Les carrières sont naturellement implantées sur des sites riches en ressources géologiques de bonne qualité et forment un réseau assez dense pour alimenter le marché local de la construction. On en extrait les granulats, c’est-à-dire les sables et graviers indispensables à la construction des bâtiments et aux travaux publics. Le granulat est la première ressource du sous-sol exploitée en France, et il faut produire chaque jour l’équivalent de 20 kg de granulat par personne pour répondre aux besoins. C’est pour cette raison qu’il y a actuellement en France des milliers de gravières, encore en activité ou non. Celles-ci représentent un enjeu de taille aujourd’hui, que ce soit pour les exploitants qui ont pour obligation leur remise en état après cessation d’activité (depuis la loi de 1998), ou pour les communes en ayant fait l’acquisition qui doivent les reconvertir et assurer leur gestion et leur entretien.
Le nombre d’espèces répertoriées dans les gravières permet de se rendre compte de la diversité biologique existant sur ces sites et de leur forte valeur patrimoniale. C’est pourquoi ces écosystèmes, assurant le maintien de la vie et rendant de nombreux services gratuitement, se doivent d’être réhabilités. L’enjeu devient primordial en termes de maintien d’une biodiversité soumise à une crise inédite du fait des activités humaines.
C’est dans ce contexte que se situent les gravières de Mâtel, lieu d’extraction de granulats jusque dans les années 1970 puis achetées par la collectivité Roanne agglomération en 2004.
Après un 1er programme entrepris en 2004 qui avait pour but de redonner sa place au fleuve Loire dans le Roannais en ouvrant son accès au public, en mettant en valeur ses richesses, en remettant en connexion d’anciennes annexes, en luttant contre les plantes invasives, en communiquant et en sensibilisant les publics, des travaux de réhabilitation écologique ont été effectués sur une partie des gravières. Celles-ci ont ensuite été ouvertes au public.
Situation géographique
Roanne
La commune concernée est la ville de Roanne, située au Nord du département de la Loire (42) en région Rhône-Alpes :
Roanne se situe à environ une heure de Saint-Étienne et un peu moins de Lyon, au carrefour des régions Rhône-Alpes, Bourgogne et Auvergne. Elle est traversée par la Nationale 7 et une ligne SNCF. Sa superficie est de 16,1 km² et l’altitude moyenne est environ de 275 m. En plus de la Loire, Roanne est traversée par trois rivières, le Renaison et l’Oudan en rive gauche, et le Rhins en rive droite. La ville est aussi le commencement du canal Roanne-Digoin, long de 55 km et reliant le canal latéral à la Loire. Le port de plaisance accueille une centaine de bateaux. Depuis le 1er janvier 2013, la ville fait partie de la communauté d’agglomération Roannais Agglomération qui regroupe 40 communes et un peu plus de 100 000 habitants.
Selon l’INSEE la population en 2011 était de 36147 habitants et le taux d’accroissement de celle-ci entre 2006 et 2011 a été nul. Avec environ 2245 habitants/km² Roanne est la ville la plus dense de la Loire. Le taux de chômage est important, 19,3 % en 2011 (contre environ 9 % la même année en France métropolitaine).
Les gravières de Mâtel
Entre le canal de Roanne à Digoin et la Loire, le site des gravières de Mâtel, lieu d’extraction de granulats de 1960 à 1992, n’a été que récemment ouvert au public après d’importants travaux de réhabilitation sur le plus grand plan d’eau. Le site accueille aujourd’hui le public autour de 30 hectares de plans d’eau.
Les gravières, ainsi que tous les terrains situés en bord de Loire, sont classés en zone « NS » ou zone naturelle stricte en vert (cf. Annexe 1). Selon le règlement du PLU : « le règlement de la zone NS doit permettre de renforcer l’aspect environnemental des espaces publics et naturels de la commune afin d’y contrôler très strictement l’urbanisation voire de l’interdire ». Ainsi dans cette zone sont interdites les constructions nouvelles à usage d’activités qui ne relèvent pas de l’intérêt général ou d’un service public. Cependant il existe aussi un certain nombre d’occupations et d’utilisations du sol qui sont autorisées et soumises à conditions (essentiellement une bonne intégration à leur environnement), on peut citer « les aménagements liés à la mise en valeur des espaces naturels (sentiers ou aires de découverte, pistes cyclables, etc…) ».
