommages locaux, la tempรชte cytokiniquea รฉgalement des effets systรฉmiques. Des concentrations รฉlevรฉes de cytokines circulantes comme le TNF, peuvent provoquer des lรฉsions myocardiques et une insuffisance cardio-circulatoire. Les patients ayant des comorbiditรฉs sont plus susceptibles de dรฉvelopper un tel dysfonctionnement et sont plus sensibles aux complications engendrรฉes (55).
Les dommages cellulaires indirects ainsi induits sโ€™ajoutent ร  ceux directement causรฉs par le virus (desquamation des cellules alvรฉolaires, formation dโ€™une membrane hyaline et ล“dรจme pulmonaire). Cela limite l’efficacitรฉ de l’รฉchange gazeux dans le poumon, entraรฎnant des difficultรฉs respiratoires et des faibles niveaux d’oxygรจne dans le sang. Le poumon devient de fait, vulnรฉrable aux infections secondaires.

EVOLUTION CLINIQUE

De mรชme que pour la plupart des virus de sa famille, le SARS-CoV-2 est responsable dโ€™une maladie respiratoire ร  expression clinique tr รจs hรฉtรฉrogรจne, puisque ses manifestations chez lโ€™Homme vont gรฉnรฉralement dโ€™une rhinite ร  la dรฉtresse respiratoire, voire au dรฉcรจs.
Les signes cliniques les plus frรฉquents de la COVID-19 sont ceux dโ€™une infection respiratoire aigรผe, allant de formes pauci-symptoma tiques, voire asymptomatiques, chez 30 ร  60% des sujets infectรฉs, en particulier chez les enfants les plus jeunes (moins de 12 ans) ร  une forme symptomatique pouvant รฉvoquer une pneumonie, avec ou sans signes de gravitรฉ (syndrome de dรฉtresse respiratoire aigรผe, voire dรฉfaillance multi-viscรฉrale) (66).
Selon le pays, le type dโ€™รฉtude, les caractรฉristique des patients, mais aussi selon le stade de la maladie, les symptรดmes observรฉs et leur frรฉquence sont trรจs hรฉtรฉrogรจnes. Il est donc difficile dโ€™en faire une description caractรฉristique et exhaustive.

