A Madagascar, une politique nationale en santé de la reproduction a été élaborée en novembre 2000, dont l’un des quatre grands domaines d’activités est la planification familiale. Cette politique nationale s’est fixée des objectifs intermédiaires en matière de Planification Familiale (PF) qui sont de rendre les services de PF accessibles aux groupes cibles et d’offrir des services de qualité à ces mêmes groupes (1). Bien qu’il soit admis, dans la plupart des sociétés, que l’union constitue le cadre privilégié de l’activité sexuelle, force est de constater qu’à l’heure actuelle, une proportion non négligeable de femmes et d’hommes ont des activités sexuelles fréquentes avant la date officielle de leur première union (2). Dans le contexte malgache, certaines us et coutumes favorisent les relations sexuelles prénuptiales et exposent aux maladies sexuellement transmissibles. Cette situation entraîne souvent des conséquences sociales et économiques graves dont les grossesses non planifiées. L’utilisation des contraceptifs modernes fait actuellement l’objet d’un grand effort de développement de la part des responsables nationaux. « Analyse comparative de l’utilisation des contraceptifs oraux et injectables » est une étude qui a pour objectif de mieux connaître le comportement des utilisatrices afin d’améliorer la couverture contraceptive. La présente étude développe les généralités sur les contraceptifs oraux et injectables et leur utilisation, aborde ensuite l’étude proprement dite sur l’analyse comparative et enfin, dans un troisième temps se concentre sur les commentaires et suggestions.
GENERALITES SUR LES CONTRACEPTIFS ORAUX ET INJECTABLES ET LEUR UTILISATION
LES CONTRACEPTIFS MODERNES
Types de méthodes
Chez les personnes qui veulent éviter la grossesse, l’adoption d’un moyen contraceptif peut être permanente, à long terme ou temporaire. Les méthodes permanentes font appel à la stérilisation de la femme ou de l’homme. Il s’agit d’une méthode anticonceptionnelle efficace : dans le monde cette méthode représente 34% de toutes les pratiques contraceptives (187 millions de femmes stérilisées). La stérilisation masculine au moyen de la vasectomie est une procédure simple et plus sûre que la stérilisation féminine, mais elle est moins pratiquée. Elle représente 8% de toutes les pratiques contraceptives (50 millions d’hommes) dans le monde. Les dispositifs intra-utérins constituent la deuxième méthode la plus courante de contraception utilisée par 150 millions de femmes dans le monde entier. Ces dispositifs sont des méthodes contraceptives à long terme. Parmi les méthodes temporaires on peut citer la pilule, les implants cutanés et les produits injectables qui modifient le cycle hormonal de la femme pour empêcher la conception. Les autres méthodes temporaires sont les méthodes barrières dont la plus courante est le préservatif. Par rapport aux autres formes de contraception, le préservatif est unique en son genre parce qu’il fournit une protection contre les IST. Les préservatifs masculins représentent environ 4% des méthodes contraceptives utilisées par les couples en âge de procréer.
Les contraceptifs oraux
Définition : Les contraceptifs oraux ou « pilules » anticonceptionnelles sont généralement des dragées prises par voie orale contenant des hormones (un œstrogène et un progestatif ou un progestatif seul) en proportion valable, qui empêche la survenue d’une grossesse. On peut distinguer, la pilule progestative et le contraceptif oral combiné.
Pilule progestative
Elle contient un progestatif seul (0,03mg de levonorgestrel. Exemple : OVRETTE®). La pilule progestative doit être prise quotidiennement à la même heure. Il n’y a pas de jours sans pilule.
i). Efficacité
La pilule est efficace à 96,5% si elle est prise régulièrement à heure fixe quotidiennement.
ii). Facteurs limitant
La pilule nécessite un contrôle périodique pour la surveillance des complications.
iii). Contre-indications
• hypertension artérielle,
• diabète,
• tumeurs du sein ou de l’utérus.
iv). Effets secondaires
Réactions mineures :
• céphalées,
• nausées,
• règles irrégulières,
• prise de poids.
