Les questions relatives au langage humain ont depuis toujours resté des mystères pour les hommes. De nombreuses interrogations se sont donc imposées. D’où vient le langage? Pourquoi prend-il la forme de langues différentes ? Pourquoi les langues changent-elles ? Les langues reflètent-elles une logique naturelle ? Quel est le secret du rapport entre la langue et la nature, entre la langue et la culture ? … Ces questions ou plutôt ces énigmes on fait l’œuvre de nombreux débats et plusieurs œuvres de réflexion.
De même, La diversité des langues qui pour certains devait être prise comme un avantage est source de beaucoup de questionnements et de débats car chacun de nous en tant que sujet parlant s’en fait une certaine idée. Idéologie qui se traduit souvent par des jugements de valeur, d’où le besoin de composer, d’hiérarchiser et de classer les langues comme on la toujours fait des races, des peuples, des individus. Ainsi, nombre d’idées, de préjugés de toute sorte à propos des langues : telle langue est belle, harmonieuse, musicale, telle langue est laide, dissonante, telle langue est noble, telle autre est vile ou impure etc. S’y ajoutent également des jugements sur les locuteurs eux-mêmes : les slaves sont doués pour les langues, pas les Français; les noirs sont incapables de prononcer les « r », les locuteurs des langues « primitives » sont dotés de mentalités prélogiques, etc.
C’est Face à cette situation que Marina YAGUELLO a écrit son ouvrage intitulé Catalogue des idées reçues sur la langue. Dans ce petit livre elle remet en question ces idées afin de lutter contre cette linguistique qu’elle appelle « linguistique spontanée ». Ainsi comme elle le dit dans l’ouvrage : « pour moi linguiste, cette « linguistique spontanée » doit être combattue seulement dans la mesure où les préjugés, les simplifications, les idées fausses qu’elle véhicule peuvent présenter un danger de nature idéologique, nuire à la compréhension de l’autre, donner des arguments à toutes formes de racisme, contribuer à l’obscurantisme. » .
PROBLEMATIQUE
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
L’analyse du discours est une approche qui s’est développée à partir des années soixante. Cependant, bien qu’étant le domaine le plus récent par rapport aux autres domaines de la linguistique classique notamment la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la sémantique, la lexicologie et par rapport aux disciplines constituées comme la sociolinguistique, Cette linguistique du discours a fait l’œuvre de nombreuses études.
Cependant, ayant comme objet d’étude « le texte », elle n’était pas admise comme étant un domaine purement linguistique. Dans le Cours de linguistique générale de Ferdinand de SAUSSURE le concept de discours n’est pas certifié. Pour caractériser l’objet et la tâche de la linguistique, SAUSSURE procède par une distinction de ce qui n’est pas linguistique. Cette démarche consiste à poser une démarcation très nette entre la linguistique et les autres sciences qui auraient à s’intéresser à la question du langage. Ayant circonscrit le domaine de la linguistique comme l’étude de la langue (elle-même définie comme un « système de signes ») il avance une seconde proposition. Il fait reposer son entreprise sur l’opposition entre « langue » et « parole » dont il rend les termes d’une seconde opposition société/individu qui recoupe en tous points la première.
A ce parallèle correspond dans le dispositif conceptuel du Cours de linguistique générale, un programme de recherche qui oriente d’emblée la linguistique vers l’étude des faits de système. « En séparant la langue de la parole, on sépare du même coup : 1⁰ ce qui est social de ce qui est individuel ; 2⁰ ce qui essentiel de ce qui est accessoire et plus ou moins accidentel » (1978, p.30). C’est aussi dans ce cadre que le père fondateur de la linguistique moderne continue dans le même ouvrage pour affirmer que : « l’étude du langage comporte donc deux parties : l’une essentielle, a pour objet la langue, qui est sociale dans son essence et indépendante de l’individu; cette étude est uniquement psychique ; l’autre, secondaire, a pour objet la partie individuelle du langage, c’est-à-dire la parole y compris la phonation : elle est psycho-physique», (1978, p.37).
De là, l’espace de manifestation effectif du langage (la parole), définie comme lieu des variations individuelles, était alors exclu en tant qu’objet d’étude de la linguistique. Mais quand une mise en cause de l’opposition saussurienne langue/parole fait jour, ce sera pour faire droit à une réhabilitation de la parole comme domaine, dont l’examen attentif révèle un ensemble de régularités qui le rend digne d’une élaboration théorique. A partir de ce moment où la question sur une linguistique du discours est devenue un intérêt d’étude pour beaucoup de chercheurs, des recherches ont montré que toute communication humaine se fait au moyen d’énoncés suivis oraux ou écrits qui vont d’un simple mot oral à plusieurs volumes écrits. Car, si le langage humain nous sert à communiquer, pour se comprendre, il ne peut être seulement interprété comme système de signes qui eux mêmes seraient interprétés en unités isolées. C’est donc dire que le sens du discours n’est pas donné par la langue mais il est plutôt découvert par le destinataire grâce aux multiples points de repère que le destinateur y a placés pour exprimer ce qu’il veut dire.
Ainsi, l’idée que la linguistique soit abusivement restreinte dans la phrase comme étant la plus haute construction analysable, ou la sphère de cette linguistique soit confinée à la seule grammaire ou uniquement aux questions non sémantiques commençait à être écartée. La discipline qui était considérée comme empirique, celle des unités plus vastes que la phrase commençait à situer son objet d’étude.
méthodologie de la recherche
L’élaboration de tout travail de recherche nécessite une méthodologie à suivre afin de garantir une bonne organisation de ce travail. Pour la réalisation de ce dernier, nous avons consacré l’essentiel de nos recherches dans certaines bibliothèques de l’université notamment à la bibliothèque centrale et celle du centre de linguistique appliquée de Dakar (CLAD) où nous avons trouvé la plupart des ouvrages que nous avons consultés. Ensuite la bibliothèque du département de linguistique où nous avons consulté quelques mémoires traitant de l’analyse du discours. Des recherches sur Google nous étaient nécessaires surtout pour la bibliographie de certains auteurs que nous avons présentés dans ce travail. Quelques dictionnaires ont été aussi utilisés pour mieux appréhender le sens de certains concepts.