Les atteintes cliniques typiques ou initialement dรฉcrites

Les formes respiratoires majoritaires
La pneumopathie semble รชtre la manifestation de lโ€™infection la plus frรฉquente, caractรฉrisรฉe principalement par de la fiรจvre, uneoux,t une dyspnรฉe et des infiltrats bilatรฉraux ร  lโ€™imagerie thoracique. Il nโ€™y a pas de caractรฉristique clinique spรฉcifique permettant de distinguer de maniรจre fiable la forme respiratoire de COVID-19 des autres infections respiratoires virales.
La rรฉponse inflammatoire de lโ€™hรดte entraรฎne une accumulation de cellules immunitaires dans les poumons. La consรฉquence en est la mรชme que pour la pyroptose causรฉe par le virus, ร  savoir une destruction des parois alvรฉolaires, et de ce fait une diminution de lโ€™absorption dโ€™oxygรจne. La principale complication de l’infection grave par le SARS-CoV-2 est le syndrome de dรฉtresse respiratoireaiguรซ (SDRA), qui se caractรฉrise par une dyspnรฉe et une insuffisance respiratoire aiguรซ nรฉcessitant une ventilation mรฉcanique. Les surinfections bactรฉriennes ou fongiques en sontdes complications frรฉquentes.
Les signes gรฉnรฉraux
Dโ€™aprรจs une รฉtude menรฉe sur 1590 patients hospitalisรฉs en Chine, les principaux symptรดmes retrouvรฉs sont la fiรจvre, une toux sรจche, une asthรฉnie, des symptรดmes respiratoires (dyspnรฉe), et des myalgies/arthralgie. Dans une plus faible proportion, on retrouve des pharyngalgies, des cรฉphalรฉes, des frissons, un รฉtat nausรฉeux associรฉ ร  des vomissements et de la diarrhรฉe (17).
Une รฉtude observationnelle portant sur 1 420 patients hospitalisรฉs dans diffรฉrents hรดpitaux europรฉens, atteints d’une maladie lรฉgรจre uo modรฉrรฉe, a indiquรฉ que les symptรดmes les plus frรฉquents รฉtaient les cรฉphalรฉes (70,3%),โ€™anosmiel (70,2%), l’obstruction nasale (67,8%), la toux (63,2%), l’asthรฉnie (63,3%), la myalgie (62,5%), la rhinorrhรฉe (60,1%), lโ€™agueusie (54,2%) et la pharyngalgie (52,9%). La fiรจvre a รฉtรฉ signalรฉe par 45,4% des patients (67).
Une analyse de donnรฉes provenant de 4 203 patients,pour la plupart originaires de Chine, a permis d’identifier la fiรจvre (80,5%), latoux (58,3%) et la dyspnรฉe (23,8%) comme รฉtant les symptรดmes cliniques les plus courants (68).
Une รฉtude menรฉe auprรจs de 20 133 patients hospitalisรฉs dans des services de soins aigus en Angleterre, a regroupรฉ les symptรดmes de la maniรจre suivante : un groupe de symptรดmes respiratoires avec toux, crachats, dyspnรฉe et fiรจvre ; un groupe de symptรดmes musculosquelettiques avec myalgies, arthralgies, cรฉphalรฉes et asthรฉnie ; un groupe de symptรดmes entรฉriques avec douleurs abdominales, vomissements et diarrhรฉe (69).
Dโ€™aprรจs lโ€™institut Pasteur, les premiรจres manifestations chez un sujet symptomatique sont les cรฉphalรฉes, les myalgies et lโ€™asthรฉnie. Lafiรจvre et les signes respiratoires arrivent secondairement, souvent deux ou trois jours aprรจs les premiers symptรดmes (70).
Le Consortium international sur les infections respiratoires aiguรซs sรฉvรจres et รฉmergentes (ISARIC) a collectรฉ les donnรฉes cliniques de 25 849 cas hospitalisรฉs de COVID-19, la plupart provenant du Royaume-Uni. Celui-ci rapporte que les cinq symptรดmes les plus frรฉquents ร  l’admission sont la fiรจvre, la dyspnรฉe,la toux, lโ€™asthรฉnie/malaise et la confusion (71).

