LE CACAOYER
Origine et Historique Le cacaoyer est originaire des forรชts tropicales dโAmรฉrique du Sud. Sa culture a commencรฉ en Amรฉrique centrale et au Mexique. (Motamayor, 2002). A lโรฉpoque prรฉcolombienne, les fรจves de cacao รฉtaient utilisรฉes par les populations autochtones Mayas et Aztรจques, dโAmรฉrique centrale et du Mexique, comme monnaie et comme ingrรฉdient pour prรฉparer une boisson amรจre, le โxocoaltโ, prisรฉe par les classes dirigeantes (Thompson, 1956). Le cacao รฉtait connu sous le nom รฉvocateur de nourriture des dieux. C’est probablement pour rappeler cette lรฉgende que Linnรฉ donna au cacaoyer cultivรฉ le nom de Theobroma cacao (du grec theos : dieux, et broma : nourriture: ยซnourriture des dieuxยป).
Classification
Rรจgne : PLANTAE
Embranchement : SPERMAPHYTA
Division : MAGNOLIOPHYTA
Classe : MAGNOLIOPSIDA
Ordre : MALVALES
Famille : MALVACEAE
Genre : Theobroma
Espรจce : Cacao L.
Le genre Theobroma comprend quelque vingt-deux espรจces, toutes originaires des forรชts tropicales humides de l’Amรฉrique รฉquatoriale et dont certaines sont exploitรฉes localement pour la confection de plats cuisinรฉs, de gelรฉes ou de boissons rafraรฎchissantes. Cependant, la seule espรจce cultivรฉe commercialement pour la production de graines destinรฉes ร la prรฉparation du chocolat est Theobroma cacao L.
Morphologie et biologie du cacaoyer Le cacaoyer (Theobroma cacao L.), espรจce diploรฏde (2n : 20), allogame facultatif selon les variรฉtรฉs, est un arbre cauliflore (qui fleurit sur ses tiges et sur ses rameaux), ร feuilles persistantes pouvantย mesurer jusquโร 8 mรจtres de haut, et mรชme 25 m lorsquโils sont en forรชt (Lachenaud et al. 1997).
Systรจmes vรฉgรฉtatifs
๏ท Tige : Sa tige principale orthotrope est droite et est constituรฉe dโun bois de couleur claire et blanchรขtre recouvert dโune รฉcorce brune, fine et lisse ; son diamรจtre est de l’ordre de 20 cm ou plus ร lโรขge adulte. ร lโรฉtat sauvage, le cacaoyer a plusieurs troncs et le diamรจtre global peut dรฉpasser 1 mรจtre.
๏ท Feuilles : elles sont de forme simple, lancรฉolรฉes ou oblongues selon les gรฉnotypes. Lโimplantation des feuilles se fait selon une phyllotaxie distique sur les axes plagiotropes et rayonnante sur lโaxe orthotrope. (Loor, 2007)
๏ท Systรจmes radiculaires : Le cacaoyer provenant de semences est constituรฉ dโune part, dโun pivot pรฉnรฉtrant dans le sol qui atteint jusqu’ร deux mรจtres de profondeur et, dโautre part dโune couronne de racines latรฉrales superficielles. La plus grande partie du systรจme radiculaire reste nรฉanmoins confinรฉe aux 50 premiers centimรจtres du sol et dans un rayon de 5 ร 6 m autour de lโarbre (Mossu, 1990).
Systรจmes reproducteurs
๏ท Les fleurs : les inflorescences sont portรฉes par le tronc (cauliflorie) ou par les branches maรฎtresses (ramiflorie). Les premiรจres floraisons apparaissent 2 ร 3 ans aprรจs la plantation. Lโarbre donne des fleurs tout le long de lโannรฉe. Les fleurs, hermaphrodites, rรฉguliรจres et pentamรจres, mesurant environ un centimรจtre sont composรฉes de cinq sรฉpales blancs et cinq pรฉtales (Figure1). (Dรฉmol, 2002)
๏ท La floraison et pollinisation naturelle : la pollinisation du cacaoyer est essentiellement entomophile. Lโanthรจse commence gรฉnรฉralement tard dans lโaprรจs-midi et est complรฉtรฉe tรดt le matin. Les grains de pollen et les stigmates sont alors immรฉdiatement fonctionnels. La viabilitรฉ des grains de pollen est de courte durรฉe et ne dรฉpasse pas 48 heures dans les conditions naturelles. Lโovaire renferme une quarantaine dโovules en moyenne. Cependant, toutes les fleurs ne donnent pas des cabosses, la plupart sรจchent et meurent.
