LE PROJET TSIPERIFERY
CIRAD et FOFIFA avec l’ONG ARINA travaillent sur la filière récente de « Voatsiperifery » ou poivre sauvage de Madagascar qui présente de nombreuses spécificités par rapport aux autres types de poivre. Ce type de Tsiperifery ne se trouve que dans les forêts étant donné que le fruit est produit par des lianes qui ne se développent dans les forêts. Ambongamarina fait partie des sites de collète de ce poivre dans le district d’Anjorozorobe. Vu que les membres de « VOI RIAN’ALA » ont des connaissances sur le Tsiperifery, ils collaborent avec les cueilleurs pour la surveillance de la parcelle de forêt dont ils ont la garde. Selon le président de la VOI, il y avait beaucoup de Tsiperifery dans le site transféré. Il est possible que les membres de VOI cueillent du tsiperifery lorsqu’il leur a été demandé de surveiller la parcelle de forêt. (ENQUETE, Sept 2017) La filière Tsiperifery est une activité génératrice de revenus pour les communautés qui vivent près de la forêt. Une formation avec des accompagnements techniques, socioorganisationnels sont effectués actuellement pour un renforcement de la participation et de la capacité des membres afin de s’assurer de la mise en place d’une bonne gouvernance pour une meilleure gestion des ressources naturelles et également pour une meilleure qualité de vie des populations. La culture du Tsiperifery possède une grande valeur pour atteindre le niveau national et le niveau mondial. Elle tient la seconde place après la Vanille dans le marché international. Dans la cas d’Ambongamarina, la figure 8 montre la structure basique de la filière, les cueilleurs livrent les produits auprès des sous-collecteurs et les collecteurs au moment où le produit est encore frais. Puis les sous-collecteurs vont procéder au séchage avant de le livrer aux collecteurs. Les exportateurs reçoivent du poivre séché pour éviter la dégradation des produits venant des collecteurs. Plus le produit est frais plus il est bon marché, plus le produit est sec, plus il a de la valeur. Le kilo peut atteindre entre 25 000 à 30 000 Ariary au près des collecteurs. Les acteurs principaux sont les cueilleurs c’est à dire les personnes qui s’occupent de la récolte. Les sous-collecteurs et collecteurs. L’activité des sous-collecteurs se limite à la collecte du Tsiperifery tout venant et la revente aux collecteurs. Et en Aval, les exportateurs s’engagent avec les collecteurs en termes de quantité et de qualité des produits. Ce chapitre évoque la mise en œuvre du transfert de gestion des ressources forestières vers le VOI Rian’Ala dans le Fokontany d’Ambongamarina, le prochain chapitre présente l’écotourisme au sein du Fokontany d’ Antsahabe grâce à l’existence de la NAP.
UN ECOTOURISME POUR UNE GESTION PARTICIPATIVE
L’Organisation Non Gouvernementale « FANAMBY » qui s’est implantée à Madagascar depuis 1997 en tant qu’organisation qui s’occupe uniquement du développement a élargi ses activités sur le domaine de conservation et protection de l’environnement. Son but principal est de mettre d’abord en place une gestion durable avec une implication des communautés locales, de soutenir les initiatives locales et régionales dans le but de dynamiser le développement local et régional. Ensuite, de promouvoir l’écotourisme ainsi que les activités agricoles. Ces dernières vont être orientées vers le marché en partenariat avec le secteur privé. Elle intervient également dans le domaine de la sensibilisation pour conscientiser la population locale sur la valeur socioéconomique de la forêt afin que les entités concernées y participent. Le projet écotourisme dans le NAP d’Anjozorobe a été initié en 2005 par l’ONG FANAMBY pour un développement d’un écotourisme à base communautaire et en partenariat avec les communautés locales et pour une valorisation de l’espace forestier. Selon l’approche FANAMBY : « Le tourisme peut jouer son rôle de vecteur de développement durable si sa mise en place se fait de façon concertée avec les communautés visitées, car elles sont maîtres de leurs destins dans le village où elles vivent. L’harmonie est le mot d’ordre. Le développement ne pourra être supportable à long terme que si les communautés et l’environnement le sont » Écotourisme est un nouveau concept dans le domaine de l’environnement, il définit une forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribuent à la protection de l’environnement et au bien-être des populations locales (ECOTOURISME INFO,2010). Cette activité tertiaire est caractérisée par des activités d’observation et d’appréciation sur la nature ainsi que l’interprétation de l’environnement. L’écotourisme protège également des zones naturelles, et veille au bien-être des populations locales en favorisant une prise de conscience puis en créant des emplois et des sources de revenus pour qu’ils aient des avantages économiques au près des gestionnaires et aux administrations qui veillent à la préservation des zones naturelles. Autrement dit, cette activité est axée sur trois axes stratégiques dans le domaine de développement tant local que national d’où :
– La valorisation de la richesse en faune et en flore en favorisant des activités d’écotourisme
– La mise en place des infrastructures appropriées,
– L’élaboration des règles pour éviter que ces activités ne deviennent un facteur destructeur de l’écosystème et aux valeurs locales.
Le site d’Antsahabe possède sept (7) circuits aménagés de 1 à 7 h de marche à la découverte de paysages avec un tarif de guidage qui varient entre 10 000 jusqu’ à 20 000 ariary. Le tableau n°8 mentionne ces circuits dont : le circuit immersion communautaire, circuit orchidées, circuit ombre et lumière, circuit cascade, circuit nocturne, le circuit randonné, et le circuit bambou.
-Circuit immersion communautaire : Ce circuit permet de découvrir le quotidien des habitants de l’Aire Protégée et ses périphéries et de rencontrer éventuellement des artisans locaux travaillant la vannerie et fabriquant la charrette à zébu ; les organisations sociaux – culturelles du village. Le circuit Immersion communautaire offre également l’opportunité de mieux connaître les impacts positifs de la conservation de la biodiversité sur la communauté locale. La durée est de 2 à 3 heures 30 mn.
-Circuit Orchidées : Ce circuit est marqué par la présence de différentes orchidées comme l’Angraecum et Aerangis citrata, très connues dans la région de la forêt tropicale. Il dure une heure Le circuit permet de voir l’aperçu général de la forêt ainsi que le village d’Antsahabe grâce un somptueux point de vue.
-Circuit ombre et lumière : C’est destiné aux randonneurs et admirateurs de longue marche, La durée est de 3 à 4 heures. Les attraits sont offerts par les espèces faunistiques et floristiques ainsi leurs importances dans la vie de la communauté locale et leurs rôles écologiques.
– Circuit cascade : Ce circuit permet d’apercevoir deux des plus grands lémuriens comme l’Indri indri, de pelage presque noir et de pelage blanc et marron ainsi que les espèces nocturnes telles que Lepilemur mustelinus et Avahi laniger dans leur sommeil durant la journée. La Cascade Sacrée est un lieu de culte traditionnel où la population pratique encore des rites. C’est tabou pour la population locale de faire le sacrifice à la cascade sacrée tous les mardi, jeudi et samedi. Le circuit dure 1 heure à 1 heure 30 minutes.
-Circuit nocturne : le circuit nocturne de 3 à 4 heures permet de rencontrer les lémuriensnocturnes notamment le Lepilemur mustelinus ou « Tsidy »et Avahi laniger ou « Fotsife », lescaméléons dont le Calumma brevicornis, Calumma globifer et Calumna gastrotaenia; les grenouilles comme mantidactilus et gypheromantis. Les différents insectes vont être rencontrés également dans la forêt de l’aire protégée d’Anjozorobe Angavo durant la visite nocturne comme le phasme.
– Circuit randonnée : C’est le plus long des circuits. La durée est de 5 à 7 heures. Il représente 14 km de visite. La marche commence par la traversée du vestige avec une probabilité d’apercevoir les Indris indris et les Propithecus diadema et la découverte des rôles socioéconomiques et culturels de la forêt. Le circuit passe par le « Doany d’Afatrapeo » puis par le tombeau de Ramanarabe, un devin Betsimisaraka, témoin de l’importance de cette région ensuit le passage au tombeau de Ramanarabe, un devin Betsimisaraka, témoin de l’importance de cette région durant la conquête royale merina. La rencontre avec les charbonniers dans les plantations d’Eucalyptus en bordure des forêts naturelles et la visite du village d’Ambodipaiso permet de familiariser avec la communauté locale, en particulier, avec les artisans en vannerie et les fabricants de charrette à zébus.
– circuit bambou : C’est l’un des circuits les plus riches en faune et en flore. A part ces célèbres bambous, refuges du lémurien Hapalemur griseus, d’autres espèces peuvent être rencontrées telles Eulemur fulvus et Propithecus diadema. Les grenouilles s’exposent également dans les feuilles de « Vakona » ou pandanus. La durée de ce circuit est de 02 h à 02h 30 minutes.
Recommandations pour les Organismes d’appui
Quelques recommandations sont à conseiller pour les organismes d’appuis :
– Les organismes consacrent actuellement une part de leur budget à l’identification et au développement de la filière Tsiperifery à long terme. L’intégration des paysans agriculteurs est à promouvoir.
– L’administration forestière doit être appuyée dans la mise en œuvre du système de suiviévaluation en communiquant systématiquement les informations relatives à la mise en place et à l’évolution de transfert de gestion.
– La recherche agronomique et forestière doit être priorisée, afin de proposer une évolution réaliste des pratiques agricoles et forestières.
– Enfin, une approche territoriale combinant la conservation de la biodiversité et la valorisation des Ressources naturelles renouvelables est à promouvoir avec les VOI.
RECOMMANDATIONS SUR ECOTOURISME A ANTSAHABE
La conservation de la forêt d’Anjozorobe est l’une des priorisations des acteurs de cette forêt à savoir le gestionnaire l’AP et AMI. L’écotourisme est une activité qui veille à la conservation de l’environnement et au bien-être des populations locales. Il détient un rôle important au niveau de l’éducation à l’environnement dont le but est de les inciter à prendre conscience de la protection des ressources naturelles afin de donner à tous les moyens d’un comportement responsable.
a) Recommandations pour FANAMBY
– L’ONG FANAMBY a légué la gestion de l’AP aux communautés et aux autorités locales. Pourtant il existe un manque de compétence auprès de l’association chargée de la gestion des ressources naturelles. D’où, Il est essentiel de renforcer la sensibilisation et la formation dans le cadre de la conservation des ressources naturelles. Il faut faire aussi un suivi de ces sensibilisations pour instaurer de façon durable la notion de conservation et impliquer toute les parties prenantes dans la conservation de l’AP. L’éducation environnementale et culturelle des communautés locales et des autorités traditionnelles est à promouvoir pour que ces derniers adoptent des comportements positifs et responsables vis-à-vis des aires protégées. Ces efforts de sensibilisation et leurs impacts sur la conservation devraient être constatés à travers la comparaison des nombres d’actes illicites avant et après la campagne de sensibilisation et d’éducation.
– Une pérennisation de financement durable de l’AP est indispensable car sans financement, les structures de gestion ne pourront pas mettre en œuvre des programmes et activités nécessaires pour assurer le maintien de la biodiversité, l’appropriation de l’Aire Protégée par les communautés riveraines et autorités impliqués et la sauvegarde de la qualité de vie locale. On doit aussi appuyer les activités de marketing de la NAP en encourageant la destination vers Anjorozobe ou en valorisatiant les investissements qui sont déjà mis en place au niveau de la NAP.
– Dans la cadre du tourisme durable, il faut consolider les capacités de gestion et d’organisation de l’Association AMI qui offre des services qu’on doit valoriser par la formation des guides locaux pour améliorer la qualité des services et pour le respect des normes de qualité exigées par le marché. Pour terminer, l’association doit suivre une formation en gestion financière et budgétaire, en matière de planification et priorisation des activités.
b) Recommandations pour AMI
– AMI en tant qu’association paysanne pourrait chercher des marchés pour le vente de ses produits défiant la concurrence locale et permettre une exportation plus facile des produits dans le cadre de l’association paysanne. Etant donné que la culture de Ravintsara représente une filière prometteuse et peu exploitée surtout en ce qui concerne la sylviculture.
– Les nouvelles approches de reboisement ont pour but d’augmenter la surface des zones reboisées. Pour ce faire, les efforts des paysans sont à encourager pour maintenir la couverture forestière dans les zones d’exploitation.
– Les formations et les encadrements dans le cadre de la vulgarisation des nouvelles techniques agricoles ont été déjà initiés par FANAMBY. AMI devrait appliquer ces techniques culturales à l’exemple de la rotation de cultures qui consiste à cultiver à tour de rôle sur même parcelle agricole plusieurs types de culture pour maintenir la fertilité du sol.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
RESUME
LISTE DE TABLEAUX
LISTES DES FIGURES
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
ACRONYMES
GLOSSAIRE
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL DE LA RECHERCHE
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE LA RECHERCHE
I-1- ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE
I-1-1 La notion environnement
I-I-2 La notion de développement durable
I-1-3 Le développement communautaire
I-2 CONTEXTE DE LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT VERS UN AMENAGEMENT FORESTIER
I-2-1 Au niveau mondial
II-2-2 Au niveau national
I-3- CONTEXTE DES TRAVAUX
I-3-1 Choix et justification du thème et de la zone de recherche
II-3- 2 Analyse de la problématique
I-3-3 L’analyse des hypothèses de recherche
CHAPITRE II : DEMARCHE DE RECHERCHE ET PRESENTATION DE LA ZONE D’INVESTIGATIONS
II-1 DEMARCHE DE RECHERCHE ADOPTEE
II-1-1 La recherche bibliographique
II 1-2 Les recherches sur terrain et l’échantillonnage
II-1-3 Analyse et rédaction
II-2 PRESENTATION DE LA ZONE DES INVESTIGATIONS
II- 2- 1LES CONDITIONS ECOLOGIQUES
a) Un relief accidenté
b) Un sol évolué
c) Un Climat subtropical d’altitude
d) Une Couverture végétale dominée par des espaces forestiers
e) Un réseau hydrographique abondant
II-2-2 LE MILIEU HUMAIN
DEUXIEME PARTIE : LES MESURES PRISES DANS L’AMENAGEMENT FORESTIER DES FOKONTANY D’AMBONGAMARINA ET D’ANTSAHABE
CHAPITRE III : TRANSFERT DE GESTION DANS LE SITE D’AMBONGAMARINA
III-1 LA MISE EN PLACE DU TRANSFERT DE GESTION POUR UNE GESTION COMMUNAUTAIRE
III-2- MENACES ET PRESSIONS EXCERCEES SUR LA FORET D’AMBONGAMARINA
III-3 ROLE ET FONCTION DE COMMUNAUTE DE BASE
III-4 LES OUTILS DE TRANSFERT DE GESTION
III-5 LE PROJET TSIPERIFERY
CHAPITRE IV : ECOTOURISME COMMUNAUTAIRE DANS LE FOKONTANY D’ANTSAHABE
IV -1 LE NAP D’ANJOZOROBE
IV -2 UN ECOTOURISME POUR UNE GESTION PARTICIPATIVE
IV-3 LE SAHA FOREST CAMP
IV-4 L’ASSOCIATION ANTSAHABE MIRAY (AMI)
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
CHAPITRE V : L’IMPORTANCE DE L’AMENAGEMENT FORESTIER
V-1 AMENAGEMENT FORESTIER POUR UNE CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE
V-1-1 Une exigence de conservation
V-1-2 La conservation une réponse à la dégradation
V-2 L’AMENAGEMENT FORESTIER VERS UNE REDUCTION DE LA PAUVRETE
V-2-1 Une gestion communautaire misant sur la participation de la population
V-2-2 Des mesures alternatives pour un meilleur niveau de vie
CHAPITRE VI : LES RECOMMANDATIONS POUR UNE GESTION COMMUNAUTAIRE DURABLE
VI-1 RECOMMANDATIONS SUR LE TRANSFERT DE GESTION A AMBONGAMARINA
a) Recommandations pour les VOI
b) Recommandations pour les Organismes d’appui
c) Recommandations pour l’administration forestière
VI-2 RECOMMANDATIONS SUR ECOTOURISME A ANTSAHABE
a) Recommandations pour FANAMBY
b) Recommandations pour AMI
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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