DEFINITION DU PALUDISME
Le paludisme ou malaria est une maladie parasitaire, endémo-épidémique, tropicale et intertropicale, caractérisée par la présence dans l’organisme, associée ou non à des signes cliniques, d’un parasite appartenant au genre Plasmodium et transmis à l’Homme par la femelle d’un moustique du genre Anopheles. On distingue le paludisme-infestation ou paludisme asymptomatique correspondant à la présence du parasite chez un sujet sans signes cliniques, et le paludisme-maladie correspondant à la présence du parasite associée à des signes cliniques dont le plus souvent la fièvre. Cinq espèces de Plasmodium sont responsables du paludisme humain; ce sont: P. falciparum, P. malariae, P. ovale, P. vivax, P. knowlesi (COX-SINGH et al. 2008). La mortalité est principalement due à P.falciparum qui est l’espèce la plus pathogène.
AMPLEUR DU PALUDISME
Le paludisme représente un problème majeur de santé publique dans le monde, surtout en Afrique. En effet, selon le rapport 2011 de l’OMS sur le paludisme dans le monde, les estimations font état de 216 millions d’épisodes en 2010, dont 81 % dans la région Afrique de l’OMS. Dans les régions sub-sahariennes d’Afrique, cette affection parasitaire constitue la première cause de morbidité et de mortalité. Le nombre de décès dus au paludisme est estimé à 655 000 pour l’année 2010, dont 91% en Afrique. À l’échelle mondiale, 86% des décès imputables au paludisme frappent des enfants de moins de 5 ans. (OMS 2012) .
Sur le plan économique, plus de 12 milliards de dollars de perte annuelle de PIB (Produit Intérieur Brut) sont dues au paludisme en Afrique. Il y est responsable de 40% des dépenses annuelles de santé publique. On estime qu’un seul épisode de la maladie coûte environ dix jours de travail. Des recherches montrent que les familles touchées ne défrichent que 40% de la superficie de leur terre pour la culture contrairement aux familles en bonne santé (SACHS et MALANEY 2002).
Le Burkina Faso, pays situé au cœur de l’Afrique de l’ouest, n’échappe pas à cette maladie. Le paludisme constitue un problème majeur de santé publique et reste une endémie qui touche tout le pays. On distingue trois (3) strates de transmissions:
• une transmission permanente dans les régions du sud et du sud-ouest, toute l’année avec un renforcement en saison de pluies et début de saison sèche;
• une transmission longue, d’environ 4 mois au centre du pays, où 80% des accès palustres sont enregistrés entre juillet et octobre.
• une transmission courte au nord du pays, dans la pointe sahélienne, d’une durée de 2 à 3 mois.
Selon les données statistiques du système national d’information sanitaire, le paludisme constitue la principale cause de consultation, d’hospitalisation et de décès dans les formations sanitaires. En 2012, les structures de santé ont enregistré 6 507 734 cas de paludisme dont 444 207 cas de paludisme grave (MINISTÈRE DE LA SANTÉ, 2013). Les espèces plasmodiales responsables du paludisme au Burkina Faso sont : P. falciparum dans plus de 90% des cas, suivi de P. malariae (3-8%) et de P. ovale (0,5-2%). (CARNEVALE et al. 1999). Les données de chimiosurveillance de 2003 ont révélé des taux d’échecs thérapeutiques allant de 26,9% à 63,3% pour la chloroquine et de 10% pour la sulfadoxine-pyrimethamine. Ces forts taux de chimiorésistances ont nécessité en février 2005, l’adoption d’une nouvelle politique de traitement du paludisme simple au Burkina Faso avec l’utilisation des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine. La sulfadoxine-pyrimethamine a été réservée pour le traitement préventif intermittent chez la femme enceinte.
LES ANOPHELES VECTEURS: LE COMPLEXE ANOPHELES GAMBIAE S.L
Systématique: structure génétique et spéciation au sein du complexe An. gambiae s.l.
Les anophèles sont des diptères nématocères appartenant à la famille des Culicidae. Parmi plus de 500 espèces d’anophèles recensées dans le monde, seule une vingtaine sont considérées comme vecteurs majeurs du paludisme, d’autres espèces pouvant jouer un rôle secondaire. Cette aptitude à transmettre le parasite découle des particularités biologiques, écologiques et génétiques très spécifiques qui déterminent la capacité vectorielle d’une espèce. L’intérêt que portent les scientifiques à l’étude des anophèles et plus particulièrement aux membres du complexe An. gambiae s.l. est très étroitement lié à l’importance de la menace qu’ils représentent pour la santé publique. Ce sont les vecteurs les plus efficaces du paludisme en Afrique subsaharienne mais ils sont également impliqués dans la transmission de Wuchereria bancrofti, agent de la filariose lymphatique.
Bien que semblables morphologiquement, tous les membres du complexe An. gambiae semblent ne pas posséder la même aptitude à transmettre le paludisme ce qui rend particulièrement nécessaire J’identification des différentes espèces qui le constituent. La spéciation au sein des membres d’un complexe d’espèces morphologiquement identiques se traduit généralement par des différences au niveau comportemental et génomique. Les premières indications d’une hétérogénéité au sein des populations d’An. gambiae furent en effet basées sur des considérations purement écologiques avec la description de « variants » capables de coloniser des gîtes larvaires saumâtres (MUIRHEADTHOMSON 1951). Les travaux du Pr. Mario COLUZZI en cytogénétique (COLUZZI et al. 1977; COLUZZI et al. 1979) ont permis une avancée considérable des moyens d’identification des différentes espèces constitutives du complexe An. gambiae, basée sur l’existence d’inversions chromosomiques visualisées dans les chromosomes géants isolés des glandes salivaires des larves au stade IV ou des ovaires des femelles semi-gravides (GREEN 1972). L’identification par cytogénétique, malgré sa mise en œuvre difficile et le niveau d’expertise qu’elle requiert, est longtemps restée la technique de choix dans ce domaine. Les progrès de la biologie moléculaire ont alors permis le développement des sondes ADN spécifiques (COLLINS et al. 1986; CRAMPTON et HILL 1993) qui ont débouché sur la mise au point d’un test diagnostic basé sur l’amplification par PCR des gènes codant pour les ARN ribosomaux (SCOTT et al. 1993). Ce test permet l’identification rapide des spécimens collectés sur le terrain, quels que soient le sexe et le stade de développement.
Le complexe An. gambiae comprend aujourd’hui sept espèces bien différenciées:
-An. gambiae s.s Giles, 1902.
-An. arabiensis Patton, 1904.
-An. bwambae White, 1985.
-An. melas Theobald, 1903.
-An. merus Boenitz, 1902.
-An. quadriannulatus Theobald, 1911.
-An. quadriannulatus B, Hunt, 1998.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LE PALUDISME, L’AGENT PATHOGENE, LES VECTEURS ET LEURS INTERACTIONS
1.1. Définition du paludisme
1.2. Ampleur de la paludisme
1.3. Les anophèles vecteurs: le complexe Anopheles gambiae
1.3.1.Systématique: structure génétique et spéciation au sein du complexe An. gambiae
13.2.Le cycle biologique des anophèles: bioécologie, physiologie de la reproduction d’Anopheles gambiae s.s.et d’Anopheles arabiensis
1.4. L’agent pathogène
[IIIClassification et espèces pathogènes pour l’Homme
IIIICycle de vie du Plasmodium
1.4.2.1. Chez l’Homme
1.4.2.2. Chez le vecteur: biologie de Plasmodium au cours de son développement sporogonique
1.5. La lutte contre le paludisme
1.5.1. Méthode de lutte antivectorielle actuelle
1.5.2. Concepts innovants de lutte antivectoriel1e : la lutte génétique contre les vecteurs du paludisme
1.6. Diversité génétique de P.falciparum et principes d’épidémiologie moléculaire:
1.6.1. Diversité génétique de P. falciparum
1.6.2. Génétique des populations appliquée au paludisme
1.7. Les interactions Anopheles-Plasmodium
1.7.1. La capacité vectorielle: importance de la longévité et de la fécondité dans la transmission
1.7.2. Compétence vectorielle : Gènes et déterminants environnementaux impliqués dans la susceptibilité/résistance du moustique à ]’infection
1.7.3. Notion générale sur le parasitisme et de son impact sur les traits d’histoire de vie de l’hôte
CHAPITRE II :METHODOLOGIE GENERALE
ILl. Origine et élevage des moustiques
11.2. Prospections parasito1ogiques : recherche des porteurs de gamétocytes
11.3. Technique d’infection expérimentale
lIA. Mesure du niveau d’infection des moustiques
11.5. Mesure de la quantité de repas sanguin ingérée par les moustiques
II.6. Mesure de la taille de l’aile du moustique
CHAPITRE III :COMPETENCE VECTORIELLE DANS LE COMPLEXE AN. GAMBIAE
lILl. INTRODUCTION
lIL2.MATERIEL et METHODES
IlI.3.RESULATS
lIL4.DISCUSSION
lII.5.CONCLUSION PARTIELLE
CHAPITRE IV :COUT DE L’INFECTION A PLASMODIUM FALCIPARUMCHEZ ANOPHELES COLUZZII
IV.l.INTRODUCTION
IV.2.MATERIEL ET METHODES
IV.2.1 Vue d’ensemble du protocole
IV.2.2 Analyse statistique
IV.3. RESULATS
IV.3.l.Validation du contrôle négatif (Expérience 1)
IV.3.2.Etude du coût de l’infection en condition optimale de vie (Expériences 2 et 3)
IV.3.3.Etude du coût de l’infection sur la survie du moustique en condition de limitation de glucose
(Expérience 4)
IV.3.4.Etude du coût de l’infection en condition de stress climatique (Expériences 5 et 6)
IV.4.DISCUSSION
IV.5.CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
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