ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DE L’ETAT A LA REDUCTION DU CHOMAGE

Vision Keynésienne

         De l’autre côté, les économistes keynésiens remettent en cause l’existence d’un marché du travail. Ils considèrent qu’une baisse des salaires a pour conséquence mécanique : une baisse de la demande, donc diminution des besoins de production et, au final, baisse de la demande de travail. Pour eux, il n’existe pas de mécanisme de régulation du marché du travail et on ne peut donc pas parler de marché du travail au sens strict du terme. Contrairement à la théorie dominante, ce n’est pas la demande émanant des agents économiques qui constitue le moteur de la vie économique mais l’offre des entreprises qui est une anticipation des futures demandes des agents économiques. En bref, pour Keynes, Le chômage résulte de la différence entre le niveau de l’emploi et l’effectif de la population effective et peut donc être involontaire ; Il n’y a que peu de chance, en l’absence d’intervention de l’Etat que le volume de la production correspond justement à celui qui assure le plein emploi, une situation d’équilibre de sous-emploi est donc possible il n’y a pas de marché du travail.

Notion de l’emploi et du travail

                 Le terme « emploi » désigne tout travail, quel qu’en soit le statut juridique (salarié en contrat à durée déterminée ou indéterminée ; à temps plein ou partiel ; saisonnier ou intérimaire ; indépendant…) donnant droit à une rémunération monétaire (salaire, honoraires, prime, intéressement…) déclarée. Il nous importe surtout de consigner que cette définition met à l’exception les travails au noir. Autrement dit, l’emploi est une activité professionnelle rémunérée. A noter que nous ne devons pas confondre le terme emploi avec celui du travail. Le « travail » peut être défini comme toute activité productive, même non rémunérée. Ainsi, tout emploi est un travail, mais tout travail ne correspond pas forcément à un emploi. En titre d’exemple, on peut prendre le cas du bénévolat et du travail domestique. Ici, le bénévolat étant une activité non rémunérée, donc il ne s’agit pas d’emploi, contrairement au travail domestique.

Le chômage structurel, chômage d’équilibre et appariement

                     Afin d’appréhender la notion de taux de chômage structurel, on fait souvent référence à Milton Friedman, père de l’économie monétariste. On rapproche parfois ce taux de la notion de taux naturel de chômage que Friedman définit de la façon suivant : « Le taux naturel de chômage est le taux qui découlerait des équations d’équilibre général, si y étaient intégrées les caractéristiques structurelles des marchés des biens et du marché du travail, y compris les imperfections de marché, la variabilité aléatoire des offres et demandes, le cout de collecte de l’information sur les emplois vacants, les couts de la mobilité. » Dans cette optique, le chômage structurel est incompressible et lié à l’imperfection des marchés. Il relève essentiellement de considérations structurelles. Or, le chômage augmente fortement après les chocs pétroliers. Les salaires continuent à progresser tandis que la productivité globale des facteurs marque le pas. L’emploi semble buter sur le problème de rentabilité des entreprises, et les salaires paraissent ne pas réagir à l’accroissement du chômage. L’économie du travail va alors connaitre un renouvellement important avec un ensemble de théories cherchant à comprendre les causes de la rigidité des salaires réels (Perrot, 1991). Les théories insiders-outsiders, liées au comportement des syndicats, ainsi que les salaires d’efficience, dans lesquelles le salaire est un instrument de la gestion de la main-d’œuvre par les employeurs, apportent des explications à cette rigidité. Ces théories soulignent notamment que le marché du travail est loin de fonctionner selon les principes de la concurrence parfaite. Layard, Nickell et Jackman (1991) étendent l’analyse en considérant qu’il peut y avoir concurrence imparfaite à la fois sur le marché des biens et sur le marché du travail. Leur modélisation d’un chômage « d’équilibre » découle du mode de fixation des prix par les entreprises et du comportement des salariés par rapport à leur rémunération. Le modèle WSPS (wage setting-price setting) offre une analyse pertinente des causes structurelles du chômage. Dans ce type d’approche, le taux de salaire réel ne résulte plus de la simple confrontation de l’offre et de la demande de travail. La courbe WS représente la relation entre le taux de salaire réel, dont les mécanismes de formation sont bien plus complexes que ceux habituellement considérés dans le modèle conjoncturel, et le niveau de chômage. Malgré l’existence de chômage, les salaires sont rigides à la baisse. Plusieurs explications peuvent être avancées. D’abord, les syndicats : si la rémunération des travailleurs est négociée entre les partenaires sociaux, le salaire est alors rigide, ce dernier ne résultant plus d’une confrontation entre l’offre et la demande de travail. Puis, le salaire d’efficience : il peut être dans l’intérêt de l’employeur de fixer un salaire élevé, qui accroit le cout salarial, mais augmente simultanément le rendement du travailleur. L’influence du taux de chômage sur le taux de salaire réel est représentée par la courbe WS (voir graphique). Le comportement des entreprises est représenté par une relation croissante entre le taux de salaire réel et le taux de chômage (courbe PS pour price setting) qui reflète l’influence du chômage sur les prix pratiqués par les entreprises. L’intersection de ces deux courbes détermine le taux de chômage d’équilibre, c’est-à-dire le taux de chômage vers lequel l’économie tend à revenir et qui dépend de la structure du marché du travail et de celle du marché des produits. Ces modèles montrent que, en prenant en compte le mécanisme de formation des salaires et la demande des employeurs, on obtient un équilibre caractérisé par un taux de salaire supérieur au taux résultant d’un régime de concurrence et par un chômage persistant. La présence du chômage ne réduit pas les salaires, car ces derniers sont rigides à la baisse (présence de syndicats, salaire d’efficience, etc.). Ces modèles montrent également qu’un accroissement des allocations chômage déplace la courbe des revendications salariales vers le haut (passage de la courbe WS à la courbe WS’ sur le graphique) et accroit le taux de chômage d’équilibre. D’une façon plus générale, les institutions du marché du travail, telles que le salaire minimal, les allocations chômage, les syndicats, sont susceptibles de changer le taux de chômage d’équilibre en modifiant le pouvoir des négociations des salariés. La structure de la concurrence sur le marché des produits influence également le chômage de long terme en modifiant les prix pratiqués par les entreprises. Dans le modèle WS-PS, seules des modifications des éléments structurels du marché du travail ou du marché de biens peuvent faire baisser la partie du chômage non liée à la conjoncture. D’autres éléments sont susceptibles d’influencer le chômage d’équilibre, comme la qualité de la rencontre entre chômeurs et emplois vacants. Cet élément, non pris en compte dans le modèle WS-PS, est privilégié par les travaux de Diamond, Mortensen et Pissarides, et intégré dans un modèle macroéconomique appelé par la suite modèle DMP. La coexistence de personnes au chômage et d’emplois vacants avait été mise en évidence dès 1944 par Beveridge. La courbe de Beveridge établit un lien entre le taux de chômage et le taux d’emplois vacants (voir graphique). Elle est décroissante dans la mesure où il est plus aisé de pourvoir un emploi vacant lorsque le nombre de chômeurs est élevé. Ainsi, un déplacement sur la courbe traduit une évolution de l’activité économique tandis qu’un déplacement de la courbe indique une amélioration ou une détérioration du mécanisme d’appariement. Un déplacement de la courbe vers la droite pourrait indiquer a priori que le mécanisme d’appariement s’est détérioré : pour un même nombre de chômeurs, il existe davantage d’emplois vacants et inversement, pour un nombre donné d’emplois vacants, il y a plus de chômeurs.

Politiques passives

               Leurs premiers objectifs consistent en un maintien et soutien du revenu en cas d’absence d’emploi, ils accompagnent socialement le chômage en l’indemnisant : les allocations chômage. Leur second objectif consiste à réduire l’offre de travail par le biais des préretraites, l’encouragement des femmes à rester au foyer ou des immigrés à quitter leur pays d’accueil. Le principe de ces politiques passives est simple : faire sortir de l’activité certaines personnes pour « faire de la place » à d’autres et notamment aux nouvelles générations entrant sur un marché du travail. Parmi ces mesures qui tendent à inciter certaines catégories de la population à se retirer de la population active, certaines concerne les jeunes (prolongation de la formation initiale), d’autres concernent les travailleurs âgés(les préretraités), d’autres touchent les femmes (incitation financière pour les femmes au foyer ou les travailleurs étrangers).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Première partie : FONDEMENT THEORIQUE SUR L’EMPLOI ET LE CHOMAGE
Chapitre1 : REVUE DE LA LITTERATURE
Section1 : Analyse conceptuelle du marché de travail
Section2 : Définitions et concept du chômage
Section3 : Notion de la politique de l’emploi
Chapitre2 : APPROCHE THEORIQUE SUR LA POLITIQUE DE L’EMPLOI
Section1 : Le courant des libéraux
Section2 : Théorie Keynésienne
Section3 : Modèle dualiste de Lewis
Conclusion de la première partie
Deuxième partie : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA CONTRIBUTION DE L’ETAT A LA REDUCTION DU CHOMAGE A MADAGASCAR
Chapitre3 : SITUATION MACROECONOMIQUE DE MADAGASCAR
Section1 : Situation sociodémographique
Section2 : Situation économique de la population malgache
Section3 : Caractéristiques de l’emploi et du chômage à Madagascar
Chapitre4 : ANALYSE DE LA POLITIQUE DES POUVOIRS PUBLICS EN MATIERE DE L’EMPLOI A MADAGASCAR
Section1 : Les programmes de lutte contre le chômage à Madagascar
Section2 : Analyse critique de l’efficacité de la politique de l’emploi
Section3 : Discussion
Conclusion de la deuxième partie
CONCLUSION GENERALE

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