Corpus
Notre choix sur l’œuvre de Marina YAGUELLO comme corpus de référence est fait après plusieurs lectures de recherche. Après une minutieuse lecture de ce livre, qui à notre connaissance n’a pas fait l’objet de nombreuses études notamment à l’université Cheikh Anta DIOP de Dakar, nous avons pris l’engagement d’en faire une étude argumentative. L’auteure de cet ouvrage Marina YAGUELLO est professeur à l’université Paris VII, RenéDiderot. De langue maternelle russe, elle a travaillé sur le français, l’anglais et le wolof. Elle a publié de nombreux ouvrages sur le langage et les langues, dont aux éditions du Seuil, Alice au pays du langage, Les fous du langage, Histoires de lettres, le sexe des mots et petits faits de langue. Dans son livre catalogue des idées reçues sur la langue, YAGUELLO se fixe comme objet de combattre les préjugés portés sur les langues. Dans la mesure où pour elle, les idées fausses qui sont véhiculées peuvent présenter un danger de nature idéologique, nuire à la compréhension de l’autre, donner des arguments à toutes les formes de racisme et contribuer à l’obscurantisme. Ainsi elle organise son ouvrage en vingt quatre petits chapitres qui sont les suivantes : « Le sentiment de la langue », « Vous qui êtes linguiste », « Entre langue et la culture », « La planète des langues », «Grandes et petites langues », « Le don de langues », « Le multiple dans l’unique », « Avé l’Essen », « le Neg’ de la Ma’tinique », « Identité linguistique, identité nationale», « L’arbre des langues », « Latinité », « Le génie de la langue », « Au commencement était le verbe », « Moi, j’ai jamais fait de grammaire », « La langue maternelle », « C’est pas dans le dictionnaire », « Touche pas à ma langue », « Telle qu’en elle-même enfin l’éternité la change », « La langue de chez nous », « ce qui n’est pas claire n’est pas français », « Qu’est-ce qu’une langue difficile » ?, « Yabon Banania », « Les belles étrangères.» .
THEORIES DE BASE ET CONCEPTES CLES
Au cours de l’élaboration de ce travail, l’ensemble des documents que nous avons consultés nous ont permis de faire le constat de l’existence de plusieurs théories dans le domaine de l’argumentation. Toutefois nous avons constaté que ces différentes théories portent toutes sur le même objet d’ensemble : l’opération ou le processus suivant lequel sont fournies des raisons pour convaincre un interlocuteur ou un auditoire. Pour ce travail du mémoire, nous visiterons ces différentes théories. Par conséquent tous ces domaines de l’argumentation seront pris en compte dans notre analyse pour mieux cerner notre thème afin de bien l’étudier.
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Table des matières
INRODUCTION
Chapitre I : CADRE THEORIQUE
I-1- PROBLEMATIQUE
I-1-1-CONTEXTE ET JUSTIFICATION
I-1-2-Questions de recherche
I-1-3- Objectifs
I-1-4-Hypothèses
I-2- Revue de littérature
Chapitre II : METHODOLOGIE
II-1 méthodologie de la recherche
II-2 Corpus
II-3 THEORIES DE BASE ET CONCEPTES CLES
Chapitre III : PROCEDES ARGUMENTATIFS
III- 1 procédés rhétoriques
III-1-1 les figures de discours
III-1-1-1 L’hyperbole
III-1-1-2 Le paradoxe
III-1-2 les tropes
III-1-2-1 La comparaison
III-1-2-2 La métaphore
III-1-2-3 La répétition
III-2- Procédés pragmatiques
III-2-1 Les actes de langage
III-3- Procédés logiques
III-3-1 la progression du raisonnement
III-3-1-1 le raisonnement inductif
III-3-1-2 le raisonnement déductif
III-3-1-3 Le raisonnement concessif
III-3-1-4 Le raisonnement par analogie
III-3-1-5 le raisonnement explicatif
III-3-1-6 Le raisonnement causal
III-3-2 les connecteurs argumentatifs
III-3-2-1 les connecteurs d’addition
III-3-2-2 Connecteur de cause
III-3-2-3 Les connecteurs d’opposition
III-3-2-4 Connecteurs de but
III-3-2-5 Connecteurs de condition
III-3-2-6 Connecteurs d’ordre ou de succession
III-3-2-7 Connecteurs d’explication ou précision
III-3-2-8 Connecteurs de conséquence
III-3-2-9 Connecteurs de choix/restriction
III-3-3 Les modalisateurs
III- 3-3-1 Les deixis personnels
III- 3-3-2 Les adjectifs subjectifs
III-3-3-3 Les verbes subjectifs d’opinion
III-3-3-4 Les adverbes subjectifs
III-3-3-5 L’emploi de parenthèses
III-3-3-7 Modalisateur de la nécessité
III-3-4 la progression thématique
III-3-4-1 La progression à thème constant
III-3-4-2 Progression à thème linéaire
III-3-4-3 La progression à thème divisé ou éclaté
Chapitre IV : STRATEGIES ARGUMENTATIVES
IV-1- Argumentations liées à l’éthos
IV-2 Argumentations liées au pathos
IV-3 Argumentations liées au logos
IV-4 polyphonie dans l’argumentation
VI-5 Argumentation par l’exemple
VI-6- Argumentation par anecdote
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE