Analyse de la dynamique dunaire

L’Extrême Sud de Madagascar est relativement riche en récifs coralliens, mangroves, marais littoraux et forêts littorales. Pourtant, cette partie de l’île souffre de problèmes d’alimentation en eau, de la prolifération du « raketa mena » et des mouvements des dunes vives qui détériorent l’écosystème de la région. Pour prévenir, atténuer, arrêter et enrayer la dégradation dans l’Extrême Sud de Madagascar, un projet de « Gestion Durable des Terres (GDT ou SLM) » est mis en œuvre par WWF MWIOPO afin de satisfaire les besoins alimentaires croissants, tout en maintenant les services des écosystèmes et les moyens de subsistance dans cinq communes. La vision à long terme de ce projet consiste à contribuer à la «Gestion durable des terres et des ressources dans le sud de Madagascar pour fournir une base solide aux moyens de subsistance et à l’économie des régions arides du Sud ». Ce projet financé par le FEM (Fonds pour l’Environnement Mondial), est géré par le bureau local du PNUD et mis en œuvre par WWF MWIOPO dans le Sud de Madagascar ; les chercheurs du Département des Sciences de la Terre assurent les travaux de recherche et proposent des solutions incluant les outils d’aide à la décision.

CONTEXTE GENERAL

La commune rurale de Marolinta se situe dans la partie Sud de Madagascar , elle se trouve dans le district de Beloha (région Androy). La région Androy est limitée au Nord par les Hautes Terres méridionales Bara, au Sud par l’Océan Indien et le Canal de Mozambique, à l’Est et au Nord par la Région de l’Anosy et à l’Ouest par la Région Atsimo Andrefana. La densité de la population est faible et est de 13 habitants au km2. La majorité des habitants est Antandroy. La commune rurale de Marolinta se trouve dans une zone aride où elle est confrontée en permanence aux problèmes d’accès à l’eau potable et d’insécurité alimentaire ainsi que la forte dégradation des terres. De plus, elle fait face à l’insuffisance d’infrastructures et d’assistance sanitaire qui engendre la prolifération de certaines maladies mortelles comme le paludisme, la tuberculose, la bilharziose, les maladies gastro-intestinales ainsi que les problèmes d’accouchement (complication et accouchement prématurée) (source : Monographie des 22 régions de Madagascar, 2004).

Le taux de scolarisation de la généralité des communes de cette région reste très faible, en effet environ 64.8% des enfants n’ont jamais mis les pieds à l’école (source : Monographie des 22 régions de Madagascar, 2004). Ceci est due entre autres par le manque de moyen des parents, l’inexistence ou l’insuffisance des infrastructures scolaires publics et le respect inconditionnel des coutumes et des traditions qui se traduit par exemple par l’envoi, dès leur jeune âge, des enfants par les parents à garder les bétails dans les champs (source : Monographie des 22 régions de Madagascar, 2004). A cause des faits relatés ci-dessus, il n’est pas étonnant que plus de la moitié de la population rurale sont analphabètes. Actuellement la partie sud de Madagascar fait face au problème des Malaso entrainant un sentiment d’insécurité permanent au niveau des habitants locaux. Le problème d’insécurité interne connait aussi une envergure très inquiétante. Le port d’armes blanches est très courant dans ces localités, ce qui implique inévitablement la montée de la criminalité notamment en matière de coups et blessures.

DISCUSSIONS

Généralement, dans le secteur de Marolinta, les vastes champs dunaires dominent les parties Sud-Est (Mahabo, Ankililomaly, Lavalefo, Bongolava) et ils longent la côte en suivant une orientation Est-Ouest. Cette partie est dominée par des dunes vives à sables grossiers et roux. Cependant, la localité d’Anandria se trouve dans la partie continentale qui est formée par une vaste étendue dunaire constituée par des sables blancs à grains fins à grossiers et qui sont particulièrement très vifs. If faut aussi noter que dans la localité d’Ampalaza, les champs de dune longent la côte en partant de Fanambosa jusqu’à Falimpasy.

Origines des dunes

Facteurs naturels à l’origine des dunes

Les dunes sont en général constituées par du sable composé en majorité par des grains de quartz, mais quelque fois on y trouve aussi des débris de coquilles calcaires, des débris d’œufs d’aépyornis, des minéraux métalliques de couleur noire ainsi que d’autres minéraux comme le grenat et le feldspath. La couleur des sables est aussi l’une des caractéristiques permettant la différenciation des dunes présentes dans la zone d’étude ; on a pu distinguer un seul type de couleur : le roux. A travers ces différents caractères, voici les phénomènes naturels qui ont permis la formation et l’édification des champs de dunes dans la zone d’étude :

Altération et érosion fluviatile
L’altération est un phénomène naturel qui agit sur les roches situées en amont de la plaine littoral et les agents d’altération sont en général le vent et l’eau. Les roches mères se trouvent soit dans la partie du socle (roches cristallines), soit dans la partie sédimentaire (calcaires et grès). Une fois que ces roches sont suffisamment altérées, leurs grains et leurs fragments sont facilement démantelés puis transportés par l’eau à travers les fleuves. Ainsi, les réseaux hydrographiques tributaires du fleuve Menarandra déversent une partie des sédiments produits par l’altération et l’érosion des roches mères citées précédemment et ceci s’effectue sur une distance suffisamment longue et pendant les périodes de crue. Cependant, durant le processus d’érosion fluviatile, les fragments plus lourds sont difficilement transportés par le courant (cas des fragments rocheux) et ils ne sont transportés qu’à une faible distance, tandis que les grains plus légers sont emportés par le courant jusqu’au bas fond (cas des sables et certaines coquilles).

