L’un des faits marquants du siècle passé fut sans doute la croissance urbaine qui, dans le monde entier s’est manifestée, mais avec une ampleur et une intensité beaucoup plus inquiétantes surtout dans les pays du sud. Les mouvements massifs des populations surtout rurales vers les villes ont engendré de nombreux dysfonctionnements dans leur organisation socio-spatiale. Le phénomène devenu universel par la force, stupéfie les experts les mieux avertis et suscite les interrogations les plus alarmistes chez les décideurs et experts. Dès lors, le débat sur les mutations urbaines s’est placé ces dernières décennies au cœur de l’actualité. Ainsi, les questions liées à l’aménagement du territoire et/ou urbain, à l’étalement spatial, à la paupérisation, à la bidonvilisation, etc., sont devenues des enjeux majeurs. Ces problèmes liés à l’aménagement du territoire et au développement territorial existent dans tous les pays induisant à des déséquilibres socio-économiques, politiques, démographiques mais aussi des disparités régionaux.
Les du phénomène d’urbanisation sont ressentis dans la plupart des pays (nord comme sud). Le Sénégal, pays sous-développé, n’est guère resté en rade à ces fléaux qui prévalent dans un contexte généralisé d’urbanisation. Le pays fait face depuis des décennies à une urbanisation croissante et difficilement maîtrisable surtout dans des villes comme Dakar, Thiès, etc. L’agglomération dakaroise qui constitue le principal pôle économique, politique, industriel et même socioculturel du pays, de par sa macrocéphalie, concentre une masse importante d’individus (soit plus de la moitié de la population urbaine du pays, environ 53%). Son peuplement s’est fait par vagues successives de migrants nationaux et internationaux.
Cette arrivée massive de néo citadins, ajoutée à l’accroissement naturel, n’ont cessé de renforcer la cohorte des besoins en terme d’accès au sol et au logement, à l’eau potable, à l’assainissement, aux services sociaux de base, etc. Mais le processus de l’urbanisation, souvent rapide incontrôlée ou mal maitrisée, entraine de nombreux déséquilibres et dysfonctionnements dans l’organisation sociale et spatiale de la capitale et sa banlieue, rendant ainsi les rôles des décideurs et gestionnaires de plus en plus difficiles.On assiste dès lors à la prolifération de quartiers spontanés ou de types irréguliers , à la bidonvilisation, à la paupérisation des ménages surtout en banlieue, etc. Sans aucun doute, c’est à ce niveau, que se révèlent avec le plus d’évidence les limites d’une planification urbaine qui est incapable de maitriser la croissance démographique et l’extension urbaine désordonnée surtout dans les grandes agglomérations comme Dakar.
L’étalement de la ville est souvent accompagné d’un besoin croissant des habitants en services urbains de base. Se pose ainsi le problème majeur de la distribution des services et équipements entre les quartiers du fait du manque de repères dans la plupart des villes. La spontanéité des quartiers, la longueur des réseaux d’alimentation en eau, électricité, assainissement, transport, etc., freinent une implantation nette de services de base de proximité indispensables pour un développement local durable. Par conséquent, certains citoyens n’ont pas un accès direct aux services de première nécessité dans bon nombre de villes et quartiers de la région.
Contexte et justification
contexte
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, plus précisément dans les années 1960, de nombreux pays africains accèdent à l’indépendance. L’avènement de ces indépendances apparaît comme un tournant décisif dans le processus de transformation des sociétés africaines en ce sens que les besoins d’un développement économique et social se sont très vite fait sentir. Pas mal de pays notamment ouest africains, se sont ainsi orientés vers des politiques d’aménagement et de développement territorial.
Sans doute c’est dans ce contexte précis que l’État du Sénégal avait émis des préoccupations en termes d’aménagement et de développement de son territoire. Faisant référence à l’histoire de l’aménagement du pays, on note qu’il a plutôt une «origine rurale » .Les différents projets initiés au début, visaient principalement le développement du monde rural à travers des politiques d’aménagement et d’équipement des villages. Cette vision des autorités s’est manifestée dès « 1961 » avec la création du bureau d’aménagement des territoires et villages, comme étant le premier jalon institutionnel sur l’aménagement du territoire. Ce bureau fut remplacé en 1962 par le Service de l’Aménagement du Territoire (SAT).
Dans la pratique, c’est seulement à partir de 1961 qu’apparurent les premiers plans quadriennaux de développement économique et social avec comme outil l’aménagement du territoire. Le premier plan (1961-1965) contenait un diagnostic complet mettant en exergue l’enclavement, le sous-équipement, le sous-peuplement des régions périphériques(…). Le deuxième plan (1965-1969) avait entre autres objectifs d’organiser progressivement les campagnes. C’est au niveau du second plan que fut créée en 1967 la structure chargée de l’aménagement du territoire (AT) à savoir la Direction de l’Aménagement du Territoire (DAT) en lieu et place du Service de l’Aménagement du Territoire (SAT). « Ce plan avait également pour objectif de donner une possibilité aux territoires enclavés de s‟intégrer à une dynamique économique en fonction de leurs ressources » .Il s’en est ajouté d’autres plans entre 1969 et 1985 qui sont venus se greffer aux deux premiers. Ces plans s’orientaient principalement vers le développement économique et social des espaces géographiques du pays afin de corriger les disparités territoriales, mais aussi de « responsabiliser » les populations locales dans la gestion de leurs affaires et de leur territoire.
Mais les périodes répétitives de sécheresse des années 1970 et la crise pétrolière de 1973 sont venues bouleversées la tendance de cette logique engendrant ainsi un « exode rural » massif. Les villes s’intensifient de plus en plus.« L‟ampleur du mouvement d‟urbanisation s‟est manifesté dans l‟ensemble des centres villes et leurs périphéries qui s‟étendent à un rythme effréné » .On assiste de plus en plus à une « explosion démographique» dans la plupart des villes d’accueil.Ce phénomène que nous connaissons depuis quelques décennies, est probablement une des révolutions démographiques les plus importantes de l’histoire de l’humanité. Elle « touche tous les pays quelques soient le niveau de développement, le système économique ou l‟organisation sociale » .L’augmentation rapide de la population entraine une occupation souvent incontrôlée ou non maitrisée de l’espace urbain qui, le plus souvent présente des contraintes naturelles comme celui de Dakar.
Au Sénégal, le phénomène de l’explosion urbaine est plus remarqué dans des régions comme Dakar, Thiès, Saint-Louis, Tambacounda pour ne citer que cela. Par exemple, la région Dakar concentre à elle seule plus de la moitié de la population urbaine du pays, soit environ 53% sur moins de 0,3% du territoire national. Le processus d’urbanisation doit être accompagné d’importants besoins en termes d’espaces à aménager, de logements à construire, d’infrastructures ou d’équipements socio-économiques de proximité. Mais souvent l’arrivée massive et incontrôlée des néo citadins, s’est accompagné de nombreux dysfonctionnements et déséquilibre dans l’organisation socio-spatiale et le fonctionnement des villes. Dès lors, on assiste progressivement à la « prolifération de quartiers spontanés » dans les villes comme Dakar et sa banlieue.
De par sa macrocéphalie, les problèmes liés à l’aménagement et au développement sont de tout ordre dans la capitale sénégalaise. Parmi ces derniers, on a « un accès difficile au sol et au logement, à l‟inaccessibilité aux services de base, la pauvreté, la ségrégation résidentielle, les violences sociales, les conditions de travail précaires dans une économie informelle sans sécurité de l‟emploi » .Face à ces nombreux problèmes parmi tant d’autres, les autorités en charge de la conception, de la conduite et du suivi des villes, ont reconnu leur incapacité de faire face aux risques qui les assaillent du fait surtout de la faiblesse des ressources financières.
Dans une tentative de résoudre les nombreuses crises des territoires dans les pays du sud, de nouvelles politiques ont été initiées par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) en vue de rationaliser les dépenses publiques. Ainsi, apparurent dans les années 1980 les politiques d’ajustements structurels (PAS) qui avaient comme objectifs d’apporter des changements adéquats au système de gouvernance dans les pays du sud. Ces politiques avaient en outre pour mission de relever le niveau de développement de ces pays. Malgré les nombreux efforts consentis ,ces politiques se sont soldées par des insuffisances majeures pour l’attente des objectifs fixés. De manière générale, elles se sont heurtées à des difficultés d’ordre organisationnel, financier, logistique, technique, etc. Ce qui a empêché d’ailleurs aux autorités surtout municipales de mener à bien leurs missions pour asseoir un développement socio-économique et spatial au niveau des territoires.
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Table des matières
Introduction générale
I. Contexte et justification
II. Problématique
III. Méthodologie
PREMIÈRE PARTIE :Présentation générale de la commune de GrandYoff
I. Présentation de la commune
II. Cadre administratif et développement urbain
III. Les équipements et infrastructures de la commune
DEUXIÈME PARTIE : Accès aux services sociaux de base dans la commune Grand-Yoff
Introduction
Chapitre 1 : Le secteur de l’éducation
I. Éducation et développement
II. Municipalités sénégalaises et gestion des territoires
Chapitre 2 : Le secteur de la santé
I. Cadre juridique et institutionnel du secteur de la santé au Sénégal
II. Populations et accessibilité aux services de la santé
III. Collectivités locales sénégalaises et gestion du secteur de la santé
Conclusion partielle
TROISIÈME PARTIE : Les principaux acteurs et perspectives pour un développement local durable
Introduction
Chapitre 1 : Les principaux acteurs et leurs rôles dans le processus du développement local
Chapitre 2 : Perspectives pour un développement local durable
I. Aménagement et développement local durable
II. Vision de l’état du Sénégal pour la promotion d’un développement des territoires
III. Quelles approches pour un développement participatif, inclusif et durable
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des tableaux, cartes et graphiques
Table des matières
Annexes