La monnaie en tant que rapport social
ย ย ย ย ย ย ย ย ย La monnaie a besoin dโun support matรฉriel comme les billets et chรจques, elle nโest pas un objet comme un autre puisquโelle nโintervient tout en ayant un rรดle ยซ indirect ยป sur elle (en facilitant les รฉchanges). Son principal intรฉrรชt cโest dโรชtre acceptรฉe de tous, de servir de relation entre les individus. Ce qui suppose la confiance entre eux, mais aussi envers lโinstitution qui รฉmet la monnaie dโoรน lโexpression ยซ monnaie fiduciaire ยป de fiducia ยซ Confiance ยป en latin. Dโailleurs, il existe un rapport entre degrรฉ de liquiditรฉ et niveau de confiance, la monnaie banque centrale รฉtant la plus liquide car elle a la caution de lโEtat, qui est censรฉ ne jamais dรฉfaillir. La base monรฉtaire est formรฉe ร partir de la monnaie รฉmise par la banque centrale. En effet, elle comporte aussi les dรฉpรดts des divers agents รฉconomiques essentiellement les banques commerciales auprรจs de la banque centrale, directement garantie par lโEtat et cโest elle qui a le degrรฉ maximal de liquiditรฉ cโest pourquoi on lโappelle aussi monnaie banque centrale. En outre, dans le cursus traditionnel en รฉconomie, on distingue deux types dโenseignement, la MICROECONOMIE oรน lโaccent est mis sur les taux mais oรน il nโy pas trace de monnaie et la MACROECONOMIE oรน la monnaie est supposรฉe exister sans autres explications. Cโest ainsi que, gรฉnรฉralement, la forme quantitative est incluse dโoffice dans les modรจles macro-รฉconomiques oรน elle joue souvent un rรดle important mรชme si cโest pour รฉtayer la conclusion selon laquelle la monnaie nโa pas dโimportance.
L’analyse proposรฉe par l’Ecole de Cambridge
ย ย ย ย ย ย ย ย Deux รฉconomistes anglais A. Marshall et A. C. Pigou(2) ont proposรฉ quelques annรฉes aprรจs I. Fisher une approche basรฉe sur les encaisses liquides. Cette analyse prรฉsente la thรฉorie quantitative sous la forme d’une demande de monnaie par les agents รฉconomiques dรฉsirant dรฉtenir sous forme d’encaisses liquides (pour un motif de transactions) un pourcentage donnรฉ du PIB nominal.
MD = b. P. Y [1]
Avec MD : la demande de monnaie,
b : Le pourcentage du PIB que les agents souhaitent conserver sous forme d’encaisses liquides.
L’offre de monnaie, M est exogรจne parce qu’elle est dรฉterminรฉe par les autoritรฉs monรฉtaires. L’รฉquilibre sur le marchรฉ de la monnaie s’รฉcrit alors :
M = MD [2]
En substituant cette รฉgalitรฉ [2] dans la relation [1], on a : M = b. P. Y . Le PIB rรฉel Y et le coefficient b รฉtant constants, la quantitรฉ de monnaie M dรฉtermine le niveau des prix P. En d’autres termes, la masse monรฉtaire n’a pas d’effets sur les variables rรฉelles de l’รฉconomie (ici Y), elle n’agit que sur les variables nominales. Ce rรฉsultat est connu sous le nom de ยซย Neutralitรฉย ยป de la monnaie.