๏ท La fรฉcondation : La germination du grain de pollen sur le stigmate, la pรฉnรฉtration dans le style du tube pollinique et son dรฉveloppement jusquโau sac embryonnaire de lโovule sโeffectuent au plus tard 24 heures aprรจs la pollinisation, les tubes polliniques pรฉnรฉtrant ร peu prรจs simultanรฉment dans tous les ovules de la fleur. La fusion des gamรจtes est complรจte trois jours aprรจs la pollinisation. On observe cependant chez le cacaoyer de nombreuses incompatibilitรฉs qui se traduisent par une chute de la fleur consรฉcutive ร une absence de fรฉcondation. Un cacaoyer produit annuellement plusieurs milliers de fleurs et rรฉgule naturellement sa production (Loor, 2007)
๏ท Les fruits : Le fruit du cacaoyer appelรฉ cabosse est une sorte de baie allongรฉe prรฉsentant une grande diversitรฉ de couleurs, formes, textures et tailles, qui dรฉpendent de lโorigine gรฉnรฉtique de lโarbre et de lโรฉtat de mรปrissement du fruit. Les cabosses se dรฉveloppent ร la fois le long de la tige principale de lโarbre et sur sa voรปte. Selon les variรฉtรฉs, la maturitรฉ est atteinte quatre ร sept mois aprรจs la floraison. La cabosse est considรฉrรฉe comme mรปre lorsque sa couleur vire au jaune ou ร lโorange : les cabosses vertes deviennent jaunes, les rouges รฉvoluent vers lโorange (Barel, 2013). Le cacaoyer peut rester productif durant plusieurs dรฉcennies mais le plein rendement se situe entre 7 et 10 ans. Chaque cabosse est protรฉgรฉe par une enveloppe extรฉrieure dure et รฉpaisse (le cortex) et contient des graines rรฉparties dans cinq sillons longitudinaux. (Figure 2)
๏ท Les graines : Le cacaoyer produit une graine sans albumen sous forme dโamande plus ou moins dodue. Chaque graine est recouverte dโun tรฉgument qui secrรจte, ร maturitรฉ, une pulpe molle, blanchรขtre, sucrรฉe, lรฉgรจrement acidulรฉe, appelรฉ mucilage. La coloration intรฉrieure de la graine varie du violet clair ร foncรฉ, voire blanc selon les variรฉtรฉs. La fรจve de cacao est une graine qui a subi les opรฉrations de fermentation et de sรฉchage. Une mรชme cabosse peut contenir ร la fois des fรจves ร cotylรฉdons blancs et violets en fonction du pollen qui a fรฉcondรฉ la fleur. La quasi-totalitรฉ du volume de la fรจve est occupรฉe par deux cotylรฉdons rรฉunis ร leur base par lโembryon de la plante (radicelle et gemmule).
Ecologie Le climat, considรฉrรฉ comme l’ensemble des phรฉnomรจnes mรฉtรฉorologiques et des conditions ambiantes, intervient directement sur la morphologie, la croissance, la fructification et, d’une faรงon gรฉnรฉrale, sur la vie du cacaoyer.
La tempรฉrature Le cacaoyer exige une tempรฉrature relativement รฉlevรฉe, avec une moyenne annuelle situรฉe entre 30- 32ยฐ C au maximum et 18-21ยฐ c au minimum. La moyenne mensuelle des minima quotidiens doit en tout cas รชtre supรฉrieure ร 15ยฐ C et le minimum absolu est de lโordre de 10ยฐ C.
La pluviositรฉ Les pluies doivent รชtre abondantes mais surtout bien rรฉparties tout au long de l’annรฉe. Une pluviositรฉ de 1 500 ร 2 000 mm par an est gรฉnรฉralement considรฉrรฉe comme la plus favorable.