Contraceptifs Oraux Combinés (COC)
Ils sont à base d’œstrogène et de progestatif. Exemple le Pilplan®.
i). Présentation
Le Pilplan® est présenté en boîte de 28 comprimés sous blister :
• 21 comprimés blancs (oestro-progestatifs),
• 7 comprimés bruns (75 mg de fumarate de fer par comprimé).
ii). Indications
• femme désirant une méthode contraceptive très efficace,
• dysménorrhée,
• cycle irrégulier,
• antécédent de kyste ovarien ou de grossesse extra-utérine,
• contraception d’urgence,
• prévention de l’anémie, de l’ostéoporose et des cancers de l’endomètre et de l’ovaire.
iii). Efficacité
100% si les instructions sont bien suivies.
iv). Facteurs limitant
Contrôle périodique.
v). Contre-indications
• hypertension artérielle,
• diabète,
• hyperlipidémie,
• antécédents thrombotiques,
• coronarite,
• tumeur du sein ou de l’utérus.
vi). Effets secondaires
Ils sont transitoires et passagers (maximum pendant les trois premiers mois) :
• nausées,
• vertiges,
• céphalées banales,
• prise de poids ne dépassant pas 2 kg en 1 an,
• irritabilité,
• spotting,
• aménorrhée,
• acné,
• sensibilité mammaire,
• dans 15% des cas, modification du lipidogramme et de la glycémie sans traduction clinique,
• dans 5% des cas, élévation de la tension artérielle.
NOTRE ETUDE PROPREMENT DITE SUR L’ANALYSE COMPARATIVE
CADRE D’ETUDE
La présente étude a été réalisée au CSMI (Centre de Santé Maternelle et Infantile) de Tsaralalàna. Il se trouve dans le 1er arrondissement de la ville d’Antananarivo. Le CSMI de Tsaralalàna a été fondé en 1955 et fut inauguré par Mme Sagenor Rasoazanapara le 14 octobre 1955.
Le CSMI de Tsaralalàna
Organisation des services et locaux
Le CSMI offre des services préventifs et des services curatifs.
Services préventifs
Les services préventifs sont :
– la surveillance nutritionnelle,
– la consultation prénatale,
– la planification familiale,
– la vaccination,
– l’IEC (Information, Education et Communication).
Services curatifs
Les services curatifs sont :
– la consultation externe,
– les soins infirmiers,
– la pharmacie.
COMMENTAIRES
Les utilisatrices de la contraception moderne
En 2009, au CSB2 de Tsaralalàna, il a été enregistré 786 clientes de programme de planification familiale dont 645 utilisatrices régulières des contraceptifs oraux et injectables domiciliées dans la zone de desserte du CSB2. En fait, si on considère toutes les utilisatrices enregistrées en 2009, sans tenir compte des secteurs sanitaires de provenance, les 786 clientes domiciliées dans la zone de desserte du CSB2 ne représentent que 44,1% de la totalité des femmes enregistrées. C’est dire que le CSB2 exerce un taux d’attraction de 55,9% vis-à-vis des femmes des secteurs avoisinants.
Les utilisatrices des contraceptifs oraux
Sur les 645 femmes en âge de procréer de l’étude, 216 c’est-à-dire 33,5% sont des utilisatrices de contraceptifs oraux.
Profil des utilisatrices
• Les utilisatrices de contraceptifs oraux ont 30 à 39 ans dans la majorité des cas (49,1%) suivies de près par la tranche d’âge plus jeune de 20 à 29 ans avec 35,6% d’utilisatrices.
• Ces femmes sont célibataires dans 30,1% des cas avec une parité égale à 3. Elles sont du niveau secondaire dans la moitié des cas avec 54,2% évoluant dans le secteur informel. La répartition selon le domicile montre que les sujets du groupe viennent surtout des fokontany suivants :
– Ambondrona Ambodifilao,
– Ambondrona Tsiazotafo,
– Faravohitra Mandrosoa.
Ces fokontany se trouvent à moins de 1 kilomètre du CSB2.
Les utilisatrices des contraceptifs injectables
Par rapport aux 645 femmes de l’étude, 429 c’est-à-dire, 66,5% sont des utilisatrices de contraceptifs injectables. Ces utilisatrices ont 30 à 39 ans dans 61,3% des cas, suivies d’assez loin par le groupe des 20 à 29 ans qui représentent 27% des cas. Ces femmes sont célibataires dans 33,6% des cas avec une parité égale à 4 dans 41,7% des cas. Elles sont du niveau secondaire dans 39,2% des cas. Celles qui travaillent dans le secteur informel représentent 44,5% des cas. La répartition selon le domicile montre que les sujets du groupe viennent surtout des fokontany suivants :
– FIATA,
– Ambondrona Ambodifilao,
– Ambondrona Tsiazotafo,
– Ambatovinaky.