Les atteintes atypiques ou initialement non dรฉcrites

Les formes neurologiques

Des signes d’atteinte du systรจme nerveux central, s’exprimant en particulier chez les personnes รขgรฉes sous la forme de confusion, de malaises, de pertes brutales du goรปt ou/et de l’odorat, ont รฉtรฉ dรฉcrits. Ces รฉvรฉnements moinsquentsfrรฉ permettent nรฉanmoins dโ€™รฉvoquer plus spรฉcifiquement le diagnostic de COVID-19 (70,72โ€“74).
Ces manifestations cliniques peuvent รชtre classรฉesen deux catรฉgories :
– systรจme nerveux central (SNC) : les รฉtourdissements, les cรฉphalรฉes, les troubles de la conscience (caractรฉrisรฉs par leur niveau : somnolence jusquโ€™au coma, et leur contenu : confusion et dรฉlire), les encรฉphalopathies, les troubles cรฉrรฉbrovasculaires aigus, lโ€™ataxie et les convulsions. Un article New-yorkais signale une augmentation anormale dโ€™accidents vasculaires ischรฉmiques associรฉs ร  une infection auSARS-CoV-2, chez des patients de moins de 50 ans (75).
– systรจme nerveux pรฉriphรฉrique (SNP) : lโ€™anosmie telโ€™agueusie, les troubles de la vision, et les neuropathies pรฉriphรฉriques.Lโ€™anosmie et lโ€™agueusie sont des symptรดmes dรฉcrits et ont la meilleure valeur prรฉdictive vis–ร vis de lโ€™infection COVID. Une enquรชte europรฉenne montre les รฉlรฉments suivants : 86% des atientsp infectรฉs vont prรฉsenter une anosmie et 88% une agueusie. Ces troubles sont dรฉcrits ร  partir des 6-7 รจme jours des symptรดmes, et peuvent survenir soit avant lโ€™apparit ion des symptรดmes gรฉnรฉraux et ORL (dans 12% des cas), soit pendant (65% des cas), ou soit aprรจs (23% des cas). Le dรฉlai de rรฉcupรฉration de ces facultรฉs est alรฉatoire. Dans eunรฉtude, 44% des patients rรฉcupรจrent leur odorat dans un dรฉlai de 15 jours mais ce dรฉlai peutรชtre plus long (76).
La pรฉnรฉtration du virus dans le SNC par voie hรฉmatogรจne ou neuronale rรฉtrograde, lui permettant dโ€™atteindre les rรฉcepteurs ACE2 prรฉsents dans le systรจme nerveux et les muscles squelettiques, peut expliquer cette symptomatologie. La prรฉsence du SARS-CoV-2 dans le liquide cรฉphalo-rachidien et dans les tissu cรฉrรฉbraux confirme cette hypothรจse. La perte de lโ€™odorat serait potentiellement due ร  la p rรฉsence du virus le long des terminaisons nerveuses nasales.
Une รฉtude publiรฉe le 8 juillet 2020, montre que lessรฉquelles neurologiques sont frรฉquentes et peuvent persister jusquโ€™ร  plus de 3 mois aprรจs lโ€™hospitalisation (77).
Les signes dermatologiques
Une รฉtude rรฉtrospective sur 132 patients, dรฉcrit deux types de lรฉsions : soit des lรฉsions associant macules, papules et nodules rouges violacรฉs (72%), soit des lรฉsions de type รฉrythรจme polymorphe associant macules รฉrythรฉmateuset vรฉsicules < 1cm (28%) (78).
Les signes ophtalmologiques
Une รฉtude qui porte sur 38 patients montre que lesconjonctivites sont frรฉquentes (31,6% des cas) et sont associรฉes ร  des formes systรฉmiquesplus sรฉvรจres. Le virus serait retrouvรฉ dans les excrรฉtions lacrymales (79).
En rรฉsumรฉ, il a รฉtรฉ principalement dรฉcrit des signes peu ou non spรฉcifiques, retrouvรฉs dans de nombreuses maladies infectieuses, tels que de la fiรจvre, une asthรฉnie, des symptรดmes respiratoires (toux et dyspnรฉe), des myalgies/arthralgies, des cรฉphalรฉes, des diarrhรฉes, et des nausรฉes et vomissements. Les effets que lโ€™on peut considรฉrer comme secondaires sont les pharyngalgies, les frissons, et les rhinorrhรฉes. Des signes plus atypiques des infections virales, tels que les รฉruptions cutanรฉes, la confusion, lโ€™anosmie, lโ€™agueusie, les paresthรฉsies et les douleurs thoraciques sont รฉgalement observรฉs.

Les complications multi-viscรฉrales

Comme vu prรฉcรฉdemment, les complications de la maladie ne sont pas seulement dues aux dommages causรฉs par le virus se liant auxnombreuses cellules exprimant lโ€™ACE2 prรฉsents dans lโ€™endothรฉlium vasculaire mais aussi ร la rรฉponse de lโ€™hรดte. Une inflammation vasculaire systรฉmique non contrรดlรฉe et le virus lui-mรชme, peuvent provoquer des lรฉsions et dรฉfaillances de plusieurs organes, en particulier pour les fonctions cardiaques, hรฉpatiques et/ou rรฉnales (55,80).
Les complications vasculaires et cardiaques
Il est suggรฉrรฉ que le SARS-CoV-2 provoque des lรฉsions รฉgalement sur les cellules endothรฉliales qui tapissent les vaisseaux sanguins, entraรฎnant une fuite vasculaire et une hypercoagulabilitรฉ. Ceci favorise la formation de caillots sanguins et dโ€™emboles thrombotiques dans divers organes (les embolies pulmonaires sont frรฉquemment associรฉes ร  la symptomatologie) et alimente le SDRA par une inflammation gรฉnรฉralisรฉe (55).
Le parasitisme des cellules sanguines est รฉgalement liรฉ ร  des sรฉquelles cardiovasculaires, telles que des lรฉsions myocardiques, des arythmies, des cardiomyopathies et une insuffisance cardiaque (17,68,81).
Les complications hรฉpatiques et rรฉnales
Jusqu’ร  la moitiรฉ des patients hospitalisรฉs prรฉsentent des perturbations du bilan hรฉpatique, en particulier, une augmentation des transaminases est frรฉquemment observรฉe. Plus spรฉcifiquement, au cours des infections virales, lโ€™augmentation des TGO (glutamate-oxaloacetate-transaminase) est plus forte que celle des TGP (glutamate-pyruvate transaminase) permettant ainsi dโ€™observer un ratio TGO/TGP>1. Lโ€™emballement du systรจme immunitaire et la prise de mรฉdicaments peuvent รชtredes facteurs aggravants.
Les lรฉsions rรฉnales sont courantes dans les cas graves et sont corrรฉlรฉes aux dรฉcรจs des patients. Le virus peut atteindre les reins directement et mener ร  une insuffisance rรฉnale ainsi quโ€™ร  une chute de la pression artรฉrielle (17,55).