Les effets de la politique budgรฉtaire dans le modรจle IS- LM5
ย ย ย ย ย ย ย ย Dans ce modรจle, la politique budgรฉtaire consiste ร faire varier la dรฉpense gouvernementale G dโune quantitรฉ โG, ร masse monรฉtaire inchangรฉe. En effet, cette variation affecte le revenu et le taux dโintรฉrรชt dโรฉquilibre, quโon notera respectivement Y (G, M) et i(G,M). Ainsi, une augmentation de la dรฉpense gouvernementale (โG > O) correspond un dรฉplacement vers la droite de la courbe IS (courbe en pointillรฉs) et donc une hausse du revenu et du taux dโintรฉrรชt dโรฉquilibre. En effet, le dรฉplacement de la courbe IS, ร taux dโintรฉrรชt inchangรฉ (passage de A ร B) se rรฉduit par une hausse du revenu due au fait que le multiplicateur keynรฉsien joue alors ร plein. Cette hausse est cependant ยซ amortie ยป par le dรฉplacement le long de la courbe IS qui se traduit par une augmentation du taux dโintรฉrรชt et dโune baisse du revenu. Celle-ci sโexplique par le fait que la dรฉpense supplรฉmentaire โG et la hausse du revenu quโil accompagne ยซ absorbe ยป une partie de la monnaie disponible ( pour les transactions), limite donc la quantitรฉ qui peut servir plus รฉlevรฉ, et un investissement et un revenu plus faible. Il y a donc effet dโรฉviction, la hausse des dรฉpenses gouvernementales ยซ รฉvinรงant ยป en partie et indirectement lโinvestissement ยซ privรฉ ยป, ร travers lโaugmentation du taux dโintรฉrรชt. Par ailleurs, lโattรฉnuation de lโeffet multiplicateur, et donc lโimportance de lโeffet dโรฉviction, dรฉpendent de la pente de la courbe LM. Ainsi, plus cette pente est grande donc plus la demande de monnaie est insensible aux variations du taux dโintรฉrรชt et plus lโeffet multiplicateur est attรฉnuรฉ. Pour les MONETARISTES la courbe LM est pratiquement une droite verticale, ce qui correspond ร la situation dรฉcrite par la thรฉorie quantitative de la monnaie. Dans ce cas, la politique budgรฉtaire nโa pratiquement aucun effet sur le revenu, sa principale consรฉquence est de provoquer une hausse de taux dโintรฉrรชt. Les adversaires Keynรฉsiens des monรฉtaristes contestent le fait que la courbe LM soit verticale, ils vont mรชme jusquโร envisager le cas apposรฉ, oรน elle est horizontale on est alors en prรฉsence dโune trappe ร la liquiditรฉ, selon lโexpression de Keynes. Plus prรฉcisรฉment il y a tellement de liquiditรฉs disponible que les variations de la dรฉpense nโaffectent pas le taux dโintรฉrรชt.
Les objectifs de la politique monรฉtaire
ย ย ย ย ย ย ย ย La BCM veille sur la stabilitรฉ interne et externe de la monnaie. Effectivement, l’objectif final de la politique monรฉtaire est la stabilitรฉ des prix tandis que l’objectif intermรฉdiaire est la masse monรฉtaire. Ainsi, il est nรฉcessaire de contrรดler l’รฉvolution de cette derniรจre qui n’est autre que la variable la plus corrรฉlรฉe au prix. Le contrรดle de la masse monรฉtaire se fait par trimestre on veille surtout si la stabilitรฉ des prix est conforme ร l’objectif.On a alors :
Masse monรฉtaire = base monรฉtaire * multiplicateur monรฉtaire.
La politique monรฉtaire est une politique de base monรฉtaire c’est ร dire une politique de gestion basรฉe sur la gestion des taux d’intรฉrรชts. Pour rรฉaliser leurs objectifs finals, les autoritรฉs monรฉtaires se rรฉfรจrent ร des objectifs dits ยซย intermรฉdiaireย ยป. En effet, les objectifs intermรฉdiaires sont des concepts dont les variations sont censรฉes reflรฉter, gรฉnรฉralement en avance, celles de l’objectif final. Leur utilitรฉ s’apprรฉcie ร trois niveaux :
๏ฑ Ce sont principalement des donnรฉes monรฉtaires, ce qui les rend en principe mesurables et contrรดlables par les banques commerciales
๏ฑ La maรฎtrise de leur รฉvolution est censรฉe procurรฉe ou en tout cas contribuer fortement ร la maรฎtrise des รฉvolutions des objectifs finals.
๏ฑ Ils ont un caractรจre prรฉdictif, ce qui permet aux autoritรฉs monรฉtaires de rรฉagir en temps voulu pour rรฉaliser leur objectif final.