Ceci montre que l’option pour les contraceptifs injectables ne s’explique pas uniquement par le fait d’habiter loin du CSB2. D’autres raisons poussent les femmes à choisir la méthode injectable, comme par exemple, le désir de ne pas prendre la pilule quotidiennement. Dans notre étude, la prévalence contraceptive des femmes en union est plus importante que celle de l’ensemble des utilisatrices des méthodes contraceptives orale et injectable. C’est le cas aussi au niveau national. Selon le Ministère chargé de la Santé, en ce qui concerne la région de résidence, dans toutes les provinces, les niveaux de prévalence de l’utilisation des contraceptifs oraux et injectables sont plus élevés que ceux des autres méthodes contraceptives (23)(24). La prévalence contraceptive, qu’elle soit moderne ou traditionnelle, augmente de façon importante avec le niveau d’instruction. Ceci a été vérifié aussi dans notre étude puisque la prévalence augmente de 3 à 5% chez les illettrés à 39 à 50% chez les utilisatrices ayant un niveau d’instruction secondaire.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES CONTRACEPTIFS ORAUX ET INJECTABLES ET LEUR UTILISATION
1. LES CONTRACEPTIFS MODERNES
1.1. Types de méthodes
1.2. Les contraceptifs oraux
1.2.1. Pilule progestative
1.2.2. Contraceptifs Oraux Combinés (COC)
1.2.3. Suivi
1.2.4. Précaution d’emploi
1.2.5. Interactions médicamenteuses
1.2.6. Informations-clés
1.3. Les contraceptifs injectables
1.3.1. Noristérat®
1.3.2. Depo-provera®
1.4. Les autres méthodes contraceptives
2. L’ETUDE COMPARATIVE
2.1. Comparaison d’une répartition observée à une répartition théorique
2.1.1. Le test de X2
2.1.2. Exemple de comparaison d’un pourcentage observé à un pourcentage théorique
2.2. Comparaison de deux pourcentages observés
2.2.1. L’écart-réduit
2.2.2. Exemple de comparaison entre 2 pourcentages observés
3. L’UTILISATION DES SERVICES DE SANTE
3.1. Le concept d’utilisation
3.1.1. L’utilisation de service demandée par l’individu
3.1.2. L’utilisation de service contrôlée par le médecin
3.2. Les mesures de l’utilisation
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE PROPREMENT DITE SUR L’ANALYSE COMPARATIVE
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Le CSMI de Tsaralalàna
1.1.1. Organisation des services et locaux
1.1.2. Personnel du CSMI
1.2. Le secteur sanitaire
1.2.1. Démographie
1.2.2. Plan du secteur
2. METHODOLOGIE
2.1. Type d’étude
2.2. Période d’étude
2.3. Population cible
2.3.1. Critères d’inclusion
2.3.2. Critères d’exclusion
2.4. Echantillonnage et taille de l’échantillon
2.5. Recueil des données
2.6. Saisie et traitement
2.7. Tests statistiques
2.8. Limite et éthique
2.9. Paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.1. Nombre d’utilisatrices
3.2. Utilisatrices des contraceptifs oraux et injectables
3.2.1. Répartition des utilisatrices des contraceptifs oraux
3.2.2. Répartition des utilisatrices de contraceptifs injectables
3.3. Contraceptifs utilisés
3.4. Utilisatricesretenues dans l’étude et ensemble des utilisatrices
3.5. Comparaison de prévalence
3.5.1. Utilisation des contraceptifs oraux
3.5.2. Utilisation des contraceptifs injectables
3.5.3. Utilisation des contraceptifs oraux et injectables
3.5.4.Couverture contraceptive
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRESET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES
1.1. Les utilisatrices de la contraception moderne
1.2. Les utilisatrices des contraceptifs oraux
1.2.1. Profil des utilisatrices
1.2.2. Les utilisatrices des contraceptifs injectables
1.3. Type de contraceptifs utilisés
1.4. Comparaison de prévalence
1.4.1. Utilisation des contraceptifs oraux et utilisation des contraceptifs injectables
1.4.2. Couverture observée et couverture contraceptive nationale
2. SUGGESTIONS
2.1. Une meilleure information de la population du secteur sanitaire de l’étude
2.1.1. Objectif
2.1.2. Stratégies
2.2. Développement du counseling
2.2.1. Objectif
2.2.2. Stratégie
CONCLUSION
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