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Terminologie et concept
La sécurité alimentaire
“On peut parler de sécurité alimentaire lorsque toutes les personnes disposent, à tout moment, d‟un accès physique, social et économique à une alimentation suffisante, sûre et nutritionnelle pour satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active” (Sommet Mondial de l‟Alimentation, 1996).
Selon la FAO (2002) on parle de sécurité alimentaire lorsqu‟une personne bénéficie d‟un accès physique, social et économique à une alimentation suffisante, saine et de qualité de façon à satisfaire ses besoins nutritionnels et ses préférences alimentaires pour mener une vie active et être en bonne santé.
Il découle de ces définitions que la sécurité alimentaire est un concept multidimensionnel faisant référence à la notion de disponibilité alimentaire, de l‟accessibilité alimentaire et de l‟utilisation des aliments. Elle se base sur les quatre (4) piliers suivants (Sommet mondial de l‟alimentation, 1996):
– DISPONIBILITE
C‟est la présence physique et la proximité d‟aliments issus de la production domestique ou de l‟importation. La disponibilité au niveau national est déterminée par la production agricole nationale et par la capacité à importer la nourriture en quantités suffisantes selon les besoins. Au niveau ménage, la disponibilité des aliments dépend de la production agricole du ménage et de la disponibilité des aliments sur les marchés locaux.
– ACCES
C‟est l‟accès physique et économique à une alimentation suffisante pour satisfaire les besoins. En effet, elle reflète la capacité des ménages d‟accéder à une quantité suffisante de nourriture, soit à travers la production, soit à travers l‟achat sur les marchés, les transferts et/ou les dons, soit (le plus souvent) à travers un mélange de ces différents mécanismes d‟accès. L‟accessibilité physique aux aliments dépend de l‟infrastructure de transport et l‟enclavement qui peuvent faciliter ou entraver l‟approvisionnement des marchés. L‟accessibilité économique dépend du pouvoir d‟achat des ménages, qui lui-même dépend des niveaux de revenus et des prix.
– UTILISATION
C‟est l‟utilisation des aliments dans le cadre d‟une alimentation adéquate pour l‟accomplissement d‟un bien-être nutritionnel. Autrement dit, elle réfère à la capacité des ménages et des individus de préparer, conserver, consommer et absorber les aliments de façon à maximiser leur valeur nutritionnelle. Cette capacité dépend des connaissances nutritionnelles des individus (par exemple les pratiques d‟allaitement et de sevrage des enfants, mais aussi la diversification des régimes alimentaires pour un meilleur équilibre nutritionnel) ; de l‟existence d‟un environnement « sain » qui permet de minimiser l‟incidence des maladies et des infections qui réduisent la capacité d‟absorption des nutriments.
– STABILITE
On parle de stabilité et crédibilité de la chaîne de distribution alimentaire, c’est-à-dire depuis la production jusqu‟à la consommation. Autrement dit : c‟est la stabilité des trois autres dimensions dans le temps.
L’insécurité alimentaire
L‟insécurité alimentaire existe lorsque des êtres humains n‟ont pas un accès sûr à des quantités suffisantes de nourriture saine et nutritive leur permettant de croître et de se développer normalement et de mener une vie saine et active. L‟insécurité alimentaire peut être due à l‟indisponibilité des aliments, à l‟insuffisance du pouvoir d‟achat. Elle peut être également due à une distribution inappropriée ou à un usage impropre de la nourriture au niveau des ménages (PAM/FAO, 2013).
Les différents niveaux d’insécurité alimentaire
En général il existe deux niveaux d‟insécurité alimentaire :
• Insécurité alimentaire aiguë
C‟est une insécurité alimentaire à court terme et temporaire. Elle est marquée par une diminution soudaine de la capacité de produire des aliments ou d‟avoir accès à suffisamment d‟aliments pour maintenir un bon état nutritionnel (Guides pratiques FAO, 2008).