Les facteurs de risque de gravitรฉ

Les atteintes cardiovasculaires et les dรฉfaillances multi-viscรฉrales constatรฉes dans les infections graves semblent sans lien apparent avec la pneumopathie initiale. La survenue de ces complications caractรฉrisant la maladie comme grave est corrรฉlรฉe ร  lโ€™รขge des patients (formes les plus graves particuliรจrement observรฉeschez les personnes รขgรฉes) mais aussi en cas de comorbiditรฉs telles quโ€™une hypertension artรฉrielle, des maladies cardio-vasculaires ou respiratoires sous-jacentes, ou un diabรจte non contrรดlรฉ (82). Un rapport du centre chinois de contrรดle et de prรฉvention des maladies portant sur lโ€™analyse de 72 314 cas identifie un taux de mortalitรฉ ร  10,5% en cas de maladies cardiovasculaires, 7,3% pour le diabรจte, 6,3% pour les maladies respiratoires chroniques, 6,0% pour lโ€™hypertension et 5,6% pour le cancer (83).
Une รฉtude anglaise a comparรฉ les profils de 5 683patients dรฉcรฉdรฉs de la COVID-19 avec 17,4 millions dโ€™adultes enregistrรฉs via le National Health System (NHS). Ils identifient ainsi comme facteur de risque de dรฉcรจs : le sexe masculin, lโ€™รขge avancรฉ et la prรฉcaritรฉ, le diabรจte non contrรดlรฉ, lโ€™asthme sรฉvรจre, et diversesautres conditions mรฉdicales antรฉrieures.
Une รฉtude identifie un cluster de gรจnes 3p21.31 comme locus de susceptibilitรฉ gรฉnรฉtique chez les patients atteints de formes sรฉvรจres de la COVID-19, et confirme une implication potentielle du systรจme de groupe sanguin ABO. Les rรฉsultats sont conformes aux rรฉsultats antรฉrieurs qui associent un risque accru de COVID-19 sรฉvรจre au groupe sanguin A et un risque rรฉduit au groupe sanguin O (84).
Une รฉtude confirme lโ€™influence de lโ€™IMC sur la sรฉvรฉritรฉ de la COVID chez les patients de moins de 60 ans. A noter quโ€™un patient ayant un IMC > 25 รฉtait associรฉ ร  un risque plus รฉlevรฉ de dรฉvelopper une pneumopathie hypoxรฉmiante ou de nรฉcessiter une ventilation mรฉcanique. Lโ€™IMC est considรฉrรฉ comme unfacteur prรฉdictif dโ€™hospitalisation et de complication respiratoire (85).