Lors de notre descente sur le terrain, le fleuve Menarandra était en début de période de crue. Elle forme un réseau hydrographique qui prend naissance dans les hautes montagnes et qui se termine vers l’aval par le rencontre de ce fleuve et le canal de Mozambique au niveau du delta de Menarandra. En raison de ce long trajet, au cours de son périple, ce fleuve transporte des particules de sables, des fragments rocheux ainsi que de nombreux débris de tronc d’arbres vers la mer. Ces sables sont alors d’origine continentale et c’est la raison pour laquelle ils présentent les caractéristiques suivantes : couleur roux ou jaunâtre, des grains de différente taille et abondance de minéraux provenant de l’altération des roches cristallines.

Ensuite, une partie de ces sables est érodée par le vent et forme des dunes dans la proximité du village Matsandry (3km à l’Est du village de Bevoalavo Ouest), et une autre partie est rejetée vers la mer ; puis, à cause de la différence de densité entre l’eau et les sables, la mer les rejette peu à peu au niveau des estrans et des plages. Enfin, au fur et mesure des dépôts sur les bordures, les sables prennent de l’envergure. Le climat très sec et le soufflement de vent très fort, favorisent le dessèchement des sables et leur érosion par le vent en formant progressivement des champs de dune qui migrent pas à pas vers le continent. Ces phénomènes sont observables dans tout l’ensemble des localités étudiées sauf à Anandria.

Erosion marine
Les estrans et plages présent dans la zone d’étude sont formés par des sables de couleur roux. Les études morphoscopiques, ont démontré que ces sables ont une origine continentale ; en effet, ils prennent naissance en partie, à partir des sédiments transportés durant les processus d’érosion fluviatile via le fleuve Menarandra. Ensuite, après le déversement des sédiments sableux dans la mer, cette dernière les rejette de nouveau à cause de la différence de densité, de l’alternance des vagues et de l’existence d’un plateau continental ayant une pente faible.

L’érosion marine est exprimée par les balancements des marées ; en effet, le dépôt des sables issus de l’altération et de l’érosion des roches sous-marines et côtières est contrôlé par l’énergie apportée par l’alternance des marées hautes et des marées basses et ceci se fait en fonction de la force du courant marin ainsi que l’envergure des surfaces des estrans.

De ces faits, on peut en déduire que les dunes se formant sur les côtes sont les produits d’approvisionnement en sables provenant du fleuve ainsi que de l’érosion, du transport et du dépôt des sables côtières et des roches sous-marines se trouvant dans les zones environnantes et qui ont été par la suite redéposés plus loin par la mer. Les marées ne tiennent pas une place importante dans l’évolution des dunes près de Lavalefo , les dunes d’Anandria et les dunes à l’Ouest de Tetaho à cause de ses côtes rocheuses. Le balancement des marées est barré par les côtes rocheuses donc l’action de l’érosion prend une place plus importante que l’engraissement de la plage en sable. C’est le cas des plages dans la localité de Lavalefo.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Chapitre I : CONTEXTE GENERAL
Chapitre II : METHODOLOGIE
II-1 Travaux bibliographiques
II-2 Travaux de terrain
II-2-1 Matériels
II-2-2 Moyens de déplacement
II-2-3 Délimitation des zones d’études
II-3 Travaux en laboratoire
II-3-1 Analyse granulométrique
II-3-2 Etude morphoscopique
II-4 Travaux sur bureau
II-4-1 Exploitation des données obtenues en laboratoire
II-4-2 Exploitation des images satellites
II-5 RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Chapitre III : DISCUSSIONS
III-1 Origines des dunes
III-1-1 Facteurs naturels à l’origine des dunes
III-1-2 Causes anthropiques
III-2 Relations entre les caractéristiques des dunes et les différents paramètres
III-4 Facteurs favorisant les accumulations des grains
III-5 Facteurs de déplacement
III-5-1 Relief plat
III-5-2 Taille des grains
III-5-3 Etat des grains
III-5-4 Présence d’obstacles
III-6 Impacts de la mobilité des dunes
III-7 Identification et analyse des pratiques actuelles et anciennes pour lutter contre l’érosion éolienne
III-7-1 Projet : réouverture de la baie d’Ampalaza
III-7-2 Les projets en cours
Chapitre IV : MODELISATION DE L’AVANCEMENT DES DUNES DANS LES DIX PROCHAINES ANNEES
IV-1 Méthode
IV-1-1 Collectes des données
IV-1-2 Résultats
IV-1-3 Interprétation
IV-1-4 Conclusion
IV-2 Traitement des données
V- RECOMMANDATIONS
V-1 Gestion prévisionnelle
V-2 Gestion opérationnelle
V-2-3 Fixation des dunes
CONCLUSION GENERALE

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