L’humiditรฉ atmosphรฉrique Une atmosphรจre chaude et humide est indispensable au cacaoyer. L’humiditรฉ relative est gรฉnรฉralement รฉlevรฉe dans les rรฉgions productrices de cacao : souvent ร 100 % la nuit, elle descend vers 70-80 % le jour, parfois moins en saison sรจche pendant laquelle la frondaison des arbres prรฉsente un aspect caractรฉristique oรน toutes les feuilles sont pendantes.
L’ombrage Un ombrage dรฉfinitif doit รชtre progressivement amรฉnagรฉ pour laisser passer au maximum 75 % de la lumiรจre totale. A lโรขge adulte, les cacaoyers forment eux-mรชmes un couvert rรฉgulier.
Le sol Le cacaoyer peut se dรฉvelopper sur des sols trรจs variรฉs mais sous des conditions climatiques convenables. Les sols profonds et riches se rรฉvรจlent nettement favorables au dรฉveloppement et ร la production de l’arbre. La profondeur du sol doit รชtre au minimum de 1,5 m.
Les variรฉtรฉs de cacaoyer Morris (1882) et Cheesman (1944), en se basant sur la grande variabilitรฉ des couleurs, de la dimension des cabosses, des formes des fleurs et des fruits ou des graines ont proposรฉ une classification en trois groupes morpho-gรฉographiques des cacaoyers traditionnellement cultivรฉs dans le monde : Criollo, Forastero et Trinitario.
– Criollo : Le groupe Criollo signifiant โIndigรจneโ existe sous forme de plusieurs cultivars dรฉnommรฉs Criollo du Mexique, Criollo de Nicaragua, Criollo de Colombie, Criollo de Venezuela, etc…. Ces cultivars sont les reprรฉsentants de la variรฉtรฉ originelle. Les Criollo sont rรฉputรฉs pour leur finesse et leurs arรดmes exceptionnels. Ils ne fournissent toutefois que 1 ร 3% de la production mondiale ร cause de leur sensibilitรฉ aux maladies et aux insectes. En rรจgle gรฉnรฉrale, les Criollo se distinguent des autres variรฉtรฉs par la coloration rose pรขle de leurs staminodes. Leurs cabosses communรฉment lisses sont de forme allongรฉe avec une pointe ร leur extrรฉmitรฉ distale. Les sillons sont profondรฉment marquรฉs sur les cabosses. Le pรฉricarpe est naturellement verruqueux et le mรฉsocarpe trรจs peu lignifiรฉ facilite la coupe du cortex. Les graines ont une section presque ronde avec un cotylรฉdon frais de couleur blanche ou trรจs lรฉgรจrement pigmentรฉ. (Oro, 2011) (Figure 3)
– Forastero : signifiant โรฉtrangerโ, est le plus diversifiรฉ des Theobroma Cacao. Les Forastero sont des cultivars plus rรฉsistants et plus productifs que les Criollo. Ils produisent 75 ร 80% des cacaos marchands mondiaux mais dont la qualitรฉ est ordinaire, avec des arรดmes peu prononcรฉs et une amertume forte. (Wood et Lass, 2001) Les Forastero se distinguent des autres variรฉtรฉs par (i) la pigmentation violacรฉe de leurs staminodes, (ii) par des cabosses avec un pรฉricarpe รฉpais, (iii) un mรฉsocarpe lignifiรฉ rendant difficile leur coupe. Leurs graines ร cotylรฉdons naturellement pourpre foncรฉ sont par ailleurs aplaties (Figure 3).
– Trinitario : (provenant de lโรฎle de Trinidad) Ce sont des populations hybrides de cacaoyers, dรฉrivant de croisements entre Criollo et Forastero. Les fruits quโils produisent prรฉsentent toute une gamme de caractรฉristiques intermรฉdiaires entre les deux parents. (Wood et Lass, 2001). Cette hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ se manifeste notamment sur la forme, le poids, la couleur et la texture des cabosses et des fรจves (Figure 3). Les Trinitario, plus rรฉsistants aux maladies que les Criollo, peuvent gรฉnรฉrer un cacao fin ร teneur รฉlevรฉe en matiรจres grasses.
Diffรฉrences morphologiques entre cultivars de cacaoyers Des cultivars ont รฉtรฉ dรฉfinis par les scientifiques au sein de ces principales variรฉtรฉs en se basant sur dโautres caractรฉristiques distinctives de la cabosse :
– Constriction basale : lโextrรฉmitรฉ basale (du cรดtรฉ du pรฉdoncule) de la cabosse peut, selon les cultivars, prรฉsenter ou non un รฉtranglement plus ou moins prononcรฉ, couramment appelรฉ ยซ goulot de bouteille ยป (ou ยซ bottleneck ยป en Anglais).
– Forme de lโapex de la cabosse : lโapex peut รชtre pointue, arrondie, voire convexe (trรจs rare). (Figure 4)
La forme gรฉnรฉrale des cabosses : La forme des cabosses a depuis longtemps servi de critรจre pour diffรฉrencier les cultivars dans les populations de cacaoyers. (cf.Annexe1) Les cabosses des cacaoyers peuvent se prรฉsenter sous diverses formes : sphรฉrique pour les ยซ Calabacillo ยป, allongรฉe et pointue pour les ยซCundeamorยป ou les ยซAngolettaยป, ovale pour les ยซAmelonadoยป (Figure 5). Les formes intermรฉdiaires peuvent toutefois exister. Selon les spรฉcialistes,
– Les Angoleta sont constituรฉs par des cultivars ร cabosses allongรฉes, verruqueuses, profondรฉment sillonnรฉes, de diamรจtre infรฉrieur ร 50% de sa longueur, et ayant une extrรฉmitรฉ basale aplatie dรฉpourvue dโรฉtranglement.
– Les Cundeamor sont des cultivars similaires aux Angoleta mais dont les cabosses sont caractรฉrisรฉes par un apex pointu bien marquรฉ et par la prรฉsence de ยซ bottleneck ยป.
– Les Amelonado sont des cultivars caractรฉrisรฉs par des cabosses pratiquement lisses, rarement verruqueuses de forme ovoรฏde ayant un diamรจtre supรฉrieur ร 50% de leur longueur avec des sillons peu profond prรฉsentant gรฉnรฉralement un ยซ bottleneck ยป.
– Les Calabacillo sont constituรฉs par un groupe de cultivars ร petites cabosses lisses plus ou moins rondes avec des sillons superficiels. Pour les Calabacillo, le diamรจtre de la cabosse est entre 60 et 75% de sa longueur. (Soria, 1970)
– Les Guyanaises sont caractรฉrisรฉes par des cabosses plus ou moins allongรฉes, arrondies ร la base avec des rides rรฉguliรจres, un apex obtus et un rapport longueur/diamรจtre voisin de 2. (Lachenaud et al., 1997)
NB : les Angoleta et Cundeamor, caractรฉrisรฉs par des cabosses allongรฉes, sont des cultivars Criollo ; tandis que les Amelonado et Calabacillo sont reprรฉsentatifs des Forastero. Toutes ces formes de cabosse se rencontrent par contre chez les hybrides Trinitario. (Soria, 1970).