Finalement, les trois principaux objectifs de la politique budgรฉtaire et de la politique monรฉtaire sont les suivants :
– maintenir le plein emploi
– stimuler la croissance รฉconomique
– assurer la stabilitรฉ des prix
La politique monรฉtaire, le monรฉtarisme et l’รฉcole nรฉoclassique
ย ย ย ย ย ย ย La thรฉorie quantitative de la monnaie suppose la neutralitรฉ de la monnaie. A long terme, toute politique monรฉtaire non maรฎtrisรฉe a pour seule consรฉquence l’inflation, ainsi la politique monรฉtaire serait inefficace et sans effet sur le PIB et l’emploi. Puisque l’inflation est la seule consรฉquence de la croissance de l’offre de monnaie, la politique monรฉtaire doit alors รฉviter toute ยซย incohรฉrence temporelleย ยป, les gouvernants doivent annoncer une politique monรฉtaire restrictive pour lutter contre l’inflation. Par consรฉquent, les agents รฉconomiques adaptent leurs anticipations inflationnistes ร cette nouvelle politique. L’incohรฉrence enlรจve toute crรฉdibilitรฉ ร la politique monรฉtaire. Pour asseoir cette crรฉdibilitรฉ, deux moyens peuvent รชtre utilisรฉs le premier est de contraindre les autoritรฉs monรฉtaires par des rรจgles et des normes et le second est d’assurer l’indรฉpendance de la banque centrale.
Stabilitรฉ de l’รฉconomie : La politique monรฉtaire peut avoir ร court terme des effets dรฉstabilisants sur le PIB et sur l’emploi car faute d’information suffisante et adรฉquate, les agents รฉconomiques n’anticipent pas ou anticipent mal le rรฉsultat final sur l’รฉconomie d’une variation de l’offre de monnaie et d’une modification de la politique monรฉtaire. En effet, si en raison d’informations incomplรจtes, voire erronรฉes, les agents analysent mal les consรฉquences d’une politique monรฉtaire expansive, ils n’anticipent pas une augmentation de l’inflation mais une hausse du PIB et de l’emploi. Dans ces conditions, les entreprises augmentent leur production (le PIB s’รฉlรจve) et les salariรฉs accroissent leur offre de travail. La crรฉation monรฉtaire entraรฎne, quant ร elle une augmentation des prix. Dรจs qu’ils prennent conscience de l’inflation, les salariรฉs demandent des augmentations de salaire, ce qui diminue la demande de travail par les firmes et se traduit par une baisse du PIB qui retrouve son niveau antรฉrieur. Cette รฉvolution de l’รฉconomie amรจne les auteurs nรฉo-classiques, Robert Lucas12 par exemple, ร conclure ร l’inefficacitรฉ de la politique monรฉtaire puisque si le PIB augmente dans un premier temps, il diminue dans un second. La hausse de l’inflation est le rรฉsultat tangible et durable d’une politique monรฉtaire expansive. Si les agents รฉconomiques anticipent parfaitement l’inflation consรฉcutive ร une politique monรฉtaire de relance, la hausse de la demande globale qui en rรฉsulte est immรฉdiatement contrebalancรฉe par une diminution de l’offre globale, ce qui a pour consรฉquence ร une stagnation du PIB. En effet, les salariรฉs, anticipant rationnellement et parfaitement l’inflation ร venir, nรฉgocient aussitรดt des hausses de salaire nominal et, par voie de consรฉquence, les firmes diminuent leur demande de travail et leur production. Le rรฉsultat est donc, lร aussi, une inefficacitรฉ de la politique monรฉtaire. En l’absence de chocs, la crรฉation de monnaie par exemple, l’รฉconomie serait stable puisque le PIB ne bougerait pas. Plus prรฉcisรฉment, il s’agit d’une analyse ร court terme mais ร long terme, la croissance est possible car elle dรฉpend de facteurs ยซย naturelsย ยป comme la dรฉmographie, l’accumulation du capital ou le progrรจs technique. Finalement, la dรฉstabilisation du niveau gรฉnรฉral des prix est la seule consรฉquence d’une politique monรฉtaire expansive.