PPRI
Un Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI) est appliqué sur la commune de Roanne et sur les communes voisines traversées par la Loire. Les gravières de Mâtel appartiennent à ce PPRI (voir Annexe 2) et d’après la cartographie, elles sont situées en zone inondable par la crue Q1500 (débit du fleuve de 1500 m3 /s) en bleu et les terrains à proximité sont en zone inondable par la crue Q3000 (en vert) ou Q4000 (en rose). A ce document est joint une lettre de Madame la préfète de la Loire, un complément d’information du « porter à connaissance », indiquant que pour les zones inondables par les crues Q3000 et inférieures (Q1000 et Q1500) : « aucun aménagement ne sera autorisé à l’exception de certains équipements considérés à faible vulnérabilité » et « les infrastructures publiques nouvelles ainsi que l’aménagement des infrastructures existantes, sont admis à condition de ne pas augmenter le risque sur les enjeux existants ; ces aménagements devront être conçus pour être transparents aux crues ». La zone d’étude est donc concernée par cette réglementation et il faudra en tenir compte dans la phase de projet.
Situation environnementale
Faune et flore
Le site d’étude possède une faune et une flore exceptionnelles, en effet les gravières sont classées en zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF), de plus tout le lit mineur de la Loire est lui classé en zone Natura 2000. Les enjeux environnementaux sont donc importants. Si on s’intéresse plus précisément à la faune et à la flore représentées sur le site des gravières de Mâtel, on peut classer les espèces en différents groupes :
L’avifaune
Les oiseaux d’eau sont les espèces les plus représentées sur ces sites, la Loire passant à proximité joue un rôle d’axe de migration important. Un premier diagnostic fait sur la période 2001/2003 (sources : bureaux d’études « eco-stratégie », « géo-scop », « contre-champ », et « EMAconseil ») montre qu’il y a reproduction de sternes pierregarin sur le secteur, une colonie de hérons (Aigrette garzette, Héron bihoreau, Héron cendré – une cinquantaine de nids) ; Courlis cendré, Vanneau huppé dans les prairies humides ; Pie-grièche écorcheur et Alouette lulu dans les prairies sèches ; Grèbe huppé, Canard colvert, Foulque macroule (plans d’eau) ; Perdrix rouge et Huppe fasciée (bocage) ; hirondelle de rivage et martin-pêcheur (berges abruptes érodées).
Les mammifères
Un élément important est la présence du castor européen, espèce protégée à forte valeur patrimoniale. Le lièvre aussi est bien représenté en bords de Loire, on recense également la présence de fouines, renards et chevreuils à proximité immédiate du site.
Amphibiens
Plusieurs espèces intéressantes ont été signalées, la rainette verte et le sonneur à ventre jaune ; les grenouilles vertes et agiles.
Poissons
Ont été recensés lors de l’étude, sans être exhaustif, bouvière, Lamproie de Planer. Espèces plus communes de poissons « blancs » bien représentées, carnassiers (Brochet, Sandre, Perche, Silure…).
Insectes
Les gravières de Mâtel présentent un fort potentiel d’accueil pour les insectes et notamment pour les odonates (libellules) puisque 17 espèces ont été recensées sur le site lors de l’étude (période 2001/2003).
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Table des matières
Introduction
I- Diagnostic
I- 1) Situation géographique
a) Roanne
b) Les gravières de Mâtel
I- 2) Situation environnementale
a) Faune et flore
b) Qualité des eaux
I- 3) L’état actuel du site
a) L’accès aux gravières
b) Usages et fonctionnalités actuels
c) Le plan d’eau Nord
d) Le plan d’eau Sud
e) Le plan d’eau central
II- Projet
II- 1) Améliorer l’accessibilité et l’accueil du public
a) Améliorer l’accès aux cyclistes
b) Améliorer l’accueil du public
II- 2) Le plan d’eau Nord : un espace dédié à la biodiversité
a) Favoriser la présence de l’avifaune
b) Un milieu favorable à la biodiversité
II- 3) Le plan d’eau Sud : espace dédié à l’information et à la pédagogie
a) Aménager un tour de plan d’eau
b) Aménager une aire de pique-nique
c) Mettre en place un circuit pédagogique
Conclusion
Bibliographie
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