REPONSES IMMUNITAIRES VIS-A-VIS DU VIRUS

Une immunitรฉ collective, obtenue par une immunisation naturelle protectrice ou par la vaccination, est considรฉrรฉe comme suffisante ร  al condition quโ€™il y ait suffisamment de sujets protรฉgรฉs pour quโ€™un individu infectรฉ ne transmette plus le pathogรจne. Plus le paramรจtre R0 est รฉlevรฉ, plus le pourcentage de sujets immunisรฉs devra รชtre รฉlevรฉ pour obtenir une immunitรฉ collective. Il se calcule ร  lโ€™aide de la formule suivante : n (%) = (1 – 1/R0) x 100.
Par exemple, le R0 de la grippe saisonniรจre รฉtant de 2 et celui de la rougeole compris entre 12 et 20, on obtient respectivement n = 50% et n = 95%. Concernant le SARS-CoV-2, il est estimรฉ ร  environ 70% mais ร  lโ€™unique conditi on que lโ€™infection protรจge le sujet, ce qui nโ€™est pour l’instant pas dรฉmontrรฉ, en particulier ourp ceux qui nโ€™ont รฉtรฉ que porteurs asymptomatiques (86).
Une accumulation de lymphocytes T dans les sites infectรฉs est ร  lโ€™origine de la lymphopรฉnie observรฉe chez de nombreux patients. Leslymphocytes T CD8+ sont essentiels pour attaquer et tuer directement les cellules infectรฉes par le virus, tandis que les lymphocytes T CD4+ sont indispensables pour activer ร  la fois les lymphocytes T CD8+ et les lymphocytes B. Ces derniers sont eux-mรชmes indispensables ร  la production de cytokines et dโ€™anticorps. Les lymphocytes B se dรฉveloppent environ 1 semaine aprรจs l’apparition des premiers symptรดmes.
Le sรฉrum sanguin dโ€™une personne infectรฉe par un virus, contient de nombreux anticorps diffรฉrents, dont plusieurs centaines, dirigรฉes contre diffรฉrentes composantes du virus (รฉpitopes viraux). Mais la capacitรฉ dโ€™un anticorps ร  reconnaรฎtre un virus ne signifie pas quโ€™il est capable de le neutraliser (87). De nombreux tests sรฉrologiques sont disponibles ร  ce jour et permettent de fournir des informations sur l’รฉtendue de l’infection et dโ€™estimer si lโ€™immunitรฉ gรฉnรฉrรฉe est protectrice. Dans un premiertemps, les anticorps produits par les lymphocytes B semblent รชtre dirigรฉs contre la protรฉine de la nuclรฉocapside puis dans un second temps, des anticorps dirigรฉs contre la glycoprotรฉine dโ€™enveloppe S se dรฉveloppent. Certaines รฉtudes รฉmettent lโ€™idรฉe que la sรฉroconversion se produit dans la seconde semaine suivant l’apparition des symptรดmes, avec un dรฉlai mรฉdian de 5 ร  12 jours pour les anticorps IgM et de 14 jours pour les IgG et les IgA. Les premiers rapports suggรจrent que certaines personnes infectรฉes peuvent avoir une sรฉroconversio retardรฉe ou absente (55).

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Table des matiรจres

LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
INTRODUCTION
1 GENERALITES SUR LES VIRUS
1.1 Origines
1.2 Dรฉfinition
1.3 Structure
1.3.1 Le gรฉnome viral
1.3.2 La capside
1.3.3 Lโ€™enveloppe
1.4 Classification
1.5 Multiplication des virus
1.6 Prise en charge des pathologies virales
2 LE SARS-COV-2
2.1 Les รฉpidรฉmies de coronavirus
2.2 Transmission du virus
2.3 Structure et classification
2.4 Physiopathologie
2.4.1 Rรฉplication virale
2.4.2 Complications physiopathologiques
2.5 Evolution clinique
2.5.1 Les atteintes cliniques typiques ou initialement dรฉcrites
2.5.2 Les atteintes atypiques ou initialement non dรฉcrites
2.5.3 Les complications multi-viscรฉrales
2.5.4 Les facteurs de risque de gravitรฉ
2.6 Rรฉponses immunitaires vis-ร -vis du virus
2.7 Moyens diagnostics
3 ANALYSE DE LA PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE DES PATIENTS COVID AU CHU DE ROUEN DE MARS 2020 A MAI 2020
3.1 Etat des lieux au CHU de Rouen
3.2 Etat des connaissances sur la prise en charge thรฉrapeutique des patients infectรฉs par la COVID-19 en mars 2020
3.2.1 Principales molรฉcules candidates
3.2.2 Les essais cliniques majeurs
3.3 Objectifs de lโ€™รฉtude
3.4 Matรฉriels et mรฉthodes
3.4.1 Choix de la prise en charge antivirale au CHU de Rouen
3.4.2 Constitution de la cohorte
3.4.3 Exploitation des donnรฉes
3.4.4 Technique de dosage
3.4.5 Analyses statistiques
3.5 Rรฉsultats
3.5.1 Caractรฉristiques dรฉmographiques des patients
3.5.2 La prise en charge hospitaliรจre
3.5.3 Conditions de prescription du lopinavir associรฉ au ritonavir
3.5.4 Suivi clinico-biologique de la prescription de lopinavir associรฉ au ritonavir
3.5.5 Adaptation de la prescription de lopinavir associรฉ au ritonavir
3.6 Discussion
3.7 Perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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