Analyse de la chaine de valeur des oeufs de consommation

Analyse de la chaine de valeur des oeufs de consommation

Revue de littérature sur l’application des techniques de calibration
Technique de calibration ex ante : cheap talk

La technique de calibration Cheap talk a été introduite pour la première fois dans les études expérimentales par Cummings et Taylor (1999) pour obtenir des estimations non biaisées des valeurs des biens environnementaux. La méthode contingente de choix dichotomique a été calibrée avec le cheap talk pour estimer les valeurs de trois biens publics. Les CAP des agents économiques sur quatre biens ont été estimés dans trois situations différentes : situation hypothétique, situation hypothétique avec cheap talk et situation réelle. Les résultats révèlent que pour les trois types de biens, le biais hypothétique est significativement non nul. Cependant, avec le calibrage cheap talk, aucune différence significative n’a été constatée entre les CAP hypothétiques et réels pour chacun des trois biens publics. Les auteurs concluent ainsi que le calibrage des méthodes d’évaluation contingente avec le cheap talk dans les études expérimentales peut être efficace pour éliminer le biais hypothétique. Cette efficacité présumée du cheap talk à réduire les CAP hypothétiques a été testée par Carlsson et al., (2005) avec le mécanisme de choix expérimental sur deux biens de consommation : le poulet et le boeuf haché. Les résultats confirment que les CAP obtenus avec cheap talk sont statistiquement plus faibles que ceux obtenus dans le cas hypothétique pur.
Par contre, Brown et al. (2003) ont utilisé le même design expérimental de Cummings et Taylor (1999) avec des référendums hypothétiques pour différents montants de paiement. Les comparaisons avec les référendums ayant des paiements réels montrent que le cheap talk marche remarquablement bien pour des montants de paiements élevés, mais pas avec de faibles montants. Les résultats trouvés par Murphy et al. (2005) sur la robustesse du cheap talk en utilisant un mécanisme de contribution volontaire avec point de provision du bien public local, corroborent ces conclusions. Le cheap talk arrive à éliminer le biais hypothétique, mais seulement pour les montants de paiement plus élevés.
Cummings et Taylor (1999) ont réalisé leurs expériences dans un laboratoire de même que Brown et al. (2003) et Murphy et al. (2005) sur des groupes d’étudiants de premiers cycles. Moser et al (2014) ont utilisé le cheap talk pour tester le biais hypothétique avec le mécanisme de choix expérimental dans un supermarché. Trois expériences ont été réalisées : hypothétique, hypothétique avec cheap talk et le cas réel. Les résultats ont révélé la présence significative du biais hypothétique en présence de cheap talk.
Par ailleurs, Poe et al. (2002) trouvent dans leur étude sur la participation des ménages à un programme d’électricité verte que le cheap talk n’a pas pu éliminer le biais hypothétique. Des résultats similaires ont été trouvés par Doyon et al. (2015) dans leur évaluation empirique du CAP des consommateurs pour le lait DHA enrichi. Les auteurs ont utilisé trois mécanismes de révélation : (1) Open-ended (question ouverte) dans les conditions purement hypothétiques, (2) Open-ended calibré avec le Cheap talk et (3) l’enchère Vickrey pour mesurer les CAP réels. Les résultats ont montré que le biais hypothétique est significatif dans les cas avec cheap talk et sans cheap talk.
Lusk (2003) a montré dans son analyse du CAP des consommateurs pour le riz doré et le riz génétiquement modifié que le cheap talk a réduit significativement les CAP des consommateurs qui n’ont aucune connaissance sur ces deux types de riz. Cependant, pour les consommateurs qui ont au moins une connaissance du riz doré et du riz génétiquement modifié, le cheap n’a eu aucun effet sur leurs CAP.
La littérature montre ainsi la technique de cheap talk sur le biais hypothétique sont mitigés dans la littérature aussi bien dans le cas des biens privés que des biens publics.

Technique de calibration ex post : correction de certitude

Certains auteurs ont pensé qu’amener les individus à fournir leurs niveaux de certitude relatifs à leur déclaration de CAP dans la situation hypothétique pourrait aider à éliminer le biais hypothétique dans les études d’évaluation contingente (Champ et al. 1997, Champ et Bishop 2001).
Cette approche a été introduite par Champ et al. (1997). Elle consiste à poser à chaque répondant une question concernant son degré de certitude à respecter sa valeur du CAP dans un cadre réel, sur une échelle de dix (1 = très incertain à 10 = très certain) juste après la question du CAP. L’auteur a estimé la contribution de chaque individu à la provision d’un bien public avec le mécanisme de choix dichotomique. Les auteurs concluent que, l’introduction de la question de certitude dans les méthodes d’évaluation contingente à un potentiel à faire converger les réponses hypothétiques vers les réponses réelles aux questions de CAP. Les résultats de Blumenschein et al. (2001) renforcent cette conclusion. En effet, avec la méthode de choix dichotomique avec niveau de certitude (0 = très incertain à 10 = très sûr) des participants par rapport à leurs CAP déclarés, leurs résultats montrent un écart significatif entre les pourcentages de Oui dans les cas hypothétiques et réels. Cependant, l’hypothèse d’égalité des pourcentages de Oui ‘très sûr’ du cas hypothétique et de celui du cas réel ne peut être rejetée.
Poe et al. (2002) ont inséré dans leur étude la question de Champ et al. (1997) sur la certitude du répondant par rapport à son CAP. Ils ont trouvé un écart non significatif entre les pourcentages des votes Oui dans la situation hypothétique versus réelle pour les répondants ayant un degré de certitude supérieur ou égal à six. Des résultats semblables ont été trouvés par Akter et al. (2008) et Vossler et al. (2003). Quant à eux, Champ et Bishop (2001) ont trouvé que la proportion des individus qui ont accepté de contribuer avec un degré de certitude supérieur ou égal à huit (sur une échelle de 10) à la réalisation du programme pilote d’achat de l’électricité éolienne par des ménages n’est pas différente de celle obtenue dans le cas réel. Ces résultats sont corroborés par les conclusions de Bedate et al. (2009). En effet, ces auteurs ont utilisé la méthode d’évaluation de choix dichotomique par intervalle et une question de certitude pour estimer les CAP des agents. Leurs résultats indiquent que les CAP avec des niveaux de certitude élevés sont significativement réduits.
Cependant, il faut souligner que la technique de correction de certitude peut conduire à une perte d’une partie de l’échantillon, car on considère que dans l’évaluation seulement les répondants qui ont des niveaux de certitude élevés.

Table des matières

Résumé
Abstract
Liste des tableaux
Liste des figures
Dédicaces
Remerciements
Avant-propos
Introduction
Bibliographie
Chapitre 1 : Méta-analyse du biais hypothétique dans l’évaluation des biens publics et privés avec des méthodes déclaratives
Résumé
1.1 Introduction 
1.2 Matériels et Méthodes : Modèles économétriques
1.2.1 Modèle Économétrique classique
1.2.2 Modèle bayésien
1.3 Description des données
1.3.1 Critères de choix des articles
1.3.2 Variable d’intérêt
1.3.3 Variables indépendantes
1.3.4 Statistiques descriptives
1.4 Résultats et discussions
1.4.1 Modèles estimés
1.4.2 Résultats des Modèles Log-linéaire de type List et Gallet (2001)
1.4.3 Résultats des estimations classiques des MRHEM
1.4.4 Résumé des résultats obtenus lors des estimations par les méthodes classiques
1.4.5 Résultats des estimations bayésiennes : MRHEM selon l’échantillonnage de Gibbs
1.5 Conclusion 
Bibliographie
Annexe 1
Chapitre 2 : Méta-analyse du biais hypothétique dans l’évaluation économique avec des méthodes déclaratives dans le cas des biens publics et le cas des biens privés
Résumé
2.1 Introduction
2.2 Revue de littérature sur l’application des techniques de calibration
2.2.1 Technique de calibration ex ante : cheap talk
2.2.2 Technique de calibration ex post : correction de certitude
2.2.3 Nouvelle approche de calibration : la perception de la conséquence
2.3 Matériels et méthodes d’analyse : modèles économétriques 
2.4 Description des données
2.4.1 Variable d’intérêt
2.4.2 Variables explicatives
2.5 Analyse empirique : estimations économétriques et discussion des résultats
2.5.1 Résultats des estimations classiques
2.5.2 Résultats des estimations des MRHEM selon l’approche bayésienne
2.6 Conclusion
Bibliographie
Annexe 2
Chapitre 3 : Pouvoir de négociation entre les producteurs, les classificateurs et les détaillants sous l’incertitude du marché : Cas de la chaine de valeur des oeufs de spécialité au Canada 
Résumé
3.1 Introduction 
3.2 Modèle théorique : Analyse de la chaine de valeur des oeufs de consommation
3.2.1 Choix des consommateurs des oeufs sur le marché de détail
3.2.2 Stratégie de négociation de prix entre détaillants et classificateurs : Maximisation des profits joints
3.2.3 Stratégie de négociation de prix aux producteurs entre les classificateurs et les producteurs : maximisation du profit joint
3.2.4 Hypothèses sur les modèles à estimer
3.3 Approche empirique et présentation des données
3.4 Méthodes économétriques 
3.4.1 Modèle réduit à estimer
3.5 Présentation et discussion des résultats 
3.5.1 Résultats des estimations empiriques
3.5.2 Discussion des résultats
3.6 Conclusion
Bibliographie
Annexe 3
Conclusion générale

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