ANALYSE COMPARATIVE DU TEMPS DE PASSAGE ADMINISTRATIF
CONTEXTE SCIENTIFIQUEย
En 1992, Stiell & All partant du potentiel dโune meilleure utilisation des radiographies dans les traumatismes de la cheville dans un but socio-รฉconomique validรจrent, de faรงon prospective sur une population de patients de structure dโurgences, des critรจres cliniques dโindication ou non ร des radiographies standards avec une sensibilitรฉ de 100% [5]. Ces critรจres dits dโOttawa sont aujourdโhui enseignรฉs et largement utilisรฉs dans la pratique courante de mรฉdecine dโurgence. En 2001, Graham & All montrรจrent sur une รฉtude observationnelle, menรฉe dans cinq pays (USA, Canada, UK, Espagne et France), que sur 535 praticiens urgentistes franรงais sondรฉs, prรจs de deux praticiens sur trois avaient connaissance de ces critรจres, dont la moitiรฉ les utilisaient tout le temps ou la plupart du temps dans leur pratique courante [6]. Sur le mรชme postulat, Stiell & All en 1995, dans une รฉtude prospective portant sur 1047 patients aux urgences, รฉtablirent les rรจgles dโOttawa du genou un รขge supรฉrieur ou รฉgal ร 55 ans, une douleur ร la palpation de la tรชte de la fibula, une douleur isolรฉe ร la palpation de la rotule, une incapacitรฉ ร flรฉchir le genou ร 90ยฐ, une incapacitรฉ ร prendre appui aprรจs le traumatisme (quatre pas) ou pendant lโexamen. Ces critรจres avaient une sensibilitรฉ de 100% et une spรฉcificitรฉ de 54% pour la dรฉtection de fractures et rรฉduisaient le nombre de radiographies prescrites de 28%. Il nโy avait pas de fracture non diagnostiquรฉe [7]. Ces critรจres ont รฉtรฉ prospectivement validรฉs en mรฉdecine dโurgence en 1996 [8].
PROBLEMATIQUEย
En 2013, Cheung & All retrouvaient pour ces mรชmes critรจres une sensibilitรฉ de 86%, moindre quโinitialement [13]. Leur publication a รฉtรฉ analysรฉe dans les annales franรงaises de mรฉdecine dโurgence en 2014, cette รฉtude comparant les critรจres dโOttawa ร ceux de Pittsburgh [14]. Lโauteur suggรจre que la diffรฉrence de sensibilitรฉ par rapport aux รฉtudes initiales pourrait sโamรฉliorer par une meilleure formation des praticiens de mรฉdecine dโurgence ร ces critรจres et ร lโexamen clinique du genou. En effet, ces critรจres nous sont peu ou pas enseignรฉs lors de notre cursus de second cycle des รฉtudes mรฉdicales. Le parallรจle est fait sur lโutilisation de ces critรจres en France dans lโรฉtude de Graham & All [6] qui retrouvait que sur les 535 praticiens urgentistes franรงais sondรฉs, seulement 12 % en avaient connaissance, dont 44% ne les utilisaient jamais dans leur pratique courante. Cette publication date de 2001. Aucune รฉtude nโa รฉvaluรฉ depuis lโutilisation de ces critรจres en France en mรฉdecine dโurgence, critรจres validรฉs depuis 1996 soit 3 ans aprรจs ceux de la cheville, qui eux sont utilisรฉs dans la pratique de mรฉdecine dโurgence et dont la recherche est enseignรฉe dans le cadre des ECN, tout comme lโexamen du genou et de la cheville traumatiques (thรฉorique +/- pratique). Ces critรจres, bien que non รฉvaluรฉs en soins primaires, pourraient รฉventuellement รชtre un outil intรฉressant pour le praticien de mรฉdecine gรฉnรฉrale sur sa prescription dโexamens complรฉmentaires et sur lโorientation des patients ou non vers un service dโaccueil des urgences.
PREAMBULE ANALYSE DESCRIPTIVE DโUNE POPULATION DE 262 PATIENTS
En prรฉambule, nous avons rรฉalisรฉ une analyse descriptive dโune population de 262 patients, dont les dossiers รฉtaient extraits du logiciel mรฉdical du SAU dโAngers. Cette analyse sโest dรฉroulรฉe sur des dossiers du 1er avril 2014 au 30 juin 2014. Ces dossiers ont รฉtรฉ sรฉlectionnรฉs selon les diagnostics de codage suivant plaies du genou, luxation du genou, luxation de la rotule, lรฉsion interne du genou, fracture de jambe, fracture de fรฉmur partie non prรฉcisรฉe, fracture de lโextrรฉmitรฉ supรฉrieure du tibia, fracture de lโextrรฉmitรฉ infรฉrieure du fรฉmur, fracture de la rotule, entorse des ligaments latรฉraux du genou, entorse de parties autres et non prรฉcisรฉes du genou, contusion du genou, contusion de parties autres et non prรฉcisรฉes de la jambe. Tous les patients se prรฉsentant aux urgences pour un traumatisme du genou รฉtaient inclus (le genou regroupant la rotule, la tรชte et le col de la fibula, les huit centimรจtres proximaux du tibia et les huit centimรจtres distaux du fรฉmur).
Les critรจres dโexclusion รฉtaient la grossesse, les blessures isolรฉes de la peau sans atteinte des tissus mous ou des structures osseuses sous-jacentes, le patient adressรฉ de lโextรฉrieur pour avis ou bilan radiographique, un traumatisme datant de plus de sept jours, le patient reconsultant pour le mรชme motif, le patient prรฉsentant une altรฉration du niveau de conscience, le patient prรฉsentant des troubles neurologiques au niveau des membres infรฉrieurs et le patient prรฉsentant des traumatismes ou des fractures multiples. Nous avons analysรฉ aprรจs application de ces critรจres les dossiers de 173 patients. Lโรขge mรฉdian รฉtait de 29 ans (21-41), le ratio hommes/femmes รฉtait de 1,44. Le pourcentage de radiographies prescrites รฉtait de 80,92 %. La durรฉe administrative mรฉdiane de passage aux urgences รฉtait de 175 min (116-237). Les patients nโayant pas eu de radiographies restent moins longtemps aux urgences que ceux ayant eu des radiographies (157 min vs 176 min, p < 0,001). Ces premiers rรฉsultats suggรจrent que le taux de radiographies et le temps de passage aux urgences sont รฉlevรฉs et soulรจvent la possibilitรฉ dโamรฉliorer nos pratiques.
PRINCIPAUX RESULTATS
Notre รฉtude รฉtait donc un travail dโanalyse rรฉtrospective entre une phase prรฉ et post interventionnelle, phases de 3 mois chacune. Cela nous a paru pertinent de rรฉaliser ces phases sur 3 mois compte tenu de lโincidence des traumatismes du genou aux urgences [1,3] Nous avons pu inclure 164 patients en post interventionnel, soit 14 patients de plus que le nombre de sujets nรฉcessaires calculรฉs pour cette phase. Les deux groupes รฉtaient comparables en terme de rรฉpartition des sexes ( p = 0,46) mais pas en terme dโรขge (รขge mรฉdian 34 ans en post interventionnel vs 29 ans en prรฉ interventionnel, p = 0,003). Le nombre de radiographies est significativement diffรฉrent entre les phases prรฉ et post interventionnelles et va dans le sens dโune rรฉduction (71,34 % vs 80,92%, p = 0,039). Ce rรฉsultat est cependant proche du seuil de significativitรฉ. De plus, nous nโavons pas atteint le pourcentage de rรฉduction attendu de 15%.
Le temps de passage administratif est lui aussi significativement diffรฉrent (mรฉdiane de 150 min en post intervention vs 175 min en prรฉ intervention, p = 0,04). Ce rรฉsultat est lui aussi proche du seuil de significativitรฉ. Nous avons rรฉalisรฉ un rappel tรฉlรฉphonique des patients deux semaines aprรจs leur passage. Pour la phase post interventionnelle, nous avons rรฉussi ร contacter 53 % des patients, soit un peu plus de la moitiรฉ. Ceux-ci รฉtaient satisfaits ร trรจs satisfaits de leur prise en charge dans 75,86 % des cas. Il nโy avait pas de diffรฉrence significative sur le niveau de satisfaction en fonction de la rรฉalisation ou non de radiographies (p = 0,85). Lโรฉtude de Stiell et Al [9] ne retrouvait pas non plus de diffรฉrence de satisfaction en fonction de la rรฉalisation de radiographies.
CONCLUSION
Notre intervention a permis de rรฉduire le pourcentage de radiographies prescrites aux SAU dโAngers pour les patients consultant pour traumatisme aigu du genou. De mรชme, le temps de passage administratif a รฉtรฉ rรฉduit de maniรจre significative. Enfin, la non rรฉalisation de radiographies ne modifie pas la satisfaction du patient sur la phase post interventionnelle, les patients รฉtant globalement satisfaits ร trรจs satisfaits de leur prise en charge dans la majoritรฉ des cas. Dans une dรฉmarche dโamรฉlioration des pratiques professionnelles, la crรฉation dโun protocole de prise en charge des traumatismes du genou aux urgences en accord avec les recommandations des sociรฉtรฉs savantes serait ร envisager. De mรชme, lโexistence des critรจres de Pittsburgh, aussi sensibles mais plus spรฉcifiques que les critรจres dโOttawa, pourrait faire lโobjet dโune nouvelle รฉtude interventionnelle afin de rรฉduire encore plus le nombre de radiographies rรฉalisรฉes aux urgences.
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Table des matiรจres
Remerciements
Liste des abrรฉviations
Table des matiรจres
I โ INTRODUCTION
EPIDEMIOLOGIE
CONTEXTE SCIENTIFIQUE
PROBLEMATIQUE
PREAMBULE ANALYSE DESCRIPTIVE DโUNE POPULATION DE 262 PATIENTS
II โ MATERIELS ET METHODES
OBJECTIFS DE LโETUDE
TYPE DโETUDE
POPULATION ETUDIEE
METHODES
CRITERES DE JUGEMENT
ANALYSE STATISTIQUE
III โ RESULTATS
DONNEES GENERALES
ANALYSE COMPARATIVE DU POURCENTAGE DE RADIOGRAPHIES PRESCRITES
ANALYSE COMPARATIVE DU TEMPS DE PASSAGE ADMINISTRATIF
SUIVI TELEPHONIQUE A DEUX SEMAINES
ETAT DES LIEUX DE LA PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE
IV โ DISCUSSION
PRINCIPAUX RESULTATS
CONFRONTATION AUX DONNEES DE LA LITTERATURE
LIMITES DE NOTRE ETUDE
OUVERTURE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Table des matiรจres
Annexe I
Annexe II
Annexe III
Annexe IV gรฉnรฉralitรฉs sur lโexamen clinique et la prise en charge dโun genou traumatique en mรฉdecine dโurgence et en soins primaires
I โ LโEXAMEN CLINIQUE DโUN GENOU TRAUMATISE
II โ PRISE EN CHARGE DโUN GENOU TRAUMATIQUE EN STRUCTURE DโURGENCES
III โ PRISE EN CHARGE EN SOINS PRIMAIRES
IV โ CONDUITE A TENIR QUANT AU RISQUE THROMBOEMBOLIQUE
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