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Table des matiรจres
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE LA POLITIQUE MONETAIREย
Chapitre 1 : La monnaie
Section 1. La monnaie en tant que rapport social
Section 2. La crรฉation monรฉtaire
Chapitre 2 : L’รฉquilibre macroรฉconomique sur le marchรฉ de la monnaie
Section 1. L’analyse d’Irving Fisher
Section 2. L’analyse proposรฉe par l’Ecole de Cambridge
Section 3. La toute puissance de la monnaie : hypothรจse nรฉo-classique
Chapitre 3 : La monnaie et le modรจle IS-LMย
Section 1. La relation dโรฉquilibre pour les biens (la courbe IS)
Section 2. La relation dโรฉquilibre pour la monnaie ( la courbe LM)
Section 3. Lโรฉquilibre du modรจle IS-LM
Section 4. Les effets de la politique budgรฉtaire dans le modรจle IS- LM
Section 5. Les effets de la politique monรฉtaire dans le modรจle IS-LM
PARTIE II :APPROCHE PRATIQUE DE LA POLITIQUE MONETAIREย
Chapitre 1. Dรฉfinition de la politique monรฉtaireย
Section 1 : Les objectifs de la politique รฉconomique
Section 2. Les objectifs de la politique monรฉtaire
Section 3. Les agrรฉgats monรฉtaires
3.1. La crรฉation de monnaie par la Banque Centrale de Madagascar (BCM)
3.2. La crรฉation de monnaie scripturale par les banques commerciales
Section 4. Le multiplicateur de crรฉdit
Chapitre 2. Les effets รฉconomiques de la politique monรฉtaire
Section 1. La politique monรฉtaire et le keynรฉsianisme
Section 2. La politique monรฉtaire, le monรฉtarisme et l’รฉcole nรฉo-classique
Section 3. Impact de la politique monรฉtaire sur le taux de change
3.1. Principe de la paritรฉ des pouvoirs d’achats (loi du prix unique)
3.2. Effets รฉconomiques et financiers du taux de change. Leurs rรฉpercussions sur la stabilitรฉ des prix
3.3. Effet du taux de change sur le niveau des prix intรฉrieurs
Section 4. Aperรงu de la politique monรฉtaire ร Madagascar
Chapitre 3 : La relance monรฉtaire
Section 1 : Effet dโune relance monรฉtaire
Section 2. Les effets du dรฉficit extรฉrieur
Section 3. Les conditions dโefficacitรฉ de la relance monรฉtaire
3.1. Le financement du (dรฉficit) par la crรฉation monรฉtaire
3.2. Lโindรฉpendance de la Banque Centrale
3.3. La crรฉdibilitรฉ
PARTIE III : BILAN ET PERSPECTIVES DE LA POLITIQUE MONETAIRE MALGACHEย
Chapitre 1 : Financement de l’รฉconomie nationale malgacheย
Section 1. Les institutions financiรจres monรฉtaires (IFM)
Section 2. Les marchรฉs de capitaux
Section 3 : Importance des instruments de politique monรฉtaire
Chapitre 2 . Les instruments indirects de la politique monรฉtaireย
Section 1. Les opรฉrations d’open-market
Section 2. Les rรฉserves obligatoires
Section 3. Les Appels dโoffre
Section 4. La manipulation du taux directeur
Chapitre 3: Propositions de mesures de politique monรฉtaire actives
Section 1. Choix de l’instrument appropriรฉ
Section 2. Choix entre rรจgles et discrรฉtion
Section 3. Les dรฉterminants de lโefficacitรฉ de la politique monรฉtaire
3.1. Lโรฉlasticitรฉ de la demande de monnaie
3.2. La sensibilitรฉ de lโinvestissement au taux dโintรฉrรชt
3.3. La taille de la multiplicateur
Chapitre 4 : BILAN ET PERSPECTIVESย
Section 1. Nouvelle unitรฉ monรฉtaire malgache
Section 2. Abandon de l’instrument direct, adoption de l’instrument indirect
Section 3 : Engagement vers un processus de dรฉveloppement
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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