• Insécurité alimentaire chronique
L‟insécurité alimentaire chronique est l‟incapacité permanente à satisfaire les besoins alimentaires minimums (Koffi A. et al., 2009). C‟est une insécurité alimentaire à long terme marquée par une incapacité persistante à combler les besoins minimums de consommation d’aliments en termes de qualité et de quantité telle qu’elle est constatée même en l’absence d’un choc ou danger. L‟insécurité alimentaire aigüe et l‟insécurité alimentaire chronique coexistent souvent, elles ne s‟excluent pas mutuellement. En effet, une fréquence élevée d’années marquées par une insécurité alimentaire aiguë entraine une insécurité alimentaire chronique.
La vulnérabilité à l’insécurité alimentaire
C‟est la combinaison entre l‟exposition aux risques et chocs, et la capacité des ménages d‟atténuer les effets de ces chocs sur leur consommation et régime alimentaire (leur capacité de faire face). Un ménage est vulnérable à l‟insécurité alimentaire lorsqu‟il court le risque de tomber facilement en insécurité alimentaire suite à l‟exposition à un choc (par exemple, suite à une sécheresse, un attaque des acridiens, une hausse significative des prix) contre lequel il n‟a pas les capacités de se protéger et préserver sa consommation alimentaire. Les ménages vulnérables ne sont pas donc nécessairement en insécurité alimentaire à un moment donné, mais ils ont une forte probabilité de tomber dans l‟insécurité alimentaire suite à un choc externe (PAM/UNICEF, 2005).
Les moyens d’existence
Les moyens d‟existence comprennent tout le capital productif (à la fois le capital matériel et social) et toutes les activités requises pour se donner un moyen de gagner sa vie qui soit propice à la survie et au bien-être futur (Geneva, 2004).
On considère que les moyens d‟existence d‟un ménage sont sécurisés lorsqu‟il peut arriver à gérer et à se remettre de tout stress ou choc et maintenir ou améliorer ses capacités et ses avoirs productifs (ACF International, 2009).
Analyse comparative des différentes méthodologies d’étude de la sécurité alimentaire d’une région donnée
Les différentes méthodologies
Les différentes méthodologies sont identifiées successivement, en premier lieu la méthodologie de l‟ACF International, ensuite celle conjointe du PAM / UNICEF (United Nations Children‟s Emergency Fund), et en dernier lieu celle conjointe HELVETAS / AIM (Association Inter-coopération Madagascar).
Méthodologie de l’ACF International
Créée en 1979 en France, l‟ACF est une organisation humanitaire non-gouvernementale qui prend en compte parmi d‟autres secteurs la sécurité alimentaire et les moyens d‟existence. Ses différentes approches se concentrent sur l‟identification des principales causes sous-jacentes de l‟insécurité alimentaire grâce à toute une série de paramètres : la disponibilité alimentaire, l‟accès à la nourriture, la consommation de nourriture, l‟utilisation de la nourriture et les pratiques de soin, les stratégies d‟adaptation (ACF International, 2009).
L‟ACF englobe sur une même portée la sécurité alimentaire et les moyens d‟existence. De manière générale, il existe deux (2) différents types d‟évaluation de la sécurité alimentaire et moyens d‟existence: l‟évaluation rapide (y compris l‟examen rapide) et l‟évaluation complète ou approfondie.
Une évaluation rapide de la Sécurité alimentaire :
C‟est un type d‟enquête conçue pour être mise en œuvre rapidement et dont le but consiste à obtenir un aperçu rapide et clair d‟un contexte spécifique à un moment particulier. L‟évaluation rapide est utilisée dans les situations d‟urgence et repose principalement sur des méthodes qualitatives pour identifier les besoins d‟une population touchée par une crise.
Ce type d‟évaluation, parfois appelé mission exploratoire, est entrepris en deux (2) étapes :
– l‟examen / étude rapide : il est principalement documentaire et nécessite la collecte d‟informations sur l‟ampleur et la gravité de l‟urgence (1-3 jours); cette étape analyse les données secondaires (structure de la zone étudiée, toutes les données statistiques, carte, données météorologiques, …).