Incompatibilitรฉ de fรฉcondation chez les cacaoyers Des cas d’incompatibilitรฉ peuvent s’exprimer provoquant le flรฉtrissement des fruits tardivement, jusqu’ร deux semaines aprรจs la pollinisation. L’incompatibilitรฉ observรฉe chez le cacaoyer prรฉsente des caractรฉristiques peu courantes dans le monde vรฉgรฉtal. En effet, alors que chez la plupart des espรจces l’incompatibilitรฉ se manifeste au niveau du style de la fleur par un blocage de la germination du grain de pollen, chez le cacaoyer, la rรฉaction d’incompatibilitรฉ n’intervient que tardivement ร la fois au niveau de l’ovaire et au niveau des fรฉcondations elles-mรชmes (Lanaud, 1987). Il existe des gรฉnotypes auto-fertiles ou auto-stรฉriles. Les variรฉtรฉs traditionnellement cultivรฉes telles que le Criollo, le Nacional et les cultivars Forastero BasAmazoniens, et en particulier les Amelonado, sont normalement auto et inter-fertiles. Les cultivars Forastero Haut-Amazoniens sont gรฉnรฉralement auto-stรฉriles, mais presque toujours inter-fertiles. Les Trinitario comprennent une grande proportion de cultivars auto-stรฉriles qui, ร la diffรฉrence des Haut-Amazoniens, n’acceptent souvent que du pollen d’arbres auto-fertiles pour donner des fruits. (Mossu, 1990)
La filiรจre Cacao ร Madagascar
1. Historique du matรฉriel vรฉgรฉtal ร Madagascar : Les premiers cacaoyers, des Criollo, ont รฉtรฉ introduits ร Madagascar vers 1880. 10 ร 15 ans plus tard, ont รฉtรฉ introduits les Forastero dits ยซ Tamatave ยป. La premiรจre plantation importante de cacaoyers date de 1922 chez Millot ร Sambirano. Plus de 75% des arbres plantรฉs appartiennent ร la variรฉtรฉ Forastero. Lโinstitut Franรงais du Cafรฉ et du Cacao (IFCC), un organisme de recherche basรฉ ร Ambanja, avait orientรฉ 90% de ses activitรฉs sur les travaux de croisement entre les groupes de Forastero et Criollo pour obtenir des groupes de Trinitario ร Madagascar. Actuellement, Madagascar dispose les trois variรฉtรฉs de cacaoyer. (Coraud, 1966)
2. Origine et historique de la plantation de cacaoyers Millot : Lucien Millot, natif de Nantua (ville du centre-est de la France), sโinstalle ร Madagascar en 1901 et crรฉe en 1904 ร Andzavibe la plantation qui porte toujours son nom. Lร oรน jadis croissaient des manguiers, il planta ses premiers cafรฉiers et des arbres ร coprah, la vanille et distilla aussi la citronnelle et lโylang-ylang. En 1915, monsieur Millot se lance dans le caoutchouc et plante des hรฉvรฉas. Il a รฉtendu sa plantation en 1920 par des cultivars de cacaoyer, livrรฉs par le jardin botanique de Buitenzorg (dรฉsormais Bogor), รฎle de Java en Indonรฉsie et enrichie par la suite par du matรฉriel vรฉgรฉtal venant du Brรฉsil et dโAfrique. Apparemment, les vieux arbres existant dans les parcelles actuelles sont des arbres de la premiรจre plantation. (www.cananga.fr ยซ Pierre-Brice Lebrun, 2011 ยป) Les cacaoyers plantรฉs au dรฉbut รฉtaient des Forastero mais les successeurs de Monsieur Millot ont dรป renouvelรฉs la plantation par des hybrides Trinitario. Des remplacements, des recรฉpages de vieux arbres et des pieds non productifs et des extensions de plantation ont รฉtรฉ effectuรฉs au rythme de 20 Ha par an de 2001 ร 2013 ร partir de semis issus dโarbre-mรจres jugรฉs intรฉressants (vigoureux, productifs, sains, et ร cabosse allongรฉs de type Trinitario) par la sociรฉtรฉ elle-mรชme. Lโutilisation de semis a รฉtรฉ dictรฉe par lโincompรฉtence des pรฉpiniรฉristes de la sociรฉtรฉ sur la multiplication vรฉgรฉtative des cacaoyers. (Bruno DUNOYER, Communication personnelle) Quatre-vingt-quinze pourcent des cacaos produits ร Madagascar proviennent de la rรฉgion de Diana, notamment du district dโAmbanja. Avec environ 20 000 hectares, le verger cacaoyer malgache est l’un des plus petits des pays producteurs de cacao (4000 ร 6000T/ an, environ 0,12% de la production mondiale). (cf.Annexe 2) Cette production est assurรฉe majoritairement par les paysans locaux et les grandes entreprises dโAmbanja (Bousquet, 2013). Selon Bousquet (2013), le cacao marchand de cette zone est classรฉ en deux qualitรฉs : (i) du cacao de qualitรฉ moindre, dit ยซ standard ยป et (ii) le cacao ยซ supรฉrieur ยป. Les cacaos ยซ standards ยป sont ceux provenant des producteurs individuels et des collecteurs indรฉpendants et les cacaos ยซ supรฉrieurs ยป sont majoritairement des cacaos des sociรฉtรฉs exportatrices des fรจves marchandes ou des groupements des paysans qui ont des produits certifiรฉs bio. Nombreux sont les acteurs de la filiรจre cacao dans le district dโAmbanja. La filiรจre dite classique du producteur de cacao ร la sociรฉtรฉ export comprend beaucoup dโintermรฉdiaires. Le cacao est vendu par les producteurs ร des petits, moyens ou grands collecteurs ร lโรฉtat frais ou aprรจs sรฉchage. Deux filiรจres annexes, les groupements de producteurs (ou les coopรฉratives) et certaines sociรฉtรฉs, produisent le cacao et nรฉgocient directement avec les sociรฉtรฉs exports ou exportent directement. Le plus souvent les producteurs vendent le cacao frais ou fermentรฉ non triรฉ et insuffisamment sรฉchรฉ. Le sous collecteur aide le petit collecteur ร rassembler le cacao fermentรฉ non triรฉ, sรฉchรฉ briรจvement. Le grand collecteur achรจte en frais et effectue la fermentation et le sรฉchage ou bien en sec et effectue la fin du sรฉchage, le triage et le conditionnement. Au niveau des paysans, le prix de fรจves fraรฎches varie de 1500 Ar ร 2500 Ar/Kg et celui des cacaos secs varie de 4000 Ar ร 6000 Ar/Kg. Des centaines de collecteurs indรฉpendants (petit, moyen ou grand) sur la zone participent ร la filiรจre cacao. Aussi de nombreuses sociรฉtรฉs privรฉes et une sociรฉtรฉ publique travaillent dans la filiรจre post rรฉcolte du cacao. Il existe actuellement une vingtaine de grandes sociรฉtรฉs et รฉtablissements travaillant dans la filiรจre cacao dans la zone du Sambirano. La rรฉcolte sโeffectue toute lโannรฉe, avec des pics pour les mois de juin-juillet et octobre-novembre (grand pic). Les traitements post-rรฉcoltes sont effectuรฉs par les grandes sociรฉtรฉs exportatrices et moindre รฉchelle par les paysans. Le cacao marchand est majoritairement dรฉdiรฉ ร lโexport. Quelques rares entreprises implantรฉes ร Madagascar transforment les fรจves de cacao. Cโest le cas de la Sociรฉtรฉ dโExploitation de Cacao de Madagascar (SECAMAD) qui est implantรฉe ร Diรฉgo Suarez et produit de la masse de cacao. Et cโest aussi le cas de la chocolaterie ROBERT et de la sociรฉtรฉ CINAGRA (Compagnie Industriel Agro-Alimentaire), deux sociรฉtรฉs malgaches produisant du chocolat principalement destinรฉe au marchรฉ local. Les principaux pays exportateurs des cacaos malgaches sont les Pays bas, la France, lโAllemagne, la Turquie et lโEspagne. Actuellement, de nombreux acteurs incluant collecteurs et organisations paysannes coopรจrent pour lโamรฉlioration de la filiรจre ร Ambanja. La plupart des organismes de la zone ลuvrent pour accรฉder aux produits certifiรฉs BIO par Ecocert. Le cacao malgache, classรฉ parmi les meilleurs du monde, a rรฉcemment obtenu le label ยซcacao finยป de lโInternational CoCoa Organization (ICCO). Le prix dโun kilogramme de cacao marchand malgache est dโenviron 2,20 euros.
La Classification Ascendante Hiรฉrarchique (CAH)
ย ย ย ย ย ย ย ย ย La CAH conduit ร lโรฉtablissement dโun dendrogramme, sur lequel des groupes dโindividus sont localisรฉs selon leur similitude (Lebart et al., 1977). Les coordonnรฉes des individus ร partir des ACP ont servi de variables pour la CAH selon la mรฉthode DISQUAL (Saporta, 2006). La distance euclidienne et le critรจre dโagrรฉgation selon la mรฉthode de Ward ont รฉtรฉ utilisรฉs.
AFD dรฉrivant de la forme des cabosses
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Les cacaoyers de la plantation de Millot se rรฉpartissent en quatre groupes phรฉnotypiques selon la forme de la cabosse : Amelonado et Calabacillo (type Forastero), Angoleta et Cundeamor (type Criollo). Une AFD tenant en compte de ces classements ร priori a รฉtรฉ effectuรฉe afin de vรฉrifier si ces phรฉnotypes permettent de prรฉdire les caractรฉristiques des cacaos produits. Les coordonnรฉes des individus de lโACP ont servi de variables explicatives pour cette analyse. La figure 12 ci-dessous reprรฉsente la distribution des individus selon leur phรฉnotype suivant les caractรจres analysรฉs. Les individus sont reprรฉsentรฉs dans lโespace formรฉs par F1, F2 et F3. Lโaxe F1 expliquant la forme et la production en fรจves normales de cabosses porte le maximum dโinertie (97,08%). Ce graphe prรฉsente une grande diffรฉrence entre les cabosses de forme Calabacillo (arrondie) et Amรฉlonado (ovoรฏde) aux nombres de fรจves normales par cabosse importants et un PFC รฉlevรฉ (F1 positive), contre les Angoleta et Cundeamor (allongรฉes) ร faible production en gรฉnรฉral. Les Angoleta prรฉsentent quand mรชme des essentiels critรจres de production (une partie F1 positive). Dans cette population, ce sont les cacaoyers avec des cabosses Calabacillo qui ont le nombre de fรจve par cabosse le plus รฉlevรฉ opposรฉs diamรฉtralement des Cundeamor. En outre, lโaxe F2 sรฉpare les individus sous toutes les formes de cabosses en deux parties. Toutes les formes de cabosses peuvent รชtre donc remplies ou ร un taux faible de fรจves plates.
๏ง Dโaprรจs lโAFD, 110 Amelonado sur les 124 classรฉs ร priori sont bien classรฉs. Les Amelonado sont des cacaoyers ร cabosses lisses et ovoรฏdes caractรฉrisรฉes par un ยซ goulot de bouteille ยป ร lโextrรฉmitรฉ basale. Cependant, 13 des Amelonado sont reclassรฉs en Angoleta selon les caractรฉristiques analysรฉes. Ceci est dรป au fait que ces individus ont la forme allongรฉe des Angoleta tout en gardant la forme ยซ goulot de bouteille ยป. Par ailleurs, lโAFD a rangรฉ un autre individu ร cabosse presque arrondie et prรฉsentant un petit รฉtranglement ร lโextrรฉmitรฉ, dans le groupe des Calabacillo.
๏ง Pour le groupe Angoleta (cabosses verruqueuses, profondรฉment sillonnรฉes et ayant une extrรฉmitรฉ basale sous forme rectiligne), 95,5% des 133 individus sont bien classรฉs. Quatre Angoleta sont par contre reclassรฉs Amelonado par lโAFD, du fait de leurs caractรฉristiques particuliรจres (cabosses sont lisse ร forte production). Deux cacaoyers produisant des cabosses verruqueuses, marquรฉs par lโรฉtranglement typique des Cundeamor sont par ailleurs regroupรฉs parmi les variรฉtรฉs Cundeamor.
๏ง Concernant les Cundeamor, lโappartenance de 53 parmi les 60 individus dans ce groupe est confirmรฉe. Les sept autres, malgrรฉ lโรฉtranglement typique des Cundeamor sont versรฉs dans le groupe Angoleta parce quโils produisent des cabosses verruqueuses plus ou moins rectangulaires.
๏ง Un des trois Calabacillo ร cabosses presque arrondies et prรฉsentant la forme ยซ goulot de bouteille est reclassรฉ Amelonado
PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS
ย ย ย ย ย ย ย La sociรฉtรฉ Millot S.A. a rรฉalisรฉ un grand exploit sur le rajeunissement et le renouvellement des anciennes plantations. Malgrรฉ tout, des vieux arbres non productifs existent toujours dans ses parcelles. Les arbres dโombrage รขgรฉs sont devenus trop denses avec des grosses racines traรงantes en compรฉtition avec les cacaoyers. Pour y remรฉdier, une taille รฉclaircissante devrait amรฉliorer la productivitรฉ des cacaoyers, quoique les รฉtudes effectuรฉes par Lavabre (1959) stipulent que les cacaoyers se dรฉveloppent et fructifient convenablement sous ombrage dense, sans concurrence apparente. Le remplacement des vieux cacaoyers par des hybrides de type Criollo ร haut rendement est indispensable pour une meilleure production quantitative et qualitative. Le renouvellement devraitย รชtre planifiรฉ en commenรงant par les parcelles les moins productives (cf. Annexe 11). Ces remplacements, toutefois, doivent tenir compte de lโallogamie et de la pollinisation entomophile des cacaoyers (Tissot, 1939). A court terme, connaissant les arbres-mรจres Trinitario productifs utilisรฉs pour les remplacements et les nouvelles plantations antรฉrieurs, la sociรฉtรฉ devrait รชtre en mesure de sรฉlectionner ceux qui ont engendrรฉ les meilleures descendances. Les nouvelles plantations issues de semis devraient provenir uniquement de ces arbres-mรจres sรฉlectionnรฉs. A moyen terme, lโapplication des diffรฉrentes techniques de multiplication vรฉgรฉtative (bouturage, greffage, culture in-vitro) est lโidรฉal pour disposer de vergers constituรฉs uniquement par des clones รฉlites de haute qualitรฉ. Il est รฉvidemment indispensable dโintรฉgrer les paysans dans ce programme dโinnovation, รฉtant donnรฉ quโils sont actuellement visiblement motivรฉs pour la relance de la filiรจre. Il est ร noter que Millot S.A. arrive ร vendre 15 000 plantules par an (Bruno Dunoyer, Communication personnelle). La mise en collection vivante des arbres exceptionnels (productifs et/ou ร trรจs haut pourcentage dโamendes blanches) aux fins de leur conservation durable est un devoir pour toutes les parties prenantes de la filiรจre. Lโintroduction de nouveaux matรฉriels vรฉgรฉtaux intรฉressants (Criollo pur de Venezuela) pourrait se faire ร partir de convention bilatรฉrale entre organismes ou pays. Le FOFIFA, en tant quโorganisme รฉtatique dรฉtenteur de la grande majoritรฉ des ressources phytogรฉnรฉtiques agricoles, est le partenaire idรฉal pour jouer le rรดle de conservateur.
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Table des matiรจres
REMERCIEMENTS
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Rรฉsumรฉ
Abstract
INTRODUCTION
PARTIE I : GENERALITES
1. LE CACAOYER
1.1. Origine et Historique
1.2. Classification
1.3. Morphologie et biologie du cacaoyer
1.4. Ecologie
1.5. Les variรฉtรฉs de cacaoyer
1.6. Diffรฉrences morphologiques entre cultivars de cacaoyers
1.7. Incompatibilitรฉ de fรฉcondation chez les cacaoyers
1.8. La filiรจre Cacao ร Madagascar
2. TRAITEMENT POST RECOLTE
2.1. Ecabossage
2.2. Fermentation
2.3. Sรฉchage
2.4. Stockage
PARTIE II : MATERIELS ET METHODES
1. PRESENTATION DE LA ZONE DโETUDE
1.1. Localisation gรฉographique
1.2. Milieu physique
2. METHODOLOGIE
2.1. Repรฉrage et mis en place du matรฉriel vรฉgรฉtal
2.2. Rรฉcolte
2.3. Post rรฉcolte
2.4. Analyse statistique
PARTIE III : SYNTHESE DES RESULTATS
1. LโAnalyse en Composante Principale ou ACP
2. La Classification Ascendante Hiรฉrarchique ou CAH
3. LโAnalyse de la variance ou ANOVA
4. Lโ Analyse Factorielle Discriminante post CAH
5. AFD dรฉrivant de la forme des cabosses
PARTIE IV : DISCUSSIONS
PARTIE V : PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES
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