– l‟évaluation rapide : elle implique un travail de terrain dans la zone affectée (10-15 jours), les données collectées concernent l‟accessibilité et la disponibilité des nourritures, les prix sur le marché, le pouvoir d‟achat des ménages,…
Une évaluation complète de la sécurité alimentaire :
C‟est une analyse approfondie de la situation alimentaire et des subsistances dans une région donnée, réalisée dans le but de soutenir les décisions de mise en œuvre de programmes à plus longs termes. . Une évaluation approfondie utilise aussi bien les méthodes qualitatives que quantitatives afin d‟étudier les facteurs qui sous-tendent la sécurité alimentaire.
La démarche méthodologique est plus rigoureuse que celle d‟une évaluation rapide. Elles doivent être soigneusement conçues en fonction des objectifs de l‟enquête, des outils qui seront utilisés et du type d‟analyse. Une série de méthodes quantitatives, qualitatives et participatives est utilisée. Une attention particulière est accordée au choix de l‟échantillonnage, au développement des outils et aux tests. Les questionnaires destinés aux ménages constituent la pierre angulaire d‟une évaluation approfondie de la sécurité alimentaire et des moyens d‟existence, auquel s‟ajoutent une série d‟approches participatives, des entretiens avec les informateurs clés et des échanges avec les groupes de discussion.
Les entretiens semi structurés avec les informateurs clés sont sources de précieuses informations qui peuvent contribuer à apporter des éléments d‟information supplémentaire importants pour l‟étude.
Informateurs clés : ce sont des personnes qui ont des connaissances sur un aspect important d‟une évaluation de la sécurité alimentaire. Un informateur clé est souvent choisi en fonction de son poste, de son expérience ou de ses responsabilités ; il peut fournir des informations sur les faits, croyances et comportements locaux. Ils peuvent être des :
• Représentants gouvernementaux
• Autorités locales
• Chefs traditionnels ou religieux
• Représentants d‟ONG locales ou d‟organisations de la société civile
• Professeurs, chercheurs, professionnels de la santé, tous les autres professionnels de la sécurité alimentaire
• Groupes de jeunes
• Média locaux
Calendrier d‟une évaluation approfondie de la sécurité alimentaire :
La durée d‟une évaluation approfondie en sécurité alimentaire et moyens d‟existence varie entre 21 et 60 jours, voire plus. L‟investissement en temps est relativement considérable du fait de la portée plus grande et des méthodologies des travaux d‟enquêtes plus complexes. Il varie en fonction du contexte, de la portée et des ressources disponibles. La mise en œuvre sur le terrain peut prendre 15 à 30 jours, suivie de la saisie des données et de l‟analyse des résultats qui, souvent, sont des activités très prenantes.
Les informations requises pour une évaluation de la sécurité alimentaire :
Des indicateurs spécifiques seront utilisés pour évaluer la disponibilité alimentaire, l‟accès à la nourriture et l‟utilisation de la nourriture. Ces différents indicateurs contribuent chacun à fournir différentes informations sur la situation générale de la sécurité alimentaire.
Méthodologie conjointe PAM / UNICEF dans l’analyse de la sécurité alimentaire :
La collaboration du PAM avec l‟UNICEF dans l‟étude donne une image d‟ensemble de la situation alimentaire du pays considéré. L‟étude a pour objectif de fournir une base de référence structurelle sur l‟insécurité alimentaire et l‟état nutritionnel des ménages ruraux dans la zone étudiée. Elle permet d‟identifier la proportion des ménages en insécurité alimentaire, de les localiser, et de les caractériser afin d‟apporter des interventions efficaces.
Sources des données
Il existe plusieurs sources de données, depuis les documents écrits jusqu‟aux échanges sur terrain avec les ménages ou groupes de discussion ou informateurs clés.
– Données secondaires
La revue littéraire et la collecte des données secondaires doivent être menées avant les descentes sur terrain. Elles portent sur des thèmes variés liés à la sécurité alimentaire tels que la disponibilité alimentaire et les prix sur les marchés, la pauvreté et la structure des dépenses de ménages, la consommation alimentaire, la nutrition, l‟accès aux services d‟éducation, de santé, et l‟accès à l‟eau. Ces données secondaires doivent être intégrées aux résultats de l‟enquête tout au long du rapport en fonction des thèmes. L‟analyse des données secondaires est susceptible d‟apporter des informations pertinentes pour le déroulement de l‟étude (PAM/UNICEF, 2005).
– Collecte des données primaires
Les données primaires constituent toutes les informations sur les éléments de la sécurité alimentaire recueillies sur terrain au cours de l‟étude. Les différentes méthodes de collecte de données sur la zone d‟étude sont :
Echantillonnage
La méthode d‟échantillonnage adoptée selon cette méthodologie conjointe PAM / UNICEF se fait comme suit : 25 villages sont enquêtés par région, 10 ménages sont sélectionnés par village de façon aléatoire sur la base d‟une liste de l‟ensemble des ménages du village. En tout 250 ménages sont enquêtés pour une région donnée (PAM/UNICEF, 2005).
Questionnaires
Les trois types de questionnaires suivants sont utilisés pour la collecte des données primaires : le questionnaire ménages, le questionnaire anthropométrique, et le questionnaire village
– Le questionnaire ménages, administré au chef du ménage et à sa femme pour la section consommation alimentaire, porte sur des données quantitatives sur : la structure du ménage, les équipements des ménages, la production agricole, les activités des ménages et les sources de revenus ,(y compris l‟appréciation de l‟importance de l‟autoconsommation pour chaque activité), les dépenses, la consommation alimentaire et les sources des aliments consommés, les chocs et les stratégies de réponses appliquées par les ménages.
– Le questionnaire anthropométrique3 , administré à un maximum de 3 mères ayant des enfants de 0 à 59 mois4 (moins de 5 ans) dans les ménages sélectionnés, porte sur des données quantitatives et qualitatives sur la santé des mères et des enfants, les maladies, les vaccinations, les soins prénataux, les pratiques d‟hygiène, d‟allaitement et de sevrage des enfants. Des mesures anthropométriques peuvent être aussi réalisées sur tous les enfants de 6 à 59 mois présents dans les ménages, pour obtenir les prévalences des différentes formes de malnutrition au niveau de la région étudiée.
– Le questionnaire village, administré à un groupe focal de discussion composé du chef du village, de ses conseillers et d‟autres membres de la communauté locale, permet de recueillir des informations qualitatives sur les infrastructures de transport, d‟éducation et de santé du village ; les principales maladies affectant la population ; le problème de l‟enclavement et l‟accès aux marchés ; et enfin les prix et l‟assistance alimentaire reçue. Les données obtenues de ce type de questionnaire permettent de mieux contextualiser les informations collectées au niveau des ménages.
Méthodologie d‟étude des différents paramètres de la sécurité alimentaire
L‟analyse de la sécurité alimentaire au niveau des ménages doit considérer simultanément les 3 dimensions clés de la sécurité alimentaire : la disponibilité, l‟accessibilité et l‟utilisation des aliments. L‟analyse simultanée des différents indicateurs conduit à la classification non hiérarchique des ménages permettant de les regrouper selon une certaine homogénéité par rapport aux variables analysées. De cette façon, les ménages sont regroupés en un certain nombre de classes d‟accessibilité (très faible, faible, moyenne, bonne) et un certain nombre de classes de consommation alimentaire (pauvre, marginal, acceptable, bon).
– Méthodologie d‟analyse de l‟accessibilité des ménages
Les ménages se procurent les aliments dont ils ont besoin à travers plusieurs voies : en produisant eux-mêmes les vivres consommés, en les achetant sur le marché, en les collectant dans la nature, ou en les recevant par aide/dons. Il est donc difficile d‟apprécier la capacité des ménages d‟accéder à la nourriture à partir d‟un seul indicateur. La production agricole et les stocks sont des variables clés déterminant la capacité d‟accès à la nourriture pour les ménages qui produisent l‟essentiel de ce qu‟ils consomment. Par contre, pour les ménages qui achètent sur le marché la majeure partie de leurs aliments, les dépenses, les revenus et les actifs productifs (par exemple le bétail, qui peut se vendre pour acheter de la nourriture en cas de besoin) ainsi que les prix deviennent des variables clés déterminant l‟accès des ménages aux aliments.
– Méthodologie d‟analyse de la consommation alimentaire
La qualité du régime alimentaire (en termes de fréquence et de diversité de la diète) est une dimension importante de la sécurité alimentaire et influence l‟état nutritionnel des individus. Pour apprécier la qualité du régime alimentaire des ménages5, la consommation alimentaire du ménage pendant les 7 derniers jours (en termes de nombre de jours de consommation, de 0 à 7, de chacun des principaux vivres) doit être collectée en utilisant le questionnaire ménages.
La fréquence de consommation des différents aliments peut être analysée simultanément. L‟analyse est suivie d‟une classification non hiérarchique dont le but est de regrouper les ménages ayant un régime alimentaire similaire. Un bon régime alimentaire signifie une consommation diversifiée des aliments.
Méthodologie conjointe HELVETAS / AIM
L‟objectif de l‟étude est de mieux comprendre le quotidien des exploitants et des ménages vulnérables pour éclairer leurs différents comportements de vie. En général, cette recherche se focalise sur les ménages vulnérables. La vulnérabilité est largement liée à l‟insécurité alimentaire en ce qui est de la fréquence et de la qualité des repas. Elle se manifeste aussi par un faible accès aux services sociaux de base (santé, éducation, scolarisation,…), par l‟enclavement physique (routes), économique (marché), et informationnel (information et communication) de la communauté. La méthodologie d‟étude de la sécurité alimentaire adoptée par HELVETAS / AIM se présente comme suit :
La collecte de données secondaires,
Les différents ouvrages et rapports internationaux sur l‟agriculture, la sécurité alimentaire, la vulnérabilité et le développement rural sont consultés pour mieux comprendre le contexte de la recherche. Des entretiens avec des acteurs non-gouvernementaux intervenant dans le domaine de la sécurité alimentaire dans différentes régions du pays concerné permettent aussi d‟avoir des échanges enrichissants.
Les descentes sur le terrain doivent être précédées de rencontres avec les acteurs clés du développement rural. Le terme « acteurs clés du développement » indique les structures étatiques et semi-étatiques ainsi que les projets qui agissent dans le secteur du développement rural de la région concernée.
La collecte des données primaires
L‟établissement de l‟échantillonnage des ménages s‟appuie sur les indications des responsables étatiques locaux. Pour chaque terrain d‟études (trois communes), environ (10) dix ménages sont enquêtés (en tout, environ 30 ménages enquêtés). Comme outils d‟enquête deux catégories de questionnaires sont élaborés : un questionnaire pour les ménages et un pour les responsables étatiques locaux.
L‟utilisation d‟un questionnaire directif pour les ménages est déconseillée car cela risque dans la plupart des cas de ne pas aboutir aux résultats attendus. Il est fortement recommandé l‟utilisation d‟un questionnaire semi-directif. La collecte se focalise sur des informations générales sur : la production agricole, les sources de revenus, le régime alimentaire, les défis du monde rural, etc. L‟élaboration des interviews semi-directives doit se baser sur une approche holistique laquelle analyse les éléments clés des modes de vie des populations rurales ainsi que les opportunités et contraintes de ces dernières.
Le questionnaire pour les responsables étatique locaux se focalise sur le contexte général de la sécurité alimentaire, tel que la santé (accès à l‟eau potable,…), l‟éducation, l‟infrastructure, la pratique social et culturelle.
Comparaison des différentes méthodologies considérées :
Points communs
Les 3 méthodologies ci-dessus sont similaires sur la considération des données secondaires et sur la collecte de données primaires par échantillonnage et par les différents questionnaires.
Collecte de données secondaires :
L‟étude commence par la collecte et l‟analyse des données secondaires. En effet, les différentes méthodologies considérées insistent sur la nécessité d‟effectuer une recherche et un examen minutieux des données secondaires, en faisant des recherches sur internet, en recueillant les informations disponibles concernant le terrain d‟étude et les différents thèmes liés à la sécurité alimentaire auprès des organismes locaux (nationaux et internationaux), et en prenant l‟avis d‟experts ayant des connaissances spécifiques du contexte et de la population.
Les sources importantes de données secondaires incluent : les enquêtes de nutrition et de sécurité alimentaire spécifiques à la région; les analyses historiques, anthropologiques et politiques de la population et de la région; les informations actualisées sur la crise courante, y compris les rapports d‟évaluations rapides. L‟examen des données secondaires et la consultation des parties prenantes devraient fournir les informations sur les différences en termes de géographie, d‟agro-écologie et de types de moyens d‟existence présents dans la région à étudier.
La collecte de données secondaires est l‟une des premières étapes de l‟étude, car elle vient en soutien à toutes les phases de l‟étude. Il faudra également prendre en compte la fiabilité de l‟information.
Collecte de données primaires : – Par échantillonnage :
L‟échantillonnage, en termes simples, est le processus de sélection d‟une partie d‟un ensemble lorsque des évaluations exhaustives sont peu pratiques, voire impossibles à réaliser. La taille de l‟échantillonnage varie selon les méthodologies mais elle doit représenter fidèlement l‟ensemble.
– Questionnaires :
Les questionnaires au niveau des ménages consistent à identifier les caractéristiques quantitatives comme la consommation alimentaire, les sources des aliments consommés, la diversité alimentaire, les stratégies d‟adaptation, les activités des ménages et les sources de revenus, les dépenses et le rôle des ménages en tant que composantes de la communauté.
Le questionnaire administré à un groupe focal de discussion recueille des informations qualitatives sur les infrastructures de transport, l‟éducation et la santé au sein du village ; les maladies principales affectant le village ; le problème de l‟enclavement et l‟accès aux marchés, ainsi que les prix, les modes de vie de la population rurale, croyances et attitudes. Le groupe de discussion est composé généralement du chef du village, de ses conseillers et d‟autres membres du village. Cet outil permet d‟une manière efficace de recueillir des données subjectives à travers les observations, les opinions et les perspectives des membres du groupe de discussion.
Différences
La différence entre les méthodologies d‟étude vues précédemment se trouve au niveau des informations collectées. Concernant l‟étude sur l‟utilisation des aliments, l‟ACF International évalue la diversité de la nourriture consommée au cours d‟une période de 24 h tandis que le consortium PAM / UNICEF évalue à travers les questionnaires la consommation alimentaire des ménages et la fréquence de consommation de différents aliments pendant 7 jours.
Les différentes approches d‟ACF sur la sécurité alimentaire et les moyens d‟existence se concentrent sur l‟identification des principales causes sous-jacentes de l‟insécurité alimentaire et des risques pour les moyens d‟existence grâce à toute une série de paramètres (réserves alimentaires, importations alimentaires, prix du marché, sources de nourriture, sources de revenus, stratégies d‟adaptation, diversité alimentaire, accès à, et approvisionnement en eau). L‟approche ACF est souvent reconnue comme étant une analyse qualitative rapide d‟une situation d‟urgence se fondant sur des méthodes et outils participatifs.
Celle du PAM met en évidence l‟accessibilité des ménages et la consommation alimentaire comme indicateurs-clés de la sécurité alimentaire. Il fournit une compréhension détaillée de l‟insécurité alimentaire et des conditions de vulnérabilité des ménages (c’est-à-dire leur capacité de faire face).
DISCUSSIONS
Limites des différentes méthodologies considérées
Bien que tous les efforts soient entrepris pour anticiper les contraintes logistiques, la réalisation d‟une étude de la sécurité alimentaire présente un certain nombre de limites.
Méthodologie de l’ACF International
L‟une des contraintes majeures concerne les besoins importants en ressources humaines formées et en ressources logistiques que nécessitent ces évaluations. La complexité des outils d‟analyse actuels requiert la mobilisation de personnels nombreux et ayant une certaine expertise technique au risque de nuire à l‟impartialité, à la qualité et à la fiabilité des données collectées (ACF International / PAM, 2012).
L‟évaluation de la diversité de la nourriture consommée au cours d‟une période de 24 h n‟est pas fiable car elle accorde plus d‟importance à la consommation d‟une journée qu‟à la distribution moyenne de la consommation. Ceci peut entrainer une sous-estimation ou surestimation de la consommation alimentaire.
La méthodologie présente une autre limite comme la difficulté d‟analyse en zone urbaine. Les outils d‟analyse sont plutôt conçus pour le milieu rural, et semblent inadaptés pour évaluer et caractériser la vulnérabilité en zone urbaine où les notions de groupes socio-économiques et de vulnérabilité sont plus complexes (ACF International / PAM, 2012).
Concernant les contraintes liées aux facteurs extérieurs : la faible fiabilité et le difficile accès à certaines données secondaires (démographiques, recensement, statistiques agricoles et d‟élevage, données nutritionnelles, etc.) limitent l‟étude de la sécurité alimentaire.
La faible implication des communautés dans les études peut aussi engendrer des pressions et des incompréhensions et nuire à la fiabilité et à l‟acceptation des informations fournies.
Concernant la collecte d‟information par échantillonnage, la méthode raisonnée requiert une connaissance plus approfondie de la population et du contexte pour pouvoir y inclure les différents sous-groupes. Les données relatives à la diversité de la population doivent être prises en compte.
Méthodologie conjointe PAM / UNICEF
L‟étude réalisée par le consortium PAM / UNICEF a été réalisée en décembre, donc en période de récolte dans la région d‟étude. Cette situation peut entrainer un problème de surestimation (consommation alimentaire, revenu…) ou de sous-estimation (dépenses financières,…) réduisant ainsi la fiabilité des données collectées. En effet, la disponibilité, l‟accessibilité et l‟utilisation des aliments par les ménages en période de récolte sont différentes que celles en période de soudure. En période de récolte, les réserves familiales se reconstituent et l‟approvisionnement des marchés permet l‟amorce de la baisse des prix qui restent faibles jusqu‟à la fin de la période. Tandis qu‟en période de soudure la disponibilité et l‟accès aux aliments sont faibles, les marchés sont peu approvisionnés et par la suite les prix atteignant leurs niveaux maximums.
Concernant la question de représentativité, les résultats sont moins représentatifs du fait de la sélection aléatoire des villages qui présentent certainement une hétérogénéité. En effet, divers paramètres varient selon les villages (le mode de vie, l‟effectif de la population, …)
Sur l‟approche de collecte des données, les informations sur les dépenses et sur la consommation alimentaire des ménages sont sujettes à des inexactitudes dues à la nécessité de devoir se «rappeler» des dépenses effectuées les 30 derniers jours et des aliments consommés les 7 derniers jours. De plus, toutes les données sur la santé des membres du ménage et sur les maladies affectant les villages sont reportées par les ménages et ne sont pas confirmées par un diagnostic médical.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. MATERIELS ET METHODES
2. RESULTATS
2.1. Terminologie et concept
2.1.1. La sécurité alimentaire
2.1.2. L‟insécurité alimentaire
2.1.3. Les différents niveaux d‟insécurité alimentaire
2.1.4. La vulnérabilité à l‟insécurité alimentaire
2.1.5. Les moyens d‟existence
2.2. Analyse comparative des différentes méthodologies d‟étude de la sécurité alimentaire d‟une région donnée
2.2.1. Les différentes méthodologies
2.2.1.1. Méthodologie de l‟ACF International
2.2.1.2. Méthodologie conjointe PAM / UNICEF dans l‟analyse de la sécurité alimentaire :
2.2.1.3. Méthodologie conjointe HELVETAS / AIM
2.2.2. Comparaison des différentes méthodologies considérées :
2.2.2.1. Points communs :
2.2.2.2. Différences :
3. DISCUSSIONS
3.1. Limites des différentes méthodologies considérées
3.1.1. Méthodologie de l‟ACF International :
3.1.2. Méthodologie conjointe PAM / UNICEF
3.1.3. Méthodologie conjointe HELVETAS / AIM
3.2. Quelques recommandations sur la méthodologie d‟étude :